vendredi 13 juin 2008

Big shit ahead... Mais mon rourou est là!!!

Nous sommes retournés sur le bateau sans problème. Les beasts qui gardaient la forêt étaient d’ailleurs bien content de nous voir partir.
-Allez-vous-en! C’est une zone touristique privée ici!
-…
Une zone… touristique et privée? Ils se foutent de nous ou quoi? Peu importe. Nous sommes retournés sur le navire et chacun est parti de son côté. Julius est allé dans une cabine pour réfléchir, Kerns est parti gosser sur une dague qu’il fabriquait pour Vanna et Ariste avait un truc à faire. Mais avant de partir, il a demandé à Jillian de surveiller Lee. Julius a ajouté qu’il pourrait aussi surveiller Sheyenne en même temps. Ça n’a pas fait l’affaire de Jillian. Julius a donc décidé que Talis lui tiendrait compagnie.
-Je n’ai pas mon mot à dire? a demandé Talis.
-Non! lui ont répondu Ariste et Kerns.
-Allez Jillian! A continué Talis. On va jouer aux cartes! Je vais te montrer comment perdre!
(Comment perdre? Je sais que Talis est pourri aux cartes, mais le but de jouer ce n’est pas plutôt gagner que perdre?)

Comme toutes les cabines semblaient être prises par des gens qui gossaient sur des trucs ou qui réfléchissaient à je ne sais pas quoi, je suis allée dans la même cabine que Vanna. Je me suis étendue et j’ai fermé les yeux. Même si j’en avais vraiment eu envie, je n’aurais pas pu dormir : Vanna a sorti sa pierre et la lumière qu’elle dégageait était beaucoup trop intense.
-Lilianna, tu dors?
-Ne fais pas brûler mon lit!
-Tu pourrais toucher ma pierre?
(…Non, je ne suis pas suicidaire!)
-Euh, non merci. Mmmm… Café… Café…
-Wra? Wraa!
Il est sorti de je ne sais où et il s’est mis à tourner autour de la patte de mon lit.
-Viens Café! Monte sur le lit!
-Wra? Wraa!
Il a continué à tourner autour de la patte du lit. En désespoir de cause, je l’ai pris dans mes bras et je l’ai paté.
-Wra? Wra?
-Tiens, un biscuit! Va chercher!
J’ai lancé le biscuit par terre.
-Wra?
J’ai recommencé.
-Wra?
J’ai recommencé une autre fois.
-Wra?
-Tu devrais dormir, m’a dit Vanna.
(Pas question! Je vais continuer jusqu’à ce qu’il attrape ce foutu biscuit! Toute la nuit s’il le faut. Ça m’arrangerait bien en fait que ce soit toute la nuit, parce que je n’ai vraiment pas envie de dormir.)

Vanna a fini par partir et j’ai pu jouer avec Café en paix. J’ai continué sans relâche à lui lancer le biscuit jusqu’à ce que je commence à avoir mal au bras. J’ai alors pris une pause bien méritée de quelques minutes pour me mettre en pyjama. J’ai ensuite continué à jouer avec Café, mais il ne comprenait vraiment rien. J’étais de plus en plus lasse, mais comme je suis têtue, j’ai continué. Je vais l’avoir à l’usure…

… J’ai failli avoir une attaque cardiaque. D’une part parce qu’une voix surgissait de nowhere pendant que j’étais en train de faire l’amour avec mon mari et quand j’ai regardé qui avait parlé, j’ai senti mon cœur s’arrêter. Devant la porte de ma chambre, il y avait un autre Nakago. Non... Non… Je ne veux pas deux Nakago… Je ne veux pas… Je ne veux pas… J’ai complètement figé, mon regard restant fixé sur le Nakago qui venait d’apparaître.
-Et bien Lili…? a-t-il insisté.
-…
Je le regardais toujours sans rien dire. Mais je ne pouvais pas garder le silence éternellement. J’ai commencé à bouger les lèvres pour dire quelque chose… n’importe quoi, mais avant qu’aucun son ne sorte de ma bouche, j’ai pris conscience de l’incongruité de la situation : je regardais Nakago 2 pendant que Nakago 1 avait toujours ses mains sur mes seins. J’ai pris peur et j’ai reculé jusqu’à ce que j’aie le dos au mur sans les regarder aucun des deux. Mon cœur battait la chamade et mes mains tremblaient pendant que je réajustais mes vêtements.
-Lili…

Je ne sais pas lequel des deux avait parlé et ça n’avait pas d’importance de toute façon. C’était trop pour moi. I can’t do this…
-Lilianna…
-Stop it! Don’t say anything! God, I can’t do this! I just can’t!
-Do what?
J’ai osé les regarder. Ils étaient pareils, surtout leur regard rempli d’amour et de désir. J’adorais quand Nakago me regardait comme ça, mais aujourd’hui ils étaient deux et je ne pouvais pas dealer avec ça.
-This! aie-je répondu. The two of you! I just want one Nakago, not two!
-Then you’re gonna have to choose...
-Me or him...
Ils ont commencé à avancer vers moi. Plus ils avançaient et plus je me sentais prise au piège. J’ai fermé mes yeux et j’ai agrippé ma tête de mes deux mains. J’avais l’impression de devenir complètement folle.
-I can’t do this… I can’t… I can’t… I can’t…
J’ai senti une main se poser sur mon épaule et…

Je me suis réveillée en sursaut, mon cœur menaçant d’exploser et des sueurs froides qui coulaient le long de mon front et de mon dos. Seigneur… Ça devient de pire en pire. J’ai peur… Qu’est-ce que je ferais si jamais ça arrive? Je pense que ça va me donner une attaque cardiaque! Je suis restée couchée sur mon lit, gardant les yeux grands ouverts. Si je me rendors, je vais faire le même cauchemar, alors je vais garder mes yeux ouverts. Tant pis si je suis cernée jusqu’aux coudes demain! Je ne veux pas dormir… Je ne veux pas… J’étais cependant trop fatiguée pour résister à l’appel du sommeil. Et à chaque fois que j’ai fermé mes yeux, j’ai refait le même cauchemar. Et à chaque fois, je me suis réveillée en sursaut. Si bien que je n’ai pas vraiment dormi de toute la nuit. La dernière fois que je me souviens avoir fermé les yeux, le sommeil perçait déjà par la fenêtre. J’ai donc dû sortir mon trou noir portatif pour espérer avoir un peu de tranquillité. Trop peu de temps après, un rayon de soleil a osé envahir mon espace vital. Je me suis recouverte de mes couvertures, qui m’ont aussitôt été arrachées des mains. J’ai pris mon oreiller et je l’ai mis sur mon visage. Il m’a aussi été arraché. Je crois que quelqu’un cherche à me réveiller, mais je m’en fiche. Je veux dormir…

Je me suis retournée sur le ventre et j’ai enfoui ma tête dans le matelas. Pitié qui que vous soyez, laissez-moi tranquille… Le matelas s’est fait tirer et je me suis retrouvée par terre.
-Qu’est-ce que tu fais encore couchée? Il est presque midi!
-…Bob? Qu’est-ce que tu fais là?
-Il fait beaucoup trop beau pour rester au lit!
-Mais moi je veux rester couchée…
-Non, il fait trop beau! Allez, viens!
Il m’a prise sous son bras comme un sac de patates et m’a emmenée hors de ma chambre. Euh… Je suis en train de me faire kidnapper… par Bob? Au secours… Il m’a emmenée sur le pont et m’a déposée par terre.
-C’est mieux!
-Pourquoi tu ne veux pas me laisser dormir?
-Il est presque midi!
-Et…? Je suis fatiguée…
-Il ne faut pas que tu restes tout le temps enfermée! Sinon tu va devenir gloomy comme le gars là-bas!
En effet, une figure encapuchonnée dégageait de fortes ondes de gloomyness plus loin sur le pont.
-Il ne faudrait pas que tu te mettes à faire «huuunnh» non plus!
-Je ne crois pas que je vais faire «huuunnh». Ça ne me dérange pas quand quelqu’un près de moi fait «huuunnh», mais quand c’est un mort-vivant.
-Ok…

Bob n’a pas voulu me lâcher, plus que déterminé à me faire profiter du soleil. Quand j’ai voulu me cacher derrière mon trou noir portatif, il l’a attrapé l’a mis dans un coffre et a avalé la clé. Ben là… T’es donc ben méchant… Pourquoi tu ne me laisses pas tranquille? Je suis encore en pyjama, je dois être tout dépeignée et j’ai sûrement une mine affreuse. Je veux dormir…
-Attends, il manque quelque chose! s’est exclamé Bob avant de partir.
Je n’ai même pas eu la force de me sauver et je suis restée plantée là. Bob est revenu quelques instants plus tard, traînant Talis de la même façon qu’il m’avait traînée moi. Il l’a déposé par terre juste à côté de moi. Tu es gentil Bob, c’est très mignon ce que tu essaies de faire, mais arrête s’il te plaît, arrête de vouloir nous rapprocher.

Talis avait une mine encore pire que la mienne.
-Il est midi Talis! lui a dit Bob.
-C’est bien! Bonne nuit!
Il s’est étendu par terre et s’est aussitôt endormi. I wish I could do that. Pour le réveiller, Bob a dû utiliser la menace ultime : lui dire qu’Alisée s’en venait. Le résultat fut immédiat : Talis s’est réveillé en sursaut et s’est mis à regarder autour de lui comme un perdu pour voir si Alisée arrivait vraiment.
-Salut Lili! m’a-t-il dit quand il a repris ses esprits.
-…Salut.
Je devais être encore plus échevelée que je ne le croyais, car Talis a ressenti le besoin de replacer quelques mèches de cheveux sur ma tête. Euh… J’ai hésité entre «merci» et «ne me touche pas s’il te plaît» alors je n’ai rien dit. Les deux pouvaient s’appliquer dans la situation présente, non? J’étais contente qu’il n’ait pas de problème à m’approcher, mais d’un autre côté, qu’il soit si gentil avec moi, j’avais encore plus de difficulté à me détacher de lui. Et il le fallait. Si je voulais que mon couple avec Nakago survive, je devais me détacher de Talis le plus possible.

Talis a fini par retourner à l’intérieur se changer, mais Bob et moi nous ne sommes pas restés seuls bien longtemps. Kerns s’est fait catapulter hors de sa chambre par le gars du service aux chambres. Il était habillé, mais sa tête…
-Tu as l’air encore pire que moi! lui aie-je dit, en parlant de ses cheveux.
Quand il s’est rendu compte que c’était vrai, il s’est vengé en ébouriffant mes cheveux avec sa main. Ils ne sont pas très longs, mais ils le sont quand même assez pour que je les sente faire «pouf» sur ma tête. J’ai essayé de les aplatir, mais ça n’a rien donné. Toi tu ne perds rien pour attendre!
-Café… Café…
-Wra?
-Va voir Kerns… Va voir Kerns…
-Wra? Wraa!
Si on me l’avait raconté, je ne l’aurais pas cru : Café m’a écouté et il est allé tourner autour de Kerns. Ça me prend toute une nuit pour réussir à lui faire chercher un biscuit, mais ça ne prend que quelques secondes pour qu’il obéisse à une commande autrement plus complexe? Je l’adore, mais je crois que je ne le comprendrai jamais. Kerns doit être une des rares personnes qui ne sont pas dégoûtées et/ou effrayées par Café. Quand il l’a vu tourner autour de lui, il l’a paté. Mais quand il a vu la substance gélatineuse brune qui restait sur sa main, il s’est essuyé sur mon pyjama.
-Hé! Pourquoi vous êtes tous méchants avec moi aujourd’hui?
-Désolé Lili, s’est excusé Kerns.
-Il y a toi! Puis Bob qui m’a sortie de ma chambre de force!
-Pourquoi tu ne retournes pas te coucher? m’a-t-il suggéré.
-…Ça c’est une bonne idée…
(J’aurais dû y penser avant. Rien ne m’oblige à rester ici!)

Kerns a entraîné Bob plus loin (pour le plus grand désespoir de ce dernier, qui n’en avait pas fini avec mon cas) et j’ai pu reprendre possession du coffre contenant mon trou noir portatif. Je suis retournée dans ma cabine. Quand je me suis regardée dans le miroir, j’ai eu envie de me cacher sous mes couvertures. Grâce à Kerns, mes cheveux avaient l’air complètement dressés sur ma tête. Le temps que je me peigne et que je m’habille, le navire avait accosté au port. Je suis sortie juste à temps pour voir tout le monde regarder dans la même direction. Huh? Mais quel est donc cet airship qui a l’air si lugubre? C’est un vaisseau d’Edom à ce que j’ai compris. Mmmm… J’aimerais bien y faire un tour… Mais étant donné que mes goûts pour les trucs dark/creepy/lugubres ne sont partagés par personne, il vaut mieux oublier ça. Plus loin, il y avait un autre airship différent de ceux des méréens, un airship qui nous était bien familier : le Sky Legacy. Mais petit léger problème de très grosse taille, ce n’était plus le drapeau de Falan qui flottait en haut du mat : c’était celui des Buccaneers. Oh shit… Ou plutôt : oh shit! Comment ils ont fait pour se rendre ici aussi rapidement?

Nous l’apprendrions bien assez tôt. Pour l’instant, il fallait se rendre au palais; nous y serions en sureté. Un groupe de méréennes est venu nous accueillir en nous reprochant d’être en retard. Désolée! Vous essaierez de convaincre un gars pas d’émotion de vous aider et on en reparlera! Sous leur garde, nous nous sommes rendus au palais et nous y sommes entrés en toute discrétion. Fait étrange : en ville, alors que les rues étaient grouillantes de vie en temps normal, il n’y avait personne en vue. Mais qu’est-ce qui se passe…? Nous avons retrouvé le général Néo et un autre que nous n’avions jamais rencontré, le général gris. Néo nous a dit que l’heure était si grave que le roi avait convoqué les douze chevaliers, aka les douze généraux. Nous avons accompagné Néo jusqu’à la salle du trône, qui était remplie de nobles. Il y avait aussi Don-Arrow et deux créatures monstrueuses à côté de lui (la forme originale des démons? Muuu.), nos vieux copains les buccaneers, Minos et trois de ses généraux. Pleins de gens importants et puissants, mais le seul que j’ai remarqué, c’est Nakago, mon Nakago. Je t’aime mon amour… Rourou…

Don-Arrow voulait Chiva, mais comme le roi refusait de la lui donner, il est reparti. Ça, ça veut dite la guerre pour le peuple de Merra.
Par la suite, les gens ont commencé à se disperser et il nous était rendu impossible de nous cacher de nos très chers amis. Morgan n’a pas manqué de saluer Kerns et de lui dire qu’il lui facilitait la tâche. Salope. Penses-tu vraiment qu’on va te laisser t’en prendre à notre copain? On n’est peut-être pas de taille, mais on va quand même essayer! Fait important : auprès d’elle, il y avait le roi Troy. Mais il n’était pas habillé en roi, plutôt en simple buccaneer. D’après ce que j’ai compris, il était le seul survivant du Sky Legacy. Oh non… Au moins, le roi avait l’air en forme. Quant à Minos, il est bien entendu venu nous dire un petit bonjour, aka nous écœurer.
-Je peux retourner à ma chambre? aie-je demandé à Julius en me dirigeant tout de suite vers la sortie.
Il m’a agrippée par le collet pour m’en empêcher.
-Veuillez l’excuser, a-t-il dit à Minos.
-Mais qu’est-ce que c’est que ces visages? nous a-t-il demandé. Vous n’êtes pas heureux de me voir?
-Non! lui avons-nous répondu en chœur, Kerns, Vanna et moi.

Je me souviens ensuite que Minos a écœuré Laguna et Julius en leur disant qu’il avait ordonné au pilier de l’eau de ne plus créer d’eau. Ça ce n’était une bonne chose pour personne, surtout pas pour Laguna. Julius a profité de l’occasion pour questionner Minos sur l’absence du quatrième général, aka Priam.
-Il est occupé à torturer son frère! a-t-il répondu. Quoi? J’ai dit quelque chose qui ne fallait pas?
Quant à moi, j’ai eu droit à un cordial salut de la part de Cobalté.
-Miss Lilianna! Toujours aussi unique! Il faudra qu’on prenne le thé ensemble!
-(In your dreams!) …Bien sûr! En autant qu’il n’y ait pas de morceaux de George dans les biscuits!
-Non, je l’ai renvoyé! J’ai un squelette qui s’appelle Robert maintenant!
-…
J’ai eu peur. Pendant un instant, j’ai cru qu’il allait dire «Roger». Les morts-vivants qui s’appellent Roger, c’est mon exclusivité, ok?
-Je peux m’en aller maintenant? aie-je redemandé à Julius. Avant que Cobalté ne me cédule un rendez-vous pour prendre le thé!
Julius m’a encore retenue par le collet. Muuu…

Je me dois avouer que je n’ai pas vraiment (du tout) écouté ce qui s’est dit par la suite, mon regard étant fixé sur Nakago. Plus je le regardais et plus je cessais de percevoir les mouvements et les sons autour de moi. Quand il m'a regardée, le monde entier a disparu. Il n'y avait que lui et moi. J'ai bien vu dans ses yeux tout l'amour qu'il éprouvait pour moi et à quel point ça le peinait de ne pas pouvoir me serrer dans ses bras. Je n'aurais que quelques pas à faire pour le toucher, mais je ne peux pas. Mais avec un peu de chance, j'en aurai bientôt l'occasion. Je sais que tu m'aimes Nakago et je t'aime aussi mon amour, tellement. Et en cet instant, je me rends compte que c'est bien tout ce qui compte. Le reste n'est que totale insignifiance, parce que je te regarde et tout ce que je vois, c’est l’homme que j’aime, pas un sage, pas un artefact, juste… toi. C’est tout ce que je veux : toi. Et à quel point je te veux, tu n’en as pas idée. Rourou... Quand je regarde Nakago, mes pensées tournent complètement autour de lui. Je sais que je suis dépendante, mais je m’en fiche. Je l’aime et il m’aime aussi. Rourou… C’est pourquoi je l’ai regardé s’éloigner avec tristesse. Minos pouvait bien aller où il le voulait et aussi longtemps qu’il le voulait, mais Nakago… Je me console en me disant que comme nous nous trouvons au même endroit, nous aurons bien une autre occasion de nous revoir, avec un peu de chance, en privé.

Quand ils furent partis, nous allés dans une pièce plus loin pour discuter. Julius était fâché. Je le savais, je n’aurais pas dû regarder Nakago autant. Or maybe it was the drooling that gave me away..? Julius nous a dit que ce n’était plus le temps de faire ou de dire n’importe quoi devant Minos et les autres. Ils étaient les ambassadeurs de Rayden et si nous les provoquions, ça pourrait créer un incident diplomatique dont Merra pouvait bien se passer en ce moment. Par contre, nous n’étions aucunement obligés d’accepter leurs invitations. Nous n’avions qu’à dire que nous avions d’autres engagements. J’admets que c’est une bonne réplique, mais après deux fois, ça ne fera plus très subtil.
-Je vous demande donc de garder ce que vous pensez pour vous, nous a-t-il fermement demandé. Ça s’applique surtout à Sheyenne et à Vanna.
-Pas à moi? me suis-je étonnée.
-Non Lilianna, vous n’avez rien dit de mal.
-Pour vrai?
-…Oui. Quoique le «non, on ne vous aime pas» dit en chœur avec les autres, ce n’était pas très brillant.
-…
(Peut-être, mais c’était amusant et ça a fait beaucoup de bien.)

Ceci étant dit, Julius a finalement laissé Kerns, qui ne tenait plus en place depuis tout à l’heure, s’exprimer. Le staff de Chiva qu’il transportait dans son dos s’était remis à briller. Selon Kerns, d’après ce que Lou lui avait dit, ça ne pouvait dire qu’une chose : Chiva était en vie. À voir à quel point il était énervé et ému, il était évident qu’il souhaitait désespérément que ça soit vrai. Je l’espère pour toi, je sais à quel point elle te manque. Le seul qui pouvait le confirmer était Lou alors Ariste s’est téléporté jusqu’à lui et l’a ramené devant nous. Il a confirmé les dires de Kerns. Tant mieux, mais si Chiva est en vie, où est-elle? Lou et Kerns sont repartis dans les hangars pour continuer de réparer le Solaris (c’est ce que Lou faisait quand Ariste est allé le chercher). Julius avait des trucs à dire à la princesse Tu-Maï en privé alors ceux qui n’étaient pas concernés (Sheyenne, Vanna, Bob, Talis, moi) sont repartis dans les quartiers des chambres sous la bonne garde des généraux vert et rose.

Étrangement, ça ne me dérangeait pas vraiment que la générale rose reste avec nous. Je suppose que j’étais enfin prête à passer à autre chose. Mais ça ne veut pas dire qu’on va devenir les meilleures amies du monde. Comment je pourrais expliquer…? Forgive but not forget? C’est à peu près ça. Je comprends qu’elle voulait protéger son peuple et je n’ai plus envie de la tapocher à chaque fois que je la regarde, mais je ne suis pas prête à oublier ce que j’ai ressenti. C’était peut-être une illusion, mais ça m’a quand même terrifiée. Mais bon… Lussa a l’air d’une gentille fille. Et puis ça servirait à quoi de passer ma colère sur elle? Ce n’est pas elle que je déteste vraiment.

Nous ne sommes pas retournés dans nos anciennes chambres. Nous sommes plutôt allés dans une grande chambre commune. Pour m’éviter de me promener de long en large de la pièce, je me suis plantée devant une fenêtre et je me suis tordue les mains tellement j’étais nerveuse. Nakago est ici… dans le même building que moi…Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour être à ses côtés en ce moment? Mais je sais bien que je ne peux pas, en tout cas pas au prix de la trahison. Si l’occasion se présente, je sauterai dessus, mais je n’ai pas l’intention de faire de connerie juste pour pouvoir le voir et le serrer dans mes bras. Il me manque atrocement, mais je comprends qu’il y a certaines limites à ne pas dépasser.

Quand Julius est revenu, il a dit qu’il voulait aller voir Priam, qui se trouvait sur le Sky Legacy. Il fallait donc décider si nous allions nous y rendre subtilement (aka nous infiltrer) ou y entrer par la grande porte. Comme j’ai dit, si nous nous infiltrions et que nous nous faisions prendre, nous serions vraiment dans la merde. C’était un allé simple pour un incident diplomatique! L’approche directe étant préférable, il fallait décider qui s’y rendrait.
-Qui veux-tu qui y aille? aie-je demandé à Julius.
-Tous ceux qui sont présents dans cette pièce et qui veulent y aller, m’a-t-il répondu.
Euh… Moi je n’avais pas du tout envie d’y aller. Pour une fois que j’étais au même endroit que Nakago, je ne voulais pas m’en aller. D’accord, je n’étais pas dans la même pièce que lui, mais c’était quand même mieux que rien. Mais comment expliquer ça sans qu’on me réponde «C’est ça! Tu veux encore nous trahir!»? Ça ne serait que le début d’une longue et pénible discussion. Mieux vaut opter pour la subtilité.
-Je pourrais rester pour surveiller Sheyenne? aie-je suggéré à Julius. Comme ça, s’il se passe quelque chose, je pourrai utiliser mes épées pour la contrôler…
Il a approuvé d’un signe de la tête. Yes! Je vais pouvoir rester «près» de mon rourou!

Mais finalement, comme le seul endroit où nous nous trouvions en sécurité était le palais, il valait mieux ne pas partir. Julius a donc eu l’idée d’un souper officiel. Aussitôt dit, aussitôt fait et l’invitation a été lancée. Minos s’est bien entendu fait un plaisir d’accepter. Le souper était prévu pour le lendemain soir. Un souper, même officiel, avec Minos et compagnie ne pouvait rien annoncer de bon.
-Are you sure you’re gonna be okay Lili? m’a demandé Vanna.
With Nakago here?
-Hein? Mais pourquoi ça n’irait pas?
-Never mind then!
…Oh. Tu veux parler de cette histoire de sage et d’artefact? Je n’y pensais plus du tout. Tout ce que je veux, c’est être avec lui. Peu m’importe qu’il soit un sage ou un artefact, qu’il vieillisse ou pas. J’aurais dû m’en rendre compte plus tôt. J’aurais dû m’en rendre compte dès le début. Je préfère vivre le temps que j’ai à vivre avec lui, pour lui, plutôt que de mourir de tristesse, toute seule. Mais je devrais arrêter de penser si loin dans le futur. Je devrais me concentrer sur le présent. Dans mon cas, je dois penser au souper de demain. Ça me terrifie, mais en même temps j’ai très hâte. Parce que Nakago va être là et je veux me faire belle pour lui, je veux me faire belle pour mon homme. Je veux qu’il puisse me regarder et comprendre que tout ce que je fais, tout ce que je suis, c’est pour lui…

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