lundi 24 décembre 2007

Elle: 22 ans, lui: 1030 ans. Ça peut marcher malgré la différence d'âge?

Comme Lou était réveillé, je me suis dit que ce serait une bonne occasion de lui parler. J’avais en effet deux questions bien précises à lui poser. Mais il n’était pas question que je le fasse devant les autres. Julius est sorti à la suite de Sheyenne, Kyle aussi, mais Ariste et Vanna étaient toujours là. Cette dernière a dit qu’elle allait se trouver une tente.
-Si vous voulez la partager avec moi les filles, nous a-t-elle dit à Shiva et à moi.
Shiva allait bien entendu rester avec Kerns qui se bavait dessus.
-Lili?
-…
Merci pour l’offre, mais je préfère encore retourner à mon coin noir et creepy avec Café. Je crois qu’il est la seul présence que je suis capable de tolérer en ce moment sans paniquer le moins du monde.

Vanna a dit qu’elle allait partir, mais avant de sortir, elle a commencé à jaser avec Lou et ça n’en finissait plus. God… Don’t you ever shut up? This isn’t going anywhere. Just shut up and leave already. Elle a fini par se taire et elle est finalement sortie. Thank you god. Elle fut suivie de peu par Ariste.
-J’ai un truc à faire! a-t-il dit avant de sortir.
Bien. Ça m’évite de lui demander très subtilement de partir et risquer ainsi d’éveiller sa curiosité. Il ne restait que Kerns et Shiva avec Lou. Je ne connaissais pas Shiva plus que ça, mais j’avais le sentiment que je pouvais avoir confiance en elle. Quant à Kerns, le doute ne m’effleurait même pas sur le fait qu’il allait garder le silence si je lui demandais.
-Lou, je peux te demander quelque chose?
-Oui.
-Tu as bien dit que ton sort pouvait enlever n’importe qu’elle sorte de curse, n’est-ce pas?
-Oui.
-Même une curse de guardian?
-Bien sûr! Mon sort est plus puissant qu’eux, alors… Pourquoi?
-…Pour rien!
(Me débarrasser de la curse de Sigma, ça serait vraiment trop beau pour être vrai.)
-Et…Pourquoi tu voulais savoir depuis combien de temps je connaissais Nakago?
-Parce que je le connaissais.
(Tu n’as pas été gelé pendant mille ans?)
-Comment ça?
-Parce que j’ai combattu à ses côtés durant la guerre de cent ans. Ce n’est pas étonnant qu’il sache se servir de mon épée aussi bien.
-…Quoi?! Mais il a quel âge?!
-Plus de mille ans, pourtant il n’a pas changé depuis la dernière fois que je l’ai vu.
-… Quoi?! Mais il fait comment pour avoir l’air de ça?!
-Je ne sais pas. Les humains ne vivent pas aussi longtemps, n’est-ce pas?
-…Non…

Je sentais mon cerveau se déconnecter tranquillement pas vite. Nakago… a plus de mille ans… Une fois de plus, je découvre un secret à propos de lui. Une fois de plus, je me rends compte que l’homme que j’aime n’est pas celui que je croyais. C’est comme si mon château de cartes s’écroulait une fois de plus et que tout était à recommencer.
-…Mon chum… a plus de mille ans… Ha, ha… Je crois que je vais aller me tirer une balle… Si quelqu’un me chercher, je vais être dehors.
-J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas? m’a demandé Lou.
-…
Non Lou, tu n’as rien dit de mal. Tu m’as simplement dit la vérité, mais c’est une vérité qui fait mal à apprendre.

Le regard perdu dans le vide, je suis sortie. J’étais encore plus déprimée qu’avant, si cela était possible. Café toujours dans mes bras, je suis retournée à mon coin noir et creepy et je me suis assise contre mon arbre. J’ai mis Café sur mon épaule pour avoir les mains libres.
-Wraa! Wraa!
Il devait considérer ça comme une marque d’affection suprême de ma part, car il y avait encore plus de cœurs en pixel su-dessus de lui et il s’est mis à se promener d’une épaule à une autre en passant par-dessus ma tête et en poussant des cris de joie.
-Wraa! Wraa! Wraa!
Tu es adorable Café, mais je n’ai pas la tête à ça en ce moment. J’aimerais pouvoir m’occuper de toi comme tu le mérites, mais tellement de choses me préoccupent. J’ai l’impression que ma tête va exploser. Oui, je crois qu’il est temps pour d’autres Prozac. J’ai sorti ma bouteille et j’en ai pris deux. Je me fiche que ça soit trop, parce que si je n’en prends pas deux, je ne suis pas capable de tenir le coup. Voilà, c’est fait.
-WRAA! WRAA!
Café semblait essayer d’attirer mon attention et il commençait à se fâcher que je ne m’occupe pas plus de lui.
-Tiens Café! Va chercher la roche!
-Wra? Wraa!
Il a débarqué de mes épaules à la vitesse de l’éclair et a couru… glissé… rampé (?) jusqu’à la roche pour la grignoter. Encore une fois, je passais en deuxième place des priorités de Café. Si je n’étais pas aussi déprimée, je crois que j’en rirais.

J’ai pris ce qui restait de la ration que Kerns m’avait donnée et je l’ai mangé. Ça a été plutôt difficile, car la boule dans ma gorge ne cessait de grossir et je sentais mes yeux se mouiller. Non, non, je ne veux pas pleurer.
-Ne pleure pas Lili, ne pleure pas.
J’essayais de me motiver à me calmer, mais plus j’essayais et plus mes yeux se remplissaient d’eau, jusqu’à ce que je sente les larmes couler sur mes joues. Je les essuyais au fur et à mesure, mais elles n’arrêtaient pas de couler. J’ai même dû me mordre les lèvres pour m’empêcher d’éclater en sanglots, mais à part me faire saigner, ça n’a pas donné grand-chose.
Essaie d’avoir des pensées heureuses Lili, des pensées heureuses… Tania est toujours en vie… mais Minos est probablement en train de la torturer en ce moment… Nakago m’aime… mais il ne me fait plus confiance et il pense que je l’ai trahi… À chaque point positif que je trouvais, quelque chose de négatif venait le supplanter. Je ne voulais pas me laisser abattre au point de pleurer, mais j’avais tellement mal que je n’ai pas pu m’en empêcher. Je n’avais pas envie de me refaire traiter de faible par les Sharparrow, même si c’est ce que je suis, alors j’ai enfoui ma tête entre mes genoux et j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, une fois de plus. Mes pleurs étaient tellement violents que ça m’a rendue malade, littéralement. Je suppose que je n’aurais pas d’autre choix que de demander à Kerns de me donner une autre ration si je ne veux pas mourir de faim.

J’avais l’impression que mon corps en entier souffrait : mon cœur se serrait, ma gorge était bloquée et mes yeux chauffaient à cause des larmes qui coulaient. Je sais que je l’ai demandé souvent, mais pourquoi faut-il que tout soit toujours aussi compliqué? J’avais une idée à peu près définie de qui était Nakago : je connaissais ses goûts, sa personnalité, ce qu’il faisait dans la vie… Ensuite j’apprends qu’il a «perdu la mémoire» et qu’il est rendu du côté des «méchants». Ensuite, oh surprise! J’apprends qu’il n’a pas vraiment perdu la mémoire. Puis j’apprends qu’il n’a pas tout quitté à cause de moi, mais qu’il a plutôt trahi Aletask quelques années avant de me rencontrer. Et par la force des choses, il me dit que Kyle l’a tué et ramené. Et la cerise sur le gâteau : il est âgé de plus de mille ans! Nakago m’a déjà demandé si le fait de tout savoir aurait changé quoi que ce soit à notre relation. Comme je lui ai répondu, techniquement, ça ne changera jamais rien. Malgré tout ce qu’il peut penser de moi, je l’aime, et je sais que ses sentiments pour moi sont sincères. Et son amour est tout ce dont j’ai besoin pour vivre. C’est d’ailleurs tout ce qui me garde en vie en ce moment. Mais est-ce que le fait que je l’aimerai et que je lui ferai confiance malgré tout ce qui ce passera justifie qu’il me garde constamment dans l’ombre?

Je comprends qu’il veuille me protéger et que pour ça il ne puisse pas tout me dire, mais il me semble qu’il y a une différence entre vouloir protéger et cacher absolument tout, non? Je voudrais juste qu’il comprenne que j’ai envie… que j’ai besoin de savoir qui il est. Est-ce que le fait de vouloir connaître l’homme que j’aime, mon fiancé, est une demande si extravagante? Oui, c’est vrai que si je n’en apprenais jamais plus, je n’arrêterais pas de l’aimer pour autant, mais ça ne veut pas dire que je ne veux pas savoir. Je veux tout savoir, le bon comme le mauvais, parce que c’est comme ça que je l’aime : avec ses qualités et ses défauts. Une petite confidence de rien du tout, c’est tout ce que je demande… Pourquoi ne peut-il pas le comprendre? Pourquoi ne me fait-il même pas assez confiance pour me dire quelque chose, n’importe quoi? Pourquoi…? Pourquoi…? Qui es-tu Nakago? Je ne le sais plus… Je ne sais plus rien…

mardi 18 décembre 2007

Approaching the point of no-return a little more

C'est fini! Mais c'est plus depressed que rempli de conneries. Mais c'est Lili, est-ce qu'il faut s'en étonner?

Comme je le pensais, mon sommeil a été peuplé de cauchemars. Ça a été les mêmes que d’habitude, mais ils n’avaient pas de fin. J’avais beau courir, les hommes en noir finissaient toujours pour me rattraper et ils passaient ensuite ce qui me semblait une éternité à me violer. J’appelais tous ceux qui étaient susceptibles de m’aider, mais ils ne me répondaient pas et je les voyais s’éloigner. J’ai aussi rêvé du bédouin pervers et contrairement à ce qui s’est réellement passé, Lou n’est pas venu me sauver. J’ai donc cette fois-ci aussi subi les pires affronts. C’était assez traumatisant de revivre tout ça, même en rêve, mais le cauchemar qui m’a le plus affectée a été d’entendre Nakago me dire qu’il ne pouvait plus croire en moi et qu’il voulait que je lui rende sa bague. Je m’accrochais à lui et je le suppliais de me laisser une autre chance, mais il ne voulait rien entendre et me repoussait sans un regard en arrière. C’était l’équivalent d’une condamnation à mort pour moi.

Je me suis réveillée en sursaut, le cœur battant la chamade. Pendant quelques secondes, j’ai regardé autour de moi, me demandant où j’étais. Quand je me suis rendue compte que j’étais dans la grotte de Sheyenne et qu’aucun homme n’était penché sur moi, j’ai poussé un soupir de soulagement. Je sais que j’ai un équilibre psychologique plutôt instable, mais si ça continue, je vais devenir complètement folle. Je n’arrête pas de penser à ce qui s’est passé, nuit et jour, jusqu’à ce que mon esprit devienne incapable de visualiser autre chose. J’ai peur de tout et de tout le monde, mais surtout, je me déteste moi, et je déteste mon corps. Je me trouve tellement sale et penser à mon apparence me donne envie de vomir. Je vois constamment des mains sur moi en train de me tripoter, même quand j’ai les yeux ouverts. I hate this and I hate myself. I think I’m gonna go wash myself before I start mutilating my arms again.

Je devrais peut-être manger aussi... Je commence à me sentir étourdie. Mes Prozac et mes Trollinol sont délicieux, mais ce n’est pas ça qui va me remplir l’estomac. Mais pourquoi je m’en préoccuperais de toute façon? Parce qu’il y a peut-être une personne dans ce monde qui serait triste de me voir morte. Alors pour lui, je dois au moins faire le minimum d’efforts. J’ai sorti ce qui restait de la ration que Kerns m’avait donnée, c’est-à-dire tout sauf quelques bouchées, et j’ai mangé. Ce fut toute une épreuve, ma gorge étant si nouée que la nourriture avait de la difficulté à passer. En plus, à chaque bouchée, j’avais juste envie de tout recracher. J’ai abandonné la partie à la moitié de la ration, car je sentais que j’allais vraiment être malade si je continuais de manger.

J’ai resserré ce qui restait dans mon sac et je me suis dirigée vers la sortie. Il fallait vraiment que je me dépêche de prendre un bain, sinon j’allais recommencer à penser à ce qui était arrivé et là, j’allais vraiment être malade. Trop tard. Vite, il faut que je trouve quelque chose pour me distraire! J’ai regardé en vitesse autour de moi. Il doit bien y avoir quelque chose ici qui vaille le détour. Tiens… Sam qui dort… sa tête obstruant complètement l’entrée. Je n’aurai pas le choix de le déranger pour sortir.
-Sam, lui aie-je murmuré en le pokant.
Il n’a rien entendu et a continué à ronfler.
-Sam, lui aie-je redit en lui tapotant le nez.
J’ai eu droit à une lichette comme réponse.
-Sam! lui aie-je crié en tapant plus fort sur son nez.
Encore endormi, il a tourné sa tête vers moi et a commencé à me sniffer. Ok… Je n’ai pas eu le temps de me reculer et il m’a léché de la tête aux pieds. Yééé. Je suppose que ça manquait à ma culture : être couverte d’une substance gluante qui n’est pas du schmu de ver. Si je n’avais pas été certaine de vouloir me laver, je l’étais maintenant. Je me suis secouée et Sam s’est réveillé.
-Je me disais bien aussi que le miel avait un drôle de goût! m’a-t-il dit. Miss Lilianna! Comment ça va?
(Il se souvient de mon nom? Et est-ce qu’il faut que je prenne ça positif que je ne goûte pas le miel?)
-Salut Sam. Tu pourrais enlever ta tête de la porte?
Il a essayé de s’enlever, mais il semblait pris.
-I’m stuck.
-Génial.

J’ai entendu la voix de la princesse Tu-Maï dehors.
-Prépare-toi! lui a-t-elle dit. Ça va piquer!
-Quoi? s’est-il exclamé.
J’ai perçu du mouvement à l’extérieur et Sam a brusquement enlevé sa tête en criant de douleur. Je l’ai vu se frotter le postérieur : Tu-Maï l’avait mordu à cette partie très sensible de son anatomie. Pauvre Sam.
-Mademoiselle Lilianna! Bonjour! m’a salué Tu-Maï.
-Salut.
La princesse aurait bien voulu savoir ce qui s’était passé à l’intérieur, mais comme c’était plutôt compliqué, je lui ai dit qu’elle devrait s’adresser à la principale intéressée, Sheyenne.
-Vous savez s’il y a un cours d’eau par ici? leur aie-je demandé.
-Il y a un petit cours d’eau par là, m’a répondu la princesse.
-Bien. Si par miracle quelqu’un me cherche, je vais être là-bas.
-Je ne crois pas que ce soit une bonne idée d’aller là-bas toute seule, m’a dit Tu-Maï. Il y a toujours une présence dans les bois.
-…Une présence?
(Un écureuil? Un oiseau? Café?)
-Oui, et je n’aime pas ça.
-D’accord… Sam, tu veux venir avec moi?
-Pourquoi pas?

Sam m’a agrippé par le collet et m’a déposée sur son dos. Je me suis agrippée à sa fourrure et il s’est mis en route. Je n’aimais pas les contacts en ce moment, mais la chaleur et la gentillesse qui se dégageait de lui avait quelque chose de très rassurant. Ça me donnait juste envie de le hugger.
-Vous savez, mon oncle a un jour trouvé un énorme tronc d’arbre rempli de miel!
-(Je m’en fous) Wow…
-Il a dû se battre contre des centaines d’abeilles! Et elles étaient grosses comme des chiens!
-(Je m’en fous) Pour vrai?
Sam avait l’air tellement content de me raconter cette anecdote que je me sentais un peu coupable d’y porter si peu attention. Désolée Sam, mais je n’ai pas la tête à ça en ce moment.

Au bout de 5-10 minutes, nous sommes arrivés à un petit cours d’eau. Sam m’a déposée par terre et a regardé le cours d’eau avec perplexité : il était à peu près aussi large qu’un de ses doigts.
-C’est trop petit! a-t-il commenté.
-C’est parfait pour moi.
Je me suis déshabillée, mais j’ai gardé ma chemise. Je ne voulais pas me faire surprendre toute nue par quelqu’un. Ce n’est pas que cette situation m’aurait dérangé tant que ça, je commençais à être habituée que tout le monde me voit ainsi, mais je n’avais pas envie de fournir une explication à propos de ma curse. J’ai commencé à me laver pendant que Sam me regardait avec étonnement.
-Vous avez de drôles de coutumes. Vous vous lavez avec de l’eau!
-C’est comme ça qu’on fait, lui aie-je répondu.
-Mais ça vous rend mouillés!
-Mais on va sécher.
-Les deux pattes, vous êtes étranges!
-(Tu n’as pas idée) …On est comme ça.

Je me suis rhabillée et Sam m’a remise sur son dos. Pendant le voyage du retour, j’ai enfoui mon visage dans la fourrure de Sam et j’ai fermé les yeux. C’était doux et chaud, comme être enveloppée dans une couverture devant un feu. N’eut-ce été du fait que mon corps se soulevait à chaque mouvement de Sam, je me serais sans doute endormie. De retour à la grotte de Sheyenne, la princesse Tu-Maï m’a redit qu’il faudrait partir, car elle n’aimait vraiment pas la présence dans la forêt.
-D’accord. Je vais passer le message à quelqu’un.
-Merci.
(Je doute que quelqu’un m’écoute, mais bon. Au moins j’aurai passé le message.)
Quand je suis rentrée, j’ai tout de suite cherché quelqu’un du groupe. J’ai fini par apercevoir tout le monde dans le temple. Je ne sais pas ce qui s’était passé, mais Julius était assis par terre et semblait épuisé. Ça m’intriguait, mais pourquoi poser des questions alors que je me ferais rembarrer?

En restant dans mon coin, j’ai pu voir Ariste qui avertissait tout le monde qu’il y avait une réunion. Ça ne servait pas à grand-chose que j’y aille, car je n’aurais pas de droit de parole. Mais il faudrait peut-être que je me tienne quand même au courant. Je me suis donc approchée à portée d’oreilles, pour entendre ce qui se dirait.
-Lili! Réunion là-bas! m’a crié Ariste.
-Je sais! C’est pour ça que je reste ici!
D’où j’étais, j’ai pu entendre que le plan était d’aller chercher les Sharparrow de l’autre côté de la montagne. C’est Sheyenne, sous sa forme de dragon, qui irait les chercher. Kyle voudrait bien entendu y aller aussi, mais il n’était nulle part en vue. Comme je n’avais pas mon mot à dire sur le déroulement des opérations, il ne servait à rien que je reste. En allant chercher Kyle, je me rendrais un peu utile. Mais je ne devais pas oublier le message de la princesse. J’ai discrètement approché Ariste.
-Ariste, tu leur diras que la princesse Tu-Maï a dit qu’il faudrait partir au plus vite, parce qu’il y a une présence dans les bois et elle n’aime vraiment pas ça. Moi je vais aller chercher Kyle.
-Ok!

Sans demander mon reste, je me suis éclipsée en quatrième vitesse vers la sortie. Sam et Tu-Maï se trouvaient toujours devant l’entrée de la grotte.
-Vous avez vu Kyle? leur aie-je demandé. Il est à peu près grand comme ça, les cheveux blonds.
-Il est parti par-là, m’a indiqué Tu-Maï en pointant le village de Sheyenne.
-Ok, merci.
J’ai aussitôt commencé à marcher dans la direction indiquée.
-Vous ne devriez pas y aller seule, m’a dit Tu-Maï.
(Mais qu’est-ce qui pourrait bien m’arriver à part me faire attaquer par des tamias enragés ou bêcher dans une roche?)
-D’accord. Sam, tu veux venir?
-D’accord!
Il m’a encore une fois agrippée par le collet et m’a déposée sur son dos.

En route, nous avons rencontré des hordes sauvages d’arbres et de brins d’herbes qui nous ont regardés vraiment croches, mais nous avons finalement réussi à les faire fuir. Sam semblait un peu nerveux, mais moi je ne l’étais pas. Peut-être… Sans doute y avait-il effectivement une présence dans ces bois, mais je ne sentais ni ne voyais rien pour l’instant. Je commencerais à m’inquiéter quand on se ferait attaquer. Arrivés au village, il n’y avait pas âme qui vive en vue.
-Sam, tu sens Kyle?
Il a reniflé l’air et m’a indiqué une direction.
-Merci.
J’ai commencé à marcher et j’ai fini par apercevoir Kyle, à l’entrée d’une maison. J’ai avancé vers lui, mais je n’ai même pas eu le temps d’ouvrir la bouche qu’il se retournait vers moi.
-Salut.
-Qu’est-ce que tu fais ici?
-Je suis venue te chercher. Ils veulent aller de l’autre côté de la montagne avec Sheyenne en dragon pour aller chercher les Sharparrow. Tu veux sans doute y aller aussi, alors je suis venue te chercher.
-Whoa! Whoa! Quoi? Tu peux répéter ça?
-Sheyenne, dragon, flop-flop, montagne, Sharparrow, revenir.
(Il me semble que c’est clair, non?)
-…Quoi? Qui a eu cette idée-là?
-…Je n’en sais rien!

Kyle n’était pas très chaud à l’idée de laisser sa copine voler jusqu’aux montagnes, mais pour qu’il puisse déverser sa colère sur qui de droit, nous devions retourner à la grotte de Sheyenne. Quand Kyle a vu Sam, il l’a regardé jusqu’à s’en faire un torticolis. C’est vrai qu’il est impressionnant, mais pas au point d’en perdre la parole quand même. Et puis une fois qu’on le connaît, on s’habitue vite à sa grandeur/grosseur.
-Tu veux monter sur Sam, Kyle? lui aie-je demandé.
-Euh…
Sam n’a pas attendu sa réponse et il l’a agrippé par le chandail pour le déposer sur son dos. Il a fait la même chose avec moi. C’est peut-être mon imagination, mais j’ai eu l’impression qu’il y était allé plus délicatement avec moi. That was sweet. Je ne m’étais pas rendue compte qu’il était aussi gentilhomme que ça. Quand nous avons tous les deux été en place, Sam a foncé vers la grotte.

Encore une fois, nous avons failli nous faire assommer/estropier par des armées de roches en furie et décapiter par des feuilles d’arbre sauvages, mais nous avons réussi de justesse à nous en sortir. Je commençais sérieusement à me demander s’il y avait vraiment une «présence» dans ces bois, quand nous avons entendu un bruit suspect venir vers nous.
-Je me demande si c’est hostile, aie-je dit aux autres.
Sam ne voulait pas prendre de chances et il a couru se cacher derrière un arbre. Enfin… Se cacher est un très grand mot. Il y avait l’arbre et Sam dépassait de chaque côté. Pour ne pas nous voir, la cause du bruit devrait être aveugle. Sam était tellement certain d’être caché que je n’ai pas pu m’empêcher de sourire. Sa tentative était tellement pathétique que c’en était adorable. Il faut au moins lui donner quelques points pour l’effort.

Ce n’était heureusement pas une présence hostile (enfin, ça dépend du point de vue de qui on se place). C’était la princesse Tu-Maï et le reste du groupe. Ils nous ont dit que Minos savait où on était et qu’il s’en venait. Oh non, pas encore lui. C’est dans mon karma ça aussi? Où que j’aille, il faut qu’il vienne aussi pour m’emmerder? Je sais bien que cette fois-ci ce n’est pas moi personnellement qui est visée, mais quand même!
-Au moins on a des runes pour empêcher qu’il lise dans nos pensées, a dit Kerns.
Tant mieux pour vous. Tant pis pour Minos. Il ne va lui rester que mon cerveau à espionner. D’après les remarques qu’il m’a déjà faites, ça ne lui fera pas super plaisir.Zut.
-Lili n’en a pas elle, a dit Vanna.
(Et alors? Ça va juste me donner une autre occasion de tous vous mettre dans la merde.)
Julius m’en a tendu une à reculons.
-J’espère que ça sera utile, cette fois-ci, m’a-t-il dit.
-…
Autrefois, j’aurais sans doute pensé «Juste pour te faire chier, je vais faire exprès de la perdre». Aujourd’hui, je me fous de ce qu’il peut penser. Je mérite l’opinion qu’il a de moi, alors pourquoi discuter sur le sujet?

Kyle ne s’est pas gêné pour dire à Julius qu’il pensait que ce n’était pas une bonne idée de se servir de Sheyenne en forme de dragon. Heureusement pour lui, quelqu’un a suggéré qu’on voyage par les ombres.
-C’est vrai! a dit Ariste en me regardant. On a juste à se transformer en ombre, à aller chercher tout le monde et on revient!
-…Non, on ne peut pas, lui aie-je répondu.
-Pourquoi?
-…
Je savais que répondre à cette question en amènerait d’autres, alors il faut que je réfléchisse à ce que je vais répondre.

Dieu merci, quelqu’un d’autre a suggéré qu’on se serve de la croisée des chemins et l’œil que Kyle avait pour s’y rendre rapidement. Ça c’est une idée. Ça me curserait encore plus, mais à qui ça importerait. Kyle n’avait pas envie d’utiliser sa clé, mais il a finalement accepté de le faire, en faisant des reproches à Julius. Ce dernier n’était pas du tout d’accord pour utiliser une solution qui m’impliquait. Il ne pensait pas non plus que j’avais mon mot à dire sur quoi que ce soit. Je dois l’appuyer sur ce point. Je suis revenue contre mon gré pour vous aider. Alors dites-moi ce que vous voulez que je fasse et je le ferai.
-Qu’est-ce que tu en penses Lili? m’a demandé Vanna. Tu veux utiliser la croisée?
-…Je m’en fous.
-Comme tout le reste, a commenté Julius.
-…
(Oui, comme tout le reste. Comment est-ce que je pourrais prendre la peine de m’intéresser à quoi que ce soit? Je ne me sens plus capable d’éprouver joie ou plaisir. J’ai oublié le sens de ces mots. Et ma vie me semble si… pathétique, si… inutile, si… peu importante pour tant de gens. Alors pourquoi prendrais-je la peine de démontrer de l’intérêt? Le monde ne s’intéresse pas à moi et je ne m’y intéresserai pas non plus. De cette façon, on continuera à me détester et c’est ce qu’il faut. C’est ma punition.)

Avec beaucoup de réticence, Julius m’a finalement tendu la croisée de chemins. Je ne peux exprimer en mots ce que j’ai ressenti en la reprenant dans mes mains. C’était comme si… comme si on me redonnait une partie de moi-même que j’avais perdue. My own… My precious…
-On s’entend, a commencé Julius, quand ce sera terminé, vous allez me la redonner?
-…Oui, oui…
Penses-tu sérieusement que je vais te la redonner? Elle est à moi et je préfère crever plutôt que de m’en séparer. Parti comme c’est là, ça risque d’arriver bientôt. J’avais la croisée, alors je devais maintenant sortir ma pierre. J’ai essayé à quelques reprises, mais sans succès. Il a fallu l’aide combinée d’Ariste et de Sheyenne pour que j’y arrive. Je savais que je n’y étais pas arrivée toute seule, mais je me suis sentie tellement fière que je ne me suis pas gênée pour le dire.
-Maintenant tout ce qu’il me faudrait, c’est des trucs morts, aie-je dit avec un petit rire nerveux qui faisait «pas trop bien dans sa tête dans le genre creepy».
-Pourquoi des trucs morts? m’a demandé Ariste.
-…Ha, ha!
(Tu le verras bien assez tôt.)

Avant que je ne me mette à rire toute seule comme une détraquée mentale, j’ai fait entrer ma pierre dans la croisée et tout est devenu noir autour de nous, comme les fois précédentes. Il avait toujours devant nous une énorme porte. Ok. Je crois qu’il faut seulement que je la pousse. Hiii. C’est plus dur que ce que je me souvenais.
-Ouvre-toi, maudite porte!
Après quelques secondes d’efforts, elle s’est ouverte et l’œil nous a indiqué une porte parmi des milliers d’autres. De l’autre côté de cette porte, il y avait un champ à perte de vue. Le rayon de lumière émanant de l’œil nous a amenés jusqu’à une porte qui se trouvait directement sur le sol. Ça c’est une expérience qui manquait à ma culture. Après quelques péripéties incluant un pont suspendu (que Sam n’a accepté de franchir qu’après que la princesse Tu-Maï l’ait menacé de le mordre encore), nous nous sommes retrouvés à flanc de montagnes. Comme nous étions sortis du monde de la croisée, j’avais cette dernière dans une main et ma pierre dans l’autre. Que quelqu’un essaie de me les enlever! Grrr! En contrebas, nous pouvions apercevoir du mouvement et quelques feux. Il s’agissait de l’armée de Cobalté. Julius voulait aller à la rencontre des Sharparrow avec seulement Ariste et ça a donné lieu à d’interminables discussions. Je n’avais aucune raison d’intervenir, alors j’ai levé la main pour qu’on m’accorde le droit de parole.
-Oui, Lilianna? a dit Vanna.
-Cobalté est en bas et il peut repérer la croisée et ma pierre. Alors je propose qu’on se dépêche.
La dernière chose dont j’avais envie c’était que Cobalté me demande encore de lui donner ma pierre.

Ce détail étant réglé, il fallait maintenant que Julius et Ariste partent et que nous, nous restions le plus discrets possible. Je suis loin d’avoir de bons yeux comparés à mes compagnons elfes, surtout à cette distance, mais selon les feux que je voyais allumés, l’armée de Cobalté me semblait légèrement plus nombreuse que notre groupe. Mais s’il y avait des trucs morts, je pourrais peut-être arriver à les contrôler. Ouai… Des trucs morts…
-Il n’y a pas de trucs morts Lilianna, m’a dit Julius.
-En bas oui, et je peux les contrôler.
-Si ça en vient à ça, tu le feras, m’a-t-il répondu.
-D’accord!
Huh? Pourquoi aie-je répondu de façon aussi joyeuse? Parce que j’avais vraiment envie de m’amuser avec des trucs morts (dit comme ça, ça sonne vraiment gross)? Ou parce que j’étais inconsciemment traumatisée que Julius se soit adressé à moi, en me tutoyant de surcroît? Probablement les deux.

Julius et Ariste sont finalement partis. Moi, je me tenais fin prête à restarter la croisée quand ils reviendraient avec les Sharparrow. Nous n’avons pas eu à attendre bien longtemps pour avoir de l’action. Des trucs brillants venant d’en bas se dirigeaient vers nous à grande vitesse. C’était des flèches de feu lancées par les soldats de Cobalté... Que Vanna a rapidement renvoyées vers les archers qui les avaient lancées, grâce à Akaryu. J’ai bien essayé de me rendre utile en faisant une tentative de contrôle des morts, mais les soldats étaient trop loin pour que je réussisse. Tout ce que j’ai pu faire, c’est faire sortir d’un escarpement près de nous le squelette d’un alpiniste qui s’est aussitôt dirigé vers les armées en bas pour nous aider. Je ne pense pas qu’à… disons 3000 contre un tu ais une chance, mais ce n’est pas grave! Go Roger 2! Rend-moi fière! I can’t believe I just said that.

J’étais focusée sur l’espoir que Julius et compagnie reviendraient avant que Cobalté ne nous invite à prendre le thé, mais c’était assez difficile avec Vanna qui m’agressait verbalement pour que je restarte la croisée. Fous-moi la paix! Ça ne sert à rien que je l’active avant que les autres soient revenus! On fait quoi si je l’active tout de suite et qu’ils ne reviennent pas avant que la porte ne se referme? C’est une possibilité et moi je ne veux pas prendre de chance. Quand j’ai finalement vu nos compagnons revenir, j’ai remis ma pierre dans la croisée et la porte menant à son monde est apparue. Mais pourquoi il faut qu’elle soit toujours difficile à ouvrir?
-Ouvre-toi foutue porte!
Quelques mauvais mots et un coup de pied plus loin et elle était ouverte. Tout le monde est entré et je suis restée sur le bord pour pouvoir la refermer. Ça se serait déroulé parfaitement si Cobalté n’était pas apparu de nulle part et qu’il n’avait pas blessé Ariste avec une lance magique.

Cobalté n’avait pas l’intention de nous laisser repartir de là et le connaissant comme je le connais, si on reste trop longtemps, il va recommencer à me harceler pour avoir ma pierre ou la croisée. Désolée très cher, mais c’est mon précieux à moi. Dieu merci, je n’ai pas eu à me creuser la tête bien longtemps pour trouver comment je pourrais bien atteindre Cobalté avec mes deux misérables cimeterres : Sheyenne s’est transformée en dragon et a lancé une super attaque d’électricité contre creepy guy. Way to go girl. Ce fut assez pour le repousser et nous permettre de refermer la porte. Accompagnés des Sharparrow (que Bob semblait vénérer au plus au point. 1 po qu’il va demander un autographe à l’un d’entre eux.), nous avons retraversé ce monde de noirceur. Le clan d’Ariste semblait bien étonné de cet étrange environnement. C’est vrai que c’est bizarre : la noirceur la plus totale avec des portes de tout bord tout côté. Ça me fait réfléchir… C’est moi qui contrôle la croisée avec ma pierre, alors est-ce que ça veut dire que je pourrais décider de l’environnement qu’il y a à l’intérieur? Le hall d’entrée au moins? Pouvez-vous seulement imaginer ça? On entre dans la croisée et on se retrouve dans un salon avec des couleurs cucu et/ou flashy et des petits animaux happy de la vie qui courent partout? Quoique dans mon cas, ça serait plutôt un ameublement rouge sang et des cadavres épinglés sur les murs en guise de décorations. Il vaudrait mieux que je n’essaie pas.

Nous avons fini par ressortir au village de Tomiso. L’endroit était encore pire que dans mon souvenir. On pouvait voir des morceaux ce corps sortant du sol ici et là. C’était vraiment creepy. I like it. Si vous vous souvenez bien c’était ici que nous avions rencontré Jay pour la première fois. Jay… Quand il sera redevenu lui-même, je devrai vraiment lui poser une question. Le camp a été monté en un temps record par les Sharparrow et moi je me suis mise en quête de l’endroit le plus dark et creepy pour être seule.
-Lili, m’a alors dit Kerns. Il faudrait que tu me donnes la croisée.
-…
Pourquoi tout le monde veut ma croisée? Je sais bien que je mérite de souffrir, mais au point de me mutiler de cette façon? Si c’est vraiment ce que vous voulez, je suis très bien capable de me mutiler toute seule je vous l’assure!
-C’est Julius qui m’a demandé de la reprendre, a-t-il continué.
-…Si tu essaie de la reprendre, je t’envoie des trucs morts dessus!
Mon orbe était toujours sortie, alors avec ce qu’il semblait y avoir comme cadavres par ici, ça ne serait pas trop difficile!
-D’accord, a capitulé Kerns. Promets-moi seulement de ne pas partir.
-(Leave? If only I could) Même si je voulais partir, je ne pourrais pas.
-Oui, je sais.
-Non, je ne crois pas… Tu vois le coin très creepy là-bas? Si quelqu’un me cherche je vais être là.
-D’accord.

Je suis allée m’installer sous mon arbre, j’ai resserré ma pierre et j’ai serré la croisée contre moi. Je la regardais, tout en passant ma main dessus, comme pour mémoriser tous les reliefs et ça me rassurait énormément. Don’t worry, mommy is here. And no one is ever going to take you away from me again. Est-ce que ça se fait, installer un système d’alarme sur des artefacts? Ou un système GPS? La technologie s’améliore sans cesse, alors je pourrais peut-être trouver quelque chose de pas trop cher et de discret. L’important, c’est que je ne te perde pas. Je me sens complète avec toi, comme jamais auparavant. J’ai presque l’impression d’être heureuse. En fait, non. Mais je me sens un peu moins seule alors tout ce qui se passe me semble moins pire. Non, je ne suis plus seule, car toi tu me comprends. Seigneur… J’en suis rendue à parler à un objet inanimé. C’est vous dire à quel point je suis tombée bas. Mais faut-il s’étonner que plus personne ne veuille me parler? Non, pas du tout. Après ce que j’ai fait, c’est tout ce que je mérite.

Talis est mort à cause de moi, deux fois, et des tas d’autres ont perdu la vie suite à mes actions. Lili 2, pour ne nommer qu’elle. Être une paria, voyager avec des gens qui me détestent. Voilà mon destin, ou plutôt ma punition. Mais c’est un bien piètre châtiment. I should be dead too. Cependant, comme pour tout le reste, je n’ai jamais eu ce que je désirais. Ça, c’est mon karma, la conséquence directe de toutes les mauvaises décisions que j’ai prises. J’accueillerais bien la Mort à bras ouverts si elle se présentait devant moi en cet instant, mais ça risquerait de fâcher Sigma et là, Nakago… Je ne peux pas me punir de la façon que je voudrais, alors je suis condamnée à continuer à vivre une vie qui a perdu tout sens à mes yeux. À demi-vivante. Seule. Enfin… Pas totalement. Je t’ai toi, n’est-ce pas? Mon précieux… Je suis aussi entourée de pleins de morts qui m’obéiront au doigt et à l’œil grâce à ma pierre. Je me demande qui sera le prochain Roger? Roger 1 était un soldat et Roger 2 était un alpiniste. Il faudrait peut-être que je tienne une liste, pour éviter que j’en oublie. Si je me trompe et que, par exemple, j’appelle Roger 23, Roger 22, est-ce que ça va blesser quelqu’un? C’est une question à envisager sérieusement. Les morts, ils peuvent avoir des sentiments? Roger 1 a pleuré avant qu’il ne redevienne poussière, alors peut-être que oui.

En tout cas, pas la peine que je le demande aux autres. De toute façon, ils sont beaucoup trop occupés à… empêcher Lou de sauter sur Laguna? Tiens, Laguna est là? Mais pourquoi Lou veut la tuer avec tant d’ardeur? Et… pourquoi Forest vient-il d’apparaître soudainement à côté de Laguna avec l’air de vouloir l’empêcher de se battre contre Lou? Ça ne servirait rien de m’approcher et de le demander, car personne ne me répondrait. Je vais donc rester dans mon coin et être mélangée à propos de tout, comme d’habitude. Mais je devrais peut-être m’approcher un peu, parce que s’il y a une bataille, je devrai me tenir prête à combattre aux côtés de Lou. Je n’ai aucune envie d’affronter deux guardians, mais Lou est l’ami de Kerns et il m’a sauvé la vie. Je lui dois bien ça.


mercredi 12 décembre 2007

JE HAIS LES ORDINATEURS!!-PART 2

J'ai redémarré mon ordi, parce que ça disait qu'il fallait que ça soit fait pour que les mises à jour soient correctes. Je me suis dit que j'allais le faire, pour être certaine que tout ce que je venais de faire avait bien été enregistré. Après que j'aie rentré mon mot de passe et que mon bureau soit réapparu, tous mes dossiers étaient encore là! En un mot: tout ce que j'ai fait au cours des 3 dernières heures a été fait pour rien! Est-ce que quelqu'un comprend quelque chose? Parce que moi, non, vraiment pas. Une de mes amies a dit que mon ordi était peut-être possédé. C'est possible? Avez-vous déjà eu des ordis possédés vous? Si oui, partagez vos expériences avec moi, je suis certaine que ça va m'aider à être moins frustrée.

JE HAIS LES ORDINATEURS!!!

Mon putain d'ordi a décidé qu'il se reformatait tout seul, je ne sais pas pourquoi! Résultat: J'ai tout perdu ce que j'avais dessus! Je suis tellement frustrée!!! Alors demain, je vais aller faire une razia au Archambault proche du métro où je me parque. Muuuu!!!

Au moins, pour me consoler un peu, j'avais à peu près toutes mes images sur cd ici et là. Est-ce que je dois vous dire que j'aurais tellement pleuré si j'avais perdu tout ça? Surtout mes images de mes dossiers de Lili et de Raven! Sans compter toutes les images de Caro-chan que j'avais scannées!

Tout va bien....

Fais-moi penser Miki, d'exploiter ton ordi dimanche avant la game: je criois que tu as des fichiers que j'avais écrit sur la game du dimanche que je n'ai plus, alorsd je vais les foutre sur ma clé usb. Une chance que je sauvegarde toujours ma Pute Story sur ma clé, sinon c'est moi qui aurait eu beoin de Prozac!

mardi 4 décembre 2007

On the path to self-destruction

Assise dans mon coin noir, le regard fixé dans le vide, j’avais l’impression d’être totalement seule au monde. La solitude et la souffrance envahissaient totalement mon cœur, mais ainsi imprégnée dans mon élément, je me sentais presque bien. Moi, seule, ignorée du reste du monde, avec pour seuls compagnons ma propre noirceur et la souffrance que j’avais semée. I guess this is how it has to be. Mais j’ai l’impression que ce n’est pas assez. J’ai tué Talis, même en ignorant tout le reste, il faut que je paye. Mes doigts s’enfonçaient dans les paumes de mes mains jusqu’à en laisser des marques. Pense Lilianna, pense. Il doit bien y avoir un moyen de me faire payer pour tout le mal que j’ai fait. Quoique… Forcée d’être séparée de Nakago, c’est déjà pas mal. Et puis, en y réfléchissant, je n’ai pas eu à beaucoup me forcer pour souffrir. La souffrance me tombe dessus comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Et on dirait que je trouve toujours des gens pour me faire souffrir : ces hommes à Darsack, le bédouin dans le désert… Connaissant ma chance, je me ferai sans doute agresser à la prochaine ville que nous visiterons.

C’est tellement dommage que je ne puisse pas me mutiler comme je l’ai déjà fait. Il me semble que ça me ferait tellement de bien. Je dis «ne peux pas», parce que j’ai le feeling que ça fait partie des choses que Sigma ne veut pas que je fasse. Ce n’est pas grave, je suis certaine que d’autres tourments surviendront bien assez tôt. Justement… Sans dire un mot, Julius s’est avancé vers moi. Je m’attendais à des remontrances, à des remarques mesquines, mais il n’a absolument pas dit un mot. Il a jeté à mes pieds un sac et il s’est éloigné. Ok… Dans le sac, il y avait… tout ce qu’il m’avait confisqué sur le Sky Legacy. Mon argent, mes Trollinol (maintenant je suis full equip si jamais je veux me suicide!), ma robe de bal (Yééé. Quelque chose d’autre qui vient de chez Cobalté.), mon argent et… le pyjama de Talis. Mes mains tremblaient quand j’ai saisi le tissu.

C’est un cadeau de Bob! Tout le monde de l’armée se moquait de moi!

Je me souviens des mots qu’il a prononcés comme si c’était hier. Je ferme mes yeux et j’entends sa voix, je revois son visage. Si j’avançais ma main, je pourrais lui toucher. Instinctivement, j’ai fait le geste, mais je n’ai attrapé que le vide. Il n’est pas là. Il est parti. À cause de moi. J’ai serré le pyjama contre mon cœur et j’ai senti les larmes couler au coin de mes yeux. Ne t’en fais pas Talis. Je te promets de m’arranger pour qu’elle l’ait. C’est à elle qu’il doit revenir. De toute façon, le garder en ma possession m’occasionnerait des problèmes plus qu’autre chose. J’avais raison quand je disais que la souffrance me tombait dessus sans que j’aie à faire quoi que ce soit, n’est-ce pas?

Comme je l’ai déjà mentionné un jour, c’est dans les instants où l’on désire être seul qu’on ne réussit jamais à l’être. Après Julius, ce fut au tour de Kerns de venir me voir. J’ai à peine eu le temps d’essuyer mes larmes qu’il s’est assis à côté de moi.
-Salut Lili!
-Salut.
-Ça va?
-Bien sûr.
-Tu es une très mauvaise menteuse, tu sais?
-Je sais. C’est pour ça que je regarde le plancher.
-Tiens!
Il m’a tendu une bouteille de vin. La tentation était très grande de la prendre, mais je n’ai eu qu’à me souvenir de l’émotion horrible qui m’avait assaillie après que Talis m’ait engueulée pour que l’envie disparaisse. Je me suis juré de ne plus jamais boire une goutte d’alcool et j’ai bien l’intention de tenir parole.
-Ce n’est pas une bonne idée, lui aie-je répondu.
-Ok d’abord! Tiens!
Il m’a tendu une ration.
-Ça c’est une bonne idée… Merci.

J’ai pris la ration et j’ai commencé à manger. J’avais faim, mais la motivation n’y était pas. J’avais l’impression que la nourriture goûtait la cendre et j’avais toutes les misères du monde à avaler la plus petite des bouchées.
-On se doit toujours une beuverie, tu sais? m’a dit Kerns.
(Tu te souviens de ça?)
-La dernière fois que j’ai bu, ça ne s’est pas très bien passé, alors plus jamais.
-Très bien! Alors tu prendras de l’eau et tu me regarderas boire!
-…
-Ça va aller Lili!
-Non, je ne crois pas.
-Oui, ça va aller! Ne t’en fais pas, on va la retrouver Tania!
-(Mon bébé…) …Même si on la retrouve, je ne peux pas la garder avec moi.
-Ne dis pas ça, ça va aller!
-Non, je ne crois pas. Pas avec la cicatrice que j’ai dans le dos.
-Pour ça… Tu voudrais que je te change ton bandage? Ou je pourrais demander à Shiva?
-…Je m’en fiche.
-C’est comme tu veux Lili.
-Je m’en fous Kerns.
(Comme j’ai dit à Lou, vu le nombre d’hommes qui m’ont vue toute nue dernièrement, un de plus ou de moins.)
-Je vais aller chercher Shiva, m’a dit Kerns.
Avant de partir, il m’a fait un mini hug, me serrant tout doucement contre lui, comme s’il avait peur de me briser. J’avais envie de le retenir et de pleurer dans ses bras, mais je n’ai rien fait. Il ne faut pas que je me laisse aller. Je n’en ai pas le droit.

Shiva est arrivée avec des bandages et le nécessaire pour nettoyer ma plaie.
-Kerns m’a demandé de venir pour…
-D’accord.
Je me suis placée dos à elle et j’ai levé mon chandail. Elle a détaché le bandage que j’avais et a nettoyé ma blessure. Je l’ai laissée faire sans dire un mot. Est-ce que ça sert vraiment à quelque chose de se donner tout ce mal?
-Ce n’est pas très beau, a commenté Shiva en me refaisant un nouveau bandage. Il va falloir faire quelque chose avant que…
-Il n’y a pas grand-chose à faire…
-Mais Vanna, elle pourrait se servir de la blood star pour vous aider.
-…Je ne crois pas qu’elle le fera.
-Pourquoi pas? Elle a bien aidé monsieur Jillian.
-Il y a monsieur Jillian et il y a moi.
-Pourquoi?
-Un mot qui commence par «tra» et qui finit par «hison». Plusieurs fois.
-Mais vous êtes revenue, non?
-Pas par choix.
-Vous avez été forcée?
Elle a jeté un de ces evil stares à Lou.
-Non, ce n’est pas Lou.
-Qui alors?
-…Si je te montre quelque chose, tu me promets de ne le dire à personne? Y compris à Lou et Kerns?
-Ok, I won’t tell.

J’ai abaissé mon chandail au niveau de l’épaule droite, juste assez pour qu’elle voie la marque de ma curse. Elle a ouvert de très grands yeux et j’ai aussitôt caché ma marque.
-That’s… That’s the forgetfulness curse.
-Yes.

-Qui vous a fait ça? Seul un mage très puissant…
-Tu ne devines pas qui?
-Non.
-La légitime propriétaire de mes ex-épées.
-La gardienne de l’ombre?
-Oui.
-Les guardians sont des créatures…
(Je ne me souviens pas du terme exact qu’elle a employé mais elle ne porte pas les guardians dans son cœur ça c’est certain.)
-C’était vraiment méchant, aie-je dit à Shiva, mais c’était brillant. C’était la seule manière de s’assurer que je fasse ce qu’elle voulait. Elle sait très bien que je préférerais me tirer plutôt que de le perdre.
-À Merra, nous avons… nous avions des mages très puissants qui pouvaient enlever n’importe quelle curse. Mais c’était il y a mille ans.
-Ce n’est pas grave, je le mérite.
-Non.
-Oui.
-Non. Personne ne mérite d’être cursé de cette manière.
-Moi oui.
(N’essaie pas d’épargner mes sentiments Shiva. Je sais très bien que c’est un châtiment tout à fait juste et amplement mérité.)

J’ai senti que Shiva terminait le bandage et j’ai rabaissé mon chandail.
-Voilà, j’ai fini. Mais il faudrait vraiment faire quelque chose pour…
-C’est correct. Je vais peut-être mourir c’est tout. Tout le monde serait mieux comme ça.
-Non, ne dites pas ça.
(J’oubliais, j’ai une pierre.)
-C’est vrai.
-Non. L’homme qui a été affecté par la curse, vous ne pensez pas qu’il serait triste?
-…
(Nakago… Muuu.)
-Cette curse affecte la personne la plus importante dans votre cœur… Mais il faut que les sentiments soient réciproques.
-…
(Tu me manques tellement Nakago. J’ai besoin de toi, si tu savais.)
-Bon. Je vais retourner voir Kerns et Lou.
-Moi je vais aller jouer au mur ailleurs.
-D’accord…

Je lui ai rapidement tournée le dos, pour éviter qu’elle ne voie mes larmes et je suis partie à la recherche d’un endroit où je ne risquais pas d’être dérangée. Tout le monde avait l’air d’être dans le temple, alors ça ne devrait pas être trop difficile. Je suis sortie du temple et je me suis retrouvée dans la maison de Sheyenne. Son lit est petit, mais il a l’air confortable… Non, je ne devrais pas penser à m’octroyer du confort. Je me suis rendue jusqu’au mur le plus proche et je me suis couchée en petite boule par terre. Je sentais les larmes couler sans que je ne puisse les arrêter. J’ai tenté de les retenir le plus longtemps possible, mais j’ai échoué. Prenant ma tête entre mes mains, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps jusqu’à ce que je sois complètement épuisée. Et j’avais toujours aussi mal. Pourquoi j’ai toujours mal? Pourquoi la douleur ne disparaît jamais? J’ai sorti ma bouteille de Prozac de mon sac et j’ai pris deux pilules. Je sais bien qu’Esmeralda a dit une pilule par jour, mais ce n’est pas une dose suffisante pour moi. Si je ne double pas la dose, je me sens aussi mal que si je n’avais rien pris. Comme de fait, j’ai rapidement senti le calme m’envahir tandis que je fermais mes yeux. Je suis si fatiguée, mais je ne veux pas dormir parce que je sais très bien comment se passera ma nuit. Mais mes yeux se ferment tous seuls. Il vaut mieux que j’arrête de combattre l’inévitable. Je me demande de quoi seront peuplés mes cauchemars cette nuit…?

lundi 3 décembre 2007

The story of an hyperactive Bronze dragon (but a really cute one)

Il me reste juste le petit bout avec Julius, Kerns et Shiva. Ça devrait aller à demain soir.

Sheyenne a posé la boule avec les anneaux d’or (celle qui contient les mémoires de son grand-père) sur la stèle servant à activer ces artefacts. Mais rien n’est arrivé, comme la boule n’était pas activée.
-Mabrook, vous savez comment l’activer? lui a demandé Vanna.
-The symbols on the altar, lui a répondu le dragon.
Lou a examiné le socle et a pesé sur les symboles un après l’autre et ils se sont enfoncés dans la pierre.
-J’espère que tu sais ce que tu fais? lui a demandé Kerns.
-Et bien…
-Je vais prendre ça pour un non, a dit Julius.
(En autant que ça ne nous explose pas au visage!)
Lou a fini par peser sur les symboles comme il le fallait et les anneaux dans la boule se sont mis à bouger.

De la brume est apparue de nulle part et a commencé à se promener entre les colonnes. Des images sont apparues entre ces dernières. Ce fut simplement des images d’arbres et d’animaux jusqu’à ce qu’une représentation plus vraie que nature du grand-père de Sheyenne apparaisse. Sheyenne en a été tellement émue qu’elle s’est pitchée vers lui, mais elle est bien évidemment passée au travers. Je crois que je peux comprendre ce qu’elle a ressenti. Quand Sigma m’avait donné ces fameuses visions à Wateryard et que j’y avais vu Nakago, la première chose que j’avais faite, c’était de courir vers lui pour le serrer dans mes bras. Je n’avais bien évidemment réussi qu’à hugger le sol moi aussi. But point is, I know that kind of intense feeling that makes your heart take over the rest of your senses.

-Je suis désolée grand-papa, s’est excusée Sheyenne. Je suis désolée de t’avoir tué.
-Tu n’as pas à être désolée Sheyenne, lui a-t-il répondu en se tournant vers elle.
-Huh?
-Il a répondu?
-Vous pensiez que c’était une copie conforme? nous a demandé Lou. Bande d’archaïques!
Ça va faire! J’ai pris une roche par terre et je la lui ai lancée à la tête.
-Ow! Quoi?
Il faut vraiment que tu le demandes?
-Ça c’est ma job, m’a dit Kerns.
C’est bon de savoir que je ne serai pas toute seule à lui lancer des roches. Il apprendra peut-être plus vite comme ça!
-Pour comprendre qui tu es, a dit Grimm, tu vas devoir comprendre qui je suis et quel est ton lien avec moi et Mabrook.
-Je pense qu’il est temps que je comprenne, lui a répondu Sheyenne.
-Si tu es ici, c’est que tu ne dois pas être seule.
-Non, j’ai des amis. Je les aime et je veux les protéger.
-Si tu es prête à savoir, tu vas devoir activer toi-même la boule.
Il a pointé un symbole sur la stèle.
-Tu m’aimeras toujours? Malgré ce que j’ai fait? lui a demandé Sheyenne.
-Tu seras toujours ma petite fille adorée.
-J’aurais aimé te présenter mes amis.
-J’aurais aimé les connaître.
-Il y a Julius, qui est un peu comme toi, à cacher ses émotions. Et Kyle. Et Kerns, c’est un alorian.
-Last time I saw him, He was just a boy.
(Huh? Il a quel âge Grimm?)
-Et il y a aussi Lili et Vanna, a ajouté Sheyenne. On ne s’est pas toujours entendues, mais ce sont mes amies.
(Pourquoi tu dis ça Sheyenne? Comment peux-tu encore me considérer comme ton amie après tout ce que j’ai fait?)

Tout le monde lui a dit que c’était sa décision, mais elle avait peur de faire le «grand saut».
-J’ai peur de faire ça toute seule! Tu peux me serrer dans tes bras Kyle?
Kyle l’a doucement serrée contre lui pour la rassurer. You guys are just so cute. You’re so lucky Sheyenne, lucky to have the man you love by your side. Moi je n’ai pas cette chance, et je ne l’aurai peut-être plus.
-Je vous aime tout le monde! nous a dit Sheyenne.
Elle a pesé sur le symbole que lui avait indiqué Grimm et un kaléidoscope d’images s’est déroulé devant nos yeux, à une telle vitesse que c’en était hallucinant. L’image s’est fixée sur une immense bibliothèque et nous y avons vu Grimm, mais plus jeune.
-Comme tu le sais Sheyenne, lui a-t-il dit, il y avait autrefois sept grands sages. J’étais l’un d’entre eux. Il n’en reste aujourd’hui plus que deux. Les sages ressemblaient le savoir du monde, mais il leur était interdit de se servir de ce savoir. J’avais une obsession interdite, de savoir où était la cité de Scion.
-C’est quoi? lui a demandé Sheyenne.
-L’ancienne grande capitale, où se trouve maintenant la tour du soleil.

L’image a changé : le bureau du grand-père de Sheyenne est apparu.
-Après des centaines d’années de recherche, j’ai trouvé l’emplacement. Au-delà des montagnes, sur l’autre continent. Je n’ai jamais pu m’y rendre.
Il a montré une carte à Sheyenne. Elle a pu y toucher, mais personne d’autre n’y est arrivé.
-Malheureusement, a continué Grimm, je n’étais pas le seul à le savoir. L’empereur de Rayden a appris il y a mille ans ce qu’il y avait ici?
-Oh… Il a fouillé dans tes affaires?
(So cute)
-Je suis allé voir le grand roi de Merra, dont le peuple avait subi de terribles événements, mais il a refusé de m’aider. C’est alors que tu m’as proposé de cacher mes souvenirs dans des anneaux d’or.
Il fallait donc aussi cacher les souvenirs de Sheyenne dans une autre boule, pour effacer toute trace.
-Malgré ça, les gens du village te craignaient. C’est pour ça que j’ai fabriqué Rage, pour te protéger et pour protéger les mémoires. Mais l’empereur n’a pas lâché prise.

L’image a de nouveau changé. Au loin, nous avons aperçu le village qui brûlait. J’ai senti mon cœur se serrer, car je savais que Nakago y était pour quelque chose et qu’il avait tué Grimm. J’aurais bien aimé connaître le fin fond de l’histoire, mais comme Nakago ne semblait pas du tout disposé à me le raconter, ça serait sans doute une de mes nombreuses questions qui resteraient à jamais sans réponse.
-L’empereur est venu réclamer ce qu’il voulait. C’est pour ça que je t’ai envoyée avec ces voyageurs.
-Tu savais que c’était les porteurs des pierres? lui a demandé Sheyenne.
-Oui. Je suis un sage : je sais tout.
Grimm a aussi dit qu’il avait convaincu Forest de prêter à Sheyenne Sun Lao, une arme qui lui avait autrefois sauvé la vie.
-Si tu acceptes ce savoir Sheyenne, tu seras la dernière grande sage.
-Je vais faire tout ce que je peux pour que tu sois fier de moi.
-Je suis toujours fier de toi, comme tes parents le sont.
-Ils sont toujours en vie?
-Oui. Ce sont de grands amis chers à mon cœur.
-Je pensais qu’ils ne m’aimaient pas!
(Comment qui que ce soit pourrait ne pas t’aimer?)

Nous avons vu une autre image. Il s’agissait du temple où nous étions, mais aménagé différemment. Nous avons aperçu trois silhouettes.
-Si quelqu’un t’a dit que tes parents t’avaient abandonnée, c’est faux. Comme toi, tes parents durent payer le prix de ma découverte. Je ne pourrai jamais leur rembourser cette dette.
L’image suivante nous a montré la porte qui se trouvait derrière nous. Grimm a dit qu’elle menait à l’autre continent, mais qu’elle était condamnée. Il aurait été trop dangereux de la laisser ouverte. Mabrook a choisi de garder la porte jusqu’à sa mort.
-Mirage garde l’autre côté. Comme mon savoir, la porte t’appartient.
Il revenait donc à Sheyenne de l’ouvrir ou pas.

Sur l’image suivante, nous avons vu une autre pièce du temple. Mabrook, plus jeune, était couché sur un tas d’or. À côté de lui, un dragon de cristal était couché sur des pierres précieuses.
-Mabrook et Mirage étaient mes précieux amis, peut-être même plus.
-Ils étaient comme ta famille? lui a demandé Sheyenne.
-Ils devaient garder quelque chose qui n’aurait jamais dû exister.
Une image des dés de la destinée (la clé de Julius) est apparue.
-Les dés sont ici, mais plus personne en les garde. Mabrook et Mirage gardent la porte, mais il y avait un troisième dragon.
-Un troisième? s’est étonnée Sheyenne.
-Sheyenne, a commencé Julius, tes parents sont les amis de Grimm, ils t’aiment beaucoup…
-Je suis un dragon? C’est pour ça que j’aime les dragons?
-Oui.
(Je me serais attendue à beaucoup de choses, mais pas à ça.)
-Mabrook est mon père?
-Mabrook et Mirage ont mis au monde un seul petit.
-Je suis quel genre de dragon?
-Tu tiens beaucoup plus du sang de ton père.
-Un dragon de bronze? Wow…
(En effet, wow.)

Grimm a dit que Sheyenne était la gardienne des dés. Lou nous a appris que les dés étaient un accident et qu’ils avaient disparu en même temps que le continent de Scion.
-J’ai quel âge? a demandé Sheyenne.
-321 ans. You’re still a baby. Enfin, c’est toujours comme ça que je t’ai considérée.
C’est la famille de Sheyenne qui était chargée de surveiller les dés. En perdant ses souvenirs, Sheyenne a perdu son habileté à se transformer en dragon. Elle a choisi de prendre sa forme préférée : un halfling.
-Déjà petite, tu aimais venir dans mon bureau… et foutre le bordel!
-Il y a des choses qui ne changent pas! lui a-t-elle répondu en riant.
Sheyenne est ensuite allée hugger son père. N’importe qui aurait été ému en voyant cette scène : le père et la fille se retrouvant après des années de séparation. Sheyenne ne pouvait contenir ses larmes, car elle avait toujours cru que ses parents ne l’aimaient pas et l’avaient abandonnée.
-Ta mère serait fière de toi, lui a dit Mabrook. J’ignore comment elle est.
Passées les larmes, Sheyenne s’est mise à courir partout.
-J’ai retrouvé mon papa! J’ai retrouvé mon papa! Kyle, viens!
Elle l’a traîné devant son père pour lui présenter.
-Mabrook, Kyle. Kyle, c’est mon papa!
Mabrook s’est penché vers Kyle, qui semblait très impressionné.
-Forest’s son…
-Je ne suis pas son fils!
-I would have preferred something more «dragonish», but it’s your choice.
-Il faut que tu te fasses pousser des crocs Kyle! lui a dit Kerns.
(That would be funny.)

L’image créée par les anneaux d’or a disparu et Sheyenne était maintenant prête à voir son propre passé.
-Tu m’aimes toujours Kyle?
-Bien sûr, ça ne change rien.
-Tu es prête à savoir Sheyenne? lui a demandé son père.
-Oui.
-Use the silver rings.
Sheyenne a donc mis sur le socle la boule avec les anneaux d’argent et contenant ses souvenirs. Il y a encore eu de la brume et un kaléidoscope d’images. En résumé, voici les scènes auxquelles nous avons assisté :
-La naissance de Sheyenne
- Un bébé dragon aux écailles de bronze avec des reflets de cristal qui s’amusait à courir dans des tas d’or
-Grimm qui faisait des recherches, Sheyenne couchée à ses pieds.
- Une halfling foutant le bordel dans le bureau de Grimm
-Grimm et Mabrook qui discutaient, Sheyenne les espionnant. Elle avait l’air très inquiète.
-Ce n’est pas une bonne idée, disait Mabrook. Sheyenne n’est pas prête.
-Grimm mettant les chaînes après les pattes de Mabrook, Sheyenne pleurant toutes les larmes de son corps.
-Be strong, lui a dit sa mère. Mommy will be there, even if you don’t see me.
Sa mère est ensuite disparue derrière la porte.
-Mabrook essayant de remonter le moral de Sheyenne en lui montrant des trucs shiny.
-Grimm disant à Sheyenne qu’elle allait garder les dés. Sheyenne en était très honorée.
-Une halfling qui dormait. Grimm avait les deux boules contenant les anneaux dans ses mains. Elles ont fusionné et sont entrées dans Sheyenne.

Nous avons ensuite vu diverses scènes de la vie quotidienne de Sheyenne, puis les images ont disparu pour de bon. Sheyenne voulait maintenant se retransformer en dragon.
-You’ve been in a halfling’s body too long, lui a dit son père. You forgot, but your dad will show you how.
Mabrook s’est transformé en halfling et il a eu droit à un méga hug de sa fille. Comme il ne fallait pas ouvrir la porte sur un coup de tête, Sheyenne voulait se reposer ici. Avant de se retransformer, Sheyenne a montré sa chambre à la majorité du groupe. Je ne doute pas qu’il devait y avoir quantité d’or et de pierres précieuses, mais ça ne m’intéressait pas du tout. Rien ne m’intéressait. Je voulais juste m’écraser dans un coin et attendre. Attendre que tout soit fini? Attendre que ma douleur passe? Je risquais d’attendre longtemps, car ça ne risquait pas d’arriver bientôt, pour ne pas dire jamais. J’ai donc trouvé le coin le plus sombre du temple et je me suis assise pas terre. J’ai donc pu observer en toute tranquillité la transformation de Sheyenne en sa véritable forme. Je l’ai vue passer de halfling en dragon en quelques instants. Elle a poussé un de ces grognements qui m’a paru plutôt fort, même d’où j’étais. J’ai vu Kerns s’extasier et Vanna grimper sur son dos tellement elle était impressionnée. Si j’avais pu, je serais allée la voir et je lui aurais dit à quel point elle était magnifique. Mais je ne pouvais pas. Pourquoi m’aurait-elle cru de toute façon?

jeudi 29 novembre 2007

Je me rends moi-même malade

C'est la suite du post précédent. Ça ne me tentait pas de le continuer, parce que je trouvais que ça devenait un peu trop long. Pour la suite et fin, ça va sans doute aller à dimanche. Comme d'habitude, vous aurez juste à me supplier pour lire. Surtout ceux qui passent leur temps à me traiter de salope finie ou qui disent que Nakago mérite mieux que Lili. Je ne vise personne en particulier! lol

J’ai pris dans mon sac ma plus précieuse possession (mon savon!) et j’ai entrepris de me débarrasser de ma crasse. La tâche fut ardue, car j’étais couverte de la tête aux pieds de schmu de ver. Ça, et aussi… les derniers événements. J’ai commis l’erreur de laisser mon esprit s’égarer et alors que j’étais en train de me savonner, j’ai revu les mains de mes agresseurs à Darsack et du bédouin pervers sur moi, m’arrachant mes vêtements et me tripotant, toujours plus fort, toujours plus bas.

J’ai essayé de chasser ces pensées en continuant de me laver, mais je perdais mon temps. Ma main tremblait tellement que j’en ai échappé le savon dans le fond du bain. Avant de le reprendre, j’ai voulu me calmer, mais plus j’essayais et plus les choses empiraient, si bien que mon corps en entier s’est mis à trembler. Des tonnes d’images se bousculaient dans ma tête au point de me rendre folle. Je me suis recroquevillée en petite boule et j’ai fermé mes yeux. J’ai ensuite pleuré comme si je ne devais plus jamais m’arrêter. Ce n’était plus seulement mon cœur qui se serrait : c’était comme si on était en train de m’arracher les entrailles et que la douleur ne disparaissait pas. Make it stop. Please make it stop. I need you, I need your arms around me. Where are you Nakago? Je ne pourrai pas tenir le coup longtemps, pas dans cet état. Mais de quoi je me plains? Je mérite tout ça, n’est-ce pas? Oui. Alors je ne devrais pas pleurer.

Sans plus me préoccuper de ma douleur, j’ai ramassé le savon et j’ai terminé d’enlever les derniers morceaux de crasse. Je me suis ensuite essuyée jusqu’à en faire rougir ma peau. C’était exactement comme après Darsack : je voyais les marques de leurs doigts sur moi, je sentais leurs doigts sur moi. J’ai fini par laisser tomber la serviette quand la peau a commencé à me chauffer. J’ai pris des vêtements de rechange dans mon sac, je me suis habillée et je suis allée voir Lou. Il avait fini de se laver et était en train de se sécher les cheveux.
-Salut.
-Salut. Ça va?
-(J’aimerais être morte) Oui.
-Écoute, a-t-il commencé, on devrait peut-être dormir dans la même chambre, par sécurité.
-Euh…
-Je ne vais pas m’essayer! a-t-il précisé, voyant mon malaise.
-Je sais!
(Ce n’est pas de dormir dans la même chambre que lui qui me dérangeait, mais de dormir dans le même lit que lui. J’avais totalement confiance en Lou, mais dormir à côté d’un autre homme que Nakago me mettait profondément mal à l’aise. Après les derniers événements, je ne me sentais pas capable de supporter une telle proximité avec un homme, aussi bien intentionné fut-il, sans avoir une attaque de panique. Je ne sais même pas si je serais capable de supporter le contact de Nakago…
-Tu es mieux de ne pas t’essayer toi non plus! m’a dit Lou.
-…Quoi? Franchement, non!
(Tu sais que j’ai été, «tripotée» comme tu l’as si bien dit, alors crois-tu vraiment que ça me donne envie de m’essayer sur quelqu’un? J’ai été vraiment insultée qu’il ose le suggérer.)
-On va dormir dans des chambres séparées! lui aie-je dit.
-C’était une joke.
-Je retourne dans ma chambre!

Je me fous que ça soit moins safe comme ça, pas question que je reste dans la même pièce que toi! Je suis retournée dans ma chambre en claquant la porte et pour être certaine de ne pas me faire déranger par un crétin qui avait peur que je l’agresse, j’ai barré la porte et j’ai mis une chaise en-dessous. T’es vraiment un con Lou! Tu as vu à quel point j’allais mal quand tu m’as ramenée de chez les bédouins, tu sais ce qu’ils m’ont fait! Comment as-tu pu plaisanter sur un sujet pareil?! Moi? M’essayer sur un homme? Avec tout ce qui m’est arrivé, je ne crois même plus savoir comment faire les premiers pas. Si je possède encore ces connaissances, elles sont tapis au fin fond de ma mémoire et j’ignore comment aller les chercher. Par moi-même, je n’y arriverai jamais. J’aurais besoin de quelqu’un pour me libérer, mais c’est très loin d’être gagné d’avance. C’est peut-être mon karma ça aussi, passer le restant de mes jours seule, le cœur brisé.

Toc, toc.

-C’est moi, a dit Lou.
-Je ne sors pas d’ici!
(Je risquerais de t’agresser!)
-Même pour manger? m’a-t-il demandé.
J’ai enlevé la chaise, débarré la porte et je l’ai ouverte.
-Peut-être juste pour manger…
-Je savais que je réussirais à te faire sortir comme ça, m’a dit Lou.
La dernière fois que j’avais mangé, c’était il y a deux jours, et c’était à peine quelques bouchées. Alors le simple fait d’entendre le mot «manger» m’a donné faim. En descendant, j’ai remarqué que les vêtements de Lou étaient parfaitement réparés, pas la moindre trace d’accroc. C’était comme s’ils sortaient tout droit du magasin.
-Tu as fait ça comment? aie-je demandé à Lou, en pointant ses vêtements.
-Euh… Je suis juste doué.
-…
(Tu es gentil, mais tu fais chier! Tu es immune à l’épée de Lemnor, tu répares parfaitement tes vêtements! T’es qui merde?)

Nous avons pu facilement nous trouver une place et l’aubergiste est venu nous voir.
-Vous avez l’air un peu mieux comme ça! nous a-t-il dit.
(Et moi qui pensais que le schmu de ver nous donnait un charme unique!)
-On voudrait manger s’il vous plaît.
-Tenez.
Il nous a donné des menus. J’ai ouvert le mien et… je n’ai eu aucune idée de ce qui était écrit, la langue m’étant totalement inconnue. Ok… La meilleure technique dans des cas comme ça, c’est comme j’ai fait à Umanlil : j’ai fermé mes yeux et j’ai pointé un endroit au hasard sur le menu.
-Ça! aie-je dit à l’aubergiste. Je ne sais pas ce que c’est, mais c’est ça que je prends!
-Ça c’est… du scarabée! m’a-t-il dit.
Sans avoir un miroir, je sais que le visage a dû me tomber. Du scarabée? Yark! Vous êtes vraiment dégueus par ici! Manger des bibittes!
-Je plaisantais! m’a avoué l’aubergiste. Les gens du Nord croient toujours qu’on mange ce genre de choses par ici!
-…
(Ce n’est pas en faisant ce genre de blagues que vous allez arranger les choses.)
-C’est du poulet épicé, m’a finalement dit l’aubergiste. Il est excellent! C’est ma femme qui le prépare.
-Je vais prendre ça.
-Et votre mari, il prend quoi?
-Je ne suis pas son mari!
-Ce n’est pas mon mari.
-Ok. Votre ami, il prend quoi?
-Je vais prendre la même chose.
-D’accord. Ça ne sera pas long.

Quand l’aubergiste fut hors de portée d’oreilles, Lou s’est tourné vers moi.
-Pourquoi tout le monde croit qu’on est mariés? m’a-t-il demandé.
-Un homme et une femme qui voyagent ensemble… Sans compter que je porte une bague, alors les gens pensent qu’on est mariés.
-C’est vrai, vous vous donnez des artefacts par ici.
-Pas des artefacts, des bagues. Vous vous donnez quoi à Merra?
-Des bracelets.
-(Étrange) ...C’est bien.
-Et on ne peut pas les enlever.
-(Huh?) Mais si jamais ça ne marche plus, vous faites quoi?
-Il faut aller voir quelqu’un qui enlèvera les bracelets.
-…
J’ai préféré ne pas demander de précisions, car j’avais dans ma tête l’image de quelqu’un avec une scie et qui disait : Ne bougez pas! Je vous enlève ça tout de suite!

Heureusement, l’aubergiste est revenu à ce moment avec… avec… le repas le plus délicieux qu’il m’ait jamais été donné de contempler et de sentir. De… la nourriture… Pas de la soupe de ver, ou des fruits offerts par un vieux pervers. De la vraie nourriture. Et ça a l’air super bon. J’ai remercié l’aubergiste et j’ai contemplé mon assiette en me retenant de toutes mes forces pour ne pas baver dessus. Je n’ai rien mangé depuis deux jours. Viens à moi nourriture… La première bouchée fut tellement exquise que j’ai dû me retenir pour ne pas exprimer verbalement ma satisfaction. J’aurais seulement traumatisé Lou un peu plus. Sans même que je m’en rende compte, j’avais fini de manger et j’étais en train de ramasser les dernières traces de sauce au fond de l’assiette avec mes doigts. Si je n’avais pas été seule, je crois que j’aurais liché mon plat. Je me demande si Lou aime ça. J’ai levé les yeux vers lui et j’ai pu voir qu’il avait à peine touché à son assiette et qu’il me regardait comme si je venais d’une autre planète. Sans dire un mot, il a poussé son assiette vers moi.
-Si tu insistes! lui aie-je dit en m’appropriant l’assiette.
(C’est tellement bon! J’avais si faim que j’aurais pu dévorer tout ce qu’il y avait au menu à moi toute seule.)
-C’est vrai, a dit Lou. Vous mangez comme des monstres ici.
-Hé!
-Quoi? C’est vrai!

dimanche 25 novembre 2007

Tout va mal, mais c'est pas grave! Je suis calme...

Lou était très content que notre voyage arrive à sa fin, car il était dégoûté par le verre et par Roger. Je ne comprenais vraiment pas pourquoi. Je l’aime moi Roger, il est super fin. Bon Roger. Pate, pate. Oups, sa tête est tombée. Attends Roger, je vais te la replacer. Maintenant…
-Va faire un hug à Lou, lui aie-je chuchoté.
Roger s’est exécuté, faisant sursauter Lou.
-Aaaah! Arrête ça!
Il a violemment repoussé Roger.
-Ben quoi? lui aie-je demandé. Il est full hot mon squelette!
J’ai quand même dû me résoudre à m’en défaire, si je ne voulais pas que les soldats de la ville nous tirent dessus. J’ai donc arrêté le ver, qui avait déjà commencé à pourrir (eurk), et nous sommes débarqués. J’ai eu un petit pincement au cœur en regardant mon squelette.
-Bye, bye squelette.
Il m’a dit au revoir de la main (je suis fière!) et quand j’ai remis ma pierre en moi, il s’est écroulé par terre. Sniff.

Lou et moi avons ensuite avancé vers le dôme. Quand nous avons été plus près, nous avons pu constater qu’il y avait une muraille autour du dôme, une très haute muraille.
-On fait comment pour entrer? m’a demandé Lou.
-Euh… Il faudrait traverser la muraille.
Avant de me répondre, Lou a jeté un coup d’œil à la muraille.
-Ça doit bien faire trente… non, trente-deux mètres de haut, m’a-t-il dit. Si tu réussis à grimper là-dessus…
-(Tata!) Mais non! Traverser la muraille dans le sens de faire le tour et trouver une porte!
(Dans mon état physique lamentable et selon mes capacités actuelles, escalader le mur ne m’aurait jamais effleuré l’esprit. Mais par simple curiosité, si j’avais réussis à l’escalader, tu aurais fait quoi? Me vénérer jusqu’à la fin de tes jours?)

Nous avons fait le tour de la muraille et nous avons fini par arriver à une ouverture. Un garde surveillait l’entrée.
-Tu vois? aie-je dit à Lou. Je savais qu’il y avait une porte!
Avant de nous y rendre, nous avons observé les caravanes qui entraient dans la ville.
-Qu’est-ce que vous transportez? a demandé le garde.
-De la bière.
-Vous avez un laissez-passer?
J’ai cru pendants quelques secondes que j’avais halluciné.
-Un… «laissez-passer»? aie-je murmuré.
-Tu as un laissez-passer? m’a demandé Lou.
-…Bien sûr! Je me promène toujours avec un laissez-passer pour la ville d’Eomiss dans mes affaires!
(J’aurais dû y penser! Ça peut toujours être utile!)
Nous devions absolument entrer en ville, alors nous sommes allés à la rencontre du garde. Quand il nous a vus, il ne s’est pas gêné pour esquisser une moue de dégoût. Il est vrai que nous n’étions pas des plus attirants : vêtements déchirés, peau abîmée par endroit et surtout couvert de schmu des pieds à la tête.
-On n’accepte pas les mendiants! nous a dit le garde. Circulez!
--On n’est pas des mendiants, lui aie-je répondu. On a été attaqués par un ver des sables.
-…Attaqués par un ver des sables? Et toujours en vie? C’est ça! Circulez!
-Il faut qu’on aille en ville pour nous acheter des affaires.
-Vous avez un laissez-passer?
-…Hello?! Ver des sables? Acide! Plus de laissez-passer!
-Si vous n’avez pas de laissez-passer, vous n’entrez pas!
-Comment on pourrait s’en procurer un?
-Moi je garde la porte, alors ce n’est pas mon problème! Circulez!

P’tit con! Tu mériterais que je te tue et que je te transforme en zombie ensuite!
-Il va falloir trouver un autre moyen, m’a dit Lou pendant que nous nous éloignions.
-Je pourrais sortir ma pierre et faire venir le cadavre du ver? aie-je suggéré. Ça occuperait le garde!
J’ai essayé de sortir ma pierre, mais je n’ai pas réussi.
-Il va falloir attendre un peu, aie-je dit à Lou.
-T’es folle? Ça va faire peur à la moitié de la ville!
-…Et? L’important c’est qu’on entre!
Lou n’était pas aventureux du tout et voulait qu’on trouve une autre solution. Qu’est-ce qu’on pourrait bien faire…? J’ai regardé les caravanes passer et…
-On pourrait se cacher en-dessous d’une caravane? aie-je suggéré.
-…C’est tellement primitif que ça pourrait marcher!

Un groupe de trois caravanes est arrivé à la porte.
-Laquelle tu préfères? aie-je demandé à Lou. La première, celle du milieu ou la dernière? Je te laisse le choix!
-…Allons-y pour la deuxième.
Quand le garde a arrêté le premier chariot, nous nous sommes pitchés vers le deuxième et nous avons soulevé la bâche qui le recouvrait. Nous nous sommes ensuite cachés entre des tonneaux.
-Qu’est-ce que vous transportez? a demandé le garde.
-Du vin, lui a répondu le marchand.
-Vous avez un laissez-passer?
Pendant qu’il lui montrait, j’ai retenu ma respiration. Il faut qu’on passe, il faut absolument qu’on passe. Quoiqu’utiliser le ver mort tout décomposé ne me dérangerait pas.
-C’est seulement du vin que vous transportez?
-Bien sûr.
-Je vais vérifier.
(Oh, oh.)

J’ai commencé à paniquer. Si le garde nous trouve, on est foutus. Bon. Je ne perds rien à essayer. J’ai pris la main de Lou et je nous ai cachés dans l’ombre. Enfin, j’ai espéré que nous l’étions, car le passé m’a souvent démontré que mes compétences de voleuse laissaient à désirer : Je suis cachée! Ah! Ces gens sont en train de m’observer! Ou encore : Y’a pas de piège! Ow, j’ai mal. J’ai entendu le garde regarder sous le premier chariot, puis ses pas sont passés au deuxième. J’ai croisé mes doigts de toutes mes forces que j’aie réussi. Quand la bâche a été soulevée, j’ai arrêté de respirer. Le garde a regardé vers nous comme si nous n’étions pas là, alors j’ai su que j’avais réussi. J’ai repris mon souffle quand j’ai senti que la caravane passait la palissade. Quand notre chariot s’est arrêté devant ce qui semblait être une auberge, je me suis dit que c’était le moment de nous enfuir.
-Tu es prêt Lou?
-Oui.
-Go!

Nous sommes sortis en quatrième vitesse et nous nous sommes éloignés avant que qui que ce soit ne remarque d’où nous venions. La ville était pleine d’agitation. Ça faisait du bien de retrouver la civilisation. Étonnamment, la température était plutôt fraîche. Ça devait être à cause du dôme.
-J’espère que tu as de l’argent, Lou?
-Non, pourquoi?
-Ville, auberge, bain… Ça coûte de l’argent…
Comme aucun de nous d’eux n’avait d’argent, nous allions devoir vendre certains de nos effets personnels. J’avais cinq potions anti-poison dans mon sac. C’était tout ce que je possédais de valeur. Je ne pense pas qu’un morceau de peau d’animal ou un pyjama rouge avec des têtes de morts nous rapporteraient beaucoup d’argent. Et puis si je vends mon pyjama, je vais dormir avec quoi sur le dos? J’aurais bien trop peur que quelqu’un, plus précisément un homme, ne me surprenne en petite tenue. Je sais très bien que ça me ferait paniquer.

D’un empressement mal contenu, il a abaissé mon chandail. Pendant quelques secondes, il n’a rien fait, se contentant de m’observer, puis il a recommencé à me tripoter.

De repenser à Bin Ladin, à ce qu’il m’avait fait, m’a fait trembler de tous mes membres et j’ai senti mon estomac se soulever. I don’t think I’ll ever be able to get over this. I’m so scared and I can’t talk to anyone about it. Il faut que je trouve des Prozac au plus vite! Il fallait d’abord que nous trouvions une boutique de potions. Le plus tôt que nous aurions de l’argent serait le mieux, car où que nous allions, les habitants nous regardaient bizarrement. Quoi? Vous n’avez jamais vu ça des gens qui se sont fait attaquer par un ver des sables et qui ont survécu? S’il faut en croire celui qui fera assurément partie de ma future armée de zombies, on dirait que non.

J’ai fini par trouver un magasin de potions, facilement reconnaissable à son enseigne.
Quand nous sommes entrés, le propriétaire était en train de parler avec un client. J’ai donc patiemment attendu mon tour. Quand le client fut parti, je me suis avancée.
-Bonjour! m’a dit le marchand en me voyant du coin de l’œil. Oh…
Quand il s’est tourné complètement face à nous, son visage a changé en constatant l’état de délabrement dans lequel nous nous trouvions.
-Non, nous ne sommes pas des mendiants, lui aie-je dit, devançant sa question. Nous avons eu un petit accident de ver des sables.
-Ha, ha! Allons! Il n’y a aucune honte à avouer qu’on a eu un accident d’étable!
-…
(Un… accident d’étable? C’est censé être quoi au juste? Tomber dans du crottin de vache? Se baigner dans la porcherie avec les cochons? Est-ce que je veux vraiment le savoir?)
-…J’ai des potions anti-poison à vendre.
-Je vais devoir les examiner, pour m’assurer qu’elles sont de bonne qualité.
-Bien sûr.
J’ai sorti une potion de mon sac et il l’a examinée attentivement avant d’y tremper son doigt.
-C’est de la bonne qualité, a-t-il conclu.
-En effet.
-Je vous en offre… 1po.
-…Quoi? 1po alors que ça vaut peut-être dix fois plus!
-C’est ce que ça vaut par ici.
-Je pourrais aller voir ailleurs!
-Rien ne vous en empêche!
P’tit con! Je suis peut-être rouillée, mais je suis encore capable d’évaluer le prix des objets! Voir que je vais me laisser avoir par un crosseur comme toi!

Je suis sortie et je me suis mis en quête d’une autre shop de potions. Je ne peux pas croire que je n’arriverai pas à trouver un vendeur qui ne soit pas un crosseur. Je sais bien que vendeur rime avec crosseur, mais quand même! J’ai réussi à trouver un autre magasin. Le vendeur a été aussi surpris que l’autre de nous voir.
-Non, nous ne sommes pas des mendiants, l’aie-je averti avant même qu’il n’ouvre la bouche. Nous avons eu… un accident d’étable.
-Bien sûr!
-J’ai des potions à vendre.
J’ai sorti une potion et comme l’autre marchand, il y a goûté.
-C’est de la bonne qualité, a-t-il conclu. Ça a un petit goût du nord.
-En effet.
-Je vous en offre 3po.
-(C’est quand même mieux que l’autre!) Ok.
Je lui ai donné 3 potions. Avec 6po, on devrait pouvoir se trouver une auberge potable. Mais où?
-Vous ne sauriez pas où on pourrait trouver une auberge à prix raisonnable?
-Les prix varient beaucoup. Ça peut aller de 300po…
-(Quoi? 300po pour une nuit dans une auberge?)…
-Mais je ne crois pas que vous puissiez vous le permettre…
-Non, en effet.
-Ça va jusqu’à des auberges miteuses.
-En fait, je voudrais quelque chose de potable et de pas trop cher.
-Je connais une auberge bien et qui ne coûte pas cher. Elle s’appelle Le Sablier.
Il m’a indiqué le chemin et nous sommes sortis.
-Alors, tu as trouvé tout ce que tu cherchais? m’a demandé Lou.
-Oui.

Eomiss doit vraiment se trouver dans une dimension parallèle, car les indications étaient très simples et nous n’avons eu aucun mal à trouver l’auberge en question. Je dois avouer que je suis presque entrée en courant tellement j’étais contente de l’avoir trouvée. J’ai filé en direction de l’aubergiste dès que je l’ai aperçu. Quand il nous a vus, son visage a aussi changé d’expression. Here we go again.
-Non, nous ne sommes pas des mendiants. Nous avons eu un accident d’étable et nous aurions besoin d’une chambre, avec un bain.
-Bien sûr!
Une minute… Une chambre, ça veut dire un lit et donc que Lou et moi… Euh…
-Je prendrais une autre chambre.
(Ça ne coûtait que quelques pièces d’argent, alors…)
-Très bien. Je vais faire préparer un autre bain, car quand vous aurez fini, l’eau sera trop sale pour votre mari!
-Je ne suis pas son mari! a protesté le principal intéressé.
(Laisse tomber Lou, ne perd pas ton temps à vouloir lui expliquer.)

J’ai suivi le fils de l’aubergiste jusqu’à ma chambre et il m’a préparé un bain.
-Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous n’avez qu’à m’appeler! Je m’appelle Ahrkmed!
-…Merci.
Il m’a ensuite laissée seule avec mon malaise. Il semble être un garçon adorable, mais entendre le nom «Ahrkmed», m’a rappelé le garde qui m’avait frappée parce que j’avais osé vouloir partager ma nourriture avec Lili 2. Lili 2… J’ai enlevé mes vêtements et je les ai mis directement dans la poubelle. Je me suis ensuite glissée dans le bain. This is bliss.

samedi 24 novembre 2007

J'ai fait un nouveau blog pour y mettre juste les histoires de Raven. Comme ça, ceux qui voudront lire les histoires de Lili iront sur ce blog-ci et ceux qui veulent lire Raven, iront sur l'autre. C'est à Raven-le-briquet.blogspot.com

mercredi 21 novembre 2007

Des squelettes et un ver

Après avoir fait des cauchemars tous plus horribles les uns que les autres, je me suis fait réveiller par une secousse. J’ai ouvert les yeux et j’ai vu que Lou avait atterri. Il semblait essoufflé.
-Désolé, je t’ai réveillée, s’est-il excusé.
-Ça va… On est où?
(Je pouvais dire qu’on était dans le désert, à cause de tout le sable, mais ça se limitait à ça.)
-À une journée, une journée et demie d’Eomiss. Il faut que je m’arrête.
-Ok, pas de problème. Je vais en profiter pour enlever ce superbe habit et le brûler ensuite.
J’ai sorti du linge de mon sac à dos et j’ai commencé à me déshabiller, sans me préoccuper le moindrement du monde de Lou. Dès qu’il s’en est aperçu, il s’est retourné.
-Tu aurais pu me prévenir! s’est-il exclamé.
-Vu le nombre d’hommes qui m’ont vue nue au cours des deux derniers jours, un de plus ou de moins.
-Moi ça me dérange!
-…
(Moi je m’en fous. Je ne semble être utile qu’à ce genre de chose de toute façon.)

Après m’être changée, j’ai mis mon manteau, car la température avait baissé. Il ne manquerait plus rien que ça que je meure d’hypothermie! Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai un feeling que ça fait partie des choses que Sigma ne veut pas que je fasse, me laisser mourir je veux dire. Je continuais à déprimer d’aplomb et Lou, lui, a appliqué un genre de crème sur la blessure qu’il avait à l’épaule, blessure qui semblait être en parfaite voie de guérison.
-Si je me réincarne, je veux être une méréenne!
-C’est vrai que vous, les humains, vous êtes lents, faibles…
-…Vas-y, continue! Dis-moi autre chose pour continuer à descendre mon estime de moi!
-…Mais ce n’est pas si mal d’être humain!
-…
Il aurait pu me dire n’importe quoi pour s’excuser, le mal était déjà fait. En fait, je devrais plutôt dire que Lou n’a fait qu’énoncer ce que j’avais déjà : je suis une humaine faible et pathétique.
-Je suis déprimée… J’aimerais tellement qu’une brique divine tombe sur ma tête… Ou je pourrais me pendre… Ou me trancher les veines? Mais ça ferait mal et ça tacherait mes vêtements…
-You’re freaking me out!
(Super. Je me suis découvert une autre utilité.)
-…Il faut que je me trouve des Prozac.
-Des quoi?
-Des Prozac. Des petites pilules qui rendent très calme.
-Je crois que Shiva a quelque chose comme ça.
-Génial. Shiva est ma nouvelle meilleure amie.
(Dans l’état où je suis, prendre des médicaments n’est peut-être pas une bonne chose, mais je suis à court d’idée. Je vais craquer si je ne fais pas quelque chose.)

-Tiens, m’a dit Lou, en me tendant une petite fiole.
-…Wow, une fiole… Merci. C’est quoi?
-Ça va aider pour la douleur. J’ai trouvé une fleur exotique et j’ai préparé ce mélange.
-Oui, j’ai des fleurs dans mon sac. Est-ce qu’il faut que je prenne la bouteille au complet ou…?
-Il ne vaut mieux pas. C’est du concentré, alors je ne sais pas ce que ça fait si tu prends la bouteille au complet.
-Ok, merci.
J’en ai pris quelques gouttes et la douleur a instantanément disparu.
-Tu as faim? m’a demandé Lou en me tendant un morceau de pain.
-…Merci.
J’ai pris le morceau de pain, mais je me suis forcée à grignoter. Avec tout ce qui venait de se passer, je n’avais vraiment pas la tête à manger. Je me sentais si mal, de toutes les façons possibles.
-Au moins je ne suis plus avec le vieux bédouin pervers…
-Comment ça «pervers?» Ils n’ont pas essayé de te tripoter au moins?
-Euh… Euh… Je… Euh…Les étoiles sont belles!
J’ai tourné mes yeux vers le ciel, évitant soigneusement de regarder Lou.
-Oh… Désolé. J’ai fait aussi vite que j’ai pu.
-…Je ne connais pas mes constellations, mais ce n’est pas grave! Les étoiles sont belles!
(Ne t’en fais pas Lou, je sais que tu as fait tout ce que tu as pu.)

-Alors… On n’a pas vraiment eu l’occasion d’être seuls tous les deux pour parler, m’a-t-il dit.
-Ok…
(Il va me demander quoi?)
-Comment tu as connu le général Nakago?
-Euh… À Talius, il y a quelques années.
-Il y a combien de temps?
-À peu près trois ans.
Qu’est-ce que tu lui trouves?
-Euh… beaucoup de choses.
-Tu n’es pas très bavarde.
-Ça servirait à quoi d’en parler? Tu vas sans doute faire comme tout le monde! Me dire «Tu es folle de l’aimer! Il se sert de toi!»
-Tu veux que je te dise ça?
-…Je m’en fous.
(Je suis rendue tellement habituée d’entendre ce genre de choses, qu’une fois de plus ou de moins. Mais ce que je trouve à Nakago? Il est beau, charmant, gentil, fort, protecteur, attentionné et je sais qu’il ferait n’importe quoi pour moi. God I miss him. )

-Et toi, tu as ou avais de la famille? lui aie-je demandé.
-J’avais de la famille.
-…Oh… Et à part être le garde du corps de Kerns, tu fais autre chose?
-C’est ma fonction principale.
-Moi, je ne sers à rien. J’ai eu un passé merdique, j’ai un présent merdique et je vais probablement avoir un futur merdique!
-Si tu penses comme ça, c’est ce qui va arriver.
-C’est bien parti pour ça.
-Moi aussi j’ai eu un passé merdique, un présent merdique et j’aurai sans doute un futur merdique!
-C’est comme si tu prenais une mauvaise décision… Tu veux changer les choses, mais tu prends une autre mauvaise décision…
-Oui…
-Et tu as l’impression que ça ne sert à rien d’en parler aux autres ou de dire que tu regrettes, parce qu’ils ne t’écouteront pas.
-C’est ça!
-Je suis sûre que je te bats n’importe quand!
-Je suis responsable de la mort de toute ma famille.
-…Oh… Ok… Bon…
(Je n’ai jamais vécu cette situation, mais je maintiens quand même que je te bats : je me suis fait abuser dans mon enfance, vendre à un bordel, violer/battre/torturer à répétition. Tu peux en dire autant?)

Je me suis plongée dans mes pensées et Lou a commencé à gosser après quelque chose très, très vite. J’ai remarqué qu’il n’avait pas l’air d’aller.
-Ça va? Tu es malade?
-Non, m’a-t-il répondu.
J’ai mis une main sur son front : il était chaud.
-Tu es chaud.
-Non, ça va.
Tu es malade.
-Non.
-Tu te sens étourdi, fatigué?
-En fait, oui.
-Tu devrais peut-être te reposer…
-Tu vas pouvoir rester éveillée pour surveiller les vers des sables?
-Euh… J’ai deux épées?
Lou a eu l’air assez découragé. Désolée! Je sais que je suis faible, mais je n’y peux rien. Hé! Si je…
-Lou, tu crois que je pourrais faire avec ma pierre ce que je faisais avec les épées de Sigma?
-Sans doute…
-…
(Je pourrais nous transporter jusqu’à l’ombre de quelqu’un du groupe?)
-Tu es un génie!
-Euh… non.
-Oui! Tu es un génie! La croisée des chemins! Elle pourra nous montrer la porte à emprunter!
-…Qui a dit que je l’avais?
-Quoi? C’est ta clé et tu ne l’as même pas?!
-Tu es un peu au courant de ce qui s’est passé?
-Un peu…
-Tu penses vraiment que Julius me l’aurait laissée?
Lou était fâché. Désolée! Ce n’est pas comme si je l’avais prévu!

Ça doit être dans mon karma ça aussi : être incapable de faire quoi que ce soit de correct et déplaire à tout le monde autour de moi. Lou a commencé à pitonner sur son scanner et une carte du désert est apparue au-dessus. Deux petits points rouges signalaient notre présence. Il y avait aussi un gros point rouge plus loin : ça ne pouvait être qu’un ver des sables. Yééé.
-Tu veux un gros cure-dents? aie-je demandé à Lou.
-Je préfère un ver des sables aux bédouins!
-…Quoi?
-Le ver des sables n’essaiera pas de me violer lui!
-…
Lou m’a simplement regardée d’un air qui voulait «on n’a pas le même sens des priorités». Ça aussi, ça doit être dans mon karma : ne jamais prendre la bonne décision. Ou peut-être que Lou sous-entendait simplement que ce n’était pas grave si je me faisais violer. Oui, ça doit être ça… Je ne mérite pas mieux de toute façon.

Dans la plus grande joie, Lou a pris une de mes épées et nous nous sommes apprêtés à nous battre contre le ver. Il était vraiment gros, plus que celui que Lou avait fait exploser au village et aussi plus tough, car il m’a avalée presqu’aussitôt que le combat a commencé. À l’intérieur du ver, c’était très acide. J’ai senti ma peau commencer à brûler. Il n’était pas dit que je me laisserais manger par un ver, alors j’ai tenté le tout pour le tout. J’ai décidé de sortir ma pierre et à mon plus grand étonnement, j’ai réussi. Je me disais qu’un oblivion ça serait bien, mais je n’ai pas réussi à en caster un. J’ai ensuite essayé de me transformer en ombre, mais rien à faire non plus. Il ne me restait donc plus qu’à frapper dans la paroi du ver pour faire un trou et sortir. Je frappais et je frappais, l’acide me faisant de plus en plus mal. Comme il ne servait à rien que je garde ma pierre sortie, j’ai décidé de la faire revenir en moi.

J’ai à peine esquissé le geste, que j’ai remarqué des squelettes qui ont commencé à bouger. Oh mon dieu… Je contrôle les morts…
-Squelettes, venez à moi.
Ils se sont mis debout et sont venus dans ma direction. Wow… Je contrôle les morts… Que de possibilités…
-Frappez le ver pour faire un trou.
Ils se sont aussitôt exécutés et moi je les ai regardés faire. J’ai pris une potion rouge en attendant, car j’étais plutôt amochée. Mes squelettes étant plutôt lambineux, c’est un trou fait par Lou qui m’a finalement permis de sortir. Le ver devant nous s’agitait beaucoup, à cause des coups portés par mes nouveaux amis.
-Allez-y… Continuez à frapper… Go.
-…
Lou m’a regardée comme si j’étais complètement folle. Quoi? Le ver étant de plus en plus énervé, j’ai demandé aux morts du coin de me venir en aide. Environ seize squelettes sont sortis de sous les sables. Lou a failli en faire une crise cardiaque, avant de se rendre compte que c’était moi qui causait tout ça. J’ai envoyé les squelettes se battre et j’ai gardé près de moi un de ceux qui avaient toujours leur armure.
-Qu’est-ce que tu fais? m’a demandé Lou.
-Quoi? Je m’en sers comme meat shield!
Mon garde du corps n’a pas empêché le ver de me mettre dans les pommes. J’ai été réveillée par Lou qui me brassait. Les squelettes qui n’étaient plus sous mon contrôle venaient vers nous pour nous inviter à les rejoindre. J’ai réussi à la dernière minute à les arrêter et à les renvoyer en direction du ver. Mes points de vie étant très bas, je suis retombée par terre en un rien de temps. Je n’étais pas inconsciente, mais je ne pouvais pas bouger. Lou a dû me redonner une potion pour me remettre sur pied. À peu près deux secondes plus tard, je suis retombée par terre, toujours incapable de bouger. Mais je n’avais plus de potion rouge. Lou a semblé plutôt découragé.
-Je ne pensais pas me servir de ça!

Il a pesé sur une des pierres de son casque et elle est tombée dans sa main. Elle s’est ensuite transformée en arme : un bâton avec un trident à chaque extrémité. Il a séparé le bâton en deux et m’en a tendu une extrémité.
-Je ne peux plus bouger! Qu’est-ce que tu veux que j’en fasse?
Lou a repris le trident et a attaqué le monstre. Moi, je tentais du mieux que je pouvais de contrôler mes squelettes. Quand le ver s’est tourné vers moi, j’ai cependant dû les sacrifier. Je les ai tous envoyés devant moi les uns après les autres pour qu’ils me protègent, mais le ver les a tous détruits très rapidement. Je me suis finalement retrouvée seule devant le ver, étendue par terre et toujours incapable de bouger. Le ver s’est rapproché, et encore rapproché… Muuu…. Je ne veux pas mourir dévorée par un ver. Au moment où le ver allait prendre une bouchée de moi, il y a eu une grosse explosion et il a perdu sa tête, m’envoyant quantité de schmu dessus, comme si j’avais besoin de ça.

Lou allait bien, mais était aussi présentable que moi. Comment on va faire pour se rendre à Eomiss? J’ai regardé le ver, puis ma pierre. Mmmm…
-Aaaah! Il est encore vivant! s’est exclamé Lou en voyant le ver bouger.
-Non, c’est moi. Lou, tu crois que ça va vite un ver?
-…Non! Non! Pas question!

Dix minutes plus tard…

-Ce n’est pas si mal finalement, a constaté Lou.
Il avait accepté à reculons de monter sur le ver avec moi et… appelons-le Roger. Roger était le seul squelette qui avait survécu au ver et il nous servait de chauffeur.
Lou, complètement épuisé, a fini par s’endormir. Moi j’ai dû rester réveillée, car je devais contrôler le restant de ver er Roger. Au bout d’un peu plus d’une journée de route, j’ai fini par apercevoir ce qui ressemblait à un dôme gigantesque.
-Lou. Lou!
-Huh?
J’ai tourné son visage encore endormi vers le dôme.
-C’est la ville ça?
-Pourquoi il y a un dôme dans le désert? m’a-t-il demandé.
-Je ne sais pas!
(Je ne sais pas à quoi ressemble Eomiss. Mon airship s’est écrasé au sol avant que j’arrive.)
-C’est la ville, a dit Lou, plein d’espoir. Tu sais ce que ça veut dire?
-Des shops de Prozac!
-Un bain!
-Oui, ça aussi.
(Mais d’abord et avant tout, des shops de Prozac. Je jure que je vais dévaliser toutes les pharmacies que je vais trouver!)


mercredi 14 novembre 2007

Raven 47 : Départ compromis

C’était Fiona qui essayait des robes et c’était moi qui semblais se faire le plus de fun. J’étais en train de magasiner du linge de petite fille et je trouvais ça tout simplement génial. Comprenez-moi, ça fait si longtemps que j’espérais faire quelque chose comme ça. Je sais que Fiona n’est pas ma fille, mais en ce moment, c’est tout comme. Quand Muerte m’a montré les mini-robes qu’il croyait qui iraient bien à Fiona, je me suis choquée. Pas question qu’elle porte ça! Des plans pour qu’elle soit la proie de vieux pervers! Je me suis donnée l’impression d’une vraie mère poule. Je sais que je m’attaque beaucoup trop rapidement à tous les enfants que je rencontre, mais si Fiona me disait qu’elle voulait que je m’occupe d’elle, ça me ferait vraiment très plaisir. Comme je voulais complètement regarnir la garde-robe de Fiona, je lui ai acheté robes, sous-vêtements, bas, souliers, bottes, pyjamas, manteau… J’en ai aussi profité pour m’acheter un pyjama. Ça serait beaucoup plus pratique que de dormir toute habillée et moins gênant que de dormir en sous-vêtements. Muerte m’a montré… un bout de tissu transparent qu’une femme ne met qu’en ayant des intentions plus qu’évidentes.
-Pour séduire votre homme! m’a-t-il dit en me le montrant.
-… …Quel homme?
-Ou alors ça?
L’autre vêtement qu’il m’a montré était plus opaque, mais échancré d’un côté presque jusqu’à la hanche.
-Non merci, lui aie-je répondu.
-Vous en voulez pas montrer votre mon de Vénus à votre homme? m’a-t-il demandé en pointant Dante.
-Non! a répondu ce dernier.
-…
(Je seconde! Pas question que je lui montre… quoi que ce soit de mon anatomie!)

Après les horreurs à froufrous et trop cucu à nounours, il a fini par me montrer une robe de nuit rouge qui était quand même assez sexy, mais au moins pas transparente. Ça fera l’affaire. J’ai payé nos achats et nous sommes retournés à la maison. Le restant de la journée s’est passé assez rapidement. Nous avons d’abord placé les vêtements de Fiona dans ma garde-robe. J’avoue que je n’ai même pas pensé à lui trouver une chambre pour elle seule. Quand on reviendra de la capitale, il faudrait que je le fasse. Je pense qu’elle appréciera d’avoir son espace à elle seule. L’important est qu’elle sache qu’elle pourra venir me voir à chaque fois qu’elle le désirera.

Avant même que je m’en rende compte, nous avions soupé, Fiona avait revêtu un de ses pyjamas et elle s’était endormie dans mon lit. Sweet dreams. Je suis descendue à la bibliothèque et j’ai pris un livre «X» pour passer le temps. Comme d’habitude dans ce genre de situation, je n’ai pas pu avoir la paix. Dante m’a suivie et s’est assis en face de moi. Il n’a pas dit un mot et s’est contenté de m’observer. Ça m’a prodigieusement tapé sur les nerfs.
-Quoi? lui aie-je demandé.
-Quoi? m’a-t-il demandé.
-Pourquoi tu me regardes?
-Je me demande juste ce que tu vas faire maintenant.
-(Qu’est-ce que ça peut te faire?)Euh… Je crois que je vais aller voir Cyrianne, comme elle part demain.
-Bon. Je crois que je n’ai pas le choix de te suivre.
-…Tu n’es pas obligé de me suivre.
-Tu te souviens de ce qu’elle a dit? «Dante, je t’ordonne d’aller avec elle! Reste avec elle et protège-la! Ne reviens pas avant qu’elle ait accompli sa mission!»
-Tu veux que j’aille lui parler?
-Elle dort.
-Shit. Bon… Allons chez Cyrianne dans la joie, le bonheur et l’allégresse!
(Si vous n’aviez pas compris, c’était totalement sarcastique, étant donné que Dante n’avait vraiment pas l’air d’avoir envie de m’accompagner.)
-Il y a un endroit où on peut avoir de la boisson ici? m’a-t-il demandé.
-(Il avait en effet l’air d’avoir grandement besoin de boire)…La taverne.


Je n’avais pas l’air partie pour m’en sortir, alors autant faire avec. Nous allions donc devoir faire un petit détour par la taverne. En sortant, nous avons croisé Merek, qui s’était mis sur son 36. Et Kazumi qui est allée s’acheter une jolie robe cet après-midi… J’ai peur de comprendre… J’ai eu l’occasion de confirmer mes soupçons. Dante et moi (je n’aime pas ces mots dans la même phrase) marchions tranquillement quand nous avons vu un carrosse conduit par Will(?) et dans lequel prenaient place Merek et Kazumi. Mon pauvre Merek. Veux-tu bien me dire au nom du ciel ce que tu peux lui trouver? Quoique… Si je suis chanceuse, Kazumi va tomber du carrosse et se faire piétiner par les chevaux. Ouai… Un bouquet de roses, ça fait trop joyeux pour une tombe? J’espère que oui.

Je n’en étais pas à ma dernière surprise. Dans la taverne, il y avait un orchestre qui répétait. Huh?
-Ce n’était pas là avant, aie-je remarqué.
-C’est une demande spéciale! m’a dit Milia.
J’ai peur de comprendre…
-Raven, tu peux me prêter 5 pièces d’argent? m’a demandé Dante.
(Il n’avait pas d’argent pour payer sa boisson. Je m’en foutais alors… Je n’aurai qu’à rajouter ça à sa dette qui se résume à au moins cinq robes déchirées.)
-Ok.
J’ai donné mon argent à Milia et nous avons à peine eu le temps de nous retourner que Merek et Kazumi sont entrés. Il ne me reste plus qu’à leur faire mes bons vœux. Merek, j’espère que tu vas te réveiller et réaliser que Kazumi n’est qu’une folle finie. Kazumi, je te souhaite sincèrement de t’étouffer avec ta nourriture, de t’empoisonner avec ton vin et qu’une bombe te tombe sur la tête avant de que tu n’ais pu manger ton dessert. Le rouge, c’est inapproprié pour un enterrement? J’espère.

Nous sommes repartis vers chez Cyrianne, quand j’ai remarqué des types suspects en armures. Étrange… On n’a pas de soldats ici pourtant… J’ai ensuite vu ce qui ressemblait à Edward, qui se cachait derrière un arbre.
-On voit ton chapeau! lui aie-je crié.
Le chapeau a discrètement disparu.
-On voit ton épée aussi!
Il a tenté de faire disparaître la garde de son épée derrière l’arbre, mais il a dû se rendre à l’évidence que ça ne servait absolument à rien et il est sorti de sa «cachette». Il avait l’air plutôt amoché et semblait saigner.
-Ça va Edward? lui aie-je demandé.
-…Oui! Ce sont mes allergies! Mais ça va mieux maintenant.
-(C’est ça!) Et ça?
J’ai enlevé un peu du «sang» qui coulait avec mon doigt. Ça sentait le sang et ça le goûtait aussi.
-Ne met pas ça dans ta bouche! m’a dit Edward, après que j’ai goûté à son sang.
-C’est sa spécialité de mettre des trucs dans sa bouche, a commenté Dante.
Je n’aurais pas pu ne pas comprendre l’allusion perverse alors je lui ai lancé une roche à la tête pour me venger.
-Ow!
(Tant mieux si ça t’a fait mal p’tit con! Pour quelqu’un qui m’a promis qu’il n’aborderait plus le sujet, tu as une drôle manière de le montrer!)
-C’est du jus de framboise, a dit Edward, parlant de son sang.
-Huh, huh.
-Les framboises poussent dans un cimetière, a-t-il continué.
-Huh, huh… Et tes allergies sont parties là?
-Oui. Je suis allergique au métal. À chaque fois que je me fais pénétrer par du métal, j’enfle.
Je devais être beaucoup plus fatiguée que je ne le pensais, car j’ai aussitôt pensé croche et j’ai éclaté de rire. Je n’étais plus capable de m’arrêter.
-Pourquoi elle s’énerve l’elfe? a demandé Dante à Edward.
-J’ai toujours su qu’elle avait l’esprit tordu, lui a-t-il répondu.
-Désolée! Je suis fatiguée!

Quand je me suis finalement calmée, j’ai pu dire à Edward ce que j’avais vu. Il m’a fait une description assez précise de l’homme qui l’avait at… qui avait causé ses allergies. Ça ne correspondait pas aux hommes que j’avais vus. Je n’avais vraiment une bonne impression à propose de tout ça. Des types en armures qui ne sont pas censés être ici, mais surtout, des types en armures qui sont au même endroit que nous, ça ne peut pas donner de bons résultats. Comme a pu en témoigner le coup de feu que nous avons entendu. Je le savais. Ça venait du terrain près de chez Cyrianne où semblaient se dérouler tous les combats qui survenaient sur cette île. Il faudrait peut-être qu’on enlève la pancarte «Si vous voulez vous battre, venez ici s’il vous plaît»

Il reste juste la bataille de la fin de la game, mais elle n'était pas très longue. Je la rajouterai si j'ai un petit 30 secondes à perdre.