mercredi 28 mai 2008

Le sage vs. l'artefact...

J’ai marché jusqu’au fond du jardin et ensuite, j’ai longé le mur qui le délimitait. Les larmes coulaient toujours sur mes joues, mais avec la chaleur qu’il faisait dehors, elles séchaient presqu’aussitôt. Je n’y portais même plus attention de toute façon, tellement j’étais absorbée par mes pensées. Les mêmes idées ont repassé en boucle dans ma tête encore et encore. J’ai essayé de penser à autre chose, parce que c’était en train de me rendre folle, mais j’en ai été incapable. Tout ce que je voyais dans ma tête, c’était les principaux moments que j’avais vécus avec Nakago. Le roi a dit que c’était le vrai que j’avais rencontré la première fois. Bien. Mais ensuite? À notre premier rendez-vous, lequel était-ce? Et la première fois où nous avons fait l’amour? Et quand nous nous sommes avoué nos sentiments? C’était tellement intense que j’ai des papillons dans l’estomac rien que d’y penser. Jamais je n’ai remarqué de changements de comportement d’une fois à l’autre, alors comment je fais pour savoir qui était qui et à quel moment? Qu’est-ce que je fais si jamais j’apprends que j’ai fait l’amour avec les deux? Comment j’aborderai le sujet avec celui que j’aime? Mais qu’est-ce que je ferai si les deux m’aiment? Si je me retrouve en face des deux et qu’ils me disent qu’ils m’aiment? Mais comment ça serait possible? L’artefact est mort il y a quatre ans et c’est le vrai que j’ai rencontré par après. Je pourrais donc supposer qu’il a été recréé après cette rencontre. Alors quoi? Dès que l’un ressent quelque chose l’autre le ressent aussi?

C’est tellement perturbant. Bon. Je continue. À Talius, j’aimerais croire que c’est le vrai qui m’a dit qu’il m’aimait et qu’il était prêt à élever Tania comme la sienne. Mais après, quand il en a parlé d’une façon si froide, comme s’il aurait préféré qu’elle soit morte? Et quand il m’a demandé de choisir? J’aimerais croire qu’il s’agissait à ce moment de l’artefact, mais comment en être sûre? Je déteste ça… Je ne suis plus sûre de rien. Tout ce que je sais, c’est que j’ai rencontré le vrai la première fois et que quand je l’ai vu sur le champ de bataille, quand il a dit que Kyle l’avait tué, c’était sans doute l’artefact. Mais encore là, je ne suis sûre de rien. Je me sens tellement mal, mon cœur se serre tant dans ma poitrine et ça n’arrête pas. J’en ai assez de tous ces secrets. Est-ce que vous vous rendez compte que tout ce que j’ai appris depuis que j’ai quitté Talius ça a été par quelqu’un d’autre que Nakago? Il a beau dire que ça n’aurait rien changé entre nous deux et qu’il faisait tout ça pour me protéger, c’était en fait en train de tout changer. Bien sûr, j’adorais qu’il me dise qu’il m’aime et qu’il voulait me protéger contre tout ce qui pouvait m’atteindre, mais là, tout ce qu’il me cachait ne me protégeait plus. C’était plutôt en train de me détruire, de nous détruire. Est-ce qu’il s’en rendait seulement compte? Je sais que j’ai mes torts, beaucoup de torts, dans l’état actuel de notre relation, mais lui aussi. Tous les secrets qu’il m’a cachés (et qu’il me cache sans doute encore) sont en train de nous éloigner l’un de l’autre.

Et tout ça, c’est sans compter le fait qu’il y a un sage âgé de plus de mille ans (qui n’a pas vieilli depuis ce temps-là) et un artefact qui, techniquement, ne peut pas mourir. Alors que je sois avec un ou avec l’autre, il ne vieillira pas et moi, oui. Et éventuellement, je mourrai. Je ne veux pas d’une vie comme ça. Je veux vieillir aux côtés de mon homme, que nous soyons tous les deux ridés, avec nos cheveux tous blancs et nous tenant toujours par la main. Et si je finis avec l’artefact, est-ce que nous pourrons avoir des enfants? Un artefact, ça peut avoir des enfants? Parce que moi, je veux en avoir. Je veux avoir pleins, tous pleins d’enfants de Nakago. Voir pleins de petits blondinets et blondinettes courir partout dans la maison, ça serait mon rêve. En ce moment, j’ai de sérieux doutes quant aux chances d’avoir cet avenir dont je rêve tant, de très sérieux doutes.

Mais comment je fais pour savoir qui est le bon? Je recommence… J’ai rencontré le vrai la première fois et ensuite…

Bang!
-Désolé, s’est excusé Julius.
-Ça va… Je ne regardais pas où j’allais.
(Excuse pathétique, mais au moins ça m’évite de devoir donner une explication.)
-Ça vous arrive souvent, non?
-…Quoi?
-Laissez tomber! Est-ce que ça va?
-…Bien sûr! Pourquoi ça n’irait pas?
-Je ne vais pas vous énumérer les raisons, ça prendrait trop de temps!
-…
(Pourquoi tu voudrais que je te réponde alors? Tu te fâches et je n’ai rien dit. Ça serait quoi si je te répondais?)
-Puisque vous semblez avoir la mémoire courte, je vais vous le rappeler : il y a quelqu’un à qui vous pouvez parler.
-…
-Bonne journée.
-…
I really don’t get you.
Premièrement, tu dis qu’il faut qu’on arrête de parler au «je» et de penser qu’on souffre plus que tout le monde. Ensuite, que je peux te parler? Je n’ouvre pas la bouche et tu as l’air fâché. Alors si je viens te parler d’exactement la même chose dont je t’ai déjà parlé, qu’est-ce que ça sera? Tu risques d’être vraiment en colère contre moi. Non, tu avais raison. Il faut que j’arrête d’être égoïste et de penser à mes petits problèmes personnels. L’important, c’est notre mission : sauver le monde et récupérer telle ou telle personne. Ce que je peux ressentir ou ne pas ressentir ne compte pas. I must think and act for the greater good… Forget what I feel... Bury it deep inside...

J’ai tourné le dos à Julius et j’ai continué à marcher, ruminant mes pensées. J’ai recroisé Julius, mais au bout de deux ou trois fois, j’en ai eu assez et je me suis cachée dans mon trou noir portatif. J’ai enfin eu la paix. Je broyais du noir, encore du noir et toujours du noir quand j’ai entendu des rires d’enfants. Ce son à la fois si doux et rafraîchissant a piqué ma curiosité. J’aurais dû rester là où j’étais, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’aller jeter un coup d’œil. J’ai vu un jeune garçon qui courait après son ballon. Quand il a aperçu Julius, il lui a grimpé dessus et a tiré sur ses oreilles. Il était si mignon que je n’ai pas pu retenir un sourire. J’ai imaginé Tania faisant la même chose à Talis… Il sera un si bon parent pour elle. Bien meilleur que ce que je ne serai jamais. Avant de me mettre à pleurer à cause de ce que je n’aurai sans doute jamais (en tout cas avec Tania), je suis partie.

J’étais tellement décâlissée de la vie que je n’avais même plus besoin de mon trou noir portatif pour me cacher. À chaque respiration, j’avais l’impression que l’ambiance autour de moi s’assombrissait. Tant mieux. C’est seulement quand tout est dark et creepy autour de moi que je me sens un semblant de bien, comme en paix. J’aimerais me sentir toujours comme ça. J’ai à peine terminé cette pensée qu’un immense flash de lumière a secoué le ciel. Quoi? Qui ose faire tant de light et me déranger dans ma déprime? Grrr… J’ai mis mon trou noir portatif à off et je me suis dirigée vers le palais. Ils vont m’entendre parler! J’étais en train de traverser les jardins quand j’ai vu le général Néo qui se dirigeait à grands pas probablement au même endroit que moi et Vanna… qui le suivait pseudo-silencieusement, mais pas subtilement du tout. Ok… Qu’est-ce qui est le plus pathétique? Lui, qui ne se rend pas compte qu’il est suivi? Ou elle, qui pense qu’elle est cachée dans l’ombre? Probablement les deux.

J’ai finalement décidé de les suivre. Nous sommes arrivés devant un bien étrange spectacle. Lou et Kerns s’étaient royalement tapochés dessus et ils tenaient à peine debout. Vanna a voulu s’approcher, mais Laguna l’a arrêté en lui disant que c’était le trial de Kerns. Les nuages se sont assombris au-dessus d’eux et ils ont commencé à tourner. Un gros œil est apparu en leur centre puis il y a eu une colonne de lumière mauve. Quand toute la lumière a fini par disparaître, Kerns se tenait debout, dans un état second et il avait quatre paires d’ailes dans son dos, des ailes d’Alorian. Il s’est évanoui (ses ailes sont rentrées dans son dos) et le roi est allé le prendre dans ses bras pour l’amener à l’infirmerie. J’avais l’impression que je n’aurais pas dû être là (je ne suis jamais là où il le faut de toute façon) alors je me suis éclipsée. J’aurais voulu retourner au fin fond du jardin, mais le roi nous a fait appeler.

Dans la salle de réunion, il nous a dit que Kerns était devenu un véritable Alorian et que nous allions devoir lui servir de barrière psychique et physique jusqu’à ce qu’il ait apprivoisé ses nouveaux pouvoirs. Ha, ha… Nous? Une barrière psychique et physique? Vous m’avez bien regardée? Je suis faible psychiquement et physiquement! Alors comment voulez-vous que je serve de protection à celui de qui dépend grandement la survie du monde? Vous n’avez pas choisi la bonne personne!

Kerniboy et Lou étant ko pour un bon moment encore, le roi nous a dit que nous devrions nous reposer avant d’aller voir Sage. Comme nous ne pouvions rien faire ni pour les deux beaux au bois dormant ni pour les blessures qui nous affectaient Sheyenne et moi, il ne sevrait à rien de retarder notre départ. Nous devions partir demain matin, alors nous sommes tous allés nous reposer. J’ai demandé à un serviteur s’il pouvait m’apporter quelque chose à manger dans ma chambre et il est revenu avec une assiette immense remplie de trucs plutôt fancy. Euh… Ce n’était pas la peine de vous donner tant de mal, je n’ai pas si faim que ça. Je l’ai remercié et j’ai refermé ma porte. Dès que je me suis retrouvée seule, le creepyness a envahi la pièce. Excellent. J’ai grignoté un peu de tout puis je me suis couchée.

Le lendemain matin, j’ai mangé un peu de ce qui restait dans l’assiette (c’est-à-dire à peu près tout) et j’ai rejoint les autres pour que nous nous rendions au port tous ensemble. Le navire était prêt à partir et n’attendait plus que nous. Notre capitaine était Kiba. Vous savez, la femme qui m’a accompagnée avec tant de bonne volonté jusqu’à la salle de réunion? Kiba c’est elle. Et elle avait l’air aussi sympathique que la dernière fois que je l’avais vue. Elle nous a demandé poliment de ne pas créer de problème (Bien sûr! Nous ne vivons que pour ça!) et le airship s’est élevé dans le airs. Nous n’étions dans le ciel que depuis quelques instants quand un choc a secoué la paroi du bateau. C’était Kerns, qui n’avait plus une seule égratignure sur le corps. Talis lui a jeté une échelle de corde pour qu’il puisse grimper à bord. Kerns l’a reçue en plein visage.
-Talis, il fallait tenir l’autre bout! lui a dit Julius.
-Oups.
Kerns a relancé l’échelle et là c’est Talis qui s’est retrouvé empêtré dedans.
-Help!
Julius a aidé Kerns à grimper à bord et j’ai aidé Talis à se dépêtrer.
-Merci! Tu m’as sauvé la vie! m’a-t-il dit.
-…De rien.
-Talis, that’s why we love you man! lui a dit Julius.
-Huh?
(Yes, that’s why we love you.)
Tout le monde étant sain et sauf, nous sommes finalement partis. Nous arriverions à Fitzgald dans 24 heures. Je pense que je vais mettre un peu de côté mes ruminations sur Nakago (ou sur les Nakago plutôt) sinon je risque de péter une fuse et je vais plutôt me concentrer sur le camouflage de mes émotions. Avec un peu beaucoup de volonté, ça ne devrait pas être trop difficile, non?

2 commentaires:

Karina a dit...

Go Lili Go Lili Go ....

Tu vas voir, si on réussi a sauver le monde , you'll get plenty of time to think of Nakago....
J'espere juste qu'on va y arriver :P

Je te fait un big Hug .....les choses vont finir par s'arranger...enfin j'espère ;)

Lyra a dit...

Le problème , c que je ne peux pas attendre que le monde ait été sauvé pour penser à lui, parce que ça m'empêche de fonctionner. Il faut que je règle ça au pc!