mardi 18 décembre 2007

Approaching the point of no-return a little more

C'est fini! Mais c'est plus depressed que rempli de conneries. Mais c'est Lili, est-ce qu'il faut s'en étonner?

Comme je le pensais, mon sommeil a été peuplé de cauchemars. Ça a été les mêmes que d’habitude, mais ils n’avaient pas de fin. J’avais beau courir, les hommes en noir finissaient toujours pour me rattraper et ils passaient ensuite ce qui me semblait une éternité à me violer. J’appelais tous ceux qui étaient susceptibles de m’aider, mais ils ne me répondaient pas et je les voyais s’éloigner. J’ai aussi rêvé du bédouin pervers et contrairement à ce qui s’est réellement passé, Lou n’est pas venu me sauver. J’ai donc cette fois-ci aussi subi les pires affronts. C’était assez traumatisant de revivre tout ça, même en rêve, mais le cauchemar qui m’a le plus affectée a été d’entendre Nakago me dire qu’il ne pouvait plus croire en moi et qu’il voulait que je lui rende sa bague. Je m’accrochais à lui et je le suppliais de me laisser une autre chance, mais il ne voulait rien entendre et me repoussait sans un regard en arrière. C’était l’équivalent d’une condamnation à mort pour moi.

Je me suis réveillée en sursaut, le cœur battant la chamade. Pendant quelques secondes, j’ai regardé autour de moi, me demandant où j’étais. Quand je me suis rendue compte que j’étais dans la grotte de Sheyenne et qu’aucun homme n’était penché sur moi, j’ai poussé un soupir de soulagement. Je sais que j’ai un équilibre psychologique plutôt instable, mais si ça continue, je vais devenir complètement folle. Je n’arrête pas de penser à ce qui s’est passé, nuit et jour, jusqu’à ce que mon esprit devienne incapable de visualiser autre chose. J’ai peur de tout et de tout le monde, mais surtout, je me déteste moi, et je déteste mon corps. Je me trouve tellement sale et penser à mon apparence me donne envie de vomir. Je vois constamment des mains sur moi en train de me tripoter, même quand j’ai les yeux ouverts. I hate this and I hate myself. I think I’m gonna go wash myself before I start mutilating my arms again.

Je devrais peut-être manger aussi... Je commence à me sentir étourdie. Mes Prozac et mes Trollinol sont délicieux, mais ce n’est pas ça qui va me remplir l’estomac. Mais pourquoi je m’en préoccuperais de toute façon? Parce qu’il y a peut-être une personne dans ce monde qui serait triste de me voir morte. Alors pour lui, je dois au moins faire le minimum d’efforts. J’ai sorti ce qui restait de la ration que Kerns m’avait donnée, c’est-à-dire tout sauf quelques bouchées, et j’ai mangé. Ce fut toute une épreuve, ma gorge étant si nouée que la nourriture avait de la difficulté à passer. En plus, à chaque bouchée, j’avais juste envie de tout recracher. J’ai abandonné la partie à la moitié de la ration, car je sentais que j’allais vraiment être malade si je continuais de manger.

J’ai resserré ce qui restait dans mon sac et je me suis dirigée vers la sortie. Il fallait vraiment que je me dépêche de prendre un bain, sinon j’allais recommencer à penser à ce qui était arrivé et là, j’allais vraiment être malade. Trop tard. Vite, il faut que je trouve quelque chose pour me distraire! J’ai regardé en vitesse autour de moi. Il doit bien y avoir quelque chose ici qui vaille le détour. Tiens… Sam qui dort… sa tête obstruant complètement l’entrée. Je n’aurai pas le choix de le déranger pour sortir.
-Sam, lui aie-je murmuré en le pokant.
Il n’a rien entendu et a continué à ronfler.
-Sam, lui aie-je redit en lui tapotant le nez.
J’ai eu droit à une lichette comme réponse.
-Sam! lui aie-je crié en tapant plus fort sur son nez.
Encore endormi, il a tourné sa tête vers moi et a commencé à me sniffer. Ok… Je n’ai pas eu le temps de me reculer et il m’a léché de la tête aux pieds. Yééé. Je suppose que ça manquait à ma culture : être couverte d’une substance gluante qui n’est pas du schmu de ver. Si je n’avais pas été certaine de vouloir me laver, je l’étais maintenant. Je me suis secouée et Sam s’est réveillé.
-Je me disais bien aussi que le miel avait un drôle de goût! m’a-t-il dit. Miss Lilianna! Comment ça va?
(Il se souvient de mon nom? Et est-ce qu’il faut que je prenne ça positif que je ne goûte pas le miel?)
-Salut Sam. Tu pourrais enlever ta tête de la porte?
Il a essayé de s’enlever, mais il semblait pris.
-I’m stuck.
-Génial.

J’ai entendu la voix de la princesse Tu-Maï dehors.
-Prépare-toi! lui a-t-elle dit. Ça va piquer!
-Quoi? s’est-il exclamé.
J’ai perçu du mouvement à l’extérieur et Sam a brusquement enlevé sa tête en criant de douleur. Je l’ai vu se frotter le postérieur : Tu-Maï l’avait mordu à cette partie très sensible de son anatomie. Pauvre Sam.
-Mademoiselle Lilianna! Bonjour! m’a salué Tu-Maï.
-Salut.
La princesse aurait bien voulu savoir ce qui s’était passé à l’intérieur, mais comme c’était plutôt compliqué, je lui ai dit qu’elle devrait s’adresser à la principale intéressée, Sheyenne.
-Vous savez s’il y a un cours d’eau par ici? leur aie-je demandé.
-Il y a un petit cours d’eau par là, m’a répondu la princesse.
-Bien. Si par miracle quelqu’un me cherche, je vais être là-bas.
-Je ne crois pas que ce soit une bonne idée d’aller là-bas toute seule, m’a dit Tu-Maï. Il y a toujours une présence dans les bois.
-…Une présence?
(Un écureuil? Un oiseau? Café?)
-Oui, et je n’aime pas ça.
-D’accord… Sam, tu veux venir avec moi?
-Pourquoi pas?

Sam m’a agrippé par le collet et m’a déposée sur son dos. Je me suis agrippée à sa fourrure et il s’est mis en route. Je n’aimais pas les contacts en ce moment, mais la chaleur et la gentillesse qui se dégageait de lui avait quelque chose de très rassurant. Ça me donnait juste envie de le hugger.
-Vous savez, mon oncle a un jour trouvé un énorme tronc d’arbre rempli de miel!
-(Je m’en fous) Wow…
-Il a dû se battre contre des centaines d’abeilles! Et elles étaient grosses comme des chiens!
-(Je m’en fous) Pour vrai?
Sam avait l’air tellement content de me raconter cette anecdote que je me sentais un peu coupable d’y porter si peu attention. Désolée Sam, mais je n’ai pas la tête à ça en ce moment.

Au bout de 5-10 minutes, nous sommes arrivés à un petit cours d’eau. Sam m’a déposée par terre et a regardé le cours d’eau avec perplexité : il était à peu près aussi large qu’un de ses doigts.
-C’est trop petit! a-t-il commenté.
-C’est parfait pour moi.
Je me suis déshabillée, mais j’ai gardé ma chemise. Je ne voulais pas me faire surprendre toute nue par quelqu’un. Ce n’est pas que cette situation m’aurait dérangé tant que ça, je commençais à être habituée que tout le monde me voit ainsi, mais je n’avais pas envie de fournir une explication à propos de ma curse. J’ai commencé à me laver pendant que Sam me regardait avec étonnement.
-Vous avez de drôles de coutumes. Vous vous lavez avec de l’eau!
-C’est comme ça qu’on fait, lui aie-je répondu.
-Mais ça vous rend mouillés!
-Mais on va sécher.
-Les deux pattes, vous êtes étranges!
-(Tu n’as pas idée) …On est comme ça.

Je me suis rhabillée et Sam m’a remise sur son dos. Pendant le voyage du retour, j’ai enfoui mon visage dans la fourrure de Sam et j’ai fermé les yeux. C’était doux et chaud, comme être enveloppée dans une couverture devant un feu. N’eut-ce été du fait que mon corps se soulevait à chaque mouvement de Sam, je me serais sans doute endormie. De retour à la grotte de Sheyenne, la princesse Tu-Maï m’a redit qu’il faudrait partir, car elle n’aimait vraiment pas la présence dans la forêt.
-D’accord. Je vais passer le message à quelqu’un.
-Merci.
(Je doute que quelqu’un m’écoute, mais bon. Au moins j’aurai passé le message.)
Quand je suis rentrée, j’ai tout de suite cherché quelqu’un du groupe. J’ai fini par apercevoir tout le monde dans le temple. Je ne sais pas ce qui s’était passé, mais Julius était assis par terre et semblait épuisé. Ça m’intriguait, mais pourquoi poser des questions alors que je me ferais rembarrer?

En restant dans mon coin, j’ai pu voir Ariste qui avertissait tout le monde qu’il y avait une réunion. Ça ne servait pas à grand-chose que j’y aille, car je n’aurais pas de droit de parole. Mais il faudrait peut-être que je me tienne quand même au courant. Je me suis donc approchée à portée d’oreilles, pour entendre ce qui se dirait.
-Lili! Réunion là-bas! m’a crié Ariste.
-Je sais! C’est pour ça que je reste ici!
D’où j’étais, j’ai pu entendre que le plan était d’aller chercher les Sharparrow de l’autre côté de la montagne. C’est Sheyenne, sous sa forme de dragon, qui irait les chercher. Kyle voudrait bien entendu y aller aussi, mais il n’était nulle part en vue. Comme je n’avais pas mon mot à dire sur le déroulement des opérations, il ne servait à rien que je reste. En allant chercher Kyle, je me rendrais un peu utile. Mais je ne devais pas oublier le message de la princesse. J’ai discrètement approché Ariste.
-Ariste, tu leur diras que la princesse Tu-Maï a dit qu’il faudrait partir au plus vite, parce qu’il y a une présence dans les bois et elle n’aime vraiment pas ça. Moi je vais aller chercher Kyle.
-Ok!

Sans demander mon reste, je me suis éclipsée en quatrième vitesse vers la sortie. Sam et Tu-Maï se trouvaient toujours devant l’entrée de la grotte.
-Vous avez vu Kyle? leur aie-je demandé. Il est à peu près grand comme ça, les cheveux blonds.
-Il est parti par-là, m’a indiqué Tu-Maï en pointant le village de Sheyenne.
-Ok, merci.
J’ai aussitôt commencé à marcher dans la direction indiquée.
-Vous ne devriez pas y aller seule, m’a dit Tu-Maï.
(Mais qu’est-ce qui pourrait bien m’arriver à part me faire attaquer par des tamias enragés ou bêcher dans une roche?)
-D’accord. Sam, tu veux venir?
-D’accord!
Il m’a encore une fois agrippée par le collet et m’a déposée sur son dos.

En route, nous avons rencontré des hordes sauvages d’arbres et de brins d’herbes qui nous ont regardés vraiment croches, mais nous avons finalement réussi à les faire fuir. Sam semblait un peu nerveux, mais moi je ne l’étais pas. Peut-être… Sans doute y avait-il effectivement une présence dans ces bois, mais je ne sentais ni ne voyais rien pour l’instant. Je commencerais à m’inquiéter quand on se ferait attaquer. Arrivés au village, il n’y avait pas âme qui vive en vue.
-Sam, tu sens Kyle?
Il a reniflé l’air et m’a indiqué une direction.
-Merci.
J’ai commencé à marcher et j’ai fini par apercevoir Kyle, à l’entrée d’une maison. J’ai avancé vers lui, mais je n’ai même pas eu le temps d’ouvrir la bouche qu’il se retournait vers moi.
-Salut.
-Qu’est-ce que tu fais ici?
-Je suis venue te chercher. Ils veulent aller de l’autre côté de la montagne avec Sheyenne en dragon pour aller chercher les Sharparrow. Tu veux sans doute y aller aussi, alors je suis venue te chercher.
-Whoa! Whoa! Quoi? Tu peux répéter ça?
-Sheyenne, dragon, flop-flop, montagne, Sharparrow, revenir.
(Il me semble que c’est clair, non?)
-…Quoi? Qui a eu cette idée-là?
-…Je n’en sais rien!

Kyle n’était pas très chaud à l’idée de laisser sa copine voler jusqu’aux montagnes, mais pour qu’il puisse déverser sa colère sur qui de droit, nous devions retourner à la grotte de Sheyenne. Quand Kyle a vu Sam, il l’a regardé jusqu’à s’en faire un torticolis. C’est vrai qu’il est impressionnant, mais pas au point d’en perdre la parole quand même. Et puis une fois qu’on le connaît, on s’habitue vite à sa grandeur/grosseur.
-Tu veux monter sur Sam, Kyle? lui aie-je demandé.
-Euh…
Sam n’a pas attendu sa réponse et il l’a agrippé par le chandail pour le déposer sur son dos. Il a fait la même chose avec moi. C’est peut-être mon imagination, mais j’ai eu l’impression qu’il y était allé plus délicatement avec moi. That was sweet. Je ne m’étais pas rendue compte qu’il était aussi gentilhomme que ça. Quand nous avons tous les deux été en place, Sam a foncé vers la grotte.

Encore une fois, nous avons failli nous faire assommer/estropier par des armées de roches en furie et décapiter par des feuilles d’arbre sauvages, mais nous avons réussi de justesse à nous en sortir. Je commençais sérieusement à me demander s’il y avait vraiment une «présence» dans ces bois, quand nous avons entendu un bruit suspect venir vers nous.
-Je me demande si c’est hostile, aie-je dit aux autres.
Sam ne voulait pas prendre de chances et il a couru se cacher derrière un arbre. Enfin… Se cacher est un très grand mot. Il y avait l’arbre et Sam dépassait de chaque côté. Pour ne pas nous voir, la cause du bruit devrait être aveugle. Sam était tellement certain d’être caché que je n’ai pas pu m’empêcher de sourire. Sa tentative était tellement pathétique que c’en était adorable. Il faut au moins lui donner quelques points pour l’effort.

Ce n’était heureusement pas une présence hostile (enfin, ça dépend du point de vue de qui on se place). C’était la princesse Tu-Maï et le reste du groupe. Ils nous ont dit que Minos savait où on était et qu’il s’en venait. Oh non, pas encore lui. C’est dans mon karma ça aussi? Où que j’aille, il faut qu’il vienne aussi pour m’emmerder? Je sais bien que cette fois-ci ce n’est pas moi personnellement qui est visée, mais quand même!
-Au moins on a des runes pour empêcher qu’il lise dans nos pensées, a dit Kerns.
Tant mieux pour vous. Tant pis pour Minos. Il ne va lui rester que mon cerveau à espionner. D’après les remarques qu’il m’a déjà faites, ça ne lui fera pas super plaisir.Zut.
-Lili n’en a pas elle, a dit Vanna.
(Et alors? Ça va juste me donner une autre occasion de tous vous mettre dans la merde.)
Julius m’en a tendu une à reculons.
-J’espère que ça sera utile, cette fois-ci, m’a-t-il dit.
-…
Autrefois, j’aurais sans doute pensé «Juste pour te faire chier, je vais faire exprès de la perdre». Aujourd’hui, je me fous de ce qu’il peut penser. Je mérite l’opinion qu’il a de moi, alors pourquoi discuter sur le sujet?

Kyle ne s’est pas gêné pour dire à Julius qu’il pensait que ce n’était pas une bonne idée de se servir de Sheyenne en forme de dragon. Heureusement pour lui, quelqu’un a suggéré qu’on voyage par les ombres.
-C’est vrai! a dit Ariste en me regardant. On a juste à se transformer en ombre, à aller chercher tout le monde et on revient!
-…Non, on ne peut pas, lui aie-je répondu.
-Pourquoi?
-…
Je savais que répondre à cette question en amènerait d’autres, alors il faut que je réfléchisse à ce que je vais répondre.

Dieu merci, quelqu’un d’autre a suggéré qu’on se serve de la croisée des chemins et l’œil que Kyle avait pour s’y rendre rapidement. Ça c’est une idée. Ça me curserait encore plus, mais à qui ça importerait. Kyle n’avait pas envie d’utiliser sa clé, mais il a finalement accepté de le faire, en faisant des reproches à Julius. Ce dernier n’était pas du tout d’accord pour utiliser une solution qui m’impliquait. Il ne pensait pas non plus que j’avais mon mot à dire sur quoi que ce soit. Je dois l’appuyer sur ce point. Je suis revenue contre mon gré pour vous aider. Alors dites-moi ce que vous voulez que je fasse et je le ferai.
-Qu’est-ce que tu en penses Lili? m’a demandé Vanna. Tu veux utiliser la croisée?
-…Je m’en fous.
-Comme tout le reste, a commenté Julius.
-…
(Oui, comme tout le reste. Comment est-ce que je pourrais prendre la peine de m’intéresser à quoi que ce soit? Je ne me sens plus capable d’éprouver joie ou plaisir. J’ai oublié le sens de ces mots. Et ma vie me semble si… pathétique, si… inutile, si… peu importante pour tant de gens. Alors pourquoi prendrais-je la peine de démontrer de l’intérêt? Le monde ne s’intéresse pas à moi et je ne m’y intéresserai pas non plus. De cette façon, on continuera à me détester et c’est ce qu’il faut. C’est ma punition.)

Avec beaucoup de réticence, Julius m’a finalement tendu la croisée de chemins. Je ne peux exprimer en mots ce que j’ai ressenti en la reprenant dans mes mains. C’était comme si… comme si on me redonnait une partie de moi-même que j’avais perdue. My own… My precious…
-On s’entend, a commencé Julius, quand ce sera terminé, vous allez me la redonner?
-…Oui, oui…
Penses-tu sérieusement que je vais te la redonner? Elle est à moi et je préfère crever plutôt que de m’en séparer. Parti comme c’est là, ça risque d’arriver bientôt. J’avais la croisée, alors je devais maintenant sortir ma pierre. J’ai essayé à quelques reprises, mais sans succès. Il a fallu l’aide combinée d’Ariste et de Sheyenne pour que j’y arrive. Je savais que je n’y étais pas arrivée toute seule, mais je me suis sentie tellement fière que je ne me suis pas gênée pour le dire.
-Maintenant tout ce qu’il me faudrait, c’est des trucs morts, aie-je dit avec un petit rire nerveux qui faisait «pas trop bien dans sa tête dans le genre creepy».
-Pourquoi des trucs morts? m’a demandé Ariste.
-…Ha, ha!
(Tu le verras bien assez tôt.)

Avant que je ne me mette à rire toute seule comme une détraquée mentale, j’ai fait entrer ma pierre dans la croisée et tout est devenu noir autour de nous, comme les fois précédentes. Il avait toujours devant nous une énorme porte. Ok. Je crois qu’il faut seulement que je la pousse. Hiii. C’est plus dur que ce que je me souvenais.
-Ouvre-toi, maudite porte!
Après quelques secondes d’efforts, elle s’est ouverte et l’œil nous a indiqué une porte parmi des milliers d’autres. De l’autre côté de cette porte, il y avait un champ à perte de vue. Le rayon de lumière émanant de l’œil nous a amenés jusqu’à une porte qui se trouvait directement sur le sol. Ça c’est une expérience qui manquait à ma culture. Après quelques péripéties incluant un pont suspendu (que Sam n’a accepté de franchir qu’après que la princesse Tu-Maï l’ait menacé de le mordre encore), nous nous sommes retrouvés à flanc de montagnes. Comme nous étions sortis du monde de la croisée, j’avais cette dernière dans une main et ma pierre dans l’autre. Que quelqu’un essaie de me les enlever! Grrr! En contrebas, nous pouvions apercevoir du mouvement et quelques feux. Il s’agissait de l’armée de Cobalté. Julius voulait aller à la rencontre des Sharparrow avec seulement Ariste et ça a donné lieu à d’interminables discussions. Je n’avais aucune raison d’intervenir, alors j’ai levé la main pour qu’on m’accorde le droit de parole.
-Oui, Lilianna? a dit Vanna.
-Cobalté est en bas et il peut repérer la croisée et ma pierre. Alors je propose qu’on se dépêche.
La dernière chose dont j’avais envie c’était que Cobalté me demande encore de lui donner ma pierre.

Ce détail étant réglé, il fallait maintenant que Julius et Ariste partent et que nous, nous restions le plus discrets possible. Je suis loin d’avoir de bons yeux comparés à mes compagnons elfes, surtout à cette distance, mais selon les feux que je voyais allumés, l’armée de Cobalté me semblait légèrement plus nombreuse que notre groupe. Mais s’il y avait des trucs morts, je pourrais peut-être arriver à les contrôler. Ouai… Des trucs morts…
-Il n’y a pas de trucs morts Lilianna, m’a dit Julius.
-En bas oui, et je peux les contrôler.
-Si ça en vient à ça, tu le feras, m’a-t-il répondu.
-D’accord!
Huh? Pourquoi aie-je répondu de façon aussi joyeuse? Parce que j’avais vraiment envie de m’amuser avec des trucs morts (dit comme ça, ça sonne vraiment gross)? Ou parce que j’étais inconsciemment traumatisée que Julius se soit adressé à moi, en me tutoyant de surcroît? Probablement les deux.

Julius et Ariste sont finalement partis. Moi, je me tenais fin prête à restarter la croisée quand ils reviendraient avec les Sharparrow. Nous n’avons pas eu à attendre bien longtemps pour avoir de l’action. Des trucs brillants venant d’en bas se dirigeaient vers nous à grande vitesse. C’était des flèches de feu lancées par les soldats de Cobalté... Que Vanna a rapidement renvoyées vers les archers qui les avaient lancées, grâce à Akaryu. J’ai bien essayé de me rendre utile en faisant une tentative de contrôle des morts, mais les soldats étaient trop loin pour que je réussisse. Tout ce que j’ai pu faire, c’est faire sortir d’un escarpement près de nous le squelette d’un alpiniste qui s’est aussitôt dirigé vers les armées en bas pour nous aider. Je ne pense pas qu’à… disons 3000 contre un tu ais une chance, mais ce n’est pas grave! Go Roger 2! Rend-moi fière! I can’t believe I just said that.

J’étais focusée sur l’espoir que Julius et compagnie reviendraient avant que Cobalté ne nous invite à prendre le thé, mais c’était assez difficile avec Vanna qui m’agressait verbalement pour que je restarte la croisée. Fous-moi la paix! Ça ne sert à rien que je l’active avant que les autres soient revenus! On fait quoi si je l’active tout de suite et qu’ils ne reviennent pas avant que la porte ne se referme? C’est une possibilité et moi je ne veux pas prendre de chance. Quand j’ai finalement vu nos compagnons revenir, j’ai remis ma pierre dans la croisée et la porte menant à son monde est apparue. Mais pourquoi il faut qu’elle soit toujours difficile à ouvrir?
-Ouvre-toi foutue porte!
Quelques mauvais mots et un coup de pied plus loin et elle était ouverte. Tout le monde est entré et je suis restée sur le bord pour pouvoir la refermer. Ça se serait déroulé parfaitement si Cobalté n’était pas apparu de nulle part et qu’il n’avait pas blessé Ariste avec une lance magique.

Cobalté n’avait pas l’intention de nous laisser repartir de là et le connaissant comme je le connais, si on reste trop longtemps, il va recommencer à me harceler pour avoir ma pierre ou la croisée. Désolée très cher, mais c’est mon précieux à moi. Dieu merci, je n’ai pas eu à me creuser la tête bien longtemps pour trouver comment je pourrais bien atteindre Cobalté avec mes deux misérables cimeterres : Sheyenne s’est transformée en dragon et a lancé une super attaque d’électricité contre creepy guy. Way to go girl. Ce fut assez pour le repousser et nous permettre de refermer la porte. Accompagnés des Sharparrow (que Bob semblait vénérer au plus au point. 1 po qu’il va demander un autographe à l’un d’entre eux.), nous avons retraversé ce monde de noirceur. Le clan d’Ariste semblait bien étonné de cet étrange environnement. C’est vrai que c’est bizarre : la noirceur la plus totale avec des portes de tout bord tout côté. Ça me fait réfléchir… C’est moi qui contrôle la croisée avec ma pierre, alors est-ce que ça veut dire que je pourrais décider de l’environnement qu’il y a à l’intérieur? Le hall d’entrée au moins? Pouvez-vous seulement imaginer ça? On entre dans la croisée et on se retrouve dans un salon avec des couleurs cucu et/ou flashy et des petits animaux happy de la vie qui courent partout? Quoique dans mon cas, ça serait plutôt un ameublement rouge sang et des cadavres épinglés sur les murs en guise de décorations. Il vaudrait mieux que je n’essaie pas.

Nous avons fini par ressortir au village de Tomiso. L’endroit était encore pire que dans mon souvenir. On pouvait voir des morceaux ce corps sortant du sol ici et là. C’était vraiment creepy. I like it. Si vous vous souvenez bien c’était ici que nous avions rencontré Jay pour la première fois. Jay… Quand il sera redevenu lui-même, je devrai vraiment lui poser une question. Le camp a été monté en un temps record par les Sharparrow et moi je me suis mise en quête de l’endroit le plus dark et creepy pour être seule.
-Lili, m’a alors dit Kerns. Il faudrait que tu me donnes la croisée.
-…
Pourquoi tout le monde veut ma croisée? Je sais bien que je mérite de souffrir, mais au point de me mutiler de cette façon? Si c’est vraiment ce que vous voulez, je suis très bien capable de me mutiler toute seule je vous l’assure!
-C’est Julius qui m’a demandé de la reprendre, a-t-il continué.
-…Si tu essaie de la reprendre, je t’envoie des trucs morts dessus!
Mon orbe était toujours sortie, alors avec ce qu’il semblait y avoir comme cadavres par ici, ça ne serait pas trop difficile!
-D’accord, a capitulé Kerns. Promets-moi seulement de ne pas partir.
-(Leave? If only I could) Même si je voulais partir, je ne pourrais pas.
-Oui, je sais.
-Non, je ne crois pas… Tu vois le coin très creepy là-bas? Si quelqu’un me cherche je vais être là.
-D’accord.

Je suis allée m’installer sous mon arbre, j’ai resserré ma pierre et j’ai serré la croisée contre moi. Je la regardais, tout en passant ma main dessus, comme pour mémoriser tous les reliefs et ça me rassurait énormément. Don’t worry, mommy is here. And no one is ever going to take you away from me again. Est-ce que ça se fait, installer un système d’alarme sur des artefacts? Ou un système GPS? La technologie s’améliore sans cesse, alors je pourrais peut-être trouver quelque chose de pas trop cher et de discret. L’important, c’est que je ne te perde pas. Je me sens complète avec toi, comme jamais auparavant. J’ai presque l’impression d’être heureuse. En fait, non. Mais je me sens un peu moins seule alors tout ce qui se passe me semble moins pire. Non, je ne suis plus seule, car toi tu me comprends. Seigneur… J’en suis rendue à parler à un objet inanimé. C’est vous dire à quel point je suis tombée bas. Mais faut-il s’étonner que plus personne ne veuille me parler? Non, pas du tout. Après ce que j’ai fait, c’est tout ce que je mérite.

Talis est mort à cause de moi, deux fois, et des tas d’autres ont perdu la vie suite à mes actions. Lili 2, pour ne nommer qu’elle. Être une paria, voyager avec des gens qui me détestent. Voilà mon destin, ou plutôt ma punition. Mais c’est un bien piètre châtiment. I should be dead too. Cependant, comme pour tout le reste, je n’ai jamais eu ce que je désirais. Ça, c’est mon karma, la conséquence directe de toutes les mauvaises décisions que j’ai prises. J’accueillerais bien la Mort à bras ouverts si elle se présentait devant moi en cet instant, mais ça risquerait de fâcher Sigma et là, Nakago… Je ne peux pas me punir de la façon que je voudrais, alors je suis condamnée à continuer à vivre une vie qui a perdu tout sens à mes yeux. À demi-vivante. Seule. Enfin… Pas totalement. Je t’ai toi, n’est-ce pas? Mon précieux… Je suis aussi entourée de pleins de morts qui m’obéiront au doigt et à l’œil grâce à ma pierre. Je me demande qui sera le prochain Roger? Roger 1 était un soldat et Roger 2 était un alpiniste. Il faudrait peut-être que je tienne une liste, pour éviter que j’en oublie. Si je me trompe et que, par exemple, j’appelle Roger 23, Roger 22, est-ce que ça va blesser quelqu’un? C’est une question à envisager sérieusement. Les morts, ils peuvent avoir des sentiments? Roger 1 a pleuré avant qu’il ne redevienne poussière, alors peut-être que oui.

En tout cas, pas la peine que je le demande aux autres. De toute façon, ils sont beaucoup trop occupés à… empêcher Lou de sauter sur Laguna? Tiens, Laguna est là? Mais pourquoi Lou veut la tuer avec tant d’ardeur? Et… pourquoi Forest vient-il d’apparaître soudainement à côté de Laguna avec l’air de vouloir l’empêcher de se battre contre Lou? Ça ne servirait rien de m’approcher et de le demander, car personne ne me répondrait. Je vais donc rester dans mon coin et être mélangée à propos de tout, comme d’habitude. Mais je devrais peut-être m’approcher un peu, parce que s’il y a une bataille, je devrai me tenir prête à combattre aux côtés de Lou. Je n’ai aucune envie d’affronter deux guardians, mais Lou est l’ami de Kerns et il m’a sauvé la vie. Je lui dois bien ça.


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