jeudi 29 novembre 2007

Je me rends moi-même malade

C'est la suite du post précédent. Ça ne me tentait pas de le continuer, parce que je trouvais que ça devenait un peu trop long. Pour la suite et fin, ça va sans doute aller à dimanche. Comme d'habitude, vous aurez juste à me supplier pour lire. Surtout ceux qui passent leur temps à me traiter de salope finie ou qui disent que Nakago mérite mieux que Lili. Je ne vise personne en particulier! lol

J’ai pris dans mon sac ma plus précieuse possession (mon savon!) et j’ai entrepris de me débarrasser de ma crasse. La tâche fut ardue, car j’étais couverte de la tête aux pieds de schmu de ver. Ça, et aussi… les derniers événements. J’ai commis l’erreur de laisser mon esprit s’égarer et alors que j’étais en train de me savonner, j’ai revu les mains de mes agresseurs à Darsack et du bédouin pervers sur moi, m’arrachant mes vêtements et me tripotant, toujours plus fort, toujours plus bas.

J’ai essayé de chasser ces pensées en continuant de me laver, mais je perdais mon temps. Ma main tremblait tellement que j’en ai échappé le savon dans le fond du bain. Avant de le reprendre, j’ai voulu me calmer, mais plus j’essayais et plus les choses empiraient, si bien que mon corps en entier s’est mis à trembler. Des tonnes d’images se bousculaient dans ma tête au point de me rendre folle. Je me suis recroquevillée en petite boule et j’ai fermé mes yeux. J’ai ensuite pleuré comme si je ne devais plus jamais m’arrêter. Ce n’était plus seulement mon cœur qui se serrait : c’était comme si on était en train de m’arracher les entrailles et que la douleur ne disparaissait pas. Make it stop. Please make it stop. I need you, I need your arms around me. Where are you Nakago? Je ne pourrai pas tenir le coup longtemps, pas dans cet état. Mais de quoi je me plains? Je mérite tout ça, n’est-ce pas? Oui. Alors je ne devrais pas pleurer.

Sans plus me préoccuper de ma douleur, j’ai ramassé le savon et j’ai terminé d’enlever les derniers morceaux de crasse. Je me suis ensuite essuyée jusqu’à en faire rougir ma peau. C’était exactement comme après Darsack : je voyais les marques de leurs doigts sur moi, je sentais leurs doigts sur moi. J’ai fini par laisser tomber la serviette quand la peau a commencé à me chauffer. J’ai pris des vêtements de rechange dans mon sac, je me suis habillée et je suis allée voir Lou. Il avait fini de se laver et était en train de se sécher les cheveux.
-Salut.
-Salut. Ça va?
-(J’aimerais être morte) Oui.
-Écoute, a-t-il commencé, on devrait peut-être dormir dans la même chambre, par sécurité.
-Euh…
-Je ne vais pas m’essayer! a-t-il précisé, voyant mon malaise.
-Je sais!
(Ce n’est pas de dormir dans la même chambre que lui qui me dérangeait, mais de dormir dans le même lit que lui. J’avais totalement confiance en Lou, mais dormir à côté d’un autre homme que Nakago me mettait profondément mal à l’aise. Après les derniers événements, je ne me sentais pas capable de supporter une telle proximité avec un homme, aussi bien intentionné fut-il, sans avoir une attaque de panique. Je ne sais même pas si je serais capable de supporter le contact de Nakago…
-Tu es mieux de ne pas t’essayer toi non plus! m’a dit Lou.
-…Quoi? Franchement, non!
(Tu sais que j’ai été, «tripotée» comme tu l’as si bien dit, alors crois-tu vraiment que ça me donne envie de m’essayer sur quelqu’un? J’ai été vraiment insultée qu’il ose le suggérer.)
-On va dormir dans des chambres séparées! lui aie-je dit.
-C’était une joke.
-Je retourne dans ma chambre!

Je me fous que ça soit moins safe comme ça, pas question que je reste dans la même pièce que toi! Je suis retournée dans ma chambre en claquant la porte et pour être certaine de ne pas me faire déranger par un crétin qui avait peur que je l’agresse, j’ai barré la porte et j’ai mis une chaise en-dessous. T’es vraiment un con Lou! Tu as vu à quel point j’allais mal quand tu m’as ramenée de chez les bédouins, tu sais ce qu’ils m’ont fait! Comment as-tu pu plaisanter sur un sujet pareil?! Moi? M’essayer sur un homme? Avec tout ce qui m’est arrivé, je ne crois même plus savoir comment faire les premiers pas. Si je possède encore ces connaissances, elles sont tapis au fin fond de ma mémoire et j’ignore comment aller les chercher. Par moi-même, je n’y arriverai jamais. J’aurais besoin de quelqu’un pour me libérer, mais c’est très loin d’être gagné d’avance. C’est peut-être mon karma ça aussi, passer le restant de mes jours seule, le cœur brisé.

Toc, toc.

-C’est moi, a dit Lou.
-Je ne sors pas d’ici!
(Je risquerais de t’agresser!)
-Même pour manger? m’a-t-il demandé.
J’ai enlevé la chaise, débarré la porte et je l’ai ouverte.
-Peut-être juste pour manger…
-Je savais que je réussirais à te faire sortir comme ça, m’a dit Lou.
La dernière fois que j’avais mangé, c’était il y a deux jours, et c’était à peine quelques bouchées. Alors le simple fait d’entendre le mot «manger» m’a donné faim. En descendant, j’ai remarqué que les vêtements de Lou étaient parfaitement réparés, pas la moindre trace d’accroc. C’était comme s’ils sortaient tout droit du magasin.
-Tu as fait ça comment? aie-je demandé à Lou, en pointant ses vêtements.
-Euh… Je suis juste doué.
-…
(Tu es gentil, mais tu fais chier! Tu es immune à l’épée de Lemnor, tu répares parfaitement tes vêtements! T’es qui merde?)

Nous avons pu facilement nous trouver une place et l’aubergiste est venu nous voir.
-Vous avez l’air un peu mieux comme ça! nous a-t-il dit.
(Et moi qui pensais que le schmu de ver nous donnait un charme unique!)
-On voudrait manger s’il vous plaît.
-Tenez.
Il nous a donné des menus. J’ai ouvert le mien et… je n’ai eu aucune idée de ce qui était écrit, la langue m’étant totalement inconnue. Ok… La meilleure technique dans des cas comme ça, c’est comme j’ai fait à Umanlil : j’ai fermé mes yeux et j’ai pointé un endroit au hasard sur le menu.
-Ça! aie-je dit à l’aubergiste. Je ne sais pas ce que c’est, mais c’est ça que je prends!
-Ça c’est… du scarabée! m’a-t-il dit.
Sans avoir un miroir, je sais que le visage a dû me tomber. Du scarabée? Yark! Vous êtes vraiment dégueus par ici! Manger des bibittes!
-Je plaisantais! m’a avoué l’aubergiste. Les gens du Nord croient toujours qu’on mange ce genre de choses par ici!
-…
(Ce n’est pas en faisant ce genre de blagues que vous allez arranger les choses.)
-C’est du poulet épicé, m’a finalement dit l’aubergiste. Il est excellent! C’est ma femme qui le prépare.
-Je vais prendre ça.
-Et votre mari, il prend quoi?
-Je ne suis pas son mari!
-Ce n’est pas mon mari.
-Ok. Votre ami, il prend quoi?
-Je vais prendre la même chose.
-D’accord. Ça ne sera pas long.

Quand l’aubergiste fut hors de portée d’oreilles, Lou s’est tourné vers moi.
-Pourquoi tout le monde croit qu’on est mariés? m’a-t-il demandé.
-Un homme et une femme qui voyagent ensemble… Sans compter que je porte une bague, alors les gens pensent qu’on est mariés.
-C’est vrai, vous vous donnez des artefacts par ici.
-Pas des artefacts, des bagues. Vous vous donnez quoi à Merra?
-Des bracelets.
-(Étrange) ...C’est bien.
-Et on ne peut pas les enlever.
-(Huh?) Mais si jamais ça ne marche plus, vous faites quoi?
-Il faut aller voir quelqu’un qui enlèvera les bracelets.
-…
J’ai préféré ne pas demander de précisions, car j’avais dans ma tête l’image de quelqu’un avec une scie et qui disait : Ne bougez pas! Je vous enlève ça tout de suite!

Heureusement, l’aubergiste est revenu à ce moment avec… avec… le repas le plus délicieux qu’il m’ait jamais été donné de contempler et de sentir. De… la nourriture… Pas de la soupe de ver, ou des fruits offerts par un vieux pervers. De la vraie nourriture. Et ça a l’air super bon. J’ai remercié l’aubergiste et j’ai contemplé mon assiette en me retenant de toutes mes forces pour ne pas baver dessus. Je n’ai rien mangé depuis deux jours. Viens à moi nourriture… La première bouchée fut tellement exquise que j’ai dû me retenir pour ne pas exprimer verbalement ma satisfaction. J’aurais seulement traumatisé Lou un peu plus. Sans même que je m’en rende compte, j’avais fini de manger et j’étais en train de ramasser les dernières traces de sauce au fond de l’assiette avec mes doigts. Si je n’avais pas été seule, je crois que j’aurais liché mon plat. Je me demande si Lou aime ça. J’ai levé les yeux vers lui et j’ai pu voir qu’il avait à peine touché à son assiette et qu’il me regardait comme si je venais d’une autre planète. Sans dire un mot, il a poussé son assiette vers moi.
-Si tu insistes! lui aie-je dit en m’appropriant l’assiette.
(C’est tellement bon! J’avais si faim que j’aurais pu dévorer tout ce qu’il y avait au menu à moi toute seule.)
-C’est vrai, a dit Lou. Vous mangez comme des monstres ici.
-Hé!
-Quoi? C’est vrai!

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