lundi 30 octobre 2006

États d’âme et vie amoureuse de Raven III

Encore une fois dans ma vie, j’en étais à un point où je ne voulais plus me compliquer l’existence avec les hommes. Et j’étais bien déterminée à tenir mon bout. Pourquoi aimerais-je à nouveau? On finit par perdre l’être aimé d’une façon ou d’une autre, ou alors c’est lui qu’on fait souffrir ou encore, nos sentiments ne sont pas partagés et on a le cœur salement amoché. Non, c’en était terminé. J’allais me concentrer uniquement sur mon travail, que j’avais mis de côté pendant bien trop longtemps, justement à cause de mes affaires de cœur.

J’ai intégré ma nouvelle guilde sans problème. C’était comme si je recommençais à zéro, et c’était parfait comme ça. Les blessures de mon cœur derrière moi, j’allais pouvoir me créer de nouveaux souvenirs. Je m’étais fait un plan dans ma tête et je croyais utopiquement que rien ne viendrait le perturber. Oh combien je me trompais! Plusieurs collègues ont flirté plus qu’évidemment avec moi, mais j’ai tôt fait de les rembarrer. Quelques uns ne se sont pas découragés, mais quand ils se montraient un peu trop «gossants», je commençais à taper (ma tendance à recourir à la violence quand je pognais les nerfs doit venir de là). Quand la rumeur comme quoi j’étais gaie a commencé à circuler, j’ai cru que j’aurais finalement la paix. Finalement! Je vais pouvoir travailler et ne plus craindre d’avoir le cœur brisé.

Ça c’était sans compter John. John était, aussi surprenant que cela puisse paraître, un voleur… aveugle. Il était barman dans l’auberge qui faisait office de couverture pour notre guilde. Le nombre de fois que j’ai entendu :
-Hé! C’est pas ça que j’ai commandé!
-Ta gueule et bois!
Il faisait aussi des missions et je ne sais pas comment il y arrivait, mais il réussissait toujours à s’en sortir. Plus débrouillard que lui tu meures! Oui il était mignon et il avait l’air gentil, mais je n’avais pas envie de créer aucun lien que ce soit avec lui, comme avec tous ceux avec qui je travaillais. N’ayant été de son insistance, je crois que nous n’aurions jamais existé.

Notre histoire a officiellement commencé un beau jour alors qu’il venait de me servir un verre. J’avais eu une journée particulièrement épuisante et je ne répondais pas à ses tentatives de faire du social.
-Allez, souris, m’a-t-il demandé.
-Je n’ai pas envie de sourire John. Une minute, comment tu sais que je ne souris pas?
-Mis à part le fait que tu viens de me le confirmer…
(Il est bon pour soutirer des confidences!)
-…je le sens dans la manière dont tu soupires, dans le ton de ta voix : on dirait que tu portes le poids du monde sur tes épaules. Cheer up!

-I don’t feel like cheering up. I’m just so tired right now.
-You know what you would need? A good laugh! I’m sure it would help you feel better.
-Qu’est-ce que tu essais de faire John?
-Rien, je veux juste te changer les idées.
-Ça je sais! Je veux savoir pourquoi tu le fais! Tu connais ma réputation, non?
-Et de quelle réputation s’agirait-il?
-Tu le sais! Raven l’antisociable qui a un cœur de pierre!
-I don’t believe that. I think you’re pretending to be heartless so everyone will leave you alone.
-You can read minds now? That’s ridiculous!
-Really? In that case, why is your hand trembling?
Avant que j’ais pu reprendre contenance, il a pris ma main dans la sienne et il l’a effectivement senti trembler.
-Alors? Pourquoi trembles-tu?
-…J’ai froid, c’est tout!
(Big fat lie)
-Tu n’as pas à me mentir, tu sais.
-Comment est-ce que tu…?
(Damn! He got me again!)
-Tu viens de me le dire…
-Qu’est-ce que tu veux?
-I told you, I want to see you smile.
-How do you expect to do that?
Il a levé son autre main et l’a posée sur ma joue.
-Comme ça.
Il y avait tellement longtemps qu’on ne s’était pas sincèrement préoccupé de moi, que sans que je me rende compte, les larmes couler sur mes joues, jusqu’à sa main.
-Raven, tu pleures?
-…Non… J’ai quelque chose dans l’œil…
-Stop. You don’t have to pretend with me.
-Je…
Je sentais ma carapace se craqueler. Je devais partir avant de ne plus être capable de me retenir.
-John, please let me go.
-Raven, I…
-Just let me go!

Dès qu’il m’a lâchée, j’ai couru jusqu’à ma chambre. What is wrong with me? Why I am letting him get to me like this? Je dois me tenir loin de lui. Oui, c’est ce qu’il y a de mieux à faire. J’ai donc évité le bar le plus que je pouvais, m’assoyant dans le fond de la salle. Des fois, je tournais le regard vers lui, l’observant de loin, mais à chaque fois, il tournait la tête dans ma direction, comme s’il savait que je le regardais. Il ne cherchait pas à m’approcher, alors j’ai fini par me dire qu’il avait compris que je ne voulais pas entretenir de relations sociales. Je me trompais. Un soir, je revenais à ma chambre et je l’ai vu qui déposait un bouquet de fleurs devant la chambre de gros Bob, à trois portes de la mienne.
-John, qu’est-ce que tu fais?
-Raven? Je dépose des fleurs devant ta porte, comme je le fais depuis une semaine.
-Ce n’est pas ma chambre! Ma chambre est trois portes plus loin. Ça, c’est la chambre de gros Bob!
-Oh! Là je comprends pourquoi Bob m’a frappé en me traitant de gai!
-Pffft.
-Are you laughing?
-…No.

-C’est un début : je ne t’ai pas fait rire encore, mais au moins je te fais sourire.
-Écoute John, je ne sais pas ce que tu veux, mais arrête. Je ne suis pas intéressée.
-Comment peux-tu dire que tu n’es pas intéressée alors que tu ne sais même pas ce que je veux?
-Je… D’accord. Qu’est-ce que tu veux?
-Je voudrais sortir avec toi.
-Quoi? Pas question!
-Tu dis ça parce que je suis aveugle, c’est ça?
-Non, ça n’a rien avoir!
-Alors, qu’est-ce qui cloche chez moi?
-…Rien!
-Je ne suis pas assez beau?
-Non, tu es très bien.
-Je ne suis pas assez gentil, alors?
-No, you’re a really sweet guy.
-Mais il doit y avoir quelque chose que je ne fais pas correctement?
-No, you’re perfect, the dream boyfriend for any girl…
-C’est réglé alors? On va sortir ensemble?
-Non! Qu’est-ce que tu ne comprends pas dans «Je veux rester célibataire alors fiche-moi la paix!»?
-Donne-moi une seule bonne raison de te laisser tranquille. Une seule et je te jure que je le ferai.
-Je…
Bon sang! Pourquoi tu ne me laisses tranquille? Je ne veux plus aimer, c’est pas compliqué! Parce qu’aimer c’est souffrir et je ne veux plus que ça m’arrive, even if you’re the sweetest guy ever. J’ai baissé les yeux, étant incapable de soutenir son regard plus longtemps. Il ne voyait peut-être pas mon visage, mais j’avais l’impression qu’il pouvait lire en moi.
-Tu as beaucoup souffert par le passé, c’est ça?
(Qu’est-ce que je disais?)
-Arrête! Arrête de lire dans les pensées des gens! C’est agaçant!
-Je ne lis pas dans les pensées de tout le monde, juste dans les tiennes. Because I really like you.
-Don’t say that!
-Why? It’s the truth! I love you Raven.
Paf.
-Ow!
-Do you still love me now?
-Yes, I do.

Paf.
-Et maintenant?
-Oui, je n’arrêterai jamais de t’aimer.
-Arrête de dire ça!
Plus je lui disais de partir tout en le frappant, plus je sentais ma résolution faiblir. Quand il m’a prise dans ses bras, je n’étais plus en train de crier, je pleurais, et la force dans ms bras m’avait totalement abandonnée. Il m’a tenue serrée contre lui jusqu’à ce que j’arrête de pleurer. C’est à ce moment que j’ai repris mes esprits. Mais qu’est-ce que je suis en train de faire? Je l’ai rapidement repoussé.
-Raven…
-Non. C’était juste… un moment de faiblesse, qui ne se reproduira jamais. Je ne suis pas intéressée par toi, alors laisse tomber.
Avant que je ne rentre dans ma chambre, il m’a agrippée par le bras… Enfin, c’est ce qu’il aurait fait s’il avait vu. Il m’a plutôt agrippé un sein. Avant même que ma main n’atteigne sa joue, il avait enlevé sa main et était rouge comme une tomate. Il s’est confondu en excuse.
-Je suis désolé! Je suis désolé! Je ne voulais pas toucher ton sein! En fait je l’ai déjà imaginé, mais juste si on était ensemble! …Je ne voulais pas dire ça! Je te jure que je n’ai pas souvent imaginé ce que ça serait de t’embrasser et de te… Bon sang! Je crois que je vais m’en aller!

Il est reparti et je pensais qu’il avait compris le message, mais c’était sans compter le fait qu’il était encore plus têtu que moi. Chaque matin, dès que j’ouvrais la porte, un bouquet de fleurs m’attendait. Quand j’allais me coucher, il y avait parfois un petit mot doux qui m’attendait sur mon oreiller. Malgré toutes ses attentions, semaines après semaines, mois après mois, je continuais à le repousser, essayant de mon mieux de faire taire la petite voix dans ma tête qui me disait : C’est exactement le genre d’homme que tu aimes. Vas-y, succombes. Tu sais que tu envie, tu sais qu’il pourrait te rendre heureuse. Shut up voice! Après six bons mois d’une cour à laquelle il n’avait eu que des réponses négatives, sa sincérité ne semblait pas avoir baissé le moindrement du monde.
-Qu’est-ce que tu veux John? Qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour que tu me laisses tranquille?
-Sors avec moi.
-Quoi? Je t’ai déjà dit que…
-Juste une fois. Sors avec moi juste une fois et si à la fin de la soirée tu n’es pas convaincue que je peux te rendre heureuse, alors je te promets de ne plus t’embêter.
(Come on. Accept, you know you want to.)
-Ok…
(Qu’est-ce que je viens de dire là? Damn voice!)
-Génial! Vendredi soir, on se retrouve à 7 heures au bar, ok? Je te jures que tu ne le regretteras pas!

En effet, je ne l’ai jamais regretté. Il était vraiment attentionné, drôle… Avec lui, j’avais l’impression de revivre et à la fin de la soirée, j’ai accepté d’être sa copine. Il m’a serrée dans ses bras… Il a plutôt d’abord enlacé le lampadaire juste à côté de moi.
-John, je suis ici.
-Oups. Je me disais bien aussi que tes fesses étaient un peu trop dures.
-Quoi?
Avant que le tandem «espèce d’obsédé» +claque dans la face ne retentisse, il m’a serrée contre lui et j’ai senti ma colère s’évaporer d’un coup.
-Je suis vraiment heureux! Tu ne le regretteras pas!
-…Mais ne vas surtout pas croire que tu vas toujours tout régler par un hug ou par un bouquet de fleurs, ok? Je ne suis pas si fac…mmm!
Il a coupé court à mes protestations en m’embrassant, un baiser qui a semblé ne plus jamais finir.
-God, you totally own me, lui ais-je dit.
-It’s ok, because I’m totally yours too.
Effectivement, il m’a rendue très heureuse. Nous avons été ensemble deux ans et demi et jamais je n’ai regretté ma décision : He was just so sweet and caring, in everything he did. Je ne croyais pas que ce bonheur allait jamais s’arrêter, mais il en a été tout autrement.

Ma boss m’a fait venir dans son bureau, car elle avait une mission à me confier.
-Tu te sens d’attaque pour un peu d’action, Raven?
-Toujours. Qu’est-ce que je dois faire?
-Voler Ifrit.
Elle m’a montré l’image d’un gant rouge.
-Voler un gant? Ça ne devrait pas être trop difficile!
-N’en sois pas si sûre. Il se trouve dans la maison de En.
-Oh…
En. Rien que d’entendre son nom, j’en avais des frissons. Avais-je vraiment envie de me frotter à lui?
-Alors, tu veux toujours en savoir plus?
-(Richesse, gloire…) Absolument. Où, quand, comment et pourquoi?

Par cette simple décision, ma vie venait de prendre un tournant décisif. Car en mettant les pieds chez En, je venais, sans le savoir, de changer ma vie à tout jamais…

À suivre dans la quatrième et dernière partie, celle qui concerne Dante.




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