jeudi 29 novembre 2007

Je me rends moi-même malade

C'est la suite du post précédent. Ça ne me tentait pas de le continuer, parce que je trouvais que ça devenait un peu trop long. Pour la suite et fin, ça va sans doute aller à dimanche. Comme d'habitude, vous aurez juste à me supplier pour lire. Surtout ceux qui passent leur temps à me traiter de salope finie ou qui disent que Nakago mérite mieux que Lili. Je ne vise personne en particulier! lol

J’ai pris dans mon sac ma plus précieuse possession (mon savon!) et j’ai entrepris de me débarrasser de ma crasse. La tâche fut ardue, car j’étais couverte de la tête aux pieds de schmu de ver. Ça, et aussi… les derniers événements. J’ai commis l’erreur de laisser mon esprit s’égarer et alors que j’étais en train de me savonner, j’ai revu les mains de mes agresseurs à Darsack et du bédouin pervers sur moi, m’arrachant mes vêtements et me tripotant, toujours plus fort, toujours plus bas.

J’ai essayé de chasser ces pensées en continuant de me laver, mais je perdais mon temps. Ma main tremblait tellement que j’en ai échappé le savon dans le fond du bain. Avant de le reprendre, j’ai voulu me calmer, mais plus j’essayais et plus les choses empiraient, si bien que mon corps en entier s’est mis à trembler. Des tonnes d’images se bousculaient dans ma tête au point de me rendre folle. Je me suis recroquevillée en petite boule et j’ai fermé mes yeux. J’ai ensuite pleuré comme si je ne devais plus jamais m’arrêter. Ce n’était plus seulement mon cœur qui se serrait : c’était comme si on était en train de m’arracher les entrailles et que la douleur ne disparaissait pas. Make it stop. Please make it stop. I need you, I need your arms around me. Where are you Nakago? Je ne pourrai pas tenir le coup longtemps, pas dans cet état. Mais de quoi je me plains? Je mérite tout ça, n’est-ce pas? Oui. Alors je ne devrais pas pleurer.

Sans plus me préoccuper de ma douleur, j’ai ramassé le savon et j’ai terminé d’enlever les derniers morceaux de crasse. Je me suis ensuite essuyée jusqu’à en faire rougir ma peau. C’était exactement comme après Darsack : je voyais les marques de leurs doigts sur moi, je sentais leurs doigts sur moi. J’ai fini par laisser tomber la serviette quand la peau a commencé à me chauffer. J’ai pris des vêtements de rechange dans mon sac, je me suis habillée et je suis allée voir Lou. Il avait fini de se laver et était en train de se sécher les cheveux.
-Salut.
-Salut. Ça va?
-(J’aimerais être morte) Oui.
-Écoute, a-t-il commencé, on devrait peut-être dormir dans la même chambre, par sécurité.
-Euh…
-Je ne vais pas m’essayer! a-t-il précisé, voyant mon malaise.
-Je sais!
(Ce n’est pas de dormir dans la même chambre que lui qui me dérangeait, mais de dormir dans le même lit que lui. J’avais totalement confiance en Lou, mais dormir à côté d’un autre homme que Nakago me mettait profondément mal à l’aise. Après les derniers événements, je ne me sentais pas capable de supporter une telle proximité avec un homme, aussi bien intentionné fut-il, sans avoir une attaque de panique. Je ne sais même pas si je serais capable de supporter le contact de Nakago…
-Tu es mieux de ne pas t’essayer toi non plus! m’a dit Lou.
-…Quoi? Franchement, non!
(Tu sais que j’ai été, «tripotée» comme tu l’as si bien dit, alors crois-tu vraiment que ça me donne envie de m’essayer sur quelqu’un? J’ai été vraiment insultée qu’il ose le suggérer.)
-On va dormir dans des chambres séparées! lui aie-je dit.
-C’était une joke.
-Je retourne dans ma chambre!

Je me fous que ça soit moins safe comme ça, pas question que je reste dans la même pièce que toi! Je suis retournée dans ma chambre en claquant la porte et pour être certaine de ne pas me faire déranger par un crétin qui avait peur que je l’agresse, j’ai barré la porte et j’ai mis une chaise en-dessous. T’es vraiment un con Lou! Tu as vu à quel point j’allais mal quand tu m’as ramenée de chez les bédouins, tu sais ce qu’ils m’ont fait! Comment as-tu pu plaisanter sur un sujet pareil?! Moi? M’essayer sur un homme? Avec tout ce qui m’est arrivé, je ne crois même plus savoir comment faire les premiers pas. Si je possède encore ces connaissances, elles sont tapis au fin fond de ma mémoire et j’ignore comment aller les chercher. Par moi-même, je n’y arriverai jamais. J’aurais besoin de quelqu’un pour me libérer, mais c’est très loin d’être gagné d’avance. C’est peut-être mon karma ça aussi, passer le restant de mes jours seule, le cœur brisé.

Toc, toc.

-C’est moi, a dit Lou.
-Je ne sors pas d’ici!
(Je risquerais de t’agresser!)
-Même pour manger? m’a-t-il demandé.
J’ai enlevé la chaise, débarré la porte et je l’ai ouverte.
-Peut-être juste pour manger…
-Je savais que je réussirais à te faire sortir comme ça, m’a dit Lou.
La dernière fois que j’avais mangé, c’était il y a deux jours, et c’était à peine quelques bouchées. Alors le simple fait d’entendre le mot «manger» m’a donné faim. En descendant, j’ai remarqué que les vêtements de Lou étaient parfaitement réparés, pas la moindre trace d’accroc. C’était comme s’ils sortaient tout droit du magasin.
-Tu as fait ça comment? aie-je demandé à Lou, en pointant ses vêtements.
-Euh… Je suis juste doué.
-…
(Tu es gentil, mais tu fais chier! Tu es immune à l’épée de Lemnor, tu répares parfaitement tes vêtements! T’es qui merde?)

Nous avons pu facilement nous trouver une place et l’aubergiste est venu nous voir.
-Vous avez l’air un peu mieux comme ça! nous a-t-il dit.
(Et moi qui pensais que le schmu de ver nous donnait un charme unique!)
-On voudrait manger s’il vous plaît.
-Tenez.
Il nous a donné des menus. J’ai ouvert le mien et… je n’ai eu aucune idée de ce qui était écrit, la langue m’étant totalement inconnue. Ok… La meilleure technique dans des cas comme ça, c’est comme j’ai fait à Umanlil : j’ai fermé mes yeux et j’ai pointé un endroit au hasard sur le menu.
-Ça! aie-je dit à l’aubergiste. Je ne sais pas ce que c’est, mais c’est ça que je prends!
-Ça c’est… du scarabée! m’a-t-il dit.
Sans avoir un miroir, je sais que le visage a dû me tomber. Du scarabée? Yark! Vous êtes vraiment dégueus par ici! Manger des bibittes!
-Je plaisantais! m’a avoué l’aubergiste. Les gens du Nord croient toujours qu’on mange ce genre de choses par ici!
-…
(Ce n’est pas en faisant ce genre de blagues que vous allez arranger les choses.)
-C’est du poulet épicé, m’a finalement dit l’aubergiste. Il est excellent! C’est ma femme qui le prépare.
-Je vais prendre ça.
-Et votre mari, il prend quoi?
-Je ne suis pas son mari!
-Ce n’est pas mon mari.
-Ok. Votre ami, il prend quoi?
-Je vais prendre la même chose.
-D’accord. Ça ne sera pas long.

Quand l’aubergiste fut hors de portée d’oreilles, Lou s’est tourné vers moi.
-Pourquoi tout le monde croit qu’on est mariés? m’a-t-il demandé.
-Un homme et une femme qui voyagent ensemble… Sans compter que je porte une bague, alors les gens pensent qu’on est mariés.
-C’est vrai, vous vous donnez des artefacts par ici.
-Pas des artefacts, des bagues. Vous vous donnez quoi à Merra?
-Des bracelets.
-(Étrange) ...C’est bien.
-Et on ne peut pas les enlever.
-(Huh?) Mais si jamais ça ne marche plus, vous faites quoi?
-Il faut aller voir quelqu’un qui enlèvera les bracelets.
-…
J’ai préféré ne pas demander de précisions, car j’avais dans ma tête l’image de quelqu’un avec une scie et qui disait : Ne bougez pas! Je vous enlève ça tout de suite!

Heureusement, l’aubergiste est revenu à ce moment avec… avec… le repas le plus délicieux qu’il m’ait jamais été donné de contempler et de sentir. De… la nourriture… Pas de la soupe de ver, ou des fruits offerts par un vieux pervers. De la vraie nourriture. Et ça a l’air super bon. J’ai remercié l’aubergiste et j’ai contemplé mon assiette en me retenant de toutes mes forces pour ne pas baver dessus. Je n’ai rien mangé depuis deux jours. Viens à moi nourriture… La première bouchée fut tellement exquise que j’ai dû me retenir pour ne pas exprimer verbalement ma satisfaction. J’aurais seulement traumatisé Lou un peu plus. Sans même que je m’en rende compte, j’avais fini de manger et j’étais en train de ramasser les dernières traces de sauce au fond de l’assiette avec mes doigts. Si je n’avais pas été seule, je crois que j’aurais liché mon plat. Je me demande si Lou aime ça. J’ai levé les yeux vers lui et j’ai pu voir qu’il avait à peine touché à son assiette et qu’il me regardait comme si je venais d’une autre planète. Sans dire un mot, il a poussé son assiette vers moi.
-Si tu insistes! lui aie-je dit en m’appropriant l’assiette.
(C’est tellement bon! J’avais si faim que j’aurais pu dévorer tout ce qu’il y avait au menu à moi toute seule.)
-C’est vrai, a dit Lou. Vous mangez comme des monstres ici.
-Hé!
-Quoi? C’est vrai!

dimanche 25 novembre 2007

Tout va mal, mais c'est pas grave! Je suis calme...

Lou était très content que notre voyage arrive à sa fin, car il était dégoûté par le verre et par Roger. Je ne comprenais vraiment pas pourquoi. Je l’aime moi Roger, il est super fin. Bon Roger. Pate, pate. Oups, sa tête est tombée. Attends Roger, je vais te la replacer. Maintenant…
-Va faire un hug à Lou, lui aie-je chuchoté.
Roger s’est exécuté, faisant sursauter Lou.
-Aaaah! Arrête ça!
Il a violemment repoussé Roger.
-Ben quoi? lui aie-je demandé. Il est full hot mon squelette!
J’ai quand même dû me résoudre à m’en défaire, si je ne voulais pas que les soldats de la ville nous tirent dessus. J’ai donc arrêté le ver, qui avait déjà commencé à pourrir (eurk), et nous sommes débarqués. J’ai eu un petit pincement au cœur en regardant mon squelette.
-Bye, bye squelette.
Il m’a dit au revoir de la main (je suis fière!) et quand j’ai remis ma pierre en moi, il s’est écroulé par terre. Sniff.

Lou et moi avons ensuite avancé vers le dôme. Quand nous avons été plus près, nous avons pu constater qu’il y avait une muraille autour du dôme, une très haute muraille.
-On fait comment pour entrer? m’a demandé Lou.
-Euh… Il faudrait traverser la muraille.
Avant de me répondre, Lou a jeté un coup d’œil à la muraille.
-Ça doit bien faire trente… non, trente-deux mètres de haut, m’a-t-il dit. Si tu réussis à grimper là-dessus…
-(Tata!) Mais non! Traverser la muraille dans le sens de faire le tour et trouver une porte!
(Dans mon état physique lamentable et selon mes capacités actuelles, escalader le mur ne m’aurait jamais effleuré l’esprit. Mais par simple curiosité, si j’avais réussis à l’escalader, tu aurais fait quoi? Me vénérer jusqu’à la fin de tes jours?)

Nous avons fait le tour de la muraille et nous avons fini par arriver à une ouverture. Un garde surveillait l’entrée.
-Tu vois? aie-je dit à Lou. Je savais qu’il y avait une porte!
Avant de nous y rendre, nous avons observé les caravanes qui entraient dans la ville.
-Qu’est-ce que vous transportez? a demandé le garde.
-De la bière.
-Vous avez un laissez-passer?
J’ai cru pendants quelques secondes que j’avais halluciné.
-Un… «laissez-passer»? aie-je murmuré.
-Tu as un laissez-passer? m’a demandé Lou.
-…Bien sûr! Je me promène toujours avec un laissez-passer pour la ville d’Eomiss dans mes affaires!
(J’aurais dû y penser! Ça peut toujours être utile!)
Nous devions absolument entrer en ville, alors nous sommes allés à la rencontre du garde. Quand il nous a vus, il ne s’est pas gêné pour esquisser une moue de dégoût. Il est vrai que nous n’étions pas des plus attirants : vêtements déchirés, peau abîmée par endroit et surtout couvert de schmu des pieds à la tête.
-On n’accepte pas les mendiants! nous a dit le garde. Circulez!
--On n’est pas des mendiants, lui aie-je répondu. On a été attaqués par un ver des sables.
-…Attaqués par un ver des sables? Et toujours en vie? C’est ça! Circulez!
-Il faut qu’on aille en ville pour nous acheter des affaires.
-Vous avez un laissez-passer?
-…Hello?! Ver des sables? Acide! Plus de laissez-passer!
-Si vous n’avez pas de laissez-passer, vous n’entrez pas!
-Comment on pourrait s’en procurer un?
-Moi je garde la porte, alors ce n’est pas mon problème! Circulez!

P’tit con! Tu mériterais que je te tue et que je te transforme en zombie ensuite!
-Il va falloir trouver un autre moyen, m’a dit Lou pendant que nous nous éloignions.
-Je pourrais sortir ma pierre et faire venir le cadavre du ver? aie-je suggéré. Ça occuperait le garde!
J’ai essayé de sortir ma pierre, mais je n’ai pas réussi.
-Il va falloir attendre un peu, aie-je dit à Lou.
-T’es folle? Ça va faire peur à la moitié de la ville!
-…Et? L’important c’est qu’on entre!
Lou n’était pas aventureux du tout et voulait qu’on trouve une autre solution. Qu’est-ce qu’on pourrait bien faire…? J’ai regardé les caravanes passer et…
-On pourrait se cacher en-dessous d’une caravane? aie-je suggéré.
-…C’est tellement primitif que ça pourrait marcher!

Un groupe de trois caravanes est arrivé à la porte.
-Laquelle tu préfères? aie-je demandé à Lou. La première, celle du milieu ou la dernière? Je te laisse le choix!
-…Allons-y pour la deuxième.
Quand le garde a arrêté le premier chariot, nous nous sommes pitchés vers le deuxième et nous avons soulevé la bâche qui le recouvrait. Nous nous sommes ensuite cachés entre des tonneaux.
-Qu’est-ce que vous transportez? a demandé le garde.
-Du vin, lui a répondu le marchand.
-Vous avez un laissez-passer?
Pendant qu’il lui montrait, j’ai retenu ma respiration. Il faut qu’on passe, il faut absolument qu’on passe. Quoiqu’utiliser le ver mort tout décomposé ne me dérangerait pas.
-C’est seulement du vin que vous transportez?
-Bien sûr.
-Je vais vérifier.
(Oh, oh.)

J’ai commencé à paniquer. Si le garde nous trouve, on est foutus. Bon. Je ne perds rien à essayer. J’ai pris la main de Lou et je nous ai cachés dans l’ombre. Enfin, j’ai espéré que nous l’étions, car le passé m’a souvent démontré que mes compétences de voleuse laissaient à désirer : Je suis cachée! Ah! Ces gens sont en train de m’observer! Ou encore : Y’a pas de piège! Ow, j’ai mal. J’ai entendu le garde regarder sous le premier chariot, puis ses pas sont passés au deuxième. J’ai croisé mes doigts de toutes mes forces que j’aie réussi. Quand la bâche a été soulevée, j’ai arrêté de respirer. Le garde a regardé vers nous comme si nous n’étions pas là, alors j’ai su que j’avais réussi. J’ai repris mon souffle quand j’ai senti que la caravane passait la palissade. Quand notre chariot s’est arrêté devant ce qui semblait être une auberge, je me suis dit que c’était le moment de nous enfuir.
-Tu es prêt Lou?
-Oui.
-Go!

Nous sommes sortis en quatrième vitesse et nous nous sommes éloignés avant que qui que ce soit ne remarque d’où nous venions. La ville était pleine d’agitation. Ça faisait du bien de retrouver la civilisation. Étonnamment, la température était plutôt fraîche. Ça devait être à cause du dôme.
-J’espère que tu as de l’argent, Lou?
-Non, pourquoi?
-Ville, auberge, bain… Ça coûte de l’argent…
Comme aucun de nous d’eux n’avait d’argent, nous allions devoir vendre certains de nos effets personnels. J’avais cinq potions anti-poison dans mon sac. C’était tout ce que je possédais de valeur. Je ne pense pas qu’un morceau de peau d’animal ou un pyjama rouge avec des têtes de morts nous rapporteraient beaucoup d’argent. Et puis si je vends mon pyjama, je vais dormir avec quoi sur le dos? J’aurais bien trop peur que quelqu’un, plus précisément un homme, ne me surprenne en petite tenue. Je sais très bien que ça me ferait paniquer.

D’un empressement mal contenu, il a abaissé mon chandail. Pendant quelques secondes, il n’a rien fait, se contentant de m’observer, puis il a recommencé à me tripoter.

De repenser à Bin Ladin, à ce qu’il m’avait fait, m’a fait trembler de tous mes membres et j’ai senti mon estomac se soulever. I don’t think I’ll ever be able to get over this. I’m so scared and I can’t talk to anyone about it. Il faut que je trouve des Prozac au plus vite! Il fallait d’abord que nous trouvions une boutique de potions. Le plus tôt que nous aurions de l’argent serait le mieux, car où que nous allions, les habitants nous regardaient bizarrement. Quoi? Vous n’avez jamais vu ça des gens qui se sont fait attaquer par un ver des sables et qui ont survécu? S’il faut en croire celui qui fera assurément partie de ma future armée de zombies, on dirait que non.

J’ai fini par trouver un magasin de potions, facilement reconnaissable à son enseigne.
Quand nous sommes entrés, le propriétaire était en train de parler avec un client. J’ai donc patiemment attendu mon tour. Quand le client fut parti, je me suis avancée.
-Bonjour! m’a dit le marchand en me voyant du coin de l’œil. Oh…
Quand il s’est tourné complètement face à nous, son visage a changé en constatant l’état de délabrement dans lequel nous nous trouvions.
-Non, nous ne sommes pas des mendiants, lui aie-je dit, devançant sa question. Nous avons eu un petit accident de ver des sables.
-Ha, ha! Allons! Il n’y a aucune honte à avouer qu’on a eu un accident d’étable!
-…
(Un… accident d’étable? C’est censé être quoi au juste? Tomber dans du crottin de vache? Se baigner dans la porcherie avec les cochons? Est-ce que je veux vraiment le savoir?)
-…J’ai des potions anti-poison à vendre.
-Je vais devoir les examiner, pour m’assurer qu’elles sont de bonne qualité.
-Bien sûr.
J’ai sorti une potion de mon sac et il l’a examinée attentivement avant d’y tremper son doigt.
-C’est de la bonne qualité, a-t-il conclu.
-En effet.
-Je vous en offre… 1po.
-…Quoi? 1po alors que ça vaut peut-être dix fois plus!
-C’est ce que ça vaut par ici.
-Je pourrais aller voir ailleurs!
-Rien ne vous en empêche!
P’tit con! Je suis peut-être rouillée, mais je suis encore capable d’évaluer le prix des objets! Voir que je vais me laisser avoir par un crosseur comme toi!

Je suis sortie et je me suis mis en quête d’une autre shop de potions. Je ne peux pas croire que je n’arriverai pas à trouver un vendeur qui ne soit pas un crosseur. Je sais bien que vendeur rime avec crosseur, mais quand même! J’ai réussi à trouver un autre magasin. Le vendeur a été aussi surpris que l’autre de nous voir.
-Non, nous ne sommes pas des mendiants, l’aie-je averti avant même qu’il n’ouvre la bouche. Nous avons eu… un accident d’étable.
-Bien sûr!
-J’ai des potions à vendre.
J’ai sorti une potion et comme l’autre marchand, il y a goûté.
-C’est de la bonne qualité, a-t-il conclu. Ça a un petit goût du nord.
-En effet.
-Je vous en offre 3po.
-(C’est quand même mieux que l’autre!) Ok.
Je lui ai donné 3 potions. Avec 6po, on devrait pouvoir se trouver une auberge potable. Mais où?
-Vous ne sauriez pas où on pourrait trouver une auberge à prix raisonnable?
-Les prix varient beaucoup. Ça peut aller de 300po…
-(Quoi? 300po pour une nuit dans une auberge?)…
-Mais je ne crois pas que vous puissiez vous le permettre…
-Non, en effet.
-Ça va jusqu’à des auberges miteuses.
-En fait, je voudrais quelque chose de potable et de pas trop cher.
-Je connais une auberge bien et qui ne coûte pas cher. Elle s’appelle Le Sablier.
Il m’a indiqué le chemin et nous sommes sortis.
-Alors, tu as trouvé tout ce que tu cherchais? m’a demandé Lou.
-Oui.

Eomiss doit vraiment se trouver dans une dimension parallèle, car les indications étaient très simples et nous n’avons eu aucun mal à trouver l’auberge en question. Je dois avouer que je suis presque entrée en courant tellement j’étais contente de l’avoir trouvée. J’ai filé en direction de l’aubergiste dès que je l’ai aperçu. Quand il nous a vus, son visage a aussi changé d’expression. Here we go again.
-Non, nous ne sommes pas des mendiants. Nous avons eu un accident d’étable et nous aurions besoin d’une chambre, avec un bain.
-Bien sûr!
Une minute… Une chambre, ça veut dire un lit et donc que Lou et moi… Euh…
-Je prendrais une autre chambre.
(Ça ne coûtait que quelques pièces d’argent, alors…)
-Très bien. Je vais faire préparer un autre bain, car quand vous aurez fini, l’eau sera trop sale pour votre mari!
-Je ne suis pas son mari! a protesté le principal intéressé.
(Laisse tomber Lou, ne perd pas ton temps à vouloir lui expliquer.)

J’ai suivi le fils de l’aubergiste jusqu’à ma chambre et il m’a préparé un bain.
-Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous n’avez qu’à m’appeler! Je m’appelle Ahrkmed!
-…Merci.
Il m’a ensuite laissée seule avec mon malaise. Il semble être un garçon adorable, mais entendre le nom «Ahrkmed», m’a rappelé le garde qui m’avait frappée parce que j’avais osé vouloir partager ma nourriture avec Lili 2. Lili 2… J’ai enlevé mes vêtements et je les ai mis directement dans la poubelle. Je me suis ensuite glissée dans le bain. This is bliss.

samedi 24 novembre 2007

J'ai fait un nouveau blog pour y mettre juste les histoires de Raven. Comme ça, ceux qui voudront lire les histoires de Lili iront sur ce blog-ci et ceux qui veulent lire Raven, iront sur l'autre. C'est à Raven-le-briquet.blogspot.com

mercredi 21 novembre 2007

Des squelettes et un ver

Après avoir fait des cauchemars tous plus horribles les uns que les autres, je me suis fait réveiller par une secousse. J’ai ouvert les yeux et j’ai vu que Lou avait atterri. Il semblait essoufflé.
-Désolé, je t’ai réveillée, s’est-il excusé.
-Ça va… On est où?
(Je pouvais dire qu’on était dans le désert, à cause de tout le sable, mais ça se limitait à ça.)
-À une journée, une journée et demie d’Eomiss. Il faut que je m’arrête.
-Ok, pas de problème. Je vais en profiter pour enlever ce superbe habit et le brûler ensuite.
J’ai sorti du linge de mon sac à dos et j’ai commencé à me déshabiller, sans me préoccuper le moindrement du monde de Lou. Dès qu’il s’en est aperçu, il s’est retourné.
-Tu aurais pu me prévenir! s’est-il exclamé.
-Vu le nombre d’hommes qui m’ont vue nue au cours des deux derniers jours, un de plus ou de moins.
-Moi ça me dérange!
-…
(Moi je m’en fous. Je ne semble être utile qu’à ce genre de chose de toute façon.)

Après m’être changée, j’ai mis mon manteau, car la température avait baissé. Il ne manquerait plus rien que ça que je meure d’hypothermie! Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai un feeling que ça fait partie des choses que Sigma ne veut pas que je fasse, me laisser mourir je veux dire. Je continuais à déprimer d’aplomb et Lou, lui, a appliqué un genre de crème sur la blessure qu’il avait à l’épaule, blessure qui semblait être en parfaite voie de guérison.
-Si je me réincarne, je veux être une méréenne!
-C’est vrai que vous, les humains, vous êtes lents, faibles…
-…Vas-y, continue! Dis-moi autre chose pour continuer à descendre mon estime de moi!
-…Mais ce n’est pas si mal d’être humain!
-…
Il aurait pu me dire n’importe quoi pour s’excuser, le mal était déjà fait. En fait, je devrais plutôt dire que Lou n’a fait qu’énoncer ce que j’avais déjà : je suis une humaine faible et pathétique.
-Je suis déprimée… J’aimerais tellement qu’une brique divine tombe sur ma tête… Ou je pourrais me pendre… Ou me trancher les veines? Mais ça ferait mal et ça tacherait mes vêtements…
-You’re freaking me out!
(Super. Je me suis découvert une autre utilité.)
-…Il faut que je me trouve des Prozac.
-Des quoi?
-Des Prozac. Des petites pilules qui rendent très calme.
-Je crois que Shiva a quelque chose comme ça.
-Génial. Shiva est ma nouvelle meilleure amie.
(Dans l’état où je suis, prendre des médicaments n’est peut-être pas une bonne chose, mais je suis à court d’idée. Je vais craquer si je ne fais pas quelque chose.)

-Tiens, m’a dit Lou, en me tendant une petite fiole.
-…Wow, une fiole… Merci. C’est quoi?
-Ça va aider pour la douleur. J’ai trouvé une fleur exotique et j’ai préparé ce mélange.
-Oui, j’ai des fleurs dans mon sac. Est-ce qu’il faut que je prenne la bouteille au complet ou…?
-Il ne vaut mieux pas. C’est du concentré, alors je ne sais pas ce que ça fait si tu prends la bouteille au complet.
-Ok, merci.
J’en ai pris quelques gouttes et la douleur a instantanément disparu.
-Tu as faim? m’a demandé Lou en me tendant un morceau de pain.
-…Merci.
J’ai pris le morceau de pain, mais je me suis forcée à grignoter. Avec tout ce qui venait de se passer, je n’avais vraiment pas la tête à manger. Je me sentais si mal, de toutes les façons possibles.
-Au moins je ne suis plus avec le vieux bédouin pervers…
-Comment ça «pervers?» Ils n’ont pas essayé de te tripoter au moins?
-Euh… Euh… Je… Euh…Les étoiles sont belles!
J’ai tourné mes yeux vers le ciel, évitant soigneusement de regarder Lou.
-Oh… Désolé. J’ai fait aussi vite que j’ai pu.
-…Je ne connais pas mes constellations, mais ce n’est pas grave! Les étoiles sont belles!
(Ne t’en fais pas Lou, je sais que tu as fait tout ce que tu as pu.)

-Alors… On n’a pas vraiment eu l’occasion d’être seuls tous les deux pour parler, m’a-t-il dit.
-Ok…
(Il va me demander quoi?)
-Comment tu as connu le général Nakago?
-Euh… À Talius, il y a quelques années.
-Il y a combien de temps?
-À peu près trois ans.
Qu’est-ce que tu lui trouves?
-Euh… beaucoup de choses.
-Tu n’es pas très bavarde.
-Ça servirait à quoi d’en parler? Tu vas sans doute faire comme tout le monde! Me dire «Tu es folle de l’aimer! Il se sert de toi!»
-Tu veux que je te dise ça?
-…Je m’en fous.
(Je suis rendue tellement habituée d’entendre ce genre de choses, qu’une fois de plus ou de moins. Mais ce que je trouve à Nakago? Il est beau, charmant, gentil, fort, protecteur, attentionné et je sais qu’il ferait n’importe quoi pour moi. God I miss him. )

-Et toi, tu as ou avais de la famille? lui aie-je demandé.
-J’avais de la famille.
-…Oh… Et à part être le garde du corps de Kerns, tu fais autre chose?
-C’est ma fonction principale.
-Moi, je ne sers à rien. J’ai eu un passé merdique, j’ai un présent merdique et je vais probablement avoir un futur merdique!
-Si tu penses comme ça, c’est ce qui va arriver.
-C’est bien parti pour ça.
-Moi aussi j’ai eu un passé merdique, un présent merdique et j’aurai sans doute un futur merdique!
-C’est comme si tu prenais une mauvaise décision… Tu veux changer les choses, mais tu prends une autre mauvaise décision…
-Oui…
-Et tu as l’impression que ça ne sert à rien d’en parler aux autres ou de dire que tu regrettes, parce qu’ils ne t’écouteront pas.
-C’est ça!
-Je suis sûre que je te bats n’importe quand!
-Je suis responsable de la mort de toute ma famille.
-…Oh… Ok… Bon…
(Je n’ai jamais vécu cette situation, mais je maintiens quand même que je te bats : je me suis fait abuser dans mon enfance, vendre à un bordel, violer/battre/torturer à répétition. Tu peux en dire autant?)

Je me suis plongée dans mes pensées et Lou a commencé à gosser après quelque chose très, très vite. J’ai remarqué qu’il n’avait pas l’air d’aller.
-Ça va? Tu es malade?
-Non, m’a-t-il répondu.
J’ai mis une main sur son front : il était chaud.
-Tu es chaud.
-Non, ça va.
Tu es malade.
-Non.
-Tu te sens étourdi, fatigué?
-En fait, oui.
-Tu devrais peut-être te reposer…
-Tu vas pouvoir rester éveillée pour surveiller les vers des sables?
-Euh… J’ai deux épées?
Lou a eu l’air assez découragé. Désolée! Je sais que je suis faible, mais je n’y peux rien. Hé! Si je…
-Lou, tu crois que je pourrais faire avec ma pierre ce que je faisais avec les épées de Sigma?
-Sans doute…
-…
(Je pourrais nous transporter jusqu’à l’ombre de quelqu’un du groupe?)
-Tu es un génie!
-Euh… non.
-Oui! Tu es un génie! La croisée des chemins! Elle pourra nous montrer la porte à emprunter!
-…Qui a dit que je l’avais?
-Quoi? C’est ta clé et tu ne l’as même pas?!
-Tu es un peu au courant de ce qui s’est passé?
-Un peu…
-Tu penses vraiment que Julius me l’aurait laissée?
Lou était fâché. Désolée! Ce n’est pas comme si je l’avais prévu!

Ça doit être dans mon karma ça aussi : être incapable de faire quoi que ce soit de correct et déplaire à tout le monde autour de moi. Lou a commencé à pitonner sur son scanner et une carte du désert est apparue au-dessus. Deux petits points rouges signalaient notre présence. Il y avait aussi un gros point rouge plus loin : ça ne pouvait être qu’un ver des sables. Yééé.
-Tu veux un gros cure-dents? aie-je demandé à Lou.
-Je préfère un ver des sables aux bédouins!
-…Quoi?
-Le ver des sables n’essaiera pas de me violer lui!
-…
Lou m’a simplement regardée d’un air qui voulait «on n’a pas le même sens des priorités». Ça aussi, ça doit être dans mon karma : ne jamais prendre la bonne décision. Ou peut-être que Lou sous-entendait simplement que ce n’était pas grave si je me faisais violer. Oui, ça doit être ça… Je ne mérite pas mieux de toute façon.

Dans la plus grande joie, Lou a pris une de mes épées et nous nous sommes apprêtés à nous battre contre le ver. Il était vraiment gros, plus que celui que Lou avait fait exploser au village et aussi plus tough, car il m’a avalée presqu’aussitôt que le combat a commencé. À l’intérieur du ver, c’était très acide. J’ai senti ma peau commencer à brûler. Il n’était pas dit que je me laisserais manger par un ver, alors j’ai tenté le tout pour le tout. J’ai décidé de sortir ma pierre et à mon plus grand étonnement, j’ai réussi. Je me disais qu’un oblivion ça serait bien, mais je n’ai pas réussi à en caster un. J’ai ensuite essayé de me transformer en ombre, mais rien à faire non plus. Il ne me restait donc plus qu’à frapper dans la paroi du ver pour faire un trou et sortir. Je frappais et je frappais, l’acide me faisant de plus en plus mal. Comme il ne servait à rien que je garde ma pierre sortie, j’ai décidé de la faire revenir en moi.

J’ai à peine esquissé le geste, que j’ai remarqué des squelettes qui ont commencé à bouger. Oh mon dieu… Je contrôle les morts…
-Squelettes, venez à moi.
Ils se sont mis debout et sont venus dans ma direction. Wow… Je contrôle les morts… Que de possibilités…
-Frappez le ver pour faire un trou.
Ils se sont aussitôt exécutés et moi je les ai regardés faire. J’ai pris une potion rouge en attendant, car j’étais plutôt amochée. Mes squelettes étant plutôt lambineux, c’est un trou fait par Lou qui m’a finalement permis de sortir. Le ver devant nous s’agitait beaucoup, à cause des coups portés par mes nouveaux amis.
-Allez-y… Continuez à frapper… Go.
-…
Lou m’a regardée comme si j’étais complètement folle. Quoi? Le ver étant de plus en plus énervé, j’ai demandé aux morts du coin de me venir en aide. Environ seize squelettes sont sortis de sous les sables. Lou a failli en faire une crise cardiaque, avant de se rendre compte que c’était moi qui causait tout ça. J’ai envoyé les squelettes se battre et j’ai gardé près de moi un de ceux qui avaient toujours leur armure.
-Qu’est-ce que tu fais? m’a demandé Lou.
-Quoi? Je m’en sers comme meat shield!
Mon garde du corps n’a pas empêché le ver de me mettre dans les pommes. J’ai été réveillée par Lou qui me brassait. Les squelettes qui n’étaient plus sous mon contrôle venaient vers nous pour nous inviter à les rejoindre. J’ai réussi à la dernière minute à les arrêter et à les renvoyer en direction du ver. Mes points de vie étant très bas, je suis retombée par terre en un rien de temps. Je n’étais pas inconsciente, mais je ne pouvais pas bouger. Lou a dû me redonner une potion pour me remettre sur pied. À peu près deux secondes plus tard, je suis retombée par terre, toujours incapable de bouger. Mais je n’avais plus de potion rouge. Lou a semblé plutôt découragé.
-Je ne pensais pas me servir de ça!

Il a pesé sur une des pierres de son casque et elle est tombée dans sa main. Elle s’est ensuite transformée en arme : un bâton avec un trident à chaque extrémité. Il a séparé le bâton en deux et m’en a tendu une extrémité.
-Je ne peux plus bouger! Qu’est-ce que tu veux que j’en fasse?
Lou a repris le trident et a attaqué le monstre. Moi, je tentais du mieux que je pouvais de contrôler mes squelettes. Quand le ver s’est tourné vers moi, j’ai cependant dû les sacrifier. Je les ai tous envoyés devant moi les uns après les autres pour qu’ils me protègent, mais le ver les a tous détruits très rapidement. Je me suis finalement retrouvée seule devant le ver, étendue par terre et toujours incapable de bouger. Le ver s’est rapproché, et encore rapproché… Muuu…. Je ne veux pas mourir dévorée par un ver. Au moment où le ver allait prendre une bouchée de moi, il y a eu une grosse explosion et il a perdu sa tête, m’envoyant quantité de schmu dessus, comme si j’avais besoin de ça.

Lou allait bien, mais était aussi présentable que moi. Comment on va faire pour se rendre à Eomiss? J’ai regardé le ver, puis ma pierre. Mmmm…
-Aaaah! Il est encore vivant! s’est exclamé Lou en voyant le ver bouger.
-Non, c’est moi. Lou, tu crois que ça va vite un ver?
-…Non! Non! Pas question!

Dix minutes plus tard…

-Ce n’est pas si mal finalement, a constaté Lou.
Il avait accepté à reculons de monter sur le ver avec moi et… appelons-le Roger. Roger était le seul squelette qui avait survécu au ver et il nous servait de chauffeur.
Lou, complètement épuisé, a fini par s’endormir. Moi j’ai dû rester réveillée, car je devais contrôler le restant de ver er Roger. Au bout d’un peu plus d’une journée de route, j’ai fini par apercevoir ce qui ressemblait à un dôme gigantesque.
-Lou. Lou!
-Huh?
J’ai tourné son visage encore endormi vers le dôme.
-C’est la ville ça?
-Pourquoi il y a un dôme dans le désert? m’a-t-il demandé.
-Je ne sais pas!
(Je ne sais pas à quoi ressemble Eomiss. Mon airship s’est écrasé au sol avant que j’arrive.)
-C’est la ville, a dit Lou, plein d’espoir. Tu sais ce que ça veut dire?
-Des shops de Prozac!
-Un bain!
-Oui, ça aussi.
(Mais d’abord et avant tout, des shops de Prozac. Je jure que je vais dévaliser toutes les pharmacies que je vais trouver!)


mercredi 14 novembre 2007

Raven 47 : Départ compromis

C’était Fiona qui essayait des robes et c’était moi qui semblais se faire le plus de fun. J’étais en train de magasiner du linge de petite fille et je trouvais ça tout simplement génial. Comprenez-moi, ça fait si longtemps que j’espérais faire quelque chose comme ça. Je sais que Fiona n’est pas ma fille, mais en ce moment, c’est tout comme. Quand Muerte m’a montré les mini-robes qu’il croyait qui iraient bien à Fiona, je me suis choquée. Pas question qu’elle porte ça! Des plans pour qu’elle soit la proie de vieux pervers! Je me suis donnée l’impression d’une vraie mère poule. Je sais que je m’attaque beaucoup trop rapidement à tous les enfants que je rencontre, mais si Fiona me disait qu’elle voulait que je m’occupe d’elle, ça me ferait vraiment très plaisir. Comme je voulais complètement regarnir la garde-robe de Fiona, je lui ai acheté robes, sous-vêtements, bas, souliers, bottes, pyjamas, manteau… J’en ai aussi profité pour m’acheter un pyjama. Ça serait beaucoup plus pratique que de dormir toute habillée et moins gênant que de dormir en sous-vêtements. Muerte m’a montré… un bout de tissu transparent qu’une femme ne met qu’en ayant des intentions plus qu’évidentes.
-Pour séduire votre homme! m’a-t-il dit en me le montrant.
-… …Quel homme?
-Ou alors ça?
L’autre vêtement qu’il m’a montré était plus opaque, mais échancré d’un côté presque jusqu’à la hanche.
-Non merci, lui aie-je répondu.
-Vous en voulez pas montrer votre mon de Vénus à votre homme? m’a-t-il demandé en pointant Dante.
-Non! a répondu ce dernier.
-…
(Je seconde! Pas question que je lui montre… quoi que ce soit de mon anatomie!)

Après les horreurs à froufrous et trop cucu à nounours, il a fini par me montrer une robe de nuit rouge qui était quand même assez sexy, mais au moins pas transparente. Ça fera l’affaire. J’ai payé nos achats et nous sommes retournés à la maison. Le restant de la journée s’est passé assez rapidement. Nous avons d’abord placé les vêtements de Fiona dans ma garde-robe. J’avoue que je n’ai même pas pensé à lui trouver une chambre pour elle seule. Quand on reviendra de la capitale, il faudrait que je le fasse. Je pense qu’elle appréciera d’avoir son espace à elle seule. L’important est qu’elle sache qu’elle pourra venir me voir à chaque fois qu’elle le désirera.

Avant même que je m’en rende compte, nous avions soupé, Fiona avait revêtu un de ses pyjamas et elle s’était endormie dans mon lit. Sweet dreams. Je suis descendue à la bibliothèque et j’ai pris un livre «X» pour passer le temps. Comme d’habitude dans ce genre de situation, je n’ai pas pu avoir la paix. Dante m’a suivie et s’est assis en face de moi. Il n’a pas dit un mot et s’est contenté de m’observer. Ça m’a prodigieusement tapé sur les nerfs.
-Quoi? lui aie-je demandé.
-Quoi? m’a-t-il demandé.
-Pourquoi tu me regardes?
-Je me demande juste ce que tu vas faire maintenant.
-(Qu’est-ce que ça peut te faire?)Euh… Je crois que je vais aller voir Cyrianne, comme elle part demain.
-Bon. Je crois que je n’ai pas le choix de te suivre.
-…Tu n’es pas obligé de me suivre.
-Tu te souviens de ce qu’elle a dit? «Dante, je t’ordonne d’aller avec elle! Reste avec elle et protège-la! Ne reviens pas avant qu’elle ait accompli sa mission!»
-Tu veux que j’aille lui parler?
-Elle dort.
-Shit. Bon… Allons chez Cyrianne dans la joie, le bonheur et l’allégresse!
(Si vous n’aviez pas compris, c’était totalement sarcastique, étant donné que Dante n’avait vraiment pas l’air d’avoir envie de m’accompagner.)
-Il y a un endroit où on peut avoir de la boisson ici? m’a-t-il demandé.
-(Il avait en effet l’air d’avoir grandement besoin de boire)…La taverne.


Je n’avais pas l’air partie pour m’en sortir, alors autant faire avec. Nous allions donc devoir faire un petit détour par la taverne. En sortant, nous avons croisé Merek, qui s’était mis sur son 36. Et Kazumi qui est allée s’acheter une jolie robe cet après-midi… J’ai peur de comprendre… J’ai eu l’occasion de confirmer mes soupçons. Dante et moi (je n’aime pas ces mots dans la même phrase) marchions tranquillement quand nous avons vu un carrosse conduit par Will(?) et dans lequel prenaient place Merek et Kazumi. Mon pauvre Merek. Veux-tu bien me dire au nom du ciel ce que tu peux lui trouver? Quoique… Si je suis chanceuse, Kazumi va tomber du carrosse et se faire piétiner par les chevaux. Ouai… Un bouquet de roses, ça fait trop joyeux pour une tombe? J’espère que oui.

Je n’en étais pas à ma dernière surprise. Dans la taverne, il y avait un orchestre qui répétait. Huh?
-Ce n’était pas là avant, aie-je remarqué.
-C’est une demande spéciale! m’a dit Milia.
J’ai peur de comprendre…
-Raven, tu peux me prêter 5 pièces d’argent? m’a demandé Dante.
(Il n’avait pas d’argent pour payer sa boisson. Je m’en foutais alors… Je n’aurai qu’à rajouter ça à sa dette qui se résume à au moins cinq robes déchirées.)
-Ok.
J’ai donné mon argent à Milia et nous avons à peine eu le temps de nous retourner que Merek et Kazumi sont entrés. Il ne me reste plus qu’à leur faire mes bons vœux. Merek, j’espère que tu vas te réveiller et réaliser que Kazumi n’est qu’une folle finie. Kazumi, je te souhaite sincèrement de t’étouffer avec ta nourriture, de t’empoisonner avec ton vin et qu’une bombe te tombe sur la tête avant de que tu n’ais pu manger ton dessert. Le rouge, c’est inapproprié pour un enterrement? J’espère.

Nous sommes repartis vers chez Cyrianne, quand j’ai remarqué des types suspects en armures. Étrange… On n’a pas de soldats ici pourtant… J’ai ensuite vu ce qui ressemblait à Edward, qui se cachait derrière un arbre.
-On voit ton chapeau! lui aie-je crié.
Le chapeau a discrètement disparu.
-On voit ton épée aussi!
Il a tenté de faire disparaître la garde de son épée derrière l’arbre, mais il a dû se rendre à l’évidence que ça ne servait absolument à rien et il est sorti de sa «cachette». Il avait l’air plutôt amoché et semblait saigner.
-Ça va Edward? lui aie-je demandé.
-…Oui! Ce sont mes allergies! Mais ça va mieux maintenant.
-(C’est ça!) Et ça?
J’ai enlevé un peu du «sang» qui coulait avec mon doigt. Ça sentait le sang et ça le goûtait aussi.
-Ne met pas ça dans ta bouche! m’a dit Edward, après que j’ai goûté à son sang.
-C’est sa spécialité de mettre des trucs dans sa bouche, a commenté Dante.
Je n’aurais pas pu ne pas comprendre l’allusion perverse alors je lui ai lancé une roche à la tête pour me venger.
-Ow!
(Tant mieux si ça t’a fait mal p’tit con! Pour quelqu’un qui m’a promis qu’il n’aborderait plus le sujet, tu as une drôle manière de le montrer!)
-C’est du jus de framboise, a dit Edward, parlant de son sang.
-Huh, huh.
-Les framboises poussent dans un cimetière, a-t-il continué.
-Huh, huh… Et tes allergies sont parties là?
-Oui. Je suis allergique au métal. À chaque fois que je me fais pénétrer par du métal, j’enfle.
Je devais être beaucoup plus fatiguée que je ne le pensais, car j’ai aussitôt pensé croche et j’ai éclaté de rire. Je n’étais plus capable de m’arrêter.
-Pourquoi elle s’énerve l’elfe? a demandé Dante à Edward.
-J’ai toujours su qu’elle avait l’esprit tordu, lui a-t-il répondu.
-Désolée! Je suis fatiguée!

Quand je me suis finalement calmée, j’ai pu dire à Edward ce que j’avais vu. Il m’a fait une description assez précise de l’homme qui l’avait at… qui avait causé ses allergies. Ça ne correspondait pas aux hommes que j’avais vus. Je n’avais vraiment une bonne impression à propose de tout ça. Des types en armures qui ne sont pas censés être ici, mais surtout, des types en armures qui sont au même endroit que nous, ça ne peut pas donner de bons résultats. Comme a pu en témoigner le coup de feu que nous avons entendu. Je le savais. Ça venait du terrain près de chez Cyrianne où semblaient se dérouler tous les combats qui survenaient sur cette île. Il faudrait peut-être qu’on enlève la pancarte «Si vous voulez vous battre, venez ici s’il vous plaît»

Il reste juste la bataille de la fin de la game, mais elle n'était pas très longue. Je la rajouterai si j'ai un petit 30 secondes à perdre.

mardi 13 novembre 2007

I see the end


Vénérons tous Véro pour l'image! T'es trop hot Evil DM!

J’ai resserré l’étreinte de mes bras autour de son cou et j’ai enfoui ma tête dans son épaule. Les larmes avaient déjà commencé à couler et je ne voulais pas qu’il le remarque. Il aurait probablement posé des questions du genre «Pourquoi tu pleures Lilianna?» ou «Qu’est-ce qui s’est passé là-bas?». Je ne voulais pas entendre ces mots, car je savais très bien que si quelqu’un me les disait, je sentirais mon cœur son seulement s’arrêter mais aussi se tordre dans ma poitrine.

I failed… I failed all of them… I failed her…

Pourquoi est-ce que je ne peux jamais accomplir ce que je désire? Pourquoi est-ce que tout se déroule toujours à l’opposé de ce que je voudrais faire?

I wanted to protect her. I wanted to repay her for the kindness she had shown me. I wanted to save her... But in the end, I ended up killing her...

Je crois que je comprends finalement ce qu’est ma curse en tant que porteuse d’orbe : je finis toujours par tuer et/ou blesser d’une façon ou d’une autre ceux que j’aime.

Lili 2 n’était qu’une jeune fille innocente. Un petit bout de femme de quinze ans qui avait toute la vie devant elle. Si vous aviez vu ses yeux terrorisés à l’idée de se faire vendre comme esclave, vous auriez réagi comme moi. J’ai voulu lui donner mon morceau de pain et nous nous sommes fait battre. Quand j’ai voulu venger cette femme qui venait de se faire violer et que le garde a commencé à me tabasser avec un bâton, vous auriez dû la voir, du haut de ses quinze ans, venir ordonner à l’homme de me laisser tranquille. Elle était magnifique. J’aurais aimé avoir autant de courage qu’elle à cet âge.

Mais c’est ce courage, ce désir de me protéger, qui a causé sa perte. J’ignore ce qui est advenu d’elle. Ils l’ont probablement violée, battue et ensuite tuée. Lili 2 est sans doute morte…

And I’m the one who killed her…

Et je n’ai même pas pu sauver ces autres femmes qui avaient été achetés par le bédouin pervers. Je les ai toutes laissées là. Elles sont probablement toutes mortes aussi… Toutes mortes à cause de moi… Où que je regarde, j’ai l’impression de ne voir que la mort.

Tout le monde meurt autour de moi…

J’aurais dû laisser le bédouin faire ce qu’il voulait de moi. Je le méritais. J’aurais peut-être même dû lui dire «Déjà fini?». Oui, j’aurais dû le laisser faire. Je sais que j’aurais eu mal, mais je l’aurais mérité. Lili 2 et toutes ces autres femmes sont mortes à cause de moi.

I’m a monster… I deserve to suffer.


Je n’aurais pas dû m’enfuir avec Lou. J’aurais dû demander à Nakago qu’il m’achève avec son épée. Lili 2 aurait toujours été en vie. Ça serait peut-être aussi la meilleure chose pour Nakago. Chanceuse comme je suis, je vais finir par le tuer lui aussi. La curse de Sigma n’est peut-être pas une si mauvaise idée finalement… Si Nakago m’oublie, il ne souffrira plus à cause de moi. Il souhaite probablement m’oublier en ce moment.

C’est sans doute ce qu’il y aurait de mieux. Dieu sait que j’aime cet homme et que je ne désire rien d’autre que de passer le restant de mes jours avec lui, mais lui de l’autre côté, souhaite probablement m’oublier. Pourquoi voudrait-il d’une femme dont le principal talent semble être de lui faire honte en se faisant souiller par tous les hommes qu’elle rencontre? Oui… Ça doit être pour ça qu’il ne me touche plus et qu’il ne me dit plus qu’il me veut. Il n’a plus envie de moi. Il n’a sans doute pas osé me le dire parce que j’avais si désespérée quand on s’est revus que c’en était pathétique. Qu’est-ce que je ferai s’il me dit ça? S’il me demande de lui redonner sa bague?

… … … … … …

Je n’aurai pas le choix de faire ce qu’il me demande. Ensuite, je crois que je me trancherai les veines avec la première dague que je trouverai. Ce sera mieux ainsi… Le monde sera mieux ainsi. Nakago mérite une gentille fille qui pourra le rendre heureux et lui donner une famille. Deux choses que je suis incapable de faire…

mercredi 7 novembre 2007

Life


mardi 6 novembre 2007

Raven 46: J’ai un chevalier servant? No, not really.

Tout le bruit a fini par réveiller Fiona, qui s’est levée pour aller voir ce qui se passait dehors. Je l’ai retenue par le bras pour l’en empêcher.
-Non! Non! Tu ne voudrais pas aller déjeuner?
Elle a touché l’émeraude quelques secondes.
-C’est fait! m’a-t-elle dit.
-Ok…
Dante est arrivé dans la chambre avec un plateau sur lequel il n’y avait que du pain, du beurre et une orange.
-Mmmm…
-Quoi? m’a-t-il demandé.
-Ce n’est pas super comme présentation.
-C’est le mieux que je pouvais faire en 15 secondes!
-…Dans ce cas, c’est pas mal!

J’ai quand même préféré emmener Fiona en bas pour tenter de lui préparer un petit déjeuner un peu plus complet. Je ne suis pas une experte en cuisine, très loin de là, mais je ferai sans doute mieux que Dante. En chemin, j’ai croisé Edward, Nico et Saya qui se rendait dans le bureau de Millénia. Peu importe, j’avais d’autre priorités en ce moment. J’ai pris quelques œufs et j’ai préparé une omelette. Enfin… ce qui aurait dû en être une. Dante est venu nous rejoindre.
-Désolée, me suis-je excusée.
-Pourquoi?
-Parce qu’on n’a pas aimé ta présentation.
-C’est pas grave! Je m’en fous!
-…Tu veux manger quelque chose?
Fiona l’a regardé plutôt intensément sans rien dire.
-Ok, m’a-t-il répondu.
Il va vraiment falloir que j’apprenne à cette gamine à ne pas se servir de l’orbe pour obliger Dante à faire ce qu’elle veut.

J’ai servi une portion à tout le monde et nous avons mangé.
-De la bouillie d’œufs! a commenté Dante.
-Hé! Je n’ai jamais dit que j’étais une experte!
(J’ai fait du mieux que je pouvais!)
Le repas terminé, il était temps pour moi que je me rende chez Cyrianne.
-Vous voulez venir? aie-je demandé à Fiona et Dante.
-Non, pas vraiment, m’a répondu Dante.
-Tu veux aller te promener en forêt? Lui a demandé Fiona.
-Ok.
(Oui, il faut définitivement que j’aie une petite discussion avec Fiona.)

Je suis donc partie seule chez Cyrianne. En entrant, j’ai vu Edward, Kazumi et Lotus qui semblaient avoir une discussion des plus fascinantes au sujet d’un poisson. Cela semblait enchanter Saï au plus haut point, mais j’ai préféré ne pas m’en mêler.

Toc, toc.

-Kaz…? a commencé Cyrianne en ouvrant la porte.
Quand elle a vu que c’était moi, elle m’a aussitôt demandé d’entrer. Elle a refermé la porte derrière nous et elle est retournée vers le berceau. Elle a fini d’enlever un bandage imbibé de sang du dos de sa fille.
-Je te le redemande : es-tu certaine que tu veux que j’emmène tes enfants chez En?
-Oui. Kazumi a dit qu’ils allaient essayer de ramener Cédric. Je vais partir avec eux.
-D’accord. Tu es certaine que ça va aller? Parce qu’hier, tu parlais comme si tu allais mourir…
-Si je pars avec Kazumi, c’est sûr que je vais mourir!
-…
(Almost funny)
-Tu veux que je parte quand? lui aie-je demandé.
-Je ne veux pas que les autres soient au courant, alors après mon départ.

-Tu veux que je fasse quoi une fois là-bas? «Salut! Je suis venue porter les bébés à Cyrianne!»
-Confie-les à ma mère.
-Tu veux que je lui fasse un message?
-…Non, il n’y a rien à dire.
-…Ok.
-Il serait peut-être préférable que tu aies une escorte.
-Ok.
-Tu sais mettre des bandages?
-Euh… Je peux toujours essayer! Ça veut dire non.
Nous nous sommes mises à deux pour refaire le bandage et le résultat était quand même assez potable.
-Tu veux que je reste avec toi? lui aie-je demandé.
-Non. Je veux passer un peu de temps avec eux. Je les aime tellement, si tu savais.
-…
(J’en ai une petite idée. Ce ne sont pas mes enfants et je les adore. Qu’est-ce que ça serait si c’était le cas?)
-Ne t’en fais pas, m’a dit Cyrianne, je suis certaine que ça t’arrivera un jour.
-Parti comme c’est là…
-Il te reste beaucoup de temps, beaucoup plus que moi qui vais mourir dans cinq ans.
-…
(Arrête de parler comme ça.)

Je suis sortie dehors et je suis retournée vers le manoir. J’y ai rencontré le groupe.
-C’est Ravan! a dit Lotus.
-…
(Pourquoi moi?!)
-Raven, ça va aujourd’hui? m’a demandé Edward.
-Oui. Pourquoi ça n’irait pas?
-C’est vrai, tu n’étais pas très proche de…
-En fait, on n’a pas vraiment eu le temps d’apprendre à se connaître.
Ils m’ont appris qu’ils avaient l’intention d’aller chercher le corps de Cédric et d’ensuite se servir des émeraudes pour le ramener. Ils partaient demain matin.

Je suis tout de suite retournée voir Cyrianne. Elle sortait de chez elle.
-Tu sais ce qu’ils veulent faire? lui aie-je demandé.
-Oui, Kazumi me l’a dit.
-Tu es certaine que tu veux que j’aie une escorte?
-Ça dépend… Crois-tu être capable de protéger les enfants de l’archimage de tous les mages mauvais de ce monde?
-Euh… Dit comme ça, non. Mais si tout le monde part, ça me laisse une gamine de onze ans et un amnésique.
-C’est vrai, Dante est revenu.
-Oui.
Je lui ai raconté brièvement comment Fiona avait trouvé l’émeraude et ensuite ramené Dante.
-Toi, ça va? m’a-t-elle demandé.
-…Oui, je m’en fous!
-Tu es certaine?
-Oui.
-Ok. Si tu le dis, je vais te croire C’est vrai que la gamine lui fait faire tout ce qu’elle veut?
-Oui. C’est vraiment drôle!

Parlant d’eux, nous finissions de parler quand Dante est arrivé dans notre champ de vision. Il transportait un ours qui semblait mort sur son dos.
-Tiens, en parlant de mon escorte…
-Raven! Tu veux m’aider à sortir la fillette de là? m’a demandé Dante. Elle s’est fait avaler par l’ours!
-Quoi? Bon… Je vais aller avec mon escorte…
-Euh… Je vais voir si je ne peux pas trouver des mercenaires pour pas cher, m’a dit Cyrianne. Je me demande seulement si je pourrai en trouver pour 30 pièces d’argent…
-Vois ce que tu peux trouver et reviens me voir avec le prix.
-Ok.
Je suis repartie avec Dante et nous sommes allés dans la cuisine. Rappelez-moi de ne plus le laisser seul avec Fiona! Dante a déposé l’ours par terre et…
-Bouh! a fait Fiona en sortant de sous l’ours.
-…Quoi?
-C’est une blague que Dante et moi on a faite! Tu as eu peur?
-J’ai eu peur que tu te sois fait manger par l’ours, oui!
-Tu manges de l’ours? m’a demandé Dante.
-Moi? Non, mais peut-être que quelqu’un d’autre dans la maison…
-Tu vois? a dit Dante à Fiona. Je t’avais dit qu’elle n’en mangeait pas! C’est une elfe, elle mange du gazon!
-Des légumes, qu’on dit! Des légumes!
Dante a donné quelques coups à l’ours et ce dernier s’est sauvé dans la forêt. Quoi? Il n’était même pas mort? Ils voulaient me donner un ours encore vivant à manger?
-Et c’est ça qui va être mon escorte…?

-Comment ça? m’a demandé Fiona.
-Je… dois faire une mission.
-…Dante! Tu dois aller avec elle!
-Quoi? Euh, non.
(Dante n’avait pas l’air trop d’accord non plus.)
-Dante, je t’ordonne d’aller avec elle! lui a dit Fiona. Protège-la et assure-toi qu’il ne lui arrive rien! Ne reviens pas tant qu’elle n’aura pas fini sa mission!
-Euh… ça va aller. Je suis une grande fille et je peux m’en sortir toute seule.
-Mais il faut qu’il aille avec toi! Sinon… Sinon…
-Sinon quoi? lui aie-je demandé.
(Elle semblait presque au bord des larmes.)
-Ça n’a pas l’air de lui tenter, lui a dit Dante. Et puis si je pars, qui va s’occuper de toi?
-Je ne risque pas de me faire attaquer sur cette île.
-…Tu serais surprise, lui aie-je dit.
-Et puis la dame en blanc a dit que je pourrais rester chez elle. Et quand j’aurais faim, je n’aurai qu’à fouiller dans le frigidaire.
-Tu es certaine que ça va aller? lui aie-je demandé. Tu pourrais venir avec nous…
-Pour vrai? Je pourrais venir?
Elle avait pleins d’étoiles dans les yeux.
-Et bien…
Derrière elle, Dante me suppliait silencieusement de dire non.
-En fait, aie-je commencé, ça risque d’être dangereux. Alors tu ferais peut-être mieux de rester ici.
-Ce qu’il y avait à la ville du nord, ce n’est rien comparé à ça, a ajouté Dante.
-Oui, il va y avoir des gros monstres, aie-je aussi dit.
-Oh…
-Mais je te promets de tout te raconter quand on reviendra!
-Vous allez tout me raconter?
-Oui, promis!
-Ok.
-Ne compte pas sur moi pour rester collé à tes basques, m’a chuchoté Dante.
-Génial. Si… Si on se rend dans une ville, veux-tu qu’on te rapporte quelque chose?
Fiona a regardé ses vêtements, ou plutôt ses loques.
-Des vêtements, ça serait bien, m’a-t-elle répondu. Je n’ai que ces haillons.
-Penses-tu vraiment que je vais attendre d’être dans une autre ville pour ça?
Je l’ai saisie par le poignet et je l’ai entraînée au magasin de Muerte. En regardant, j’ai vu Dante qui nous suivait. Il n’avait pas l’air plus heureux que ça d’être là, mais au moins, il pourrait nous aider à transporter les paquets. Je vais regarnir le garde-robe de Fiona et ensuite, je me préparerai à partir. Direction la capitale!

Wisdom (or the lack of it)


Mediaeval Match 4


samedi 3 novembre 2007

Raven 45: Love 101-Poisson, douleur et curse

J’ai finalement dit tout ce que j’avais à dire à Dante, sans oublier aucun détail croustillant. Je lui ai absolument tout raconté des deux nuits que nous avions passées ensemble. J’ai senti le rouge me monter aux joues. Oh mon dieu… Qu’est-ce qui m’a pris de lui raconter tout ça?
-Alors… Comme ça tu cries comme une démone? m’a-t-il demandé.
-Euh…
Je suis devenue rouge tomate. Pourquoi je lui ai dit qu’il arrivait à me faire crier super fort? Et surtout que j’aimais crier pour lui?
-Je pensais que les elfes étaient silencieuses?
-Euh… Euh…
Je n’avais pas de miroir, mais si j’en avais eu un, je suis certaine que j’aurais constaté que mon teint était encore plus rouge. Ma peau était maintenant totalement assortie à mon gant.
-Est-ce qu’on pourrait juste oublier que j’ai dit tout ça?
(Je me sentais horriblement gênée et j’osais à peine le regarder.)
-I won’t! m’a dit Kira.
(Ta gueule!)

Pourquoi il est tout le temps là et surtout, au mauvais moment? Oh mon dieu… J’ai commencé à avoir pleins d’images de Kira qui m’observait quand je… Est-ce que ça veut dire qu’il était là quand… j’étais avec Spartan?
-J’ai pleins d’images dans ma tête! Aaaah! Je crois que… je vais aller prendre l’air!
Tout pour éviter de rester dans la même pièce que Dante.
-Ça va aller? m’a-t-il demandé?
-…Bien sûr!
Je suis sûre que je suis parfaitement capable de marcher toute seule! Tu vois? Le plancher bouge à peine! C’est comme si j’étais sur le pont d’un bateau. Tout va bien aller… Mais… Des escaliers? Mmmm… Ça ne devrait pas me poser trop de problème. Il faut seulement que je pose un pied en avant de l’autre sans me tromper. Ok… Here we go!
-Attends, je vais t’aider, m’a dit Dante.
Il a passé son bras autour de ma taille et m’a soutenue jusqu’au banc qui se trouvait devant la maison. Je ne lui aurais jamais avoué, mais je n’y serais jamais arrivée sans lui.

Je me suis laissée tombée sur le banc comme une roche et Dante s’est assis à côté de moi. Pourquoi tu restes là? L’air frais avait beau me faire du bien, je me sentais toujours aussi gênée et j’aurais préféré de loin être seule.
-Si ça peut te rassurer, m’a-t-il dit, je n’aborderai plus le sujet avec toi.
-…Ok! C’est bien!
(Il a un peu plus de savoir-vivre que Kira.)
-Alors, tu veux faire quoi avec la petite? m’a-t-il demandé. L’adopter?
-Quoi? Euh… Je ne sais pas…
Je dois avouer que je ne n’y ai pas pensé un seul instant. J’ai un désir tellement intense de sauver tous les enfants que je rencontre que je n’ai pas songé aux conséquences. J’aurais peut-être dû. L’adopter? Je ne sais pas… Peut-être… Mais il y a Dante, qui est toujours en train de s’en occuper.
-Ce n’est pas comme si j’avais le choix! m’a-t-il dit. Elle a l’émeraude!
-Tu as essayé de la prendre?
-Tu penses que je n’ai pas déjà essayé?
-…Je pourrais le faire pour toi, mais je ne crois pas que ce soit une bonne idée.
-À cause du gant?
-Oui.
(Je ne veux pas imaginer ce que Kira ferait avec cette pierre.)

Pourquoi je lui ai proposé ça? Pourquoi je suis en train de lui parler tout court? Je suppose que, comme j’ai déjà dit, je préfère sa compagnie à celle de Kazumi ou de Kira. Ça me fait bizarre de me dire que je n’ai pas envie de tuer la personne avec qui je parle en ce moment. Ça me fait changement! Une minute… Je retire ce que j’ai dit!
-Quoi? La petite était réveillée?
-Oui, sa respiration était différente, m’a dit Dante.
-Quoi? Ça ne te tentait pas de me le dire? On ne parle pas de ce genre de chose devant une fillette de onze ans!
-Ce n’est sans doute pas bien différent de ce qu’elle a pu entendre dans un bordel.
-…
(That’s not the point! Une enfant ne devrait pas entendre des choses comme ça! Je sens que je vais mourir de honte, littéralement. Je n’oserai plus jamais regarder Fiona en face. P’tit con Dante! En plus, il a osé finir le restant de ma bouteille de bleurk. Je m’en fous que j’en avais bu la plus grande partie! C’était quand même ma bouteille!)
-Bon! Je crois que je vais aller faire un tour! aie-je décidé en me levant.
-Tu es certaine que ça va aller?
-Bien sûr!
À l’instant où j’ai dit ça, j’ai buté sur une roche et j’ai effectué un magnifique vol plané sur le sol.
-Ow, ça fait mal.

Le bref moment d’humiliation passé, je me suis relevée et j’ai continué mon chemin. J’ai préféré ne pas regarder en arrière. Dante devait tellement se foutre de ma gueule. J’ai marché sans but jusqu’à ce que je vois Yondalla (qu’est-ce qu’elle fait là?) devant la maison de Cyrianne en train de dessiner dans le visage de Merek, qui semblait endormi. That looks like fun! Je suis allée la retrouver pour l’aider à épancher son talent artistique.
-Salut!
-Salut!
-Tu as d’autres crayons?
-Tu es certaine? Tu es soûle!
-...Ça va aller!
Elle a pesé sur mon ventre et j’ai senti mon estomac se soulever. Don’t do that please. Je lui ai finalement emprunté un crayon et j’ai commencé à gribouiller sur le côté du visage de Merek qui était toujours intact.
-You know I’m still awake, right? nous a demandé Merek.
-Yes, we know! lui a répondu Yondalla.
Merek nous a finalement arraché les crayons des mains et il s’est essuyé le visage. Oooh… T’es plate!

-Est-ce que je suis le seul à avoir pensé à dire à Cyrianne que son mari était mort? m’a demandé Merek.
-Oh shit
(Ça m’est complètement sorti de la tête. J’étais tellement absorbée par mes propres problèmes que je n’ai pas… Quelle conne je suis! Je suis vraiment une mauvaise amie!)
-…Comment elle va? aie-je demandé à Merek.
-Elle est enfermée dans sa chambre.
-…
Pauvre Cyrianne. Je suis désolée. J’aurais dû être là pour toi. S’il y a quelqu’un qui peut comprendre ce qu’on ressent quand on perd quelqu’un qui a autant d’importance. J’étais en train de culpabiliser intensément quand j’ai entendu les bébés pleurer. Et personne ne semblait faire quoi que ce soit pour les consoler. Je suis allée cogner à la porte, mais personne ne m’a répondu. Je ne me suis pas cassée la tête et j’ai ouvert la porte.
-Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, m’a dit Merek. Tu es soûle.
-Je suis peut-être soûle, mais je suis quand même capable de m’occuper d’enfants!
Je suis entrée et je me suis dirigée vers les pleurs des bébés.
-Il y a quelqu’un? a demandé Merek. Les bébés pleurent et l’elfe soûle veut s’en occuper!
Je suis montée à l’étage et j’ai pu voir une des scènes les plus bizarres que j’avais jamais vue. Cyrianne avait un couteau dans les mains et était en train de tracer un dessin quelconque dans le dos de sa fille. What the fuck? Merek est venu me rejoindre et j’ai vu sur son visage un sourire vraiment sadique. Pourquoi tu souris comme ça?

J’ai voulu allée voir de plus près ce qui se passait, mais Merek a mis sa main sur mon épaule et m’en a empêchée. Quand Cyrianne a finalement terminé son dessin, Iguirna et sa fille se sont occupée de la petite.
-Qu’est-ce qui se passe? aie-je demandé.
Cyrianne, le visage totalement ravagé par la douleur, s’est tournée vers moi.
-J’ai fait un choix, m’a-t-elle répondu.
-Un choix?
Quel choix? Tu as décidé lequel de tes enfants allait être cursé? Je ne comprends pas. Je ne comprends rien en fait.
-Tu as dit que tu t’occuperais de mes enfants s’il arrivait quoi que ce soit à Cédric ou à moi, n’est-ce pas?
-Bien sûr…
(Mais pourquoi tu parles comme si tu allais mourir?)
-J’aimerais que tu emmènes mes enfants chez En. Et quand la curse s’activera, je voudrais que tu ailles chercher ma fille.
-…Quoi? Tu es certaine que c’est une bonne idée?
-Il est le seul qui pourra les protéger.
-Ok…
Elle m’a tendue un paquet.
-Le moment venu, tu lui donneras, m’a-t-elle demandé.
J’ai ouvert le paquet et j’ai vu une vieille épée qui était plutôt en piteux état.
-Je peux la peinturer? aie-je demandé à Cyrianne.
-Je te promets que le moment venu, tu comprendras.
-Ok… Et je suppose que quand la curse s’activera, je n’aurai qu’à aller voir En, lui demander de me donner ta fille et il acceptera?
-Je ne sais pas.

J’ai promis à Cyrianne de m’occuper de ses enfants et je suis partie. J’ai retrouvé Merek et Yondalla à l’extérieur de la pièce. Cette dernière m’a dit qu’elle pouvait se rendre chez son boss n’importe quand. J’aurais pu partir chez En à l’instant si j’avais voulu.
-Je devrais peut-être attendre à demain matin, quand je ne serai plus soûle.
-Et que la maman aura retrouvé ses esprits, a ajouté Merek.
-Oui… Demain matin…
Je suis sortie dehors, très perturbée par ce qui venait de se passer. Dante m’attendait devant la maison.
-Dante? Qu’est-ce que tu fais là?
-Je me demandais où tu étais passée.
-J’étais ici…
-Tu vas aller te coucher?
-Oui…
-Je vais t’aider.
Il m’a encore saisie par la taille et m’a aidé à marcher. J’étais beaucoup trop perturbée par ce que je venais de voir pour le repousser.
-Je peux marcher tout seule…
-Je sais, mais tu as l’air… spéciale.
-…
Ça, c’est normal. Si tu savais seulement ce qui venait de se passer, tu comprendrais pourquoi je suis aussi «spéciale» en ce moment.

Nous étions presque arrivés à destination quand Lotus est venue nous voir. Elle n’a pas été contente d’apprendre que nous avions bu du bleurk sans elle.
-Vous avez bu du bleurk et vous ne me l’avez même pas dit?
-Pourquoi crois-tu que je ne te l’ai pas dit? lui aie-je demandé. La dernière fois que je t’ai dit que j’avais du bleurk, tu m’as volé ma bouteille!
-C’était peut-être une de mes bouteilles? a-t-elle suggéré.
-Non! En fait… Je ne me souviens pas où j’ai trouvé cette bouteille. Je te l’ai peut-être volée? Je suis désolée. Il t’en manque?
-Non.
-Ok!
Lotus a ensuite eu une demande des plus spéciales : elle voulait savoir ce que le mariage était. Ok…J’étais très bien placée pour lui raconter, mais…
-Écoute Lotus, je suis complètement soûle, alors je risque de te raconter n’importe quoi. Repose-moi la question demain.
Je suis partie en direction de la maison, mais…
-Tu pourrais lui raconter! m’a dit Dante. Comme ça, tu pourras la corrompre comme tu as corrompu la petite!
J’ai aussitôt fait demi-tour, car je craignais que Dante ne lui raconte ce que je lui avais dit ce soir.
-On m’a dit que le mariage c’était comme manger des poissons, qu’on n’avait plus faim et qu’on avait mal aussi.
-C’est ça! lui aie-je dit. C’est comme une curse!
-Quoi? C’est une curse aussi?
-Tu as parlé à Edward, toi? lui a demandé Dante.
-Oui.
(J’aurais dû m’en douter.)
-Bon… Je crois que je vais aller demander à Kazumi.

Elle est finalement partie et moi j’ai pu aller me coucher. J’ai simplement enlevé mes bottes et je me suis laissée tombée sur le lit. Comme la voix off m’a dit, j’aurais pu me coucher toute nue. Après tout, il n’y avait rien que Dante n’avait pas déjà vu, senti, touché… C’est vrai, mais on n’est plus dans une relation où il peut me regarder sans mes vêtements. Et puis Fiona est là. Je lui ai déjà assez donné un mauvais exemple, je ne voudrais pas empirer les choses! J’ai pris à peu près cinq minutes à m’endormir et pour une rare fois, je n’ai pas fait de rêves bâtards. C’est sans doute pour ça que j’ai eu un réveil perturbant, pour compenser. Des voix venant de la cour m’ont tirée de mon sommeil et je suis allée voir ce qui se passait. D’après ce que j’ai vu et entendu, Millénia avait essayé de ressusciter Cédric. La pile de cadavres m’indiquait qu’elle était loin d’avoir réussi. Elle a dit que c’était à cause de la magie de sa sœur. Ça fait une chose de plus à faire, essayer de ramener Cédric! Je suis désolée, mais vous devrez vous débrouiller sans moi, en tout cas pour l’instant. Je dois d’abord et avant tout tenir la promesse que j’ai faite à Cyrianne. J’espère seulement que si vous réussissez à ramener Cédric, que ce dernier ne m’en voudra pas d’avoir amené ses enfants chez son père. I just hope it’s the right thing to do…

jeudi 1 novembre 2007

Les aventures des deux tatas-Part one

J’ai attendu le long tunnel avec la lumière au bout, mais il n’est jamais arrivé. À la place, j’ai ouvert les yeux sur un plafond de bois. Huh? J’avais le goût délicieux du sang dans la bouche (ça me manquait!) et mon dos me faisait atrocement souffrir.
-Est-ce que je suis morte? Ow! Non, j’ai trop mal pour être morte.
C’était surtout mon dos qui me faisait mal, mais c’était comme si la douleur se propageait tranquillement pas vite à tout le reste de mon corps. J’étais totalement incapable de me lever. Je pouvais à peine bouger mes doigts et mes orteils, mais je n’irais pas loin avec ça. J’ai très péniblement réussi à tourner ma tête d’un côté et de l’autre pour observer mon environnement. J’ai pu voir une fenêtre, une porte, ainsi qu’une table, une chaise et une table de chevet. De plus, il semblait faire très chaud à l’extérieur. Je suis où? Il ne faisait pas si chaud que ça où on était… Muuu…

J’ai recommencé à contempler le plafond en me demandant où diable j’étais rendue. Où que ce soit, il faut que je prenne ça positif : je suis toujours en vie. Ça veut dire que j’ai une chance de revoir Nakago et de lui expliquer ce qui s’est vraiment passé. J’ai toujours peur qu’il oublie un souvenir de moi si je lui en parle, mais au point où j’en suis rendue, je préfère qu’il oublie un souvenir qu’il continue de penser que je suis allée le retrouver uniquement pour les clés. Reste à espérer qu’il me laisse placer un mot… Je ne pouvais absolument rien faire d’autre que contempler le plafond, alors j’ai commencé à compter les craques dans les planches de bois. Que c’est palpitant. Venez m’achever quelqu’un…

J’en étais rendue à la 91e craque quand des pas venant vers ma chambre m’ont distraite. Zut, j’ai perdu le compte. Une jeune fille aux cheveux roux et à la peau très basanée est entrée. Elle s’est approchée de moi et a paru plutôt étonnée de me voir réveillée.
-Papa! a-t-elle crié. Elle est réveillée!
-Qu’est-ce que tu as dit? lui a répondu un homme.
-Elle a dit que j’étais réveillée! aie-je crié.
D’autres pas sont venus vers la pièce et un homme est entré. Il avait perdu une de ses jambes au niveau du genou et se déplaçait à l’aide de béquilles. Tout comme sa fille, il avait la peau assez foncée et les yeux rouges. Ce sont les très physiques des gens du coin?
-Ah! Vous êtes finalement réveillée! Lilianna, va lui chercher de la soupe.
-…Quoi? n’aie-je pu m’empêcher de dire.

La jeune fille est sortie et j’ai regardé son père avec de grands yeux.
-Elle s’appelle Lilianna? lui aie-je demandé.
-Oui, comme sa mère.
-Je n’ai jamais rencontré d’autres Lilianna et là, il y en a partout.
-Vous vous appelez aussi Lilianna?
-Oui.
-Il faut croire que c’est commun.
-Oui…
(J’en connais un qui serait tellement content de l’apprendre. Hé, Julius! J’ai trouvé un village plein de Lili!)
-C’est quoi votre nom à vous?
-Old Marcus.
-Enchantée.

Tandis que Lili 2 revenait avec un plateau et un bol de soupe, j’ai continué à poser des questions à Marcus. J’ai ainsi appris que j’étais là depuis deux jours. J’avais été soignée du mieux qu’ils pouvaient, mais mes blessures… Ne vous en faites pas, moi ça ne m’étonne pas qu’elles ne se referment pas. Quant à l’emplacement exact de ce village (qui n’avait pas de nom), il se situait au sud d’Eomis, tellement au sud qu’il n’était même pas sur la carte. Pouvez-vous me dire, au nom du ciel, ce que je fous ici? Et où est…?
-Est-ce qu’il y avait quelqu’un avec moi? Un homme aux cheveux bleus?
-Oui, m’a répondu Marcus. Il n’y avait pas assez de place pour vous deux ici, alors des voisins l’ont pris chez eux. Il va bien, ses blessures se sont refermées.
-… … Quoi?
C’est quoi cette affaire-là? Comment ça, ses blessures se referment? Il va tellement m’entendre quand je vais le revoir.
-Maintenant que vous êtes réveillée, je vais pouvoir vous présenter aux autres, m’a dit Marcus.
-Aux… autres?
-Au reste de ma famille, à mon fils Neo. Il est malheureusement parti chasser en ce moment.

Marcus est sorti et je suis restée seule avec Lili.
-Tenez, mangez. C’est de la soupe aux vers des sables.
-…
(De… la soupe aux vers des sables? Est-ce que j’ai envie de manger de la soupe au truc qui a tué le cheval de Jillian? Ils m’ont quand même recueillie, alors le moins que je puisse faire, c’est de me montrer polie et de manger la soupe en disant «Hmmm, c’est bon!». J’ai pris la première cuillérée avec appréhension. À mon plus grand étonnement, c’était excellent. C’était même la meilleure chose que j’avais jamais mangée. J’avais toujours aussi mal, mais ce plat des plus exotiques me fit le plus grand bien. J’ai tout avalé. Lili ne disait rien et se contentait de m’observer avec de grands yeux remplis d’admiration.
-Vous êtes vraiment belle! m’a-t-elle dit.
-Euh… merci. Toi tu es vraiment mignonne.

Lili me regardait toujours avec des yeux immenses, comme si c’était la première fois qu’elle voyait quelqu’un comme moi. En fait, si je me fiais à son père et à elle, les gens par ici avaient tous la peau plutôt foncée et les yeux rouges. Je devais donc en effet représenter une vision rare, avec ma peau blanche et mes yeux mauves.
-Alors, tu t’appelles Lilianna?
-Oui, comme ma mère.
-Ta mère s’appelait aussi Lili?
-Oui. C’était la guérisseuse du village
-…«C’était»?
-Oui. Elle était allée soignée un enfant et elle s’est fait dévorée par un ver des sables.
-Oh… Je suis désolée. Moi je connais quelqu’un dont le cheval s’est fait dévorer par un ver des sables.
-Un… «cheval»?
-Oui. C’est un animal à peu près grand comme ça, à quatre pattes et on grimpe dessus pour voyager.
-On n’a pas ça ici. On a plutôt des lézards. Le mien s’appelle Spike.
-Spike?
(En fait je devrais plutôt dire : Des lézards?)

D’un côté comme de l’autre, nous n’en avions pas fini avec les surprises.
-Alors, vous venez d’où? m’a demandé Lili.
-Il y a la ville d’Eomis, plus au nord il y a les montagnes et moi je viens d’au nord des montagnes.
-Mais qu’est-ce que vous faisiez là?
-J’étais… prise dans une grande bataille.
(Mieux vaut ne pas entrer dans les détails.)
-Ici, on se fait attaquer par les vers des sables et par des bandits.
-Il y a souvent des bandits?
-Oui.
-…Je ne pourrai même pas aider!
(J’avais un feeling que ça risquait d’arriver pendant mon séjour ici, mais vu ma grande forme, je ne pourrais rien faire.)
-Mais pourquoi le feriez-vous? C’est aux hommes de le faire!
-…Quoi? Mais non! Toux ceux qui peuvent se battre le font!
-Mais… Qui va défendre les plus faibles?
-Et bien… Nous, nous les avons emmenés dans les montagnes pour qu’ils se cachent…
-Ah bon.

Ils sont très gentils ici, mais laisser les hommes se battre? Les femmes sont autant capables que les hommes de se battre! Mais moi, je ne peux pas me battre en ce moment!
-Parce que mes blessures à moi ne se referment pas! Et je vais sans doute mourir au bout de mon sang!
J’ai commencé à me parler toute seule à haute voix et Lili m’a laissée seule dans mon délire. Elle a dû penser que j’étais devenue complètement folle. Je vais avoir tellement de choses à te demander quand je vais te revoir Lou.
-Où es-tu Lou? Lou? Lou?
Des rires d’enfants sont parvenus à mes oreilles. En tournant la tête, j’ai vu environ six enfants empilés les uns sur les autres derrière la fenêtre.
-Elle est jolie! a dit l’un d’eux.
-Pourquoi vous vous cachez? leur aie-je demandé.
-Hiii!
Ils se sont tous sauvés comme s’ils avaient le diable à leur trousse.

La porte s’est ouverte et Marcus est entré.
-Le chef du village voudrait vous voir, m’a-t-il dit.
-D’accord.
-Est-ce que ça va aller?
-…Oui.
J’avais l’impression que je serais capable de me lever, mais dès que je me suis relevée sur mes coudes, j’ai dû me laisser retomber.
-Ow, j’ai mal.
-Tenez.
Il m’a tendu une fleur que je n’avais jamais vue auparavant.

-Mangez-la, m’a-t-il dit.
-Euh…
-C’est une fleur très rare qui ne pousse qu’autour de mon village.
Je regardais la fleur d’un air incertain. D’abord de la soupe au ver des sables et maintenant une fleur exotique?
-…Il faut que je mange juste les pétales ou…?
-Il faut manger toute la fleur! Surtout le pollen.
-Ok…
(Désolée Sheyenne!)
J’ai mangé la fleur, petit bout par petit bout, et à mon grand étonnement, elle était délicieuse. Avant d’avoir terminé la fleur, j’ai senti la douleur diminuer jusqu’à ce qu’elle disparaisse. J’ai pu ensuite me lever sans problème. J’ai pu constater qu’on m’avait mis de nouveaux vêtements. Dieu merci, car vu l’état de ma robe, je ne serais pas allée bien loin. J’étais maintenant vêtue d’une chemise blanche qui découvrait mes épaules (mais pas ma marque) et d’une jupe lilas très ample. Une ceinture turquoise très large et un foulard mauve passé autour de ma taille complétaient le tout.

Marcus m’a emmenée à l’extérieur, où un soleil de plomb m’a aussitôt tapé sur la tête. Je ne crois pas jamais avoir connu une telle chaleur. Cela n’empêchait pourtant pas les enfants de jouer et de me tourner autour comme si j’étais une bête curieuse.
-Elle est jolie! a dit l’un d’entre eux.
-Je vais me marier avec elle! a décidé un petit garçon de six ans.
-Tu es trop jeune pour te marier, lui sa dit sa mère.
-Rappelle-le-moi dans vingt ans et on verra, aie-je dit au petit garçon.
-Tu vois? Elle est d’accord! a-t-il répliqué à sa mère.
-Pardonnez-lui, s’est excusée sa mère.
-Ça va, lui aie-je répondu.
(Comment pourrait-on leur en vouloir? Ils sont tous si adorables. Ils me rappellent ce que je ne connaîtrai sans doute pas avec ma fille. God I miss her…)

Les habitations étaient faites assez simplement. J’ai aussi remarqué qu’il ne semblait pas y avoir beaucoup de jeunes gens dans le village. Étrange… J’ai été emmenée à une tente un peu plus grande que les autres. À l’intérieur, il y avait un homme avec une longue barbe. Il s’appelait Saïd et c’était le chef du village. Il voulait savoir ce qui se passait d’où on venait, alors je lui ai résumé rapidement la situation : grosse guerre, beaucoup de morts et ben, ben de la shit. Nous avons été rejoints par un jeune homme aux cheveux verts, qui était suivi de Lou, lui-même suivi d’un troupeau de filles. Pauvres filles, Lou semblait totalement indifférent à elles.
-Salut Lou! aie-je dit à ce dernier. Alors, il paraît que tes blessures se guérissent? C’est bien!
-…Oui…
-Je vous présente Neo, le fils de Marcus, m’a dit Saïd.
-Enchantée, lui aie-je dit en lui serrant la main.
-Enchanté.

-C’est Neo qui vous a trouvés dans les montagnes. S’il ne vous avait pas ramenés, vous auriez été brûlés par le soleil.
-Ou dévorés par les vers des sables.
-Oui. Mais la déesse du désert veillait sur vous.
-Déesse?
-Oui, Cindra.
(Ouf! Pendant un instant, j’ai eu peur qu’il ne dise Sigma.)
-Je vous promets d’essayer de faire quelque chose pour vous remercier de votre hospitalité.
-Ce n’est pas nécessaire, m’a répondu Marcus.
-J’insiste. Je ne sais pas comment, mais je ferai tout pour vous remercier.
-Merci.
-De rien. Je crois que je vais aller faire un tour dehors maintenant. Je suis certaine que tu as envie de m’accompagner Lou, n’est-ce pas?
-…Bien sûr!

Après m’être inclinée devant Saïd, j’ai très fermement agrippé le bras de Lou.
-Ow, a-t-il fait.
-Vous voulez que je vous accompagne? nous a demandé Neo.
-Euh…
-Il n’y a pas vraiment de danger dans le village, mais on ne sait jamais.
-D’accord, lui aie-je finalement répondu.
Nous sommes donc allés marcher dehors, Neo nous suivant de près en silence. Nous étions aussi suivis par le troupeau de filles qui semblaient avoir décidé de faire de Lou leur prochaine victime. Vu le grand nombre de jeunes hommes dans le village, il ne s’en sortirait pas facilement.
-Neo, pourquoi les filles n’arrêtent pas de me suivre? a-t-il demandé à ce dernier.
-C’est parce que tu es mignon, aie-je répondu à la place de Neo.
-Elles ne vont quand même pas m’agresser?
-Ne t’inquiète pas. Si elles te sautent dessus, je te promets de cheerer pour elles!
-Gee, thanks.
-Je t’aiderais bien, mais mes blessures ne se healent pas. Vois-tu, je ne suis pas immunisée à l’épée de Lemnor. Comment ça se fait que toi tu l’es?
-…Je suis un Méréen.

Il était tellement convaincant que ça m’a donné une petite idée de quoi j’avais l’air quand je mentais.
-Bien sûr! Un guardian n’est pas immunisé et toi tu ne l’es pas?
-…
(Touché.)
-Alors, comment se fait-il que tu sois immunisé à l’épée de Lemnor?
-Je te l’ai dit : je suis un Méréen. Je suis fait plus fort.
-Oui, c’est ça!
J’ai dû achaler Lou pendant un bon dix minutes, mais il a toujours eu la même réponse : Je suis un Méréen! Je suis fait fort! Il n’a jamais voulu me révéler la véritable raison et nous nous sommes sérieusement engueulés.
-Je t’ai sauvé la vie! m’a-t-il dit.
-Moi aussi! Si je n’avais pas pris le coup, tu serais mort! Vraiment mort!
-…Merci.
-De rien! Alors, comment ça se fait que tu es immunisé contre l’épée de Lemnor?
-Hé! Tu veux que je te laisse ici?
-Tu oserais faire ça à Kerns?
-Ma seule priorité est de protéger Kerns!
-Tu oserais vraiment lui dire : Kerns! J’ai laissé Lili là-bas pour qu’elle meure au bout de son sang!
-…
(Touché.)
-Pour la loyauté, tu n’as pas à parler! m’a-t-il répliqué.
-…

Ow. Ça a été une claque au visage amplement mérité et qui a vraiment fait mal. I know I have a history of betraying, but there were always circumstances. Would it help if I told Lou about it? Probably not. Better keep quiet.
-Alors... Tu vas me laisser ici?
-…Non, tu es quand même une porteuse de pierre. Je ne voudrais pas laisser une roche traîner!
-Hé!
-Si j’avais des pierres précieuses, je pourrais faire quelque chose, a continué Lou.
-Est-ce que ça aiderait? lui aie-je demandé en lui montrant mes boucles d’oreilles et mon collier.
-Mmmm…Oui, ça pourrait faire l’affaire. Tu me les prêtes?
-En autant que tu ne touches pas à ma bague, tu peux avoir ce que tu veux!
Je lui ai donné mes boucles d’oreilles et mon collier sans aucun regret et j’ai regardé ma bague. Je me souvenais à quel point j’avais été heureuse le jour où Nakago me l’avait donnée. Je préférerais rester prise ici à tout jamais plutôt que de m’en séparer.
-Tu as besoin d’aide? lui aie-je demandé.
-Non, ça va aller.

J’ai donc laissé Lou à son gogossage et je suis allée me promener dans le village. Neo, toujours aussi silencieux, me suivait de près. Pauvre lui! Il doit tellement se poser des questions.
-Alors Neo, il y a quelque chose d’intéressant en ville?
-Je sais qu’il n’y a pas grand-chose à voir ici…
-Euh… Ce n’est pas ce que je voulais dire! Euh… Vous avez une déesse, alors il y a un autel ou un temple quelque part?
-«Temple»?
-Euh… C’est une bâtisse où les gens vont pour prier leurs dieux.
-On n’a pas besoin de ça.
(Je suppose que c’est vrai.)
-Neo, pourquoi il n’y a pas beaucoup de jeunes?
-Vous savez que ce sont les hommes qui vont chasser, alors beaucoup meurent ainsi. J’ai perdu trois frères de cette façon.
-…Oh… Désolée.
-Vous n’avez pas de problèmes comme ça dans le Nord?
-Non, pas du tout.
-J’en conclue que vous n’êtes pas mariée.
-…Non, je ne le suis pas.
(Avec un peu de chance, je le serai un jour, mais ce n’est pas gagné d’avance.)
-Mais quel âge avez-vous?
-Vingt-deux ans, presque vingt-trois.
-Si vous voulez mon avis, c’est du gaspillage.
J’ai senti le rouge me monter aux joues.
-Euh… Euh… Merci…

Neo est resté constamment à mes côtés, pour veiller sur moi. Le soir venu, il y a eu une fête en plein centre du village. Il y avait un grand feu et tout le monde dansait. La seule personne qui semblait totalement indifférente à tout ça, c’était Lou. Il était encore concentré sur son scanner brisé. Il n’a pas remarqué un seul instant les filles qui faisaient une danse du ventre à deux pouces de lui. They’re trying to seduce you. Wake up man! Je me serais bien joint aux danseurs, mais je n’avais pas la tête à ça. Et j’aurais l’air de quoi si je me mettais à danser et que Nakago arrivait? Il dirait probablement : Tu me trahis encore et maintenant tu célèbres? Et si j’avais le malheur de danser trop près d’un autre homme, il pèterait une autre crise de jalousie et je n’avais vraiment pas besoin de ça en ce moment. Leur alcool de… prune ou de je-ne-sais-quoi avait l’air délicieux, mais…
-Goûtez-y! m’a dit quelqu’un en me tendant un verre.
-Euh… non merci. J’ai… fait trop de conneries les dernières fois que j’ai bu, alors plus d’alcool pour moi.
(J’ai reçu la pire engueulade de toute ma vie à cause que j’avais abusé de l’alcool. That was just the worst feeling ever and I don’t ever want to feel that way again.)
Je suis restée près du feu le plus longtemps possible, mais la fatigue m’a bien vite rattrapée. De toute façon, il valait mieux que j’aille me coucher avant que les effets de la fleur ne cessent. Je suis allée m’étendre dans mon lit et j’ai fermé mes yeux, essayant de voir le visage de Nakago dans ma tête. I love you, I love you so much. Now I can only hope that I’m gonna have another occasion to tell you and prove it to you. I hope we are going to see each other soon, because the more time passes, the worse things get between us...