mercredi 17 septembre 2008

Départ pour Scion

Moi je n’avais pas envie de partir pour un long voyage sans mon Café. Je sais bien que je n’aurais pas eu besoin de l’appeler, il a après tout l’art de se faufiler n’importe où et de surgir des endroits des plus inusités (il a même réussi à nous suivre jusqu’à Merra!), mais je l’aime Café. J’aime bien le tenir dans mes bras et le pater.
-Café… Café…
-Wraa! Wraa!
Il était à mes pieds. Bon Café! Tu es tellement mignon avec ton collier et ta médaille!
-Tu ne vas quand même pas l’emmener? m’a demandé Vanna.
-Oui!
Voir que je vais laisser mon Café derrière! Pate, pate.
-Wraa!
-Tiens, un biscuit!
-Wra? Wraa!
Julius m’a encore regardée bizarrement.
-Quoi? Il est cute même s’il est laid!
-Je pense que tu veux dire qu’il est tellement laid qu’il est beau! m’a corrigée Ariste.
(…C’est la même chose! Il est mignon même s’il est… spécial. Et il est encore plus cute avec son collier! Et non, je n’ai pas l’intention de le lui enlever. À part si ça le dérange. Je sais que je dois passer pour une folle finie de m’attacher autant à lui, mais je veux en profiter pendant que je le peux encore, parce qu’une fois que tout sera fini, je ne pense pas que je pourrai le garder. Je ne pense pas qu’une fois que Nakago le verra il acceptera que nous le gardions comme animal de compagnie. Il va probablement me regarder aussi bizarrement que tous les autres. Mais qu’est-ce qui va arriver à Café si je ne peux pas le garder avec moi? Je pourrais peut-être quand même essayer de convaincre Nakago…? Ça vaut la peine d’essayer même si c’est sans doute perdu d’avance.)

Comme tout le monde était prêt, le capitaine (les capitaines portent tous des chapeaux avec des plumes?) nous a guidés jusqu’au port. Notre airship était un très beau vaisseau à voiles, pas le plus grand, mais il semblait tout de même très confortable.
Une fois grimpés à bord, chacun est parti de son côté. Kerns est grimpé en haut du mat pour finir mon collier.
-Tu ne bouges plus et tu ne respires plus jusqu’à ce que tu ais fini! lui aie-je crié
-Je ne peux pas!
-C’est une façon de parler!
L’atmosphère était à la fête, tout le monde y allant de niaiseries par-dessus niaiseries. J’ai un peu taquiné Jillian avec Ariste. C’était bien amusant. Vanna m’a demandé si j’étais redevenue comme avant, comme je me laissais aller ainsi. Je n’ai pas osé lui répondre. Oui, je vais mieux, mais je sens que cet équilibre que j’ai atteint est si fragile. Il me suffirait d’une remarque ou d’un événement pour que je replonge. Ce n’est vraiment pas facile pour moi.

Le bateau n’étant pas assez grand pour que nous ayons des cabines, nous avons tous été installés dans la cale, où il y avait des hamacs et des lits superposés. Le seul coin plus ou moins creepy qu’il y avait se trouvait à l’ombre d’une commode. J’ai donc déplacé la commode pour qu’elle projette son ombre sur un lit superposé. Ce n’était pas l’idéal, mais c’était ça ou je m’installais dans la sous-cale avec le tarpan de Julius. Je me suis ensuite assise sur mon lit et j’ai sorti mes dessins de mon sac. Je les ai inspectés attentivement pour choisir les deux que j’utiliserais pour le médaillon que j’avais commandé à Kerns. Une fois que j’ai eu fait mon choix, j’ai effectué quelques retouches.

J’étais en train de les découper dans le bon format quand la libellule-poursuivie par Sheyenne- m’a apporté le produit fini. Le médaillon était en argent, super beau, très manly et la chaîne était très discrète. Ça serait parfait pour lui. Sur le dessus, Kerns avait bien gravé ce que je lui avais demandé. C’était magnifique. J’espère qu’il l’aimera.
-Merci!!
-C’est pour qui? a demandé Sheyenne.
-Euh… personne!
-Moi je ne peux pas le dire! lui a répondu Kerns. Quand elle l’aura donné à la bonne personne, tu le sauras! C’est bon ça?
-C’est parfait!
-C’est pour Nakago? m’a demandé Sheyenne.
-Non.
(Pour une fois que je ne mens pas! Je dois tout de même avouer que j’aimerais bien donner quelque chose du genre à Nakago. Je lui ai déjà donné des boucles d’oreilles et une bague. Alors… Un bracelet peut-être? Je suis certaine que Kerns pourrait faire quelque chose de super discret. Peut-être même qu’il pourrait graver tout le tour les motifs que j’avais fait graver sur la bague? Je lui en parlerai plus tard.)
-Tu pourrais me donner le truc pour les battements de cœur? m’a demandé Kerns. Je veux essayer de travailler dessus pour que tu puisses l’activer dans ta poche et que ça vibre.
-C’est vrai que ça serait plus subtil… Tu me le redonnes après, hein?
-Mais oui! Je veux juste travailler dessus!
-Ok!

Après leur départ, j’ai continué à travailler sur mes dessins. Quelques ajustements étaient encore nécessaires. Toute concentrée que j’étais, j’ai vu du coin de l’œil Julius arriver avec Laguna et Kyle et jouer aux cartes avec eux. Seul Julius s’en tirait bien; les deux autres étaient tellement pourris que c’en était vraiment pathétique. J’ai aussi remarqué quand Ariste est arrivé, traînant Jillian par le bras. Il a demandé aux gars de fermer leurs yeux et il leur a mis sur la tête des passes avec oreilles d’animaux : Julius avait des oreilles de chats, Jillian des oreilles de chien et Kyle des oreilles de hamster (?). C’était tellement mignon (et drôle) que j’en ai fait un dessin et je suis ensuite retournée à mes occupations. Quelques minutes plus tard, j’ai terminé. Il ne me restait plus maintenant qu’à trouver la personne à qui je destinais ce cadeau.

J’ai trouvé Talis sur le pont, en train de discuter avec Bob d’anecdotes qu’ils avaient vécu dans l’armée. Si j’avais eu envie de joindre l’armée, ils m’en auraient enlevé le goût à ce moment-là.
-Ah, Lilianna! m’a saluée Talis.
-…Salut. Tends ta main!
J’ai déposé le médaillon dans sa main et j’ai refermé ses doigts dessus.
-Tu en fais ce que tu veux. C’est un petit quelque chose que j’ai fait pour toi…
Il a rouvert sa main et il a vu le cadeau que j’avais préparé avec tant de soin. Sur le dessus du médaillon était gravé le nom de notre fille. À l’intérieur, il y avait deux images d’elle : sur l’une elle dormait et sur l’autre elle était super happy de la vie. C’était son visage habituel, celui que je préférais. I wonder if she is smiling right now…

Talis ne disait rien et une peur atroce commençait à me ronger de l’intérieur. Si jamais il me disait qu’il ne trouvait pas ça beau? Ou qu’il n’en voulait pas parce qu’il ne voulait rien qui venait de moi? Et si…?
-Si tu n’aimes pas, je peux te faire d’autres images…
Talis ne m’a pas répondu, mais il m’a fait un super gros hug. Je me suis tout de suite figée. Euh… Il me hugge? Ça doit vouloir dire qu’il a aimé le cadeau. Mais… il me hugge?
-Thank you.
J’ai senti dans sa voix qu’il était très ému.
-Euh, de rien.
(J’avais raison, il aime mon cadeau. Yééé! Mais… pourquoi il m’a huggée? J’étais légèrement très beaucoup perturbée. Je ne comprenais pas du tout le pourquoi du geste. Il dit qu’il veut prendre ses distances par rapport à moi et là il me sert contre lui? Pourquoi il voudrait me hugger? Pourquoi il voudrait me hugger… après tout ce que je lui ai fait?
-Je peux t’en dessiner des plus gros si tu veux…
-Je préférerais avoir le modèle vivant.
-Muuu…
-Ne t’inquiète pas, je vais la récupérer!
-Je sais. Ce n’est pas pour ça que je fais «muuu».
(C’est ma faute si elle n’est pas ici.)
-Bon… Je ne pense pas avoir oublié de te dire quoi que ce soit sur Tania, mais si tu veux savoir quoi que ce soit d’autre, n’hésite pas!
-Ok.
-Bon… C’est tout. Je vais aller… par-là.

Je suis retournée m’assoir sur mon lit. Muuu… C’est ma faute si Minos a kidnappé Tania. Je l’ai laissé faire. Je me demande ce qui va se passer quand on l’aura récupérée. Est-ce que Talis va me…? J’aime autant mieux ne pas finir cette phrase. Mais je ne pourrai pas laisser ça en suspens trop longtemps. Je vais devoir lui en parler tôt ou tard, plus tôt que tard… Et pourquoi il m’a huggée? J’avais la tête de tout plein de questions existentielles quand j’ai été distraite par Lou et Kerns. Kerns était en train de montrer les artefacts qu’il avait pris à Cobalté et Lou les confisquait tous un par un.
-C’est à moi!
-C’est trop dangereux! T’es trop jeune!
-Tu as besoin d’aide Kerns?
J’ai sorti mon crayon pour dessiner sur Lou, afin que Kerns puisse récupérer ses artefacts, mais il ne s’est pas laissé faire. Oh… Je me suis donc rabattue sur la libellule.
-Pas sur le visage! m’a-t-il demandé. Sur le bras!
Ayant son consentement, j’ai recouvert ses bras (bouhahaha) de dessins de toute sorte. Quand j’ai été satisfaite de mon œuvre, j’ai décidé de partir à la recherche d’une autre victime.
-Prochaine victime…
-Tiens Lili! Ton truc pour les battements de cœur!
-Merci!

J’ai serré le device contre moi comme une précieuse possession jusqu’à ce que j’arrive sur le pont. Avec un peu de chance, je pourrai bientôt m’en servir sur Nakago. Si le device vibre et que je suis seule avec lui, je jure devant tous les dieux du panthéon que je vais lui sauter dessus! Je sais, je suis en manque, mais je m’ennuie terriblement de mon homme, encore plus quand je vois les couples qui s’aiment librement autour de moi. Je suis heureuse pour eux, mais je m’ennuie tellement toute seule. Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour… lui effleurer les doigts, juste lui effleurer les doigts…? Ou même juste sentir son souffle dans mon cou… et je pense que je vais arrêter là. Comme je n’avais rien de spécifique à faire, je suis restée sur le pont à prendre des bains de soleil et à admirer le paysage. C’était assez triste, il n’y avait que du désert partout alors qu’il y aurait dû avoir de la végétation. Ce n’est qu’au bout de deux jours que ça a changé, quand nous avons commencé à survoler l’océan. Le niveau avait baissé, mais il n’y avait que de l’eau à perte de vue. Le airship a descendu au niveau de l’eau et une halte d’une heure fut décrétée. Tous ceux qui le pouvaient sont allés faire trempette. Ça avait l’air assez amusant alors j’y suis allée aussi. Ça a fait beaucoup de bien (et j’étais due pour un bain de toute façon). Nous avons été rejoints par des dauphins (vraiment mignons) et par des hippocampes (comme ceux qui étaient si attachés à Laguna sur notre continent). Les hippocampes nous ont permis de grimper sur leur dos et nous avons pu faire des courses. Je ne sais pas qui a gagné, mais ce fut très amusant.

Je crois que nous serions restés dans l’eau beaucoup plus longtemps, mais nous avons malheureusement dû nous résoudre à partir au bout d’une heure. J’ai passé le restant de la journée à profiter su soleil, à jouer avec Café (les marins sont facilement traumatisables) et surtout à éviter de penser à une discussion que je devrais avoir avec Talis. Le soir venu, les marins ont fait une petite fête et comme toute fête qui se respecte, il y avait de la musique et de la boisson. Je ne me suis pas jointe aux autres. Je suis restée un peu à l’écart, me tenant le plus loin possible de l’alcool. «You’re going to be a mother soon. Think about it!». Je n’ai eu qu’à me souvenir de ces paroles pour que toute envie de boire s’en aille. Il ne fallait pas que je succombe maintenant, surtout que Talis était là. Talis qui était présentement en train de danser avec Vanna. J’envie Vanna, elle n’a pas de problème à s’amuser. On dirait que moi j’en suis incapable. Je me demande comment je réagirais si Talis me demandait pour danser avec moi. Mais pourquoi je me pose la question? Jamais ça n’arrivera…

Mes pensées de plus en plus sombres ont reçu le coup de grâce quand Laguna a laissé échapper qu’elle était enceinte, ou plutôt quand Sheyenne a crié à plusieurs reprises que Laguna était enceinte. Wow… Je suis contente pour eux. Ils s’aiment vraiment beaucoup et je suis certaine qu’ils feront d’excellents parents... Il n’en suffisait pas plus pour que les marins fêtent encore plus. J’ai l’impression qu’à partir de ce moment-là il y a eu encore plus de musique et de boisson. Je me suis sentie nostalgique. La dernière fois que des marins ont fêté comme ça, c’est moi qui étais enceinte. Et regardez comment les choses ont tourné : j’ai brisé le cœur de Talis, je l’ai tué, j’ai laissé Cobalté curser notre fille et j’ai laissé Minos la kidnapper. Je voulais juste le rendre heureux et j’ai fait exactement le contraire. J’ai été une mauvaise petite amie et une mauvaise mère. Tout le monde semblait heureux autour de moi, mais moi j’aurais donné n’importe quoi pour être ailleurs. Avec les pensées que j’avais, je n’avais pas du tout envie de fêter. Je n’avais plus non plus du tout envie d’être avec tous ces gens alors à la première occasion, je me pousse dans un coin dark et creepy et je laisse libre cours aux larmes que je sens perler au coin de mes yeux.

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