mercredi 30 janvier 2008

Chapter 1-The first meeting

C’était une journée comme toutes les autres. J’avais fait la grasse matinée. Pourquoi me serais-je levée plus tôt alors que j’étais en si bonne compagnie? Une fois seule, j’ai pris tout mon temps pour me refaire une beauté et quand j’ai été pleinement satisfaite du résultat, je suis sortie. J’allais sans doute passer une bonne partie de l’après-midi à magasiner et je retournerais travailler. La vie d’une prostituée était somme toute plutôt routinière : des hommes et des futilités. That’s it. Mais je ne me plaignais pas. Pourquoi l’aurais-je fait? Je ne manquais jamais de rien et je rencontrais plus d’hommes séduisants que je ne pouvais en satisfaire.

J’avais beau avoir de la classe, je n’étais quand même une prostituée. C’était ça ma vie. Même si ça ne m’avait pas plu, qu’aurais-je pu faire d’autre? J’exerçais de métier depuis si longtemps que je ne savais rien faire d’autre. Si j’avais voulu partir, où serais-je allée? Vers qui me serais-je tournée? Je n’avais plus personne. La seule famille qui me restait, c’était les gens au bordel, mais aucun, à part quelques rares, ne tenait vraiment à moi. Je me sentais totalement seule. À quoi ça servait de toute façon de s’attacher à quelqu’un? On s’attachait et on finissait immanquablement par être trahi d’une façon ou d’une autre.

Quoiqu’il en soit, cette journée n’était en rien différente des autres et rien ne laissait présager qu’elle allait changer dramatiquement, d’abord pour le pire et puis pour le meilleur. Car c’est cette journée que j’ai rencontré pour la première fois un homme qui changea ma vie à jamais, car il vola mon cœur dès l’instant où j’ai posé mes yeux sur lui. Je ne l’aurais jamais avoué à ce moment-là (je ne croyais plus en l’amour depuis bien longtemps), mais c’est pourtant ce qu’il a fait.

J’étais donc en train de m’en retourner chez moi (si on pouvait appeler un bordel «chez soi») quand j’ai remarqué deux hommes qui me regardaient avec beaucoup d’insistance. Je ne leur ai pas accordé plus d’importance que ça. Ils n’étaient ni assez beaux ni assez riches pour que je perde mon temps avec eux. J’ai donc continué mon chemin sans plus m’en préoccuper. J’étais presque arrivée à destination quand deux mains se sont posées sur mes épaules : c’était les deux hommes de tout à l’heure Urgh.
-Salut ma jolie.
-Ôtez vos mains de sur moi.
Je les ai repoussés et j’ai continué mon chemin.
-Pas la peine de monter sur tes grands chevaux ma belle. On voudrait seulement faire plus ample connaissance…
Je savais très bien de quelle manière ils voulaient faire connaissance avec moi et ew, très peu pour moi.
-Premièrement, je ne suis pas «votre» belle. Deuxièmement, je n’ai aucune envie de faire connaissance avec vous deux.
-Alors on fait sa difficile? C’est quoi ton prix?
-…Pardon?
-T’es une pute, non? Alors c’est quoi ton prix?
(Ils sont attardés ou quoi? Ils pensent vraiment qu’ils ont les moyens de m’avoir?)
-Vous ne pourrez jamais vous permettre ce que je vaux. Vu votre allure, vous ne pouvez vous permettre qu’une prostituée de bas étage. Alors allez donc voir ailleurs si j’y suis.

Je pensais que le message avait été on ne peut plus clair, alors je suis partie. Il y a vraiment des crétins partout. Ce n’est pas parce que je suis une prostituée que n’importe qui peut m’approcher et m’avoir. J’ai regardé avec dégoût mes épaules, là où les deux hommes m’avaient touchée. I think I’m going to wash myself when I get back. J’avais à peine fait quelques pas qu’on tordait mon bras droit dans mon dos et une dague s’enfonçait entre mes deux omoplates. J’ai essayé de me débattre, mais la pression s’est resserrée, m’arrachant un cri de douleur.
-Ow!
-Si tu sais ce qui est bon pour toi, tu vas venir bien gentiment avec nous.
Je n’avais pas envie de perdre un bras ou pire d’être défigurée, alors je me suis docilement laissée amener jusqu’à une ruelle et à la première occasion, j’ai frappé là où il le fallait et je me suis enfuie.

J’ai couru le plus vite que je pouvais, mais je ne suis pas allée bien loin. Vous avez déjà essayé de courir en talons hauts? Je suis donc tombée par terre et avant que je ne me relève, ils m’avaient immobilisée et retournée sur le dos. L’un d’eux tenait mes bras et l’autre a relevé ma jupe et a écarté mes jambes. Je n’avais pas vraiment peur, ayant déjà vécu cette situation à plusieurs reprises. J’étais plutôt furieuse et bien décidée à me défendre coûte que coûte. J’ai essayé de le repousser à coups de talons, mais il m’a calmée d’un coup de poing si violent que j’ai tout de suite su que ça laisserait une marque.
-Ow!
-C’est tout ce que tu mérites, sale pute!

Profitant du fait que j’étais un peu sonnée, il a abaissé mon corset et a commencé à me tripoter d’une main tout en détachant son pantalon de l’autre.
-Non! Au secours! Quelqu’un!
-Au secours? Tu n’es qu’une pute! Qui crois-tu qui va venir te sauver?
-Moi.
J’ai levé les yeux vers la voix et c’est là que je l’ai vu pour la première fois. Rien qu’à voir sa carrure, je pouvais deviner qu’il était un soldat. Il était grand, blond, tellement rourou que je me suis mise à le fixer la bouche grande ouverte (ça existe des mecs beaux comme ça?) et il avait un regard bleu des plus hypnotisants. Un regard d’ailleurs qui, s’il pouvait tuer, l’aurait déjà fait.
-Hé mec! La pute elle est à nous! Alors si tu la veux, tu attendras ton tour!
-Faux. Elle n’appartient à personne, à vous moins qu’à tout autre.

Il n’élevait pas la voix, mais son ton était très équivoque : on aurait dit qu’il attendait le bon moment pour déchaîner sa colère.
-T’es sourd ou quoi? J’ai dit qu…
Il s’est écroulé par terre avant d’avoir fini sa phrase, transpercé par l’épée de l’inconnu.
-Espèce de…!
Son ami m’a lâchée et il s’est élancé vers celui qui venait de tuer son ami. Moi, je me suis encastrée dans un mur, j’ai replacé mes vêtements du mieux que je pouvais et j’ai fermé mes yeux, priant en silence pour que ce soit l’inconnu qui gagne.

Les bruits du combat ont semblé durer une éternité, mais en réalité, tout s’est déroulé en à peine une minute. Le silence régnait dans la ruelle, mais je n’osais pas regarder. Je saurais bien assez tôt qui avait gagné. Des pas se sont dirigés vers moi et quelqu’un s’est agenouillé devant moi. Une main s’est doucement posée sur ma joue.
-Vous pouvez ouvrir les yeux mademoiselle, c’est terminé.
Dès que j’ai reconnu la voix de l’inconnu, j’ai ouvert les yeux. C’était bien lui qui était devant moi. Quant à l’autre type… ew. Je ne pense pas que même sa mère l’aurait reconnu. Je me suis retournée vers mon sauveur.
-Est-ce que ça va? m’a-t-il demandé.
-…
Comment ça pourrait ne pas aller? Un bel inconnu venait d’empêcher deux brigands de bas étage/attardés finis de me violer. Et tout chez cet inconnu transcendait la douceur : ses gestes, son regard, sa voix… Je me sentais si… rassurée. Je ne m’étais jamais sentie comme ça, encore moins avec un homme.

-Mademoiselle…?
-…
Mais si je me trompais? Si sa gentillesse n’était qu’une façade? S’il avait en fait prévu de finir ce que mes agresseurs avaient commencé?
-Miss…?
J’ai repoussé sa main et je me suis encastrée encore plus dans le mur, si cela était possible.
-Are you going to finish what they started?
-...What?
Il m’a regardée comme si je lui avais demandé quel était le sens de l’existence, c’est-à-dire avec une expression qui voulait dire «Huh? What the fuck?».
-Are you going to finish what they started?
-...Je suis vraiment désolé que vous me pensiez capable d’une telle chose. Je veux seulement vous aider.
-Et pourquoi donc?
-Pourquoi pas?
-Regardez-moi! Je suis une prostituée! La plupart des hommes que je rencontre veulent coucher avec moi ou m’agresser! Pas m’aider! Alors pourquoi seriez-vous différent des autres?
-Parce que je ne suis pas comme la plupart des hommes.
-…

Je l’ai regardé sans rien dire. J’étais diablement sur la défensive et lui, loin d’être fâché, était toujours aussi calme et gentil. Il l’était tellement que ma garde s’est abaissée le plus naturellement du monde. Est-ce que ça existe vraiment des hommes comme lui? Des hommes qui aident les damoiselles… dans ce cas-ci les prostituées en détresse sans rien demander en retour? Je dois rêver…
-Are you for real? lui aie-je demandé.
-Yes, I am.
Il a enlevé sa cape et la posée sur mes épaules pour me couvrir.
-Alors, est-ce que ça va mademoiselle? Vous avez besoin de quelque chose?
-Euh… Je…
Maintenant que je réalisais à quel point j’étais passée près de subir les pires outrages, c’est comme si tout le choc de l’attaque me tombait dessus d’un coup. Je n’avais envie que d’une chose, c’était que quelqu’un me serre dans ses bras et me laisse pleurer jusqu’à épuisement. Mais je ne pouvais pas lui demander ça. Je n’ai pas eu à le faire. Soit il a lui dans mes pensées, soit il a vu les larmes qui coulaient sur mes joues, mais quoiqu’il en soit, il a passé ses bras autour de moi et m’a serrée contre lui.

Je considérais la plupart des émotions comme des faiblesses, mais à ce moment-là, j’ai eu l’impression de perdre le contrôle de mon corps. Je me suis accrochée à lui, j’ai enfoui ma tête dans son épaule et j’ai pleuré comme jamais auparavant. Tout le temps que mes sanglots ont duré, il n’a rien dit. Il a simplement accoté sa tête sur la mienne et m’a frotté le dos jusqu’à ce que je me calme, beaucoup plus tard.

Même après que j’aie arrêté de pleurer, je suis restée contre lui. Il sentait si bon… Je me sentais si bien… Est-ce que c’est moi ou est-ce que son cœur bat en harmonie avec le mien?
-Ça va aller? m’a-t-il redemandé.
-…Ojejez?
-Hein?
-Euh… Je veux dire oui! Euh… Désolée de m’être laissée aller comme ça. Je ne sais pas ce qui m’a pris.
-Ne vous excusez pas. Vous en aviez besoin, c’est tout.
Le plus doucement du monde, comme s’il craignait de me faire fuir, il a essuyé mes larmes et il m’a aidée à me remettre debout.
-Maintenant, dites-moi ce où je peux vous ramener pour que vous soyez en sécurité.
-Euh…
Je n’avais jamais eu honte de ce que je faisais. Pourquoi aurais-je eu honte d’ailleurs? C’était un métier comme un autre et j’étais l’une des meilleures. Mais devant cet homme si génial, je me sentais gênée de dire le nom de mon bordel. Je ne le connaissais pas et ne le reverrais jamais, mais sans que je puisse l’expliquer, je n’avais pas envie qu’il voit cette partie de moi.

-Ne soyez pas gênée, m’a-t-il dit. Je suis certain que vous avez une bonne raison de faire ce que vous faites. Vous n’aviez sans doute pas le choix.
-(Il lit dans mes pensées ou quoi?) Je…
-Vous n’avez pas à vous justifier. Je ne vous ai pas sauvée pour avoir des réponses.
-Pourquoi alors?
-Pour le simple plaisir de vous voir sourire.
Il semblait si sincère que je n’ai pas pu m’empêcher d’esquisser un sourire. Je ne crois pas qu’on ne m’ait jamais demandé quelque chose d’aussi mignon.
-Vous voyez? Ce n’était pas si difficile. Maintenant, dites-moi où je peux vous ramener.
J’ai baissé les yeux et j’ai marmonné le nom de mon bordel. Il a bien vu que malgré ce qu’il m’avait dit, ça me gênait d’en parler. Il n’a pas insisté. Il m’a simplement tendu son bras pour que je m’y accroche et il m’a raccompagnée.

Arrivée à destination, j’aurais bien voulu lui dire quelque chose pour retarder son départ, mais je ne savais pas quoi dire.
-Merci… de m’avoir sauvée.
-Ne me remerciez pas, ce fut tout naturel.
C’était le moment des adieux, alors j’ai fait le geste d’enlever sa cape pour la lui redonner.
-Non, gardez-la, m’a-t-il dit. Comme ça, vous ne m’oublierez pas.
-Ça, ça ne risque pas d’arriver… Je… Je sais que je n’ai pas le droit de vous demander quoi que ce soit, mais…
-Oui…?
-Votre nom. J’aimerais connaître votre nom.
-Nakago. Mademoiselle…?
-Lilianna.
-Et bien, mademoiselle Lilianna, ce fut un plaisir de vous rencontrer et ce sera un plaisir encore plus grand de vous revoir.

Il a ensuite tendu sa main vers moi. J’ai cru qu’il voulait juste me serrer la main, mais quand j’ai serré ma main dans la sienne, il s’est penché et m’a fait un baise-main. Huh? Il est vraiment trop génial pour être vrai, alors soit je rêve ou soit il vient d’une autre planète.
-Au revoir.
-Au revoir, lui aie-je murmuré.
Il s’est éloigné de moi et a gardé mes doigts emprisonnés dans les siens jusqu’à ce qu’il n’ait plus le choix de les lâcher pour pouvoir partir. Il m’a tourné le dos et s’est éloigné. Je l’ai suivi du regard jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un petit point à l’horizon.
-Adieu Nakago.
C’est gentil de me l’avoir fait croire, mais je ne pense pas, non… je sais que nous ne nous reverrons jamais. Les filles comme moi ne méritent pas des hommes comme vous.

Je suis rentrée à l’intérieur, sinon je risquais de passer le restant de la journée à regarder dans la direction où il était parti.
-Lilianna! Ça va?
-What happened? Look at your face!
-Yes, I know, leur aie-je répondu. Big bruise.
-Qui t’a fait ça? C’est l’homme qui t’a ramenée?
Lui? Après ce qu’il venait de faire pour moi, je ne l’imaginais pas du tout en train de frapper une femme.
-Non. Lui, il m’a sauvée.
-Qui était-il?
J’ai resserré sa cape autour de mes épaules et j’ai souri.
-Lilianna…?
-He was my knight in his shining armor.

It’s just too bad that I won’t ever see him again...

mardi 22 janvier 2008

Visions d’horreur, de toutes les façons possibles

Je me suis réveillée en sursaut et j’avais de la difficulté à respirer. Quand j’ai ouvert les yeux, j’ai vu un jeune homme (c’est lui qui m’avait pincé le nez) et à côté de lui, il y avait… Troy?
-Alors, tu dors pendant que tu travailles? m’a demandé le jeune homme.
-Euh…
Je me suis regardée rapidement. Quoi?? Je suis un garde? Un garde ou non pas une? Muuu!! Je ne veux pas être un homme!
-On pourrait peut-être le poster à un endroit où on passe habituellement? a suggéré l’ami de Troy.
-Je n’ai pas de problème avec ça! aie-je approuvé.
(Si je suis dans un coin nowhere, je ne risque pas de me faire demander pourquoi j’ai l’air aussi perdue et pourquoi je secoue mes jambes avec un air voulant dire «Maudit que c’est inconfortable d’avoir ça entre les deux jambes!»)

Troy, lui, préférait se rendre au bal. À entendre les gargouillements provenant de leurs estomacs, je devinais pourquoi.
-Tu pourrais nous ramener, a-t-il suggéré. Tu pourrais peut-être recevoir une récompense.
-…Ok!
J’ai agrippé un bras à chacun d’entre eux.
-Oh non! s’est exclamé son ami, très convaincant. On s’est fait attraper!
-Euh…
-Tu pourrais te forcer à être convaincant! m’a-t-il reproché.
-Euh… Désolé! Je ne suis pas habitué de capturer des princes et… d’autres personnes.
(T’es qui au juste?)
J’ai essayé de prendre un air féroce (je devais tellement avoir l’air pathétique) et «je» les ai emmenés vers les portes de la salle de bal.

-Cameron! a crié un chevalier en le voyant. Tu veux vraiment faire honte à ton père?!
Il l’a agrippé par le bras et l’a traîné à l’intérieur de la salle de bal. Ok. Alors il s’appelle Cameron et c’est le fils d’un chevalier. Il va falloir que je m’en rappelle. Troy est aussi entré et moi je suis resté(e) à l’entrée. Euh… Et ma récompense? Je crois que je suis mieux d’oublier ça. Bon. Je suppose que je vais retourner à mon poste.
-Eh toi! m’a dit un soldat qui avait l’air d’être haut gradé.
-Oui… (Chef? Capitaine? Général?) Oui?
-Va prendre ma place auprès du roi.
-…Et c’est quoi votre travail auprès du roi?
-Tu as l’air d’avoir un peu trop abusé de l’alcool mon gars.
-Euh…
(Il vaut mieux que je m’abstienne de répondre.)
-Alors… Il faut juste rester planté derrière le roi, c’est ça?
-C’est ça.
-Oui chef! lui aie-je répondu en lui faisant une tentative de salut militaire, à laquelle il a répondu.
-C’est juste un bal, alors relaxe mon gars.
-Oui chef!


Je suis donc allé(e) prendre place derrière le roi. J’espère qu’il ne se passera rien, parce que si quelqu’un essaie, par exemple de tuer le roi, avec moi comme garde du corps, j’ai peur qu’il ne réussisse. La soirée aurait pu être aussi ennuyante que longue, s’il n’y avait pas eu cet incident diplomatique qui a choqué tout le monde : le fou du roi s’est jeté sur la Dame Blanche pour lui faire un hug. Il n’en fallait pas plus pour que les gardes se fassent ordonner d’aller arrêter le fou. Oh c’est vrai! Je suis un garde moi aussi! Je me suis donc dirigé(e) vers les lieux de l’incident et j’ai agrippé le fou par le collet pour qu’il lâche la Dame Blanche. Le pauvre faisait pitié, il n’arrêtait pas de pleurer à chaudes larmes.
-Kerns! Kerns! criait-il.
(Quoi? La Dame Blanche c’est Kerns? Pfft!)
-Ça va aller Sheyenne, lui a répondu la Dame Blanche.
(Et le fou c’est Sheyenne?)
-Je vais m’occuper de…monsieur Sheyenne, leur aie-je dit avec un regard lourd de sens.
-Toi tu es qui? m’a-t-elle(il) demandé.
-Ce n’est pas le moment, plus tard.

Le geste posé par le fou avait profondément insulté les elfes et il fallait donc sévir immédiatement. Nous sommes donc allés dans une autre pièce pour régler l’affaire. J’avais été chargé(e) de surveiller le fou, qui pleurait toujours.
-Ne pleure pas Sheyenne, lui aie-je dit.
-T’es qui? m’a-t-elle redemandé.
-…Je suis ta meilleure amie.
-Lili!!
Méga giga gros hug de la mort.
-Mais qu’est-ce que c’est que ça? s’est indigné le conseiller du roi.
-Euh… Ce n’est pas moi, c’est lui! lui aie-je répondu en repoussant le fou.
(Loin de moi l’idée de rejeter toute la faute sur Sheyenne, mais si on se retrouve tous dans la merde, on va faire comment pour retrouver les autres?)
-C’est vrai, a approuvé Sheyenne, c’est de ma faute. Je voulais juste un peu d’affection.
Cette explication n’a pas suffit au conseiller, qui était encore plus choqué. Il en était rendu à dire que j’allais perdre mon travail (je m’en fous, c’est une vision) et que le fou et moi allions être exécutés. Mais c’est un pays de fous! On n’a pas le droit de se faire des hugs sous peine d’être exécuté? Ou alors c’est parce que Sheyenne et moi on est deux hommes qu’on n’a pas le droit de se hugger? …Dieu que cette phrase est perturbante.

Quoi qu’il en soit, il n’était pas question que je me fasse trucider une autre fois même si ce n’est qu’une vision. Deux fois suffisent! Je n’ai pas arrêté de demander au conseiller ce que j’avais fait de mal, mais il ne m’a jamais répondu.
-Ça suffit! s’est fâché mon chef, en me donnant une bonne taloche au visage.
-Ow!
-Montre un peu de respect devant le roi!
-Mais qu’est-ce que j’ai fait?
Il m’a donné un coup de pied directement sur le genou, pour me forcer à m’agenouiller.
-Veuillez lui pardonner majesté, s’est excusé mon chef. Il n’est pas ici depuis longtemps.
-Quel est votre nom? m’a demandé le roi.
-…Roger.
(C’est assez banal comme nom, ça devrait passer.)
-Il s’appelle Charles de Lemire, est intervenu mon chef.
-…Ça aussi! Roger c’est mon deuxième prénom.
Le conseiller et mon chef ont fini par sortir, sous la demande du roi.
-Depuis combien de temps êtes-vous à mon service? m’a demandé le roi.
-(L’autre a dit pas longtemps)… Trois mois.
-Et je suppose qu’il doit souvent vous arriver de vous endormir pendant que vous travaillez?
-(On m’a dénoncé?) Pas du tout majesté.
J’ai fini par me rendre compte que le roi était Julius, mais avant que nous ne puissions discuter de comment retrouver les autres, nous avons été interrompus par quelqu’un qui cognait à la porte. Je suis allé(e) ouvrir.
-Salut… toi!
C’était l’ami du prince, dont j’avais déjà oublié le nom. Je l’ai placé en détention, mais comme je suis moi-même arrêté(e)… Est-ce qu’on peut arrêter quelqu’un si on est soi-même déjà aux arrêts?

Le jeune Cameron avait vraiment l’air de tous nous prendre pour des fous. Il avait des airs de Ariste, mais il n’arrêtait pas de nier qu’il était Ariste et disait que nous avions tous des problèmes de dédoublement de personnalités. Mais quand il a lancé un «Salut majesté Juju!», il n’y eut plus de doute permis. Restait maintenant à retrouver Kyle et Shiva. Nous avons retrouvé le premier par hasard, car il est venu se cacher dans la pièce où nous étions. Je devrais plutôt dire elle, car Kyle était une fillette. Il avait toujours en sa possession l’œil et il voulait qu’on se dépêche, car il ne savait pas combien de temps encore il pourrait s’en servir. Quant à Shiva… Noua avons entendu un grattement venir de la fenêtre. Un chat a fini par sauter dans la pièce. Quand Julius l’a saisi, nous avons entendu «Lâchez-moi». C’était elle. Comme elle a dit, «on ne choisit pas le corps dans lequel on apparaît». Ça c’est vrai, parce que personne n’aurait choisi le corps dans lequel il/elle était. On est peut-être tous ensemble, mais on n’est pas sortis du bois. Le roi a l’air de vouloir s’arracher les cheveux, le palefrenier regarde tous les autres comme s’ils étaient cinglés, le garde n’arrête pas de murmurer «Pourquoi moi?», la Dame Blanche flatte un chat qui n’a pas envie de se faire flatter et le fou du roi hug une fillette qui donnerait tout elle aussi pour être ailleurs. Tout va bien!♫

-J’aurais une idée, a commencé Kerns.
-On n’a pas à faire quoi que ce soit, a dit Julius. Comme Kyle a dit, je suis le roi. J’ai juste à faire taire les gens.
-Mais qu’est-ce que quelqu’un saurait quoi faire? a demandé Kyle.
-C’est vraiment perturbant de t’entendre! lui a dit Julius. Surtout avec cette voix!
-Pourquoi je suis une fille? s’est plaint Kyle. Et pourquoi t’es un homme?
-C’est vrai! lui a répondu Sheyenne. Je suis un homme!
Pour le confirmer, elle a regardé dans son pantalon. Oh god.
-Hé! J’ai deux boules! s’est-elle exclamée.
-Sheyenne, ça suffit! l’a interrompue Kerns. On continuera… Tu continueras ton exploration de toi-même avec Kyle plus tard!
Kyle en a perdu toutes ses couleurs, comme nous tous d’ailleurs.
-Est-ce que je peux me faire exécuter? aie-je demandé à Julius.
(Je ne pense pas que je pourrai supporter ça encore plus longtemps.)
-Ça me ferait plaisir, m’a-t-il répondu, mais non.

Toc, toc.

C’était le grand conseiller qui revenait. Est-ce qu’on peut l’exécuter lui?
-Pardonnez-moi mon absence majesté, s’est-il excusé. Il faudrait retourner au bal…
-En effet, a approuvé Julius.
-Et il faudrait envoyer ces deux criminels en prison, a-t-il continué.
-Est-ce qu’on pourrait être dans la même cellule? aie-je demandé.
-Mettez-les dans la même cellule, a dit le roi.
-Allons-y Sheyenne! lui aie-je dit.
On a donc gambadé main dans la main vers la sortie.
-Euh… C’est où la prison? aie-je demandé.
(Je veux bien aller m’enfermer, mais…)
Deux gardes nous ont saisis par les bras et nous ont traînés jusqu’à la prison. Ils nous ont lancés sans ménagement dans la cellule.
-On a fait quoi au juste? leur aie-je demandé.
-Vous avez foutu le grand conseiller en rogne!
-Mais on a fait quoi?
-Je ne sais pas! Je ne suis qu’un pauvre garde qui exécute les ordres!
(Je sens que ça va être long!)

Sheyenne et moi n’avons même pas eu le temps d’apprécier notre séjour dans les geôles du château de Falan (comme nous avions apprécié notre séjour dans la prison des buccaneers), car les gardes ont figé.
-Bon. Je pense qu’il est temps qu’on parte!
J’ai décidé d’utiliser mon épaule d’homme pour défoncer la porte, mais je n’ai pas eu trop de succès. Ow. Ça fait mal, et je suis faible. Avant que je ne tente d’utiliser mes pouvoirs de Jedi pour appeler les clés à moi, nous avons entendu des voix. Il ne pouvait s’agir que des autres. Comme de fait, ont surgi le roi, la Dame Blanche, le palefrenier, la fillette fru, la chatte et le noble nowhere qui devait être Jillian. Ils ont pris les clés accrochées dans la gueule du chien qui semblait tout droit sorti d’un film de pirates et ils nous ont fait sortir. Il fallait maintenant trouver la porte à emprunter pour sortir d’ici, mais la clé de Kyle n’arrêtait pas de tourner et n’indiquait rien. Nous nous sommes donc rendus dans les jardins, là où était Laguna. Comme nous sommes ici pour lui redonner sa mémoire, peut-être qu’il va y avoir une porte près d’elle.
-Comme il s’agit de portes, c’est peut-être à Lili de faire quelque chose, a dit Kerns.
-…Je vais essayer…
Je me suis concentrée de toutes mes forces pour tenter de visualiser une porte. Le paysage a eu quelques ratés et puis ce fut le noir total.

Je me suis réveillée à une table autour de laquelle il y avait plusieurs chevaliers. J’étais moi aussi en armure (donc un chevalier) et j’étais toujours un homme.
-Pourquoi moi?
-Yééé!! a crié un des chevaliers.
(Ça c’est Sheyenne.)
-Je suis un homme! a dit un autre, avec soulagement.
(Ça c’est Kerns.)
Le pays semblait être en état de crise.
-Vous, a dit le roi en me regardant, votre village a été attaqué, n’est-ce pas?
-Euh… C’est exact.
D’après ce que j’ai compris, on soupçonnait Conrad de Laverrière (c’est qui?), parce que le roi avait manqué à sa parole. Le prince Troy voulait aller voir ce qui se passait.
-Nous irons avec lui majesté, a dit un des chevaliers.
-See father? Everything is going to be fine!
Le conseil s’est ensuite terminé et chacun est parti de son coté. Je suis restée près de Kerns, comme j’étais certaine de son identité. J’ai pu voir le grand conseiller faire signe à Kerns et lui parler à l’écart.
-Il voulait quoi? aie-je demandé à Kerns quand il fut revenu.
-…Confirmer quelque chose que je ne savais pas, m’a-t-il répondu.
-Ok…

Black-out.

Quand j’ai ouvert les yeux, tout était noir autour de moi. J’étais dans mon propre corps (ouai!) et tout le monde aussi d’ailleurs. L’œil pointait une porte en bois portant des marques de griffes et des traces de sang. Elle n’inspirait confiance à personne, mais nous n’avions pas le choix de l’ouvrir.

Black-out.

Quand je me suis réveillée, j’étais couchée dans un lit. Tout autour de moi, il y avait des trucs de chevaliers : une armure, un bouclier, une épée… Pourquoi je suis encore un soldat? Au moins, une rapide palpation de ma poitrine m’a appris que j’étais une femme.
-Ouai! Je suis une femme!
Toute heureuse de cette constatation, je me suis levée et j’ai entrepris de mettre mon armure. Ce ne fut pas tâche facile. J’aurais pu enlever et remettre à Nakago son armure les yeux fermés, mais jamais je ne m’étais mis une armure à moi-même.
-Tabarnak! C’est donc ben dur à mettre ça!
Une éternité plus tard, je fus prête et après avoir attaché mon épée à ma ceinture, je suis sortie. Troy et… quelqu’un d’autre étaient assis près d’un feu.
-Ah, Élizabeth! m’a dit ce dernier. Ça va?
-Bien sûr! Je suis une femme!
-Je ne m’en étais jamais rendu compte, a commenté Troy.
-J’ai juste des gros «pecs», leur aie-je dit.
(Ça doit porter à confusion.)
-Tu veux du café? m’a demandé le compagnon de Troy, un dénommé Gamelin.
-(Café?)Wra? Oui.
-Tiens Éliz… Lili. Tiens Lili.
(Ça c’est quelqu’un du groupe.)
-Merci…
-Il faudrait réveiller les autres, a dit Troy.
-Je m’en occupe! lui aie-je répondu.
(Comme ça, je pourrai poser des questions indiscrètes aux autres en toute tranquillité.)

Je me suis levée et Cameron est arrivé. C’est peut-être Ariste, mais nous aviserons plus tard. Je me suis rendue à la seule tente dans laquelle il restait quelqu’un. J’ai poussé l’homme qui était couché dans le lit et il s’est aussitôt réveillé.
-Mais qu’est-ce que…? a-t-il commencé.
Il a regardé autour de lui comme s’il était totalement perdu et d’après l’air, comment dire… effarouché que j’ai vu sur son visage, j’ai tout de suite su que c’était Shiva.
-Euh… Bonjour, m’a-t-elle dit. Euh…
-Laisse-moi deviner : tu ne sais pas qui tu es? Moi non plus, je ne savais pas qui j’étais quand je me suis levée.
Une lueur d’espoir s’est allumée dans son regard quand elle s’est rendue compte que j’étais quelqu’un du groupe.
-Je ne sais pas qui tu es, mais…
-Je suis Lili.
Elle a ensuite pris conscience de la gravité de sa voix et du fait qu’elle était un homme. Elle en a été plutôt affligée. Pate, pate.
-Tu vas t’en sortir, lui aie-je dit. Tu veux que je t’aide à mettre ton armure ?
-D’accord. Ne dis pas aux autres que je suis un homme!
-D’accord, promis.
Je l’ai aidé à se vêtir (Maudit que c’est long à mettre!) et nous sommes sorties.

-Tu sais où sont les autres? lui aie-je demandé.
-Par-là, m’a-t-elle répondu en pointant les chevaux.
-…Pfft. Je vais aller m’en occuper.
Je me suis donc dirigée vers les chevaux. Sur les cinq, il y en avait un seul qui était réveillé. À voir le gazon qu’il broute, je vais supposer qu’il s’agit d’un cheval normal. Parmi les quatre endormis, il y en avait un gris, un blanc avec une crinière blonde, un brun, plus petit que les autres et un rayé. Ce n’était pas difficile de deviner qui était qui. Je trouvais la situation tellement drôle que je n’ai pas pu m’empêcher de rire. Gamelin est venu me rejoindre.
-Qu’est-ce qui se passe? m’a-t-il demandé.
-Tu es qui au juste? lui aie-je demandé, tout bas.
-…La Dame Blanche.
-(Kerns) D’accord… Les chevaux, ce sont les autres.
Quand il eut assimilé l’information, il a éclaté de rire et je l’ai vite rejoint dans son hilarité. Je vais avoir mal aux côtes si je continu à rire comme ça!

-Qu’est-ce qui se passe? nous a demandé Cameron en se joignant à nous.
(Allons-y prudemment)
-Tu es qui ?
-…Je suis Cameron! Encore!
C’est Ariste. Je lui ai dit la même chose qu’à Kerns et il s’est aussitôt roulé par terre. C’est un peu méchant de se moquer ainsi d’eux, mais c’est vraiment trop drôle. Troy nous a dit qu’il fallait maintenant partir pour un village tout près. Il espérait qu’il n’avait pas été attaqué. Une minute… Partir? Ça veut dire…
-Kerns, je ne sais pas monter, lui aie-je murmuré.
-Ne t’en fais pas, je vais t’aider.
-Merci.
La partie la plus difficile fut de réveiller les chevaux et de les calmer. Aucun d’entre eux n’avait l’air particulièrement heureux d’être dans le corps d’un cheval, surtout Julius (assigné à Troy) et Kyle (assigné à Kerns). En plus, ils ne pouvaient pas parler et ne faisaient qu’hennir. Au moins, ils semblaient comprendre ce que nous disions. Sheyenne a été très adorable avec moi. Quand elle s’est rendue compte de qui j’étais, elle m’a donné des petits coups de tête en signe d’affection. Trop mignonne!

Sceller les chevaux n’a pas été non plus une mince affaire, aucun n’étant habitué à se retrouver avec un tel poids sur le dos.
-Tu as vu Shiva? m’a demandé Kerns, en m’aidant à sceller mon cheval.
J’ai failli lui pointer le soldat qui venait vers nous, mais je me suis rappelé ma promesse à la dernière seconde.
-Euh… On va sans doute la trouver bientôt!
-Tu as besoin d’aide? a demandé Kerns au nouveau venu.
-Non. Je suis un homme! Ça va aller !
-D’accord…
La première chose qu’il fit, ce fut de mettre sa selle à l’envers. Kerns l’a regardé bizarrement.
-…Je le savais! lui a répondu Shiva. C’était juste pour réchauffer!
Kerns l’a finalement aidé à sceller son cheval et quand tout le monde fut en selle (j’ai bien entendu été aidée par Kerns), nous sommes partis.

Les «chevaux» n’aimaient tellement pas leur fonction qu’ils ont tous essayé de nous désarçonner (Julius a même royalement envoyé Troy par terre). Heureusement pour moi, Sheyenne s’est vite calmée. Comme je ne sais pas monter, elle aurait bien pu me tuer. Troy pensait que les chevaux étaient en train de devenir fous à cause de ma jument. J’ai donc pris un peu d’avance. Nous sommes finalement arrivés au village sans (trop) de problèmes, mais rien ne pouvait nous préparer à ce que nous allions trouver. Le village était… attaqué par une version un peu chibi de dragon-Laguna. Elle détruisait tout sur son passage (habitations comme habitants) en crachant du feu et se débarrassait des personnes qui restaient en les dévorant. Nous étions tous soit apeuré, soit horrifié par ce spectacle, mais nous ne pouvions pas rester là à ne rien faire. Troy nous a donné le signal et nous sommes partis.
-To the death! a-t-il crié en s’élançant, suivis par nous tous.
Ça c’est l’expression parfaite, «Jusqu’à la mort», notre mort…

vendredi 11 janvier 2008

Sans plus l’interrompre, je l’ai laissé finir de détacher ma robe. Quand il eut fini, ses mains sont doucement remontées jusqu’à mes épaules, m’occasionnant des frissons tout le long de ma colonne vertébrale. Il a ensuite fait glisser les bretelles de ma robe le long de mes bras et ma robe est tombée par terre. J’étais en sous-vêtements, mais sous son regard scrutateur, je me sentais complètement nue. Il me regardait de bas en haut, de haut en bas et ainsi de suite.
-You’re blushing, m’a-t-il dit, me faisant rougir encore plus.
-I am. It’s the way you look at me.
-J’adore te regarder. Tu sais, j’ai imagine cette situation tellement de fois, mais même mes rêves les plus fous ne se sont jamais approchés de près de la réalité.
-Qu’est-ce que tu veux dire?
-Tu es plus belle que tout ce que j’avais pu imaginer jusqu’à maintenant.

jeudi 3 janvier 2008

Things look worse

Laguna a créé autour de nous un genre de cabane d’eau pour que nous soyons les seuls à entendre son histoire. Julius, qui continuait d’assommer Talis et Aracina, a demandé à Laguna s’il lui était possible de leur briser les bras pout que nous les mettions à l’extérieur et qu’ils ne s’enfuient pas.
-Je proteste?
(Ça c’est moi.)
Laguna ne s’est pas compliqué la vie : elle a agrippé Talis et Aracina et elle les a lancés à l’extérieur de notre abri. Tout comme Julius, je n’avais pas envie moi non plus qu’ils s’enfuient, mais Laguna nous a vite rassurés. Elle les a entourés d’un igloo pour qu’ils ne s’échappent pas. Fiou.

Laguna nous a dit que nous ne connaissions que des bribes de l’histoire. Les pièces blanches ont été mises sur le jeu il y a 5000 ans, les pièces noires il y a 300 ans et la partie a commencé il y a 30 ans. Il y a 5000 ans, les guardians étaient libres. Ils devaient juste protéger leurs piliers. Storm était très intelligent, il a questionné les dieux. Ça a mis en doute leur pouvoir sur eux. Ils ont tué Storm et mis les seals sur les guardians, pour s’assurer de leur éternelle servitude. Quand un guardian meure, son âme est transférée dans le prochain guardian (ça évite des mutations). Mais Storm, avant sa mort, a réincarné son âme dans le guardian qui lui succéderait. Deux âmes se sont donc retrouvées dans le même corps, mais l’âme de Storm est restée endormie et les guardians se sont succédés.

Il y a 300 ans, il y a eu la punition de Sky. C’est ce qui a tout déclenché. Sky avait un bon cœur et comme Storm, il était très intelligent. Les dieux le craignaient, mais ils ne lui ont pas touché justement parce qu’ils le craignaient. Les choses ont dégénéré quand il a épousé Flare. Cette dernière était chargée de protéger la cité de Scion et devait donc rester là-bas pout protéger la tour. Ils étaient tous les deux très amoureux et ils ont eu des jumeaux. Les dieux n’avaient pas prévu que les guardians puissent se reproduire entre eux. Ils ont craint une rébellion alors ils ont puni Sky : ils l’ont forcé à dévorer ses enfants vivants. Je crois que je peux affirmer avec certitude qu’il n’y a pas une personne dans cette pièce qui n’ait pas été profondément dégoûtée par cette punition. Si j’avais eu l’estomac plus plein, j’aurais été malade. Étant moi-même mère, je ne peux même pas imaginer ce que Sky a dû ressentir. Je pense que moi, je me serais suicidée drett là. Sky a perdu la raison et Flare s’est retirée dans son pilier. On ne l’a pas revue depuis 300 ans.

C’est à ce moment que l’âme de Storm s’est réveillée. Il a préparé sa vengeance durant 300 ans. Il y a 30 ans, Sky cherchait un bouc émissaire et il en a trouvé un en Laguna. Elle était brisée, en colère, après que Troy (le père du Troy qu’on connaît) l’ait laissée. Sky lui a proposé de rendre le monde instable pour que Jay descende et fasse tout renaître. Sky voulait utiliser le Forbidden circle (une incantation interdite dont Storm se souvenait) pour briser le sceau des guardians, mais pour que la magie soit activée, il avait besoin d’une grande puissance. Laguna a décidé de sacrifier les méréens, mais l’activation a été plus vorace qu’elle ne le pensait : tous les méréens magiciens sont disparus. Ce sont non seulement leur magie, mais aussi leurs âmes qui ont disparu : c’est comme s’ils n’avaient jamais existés.

Ça a marché : les seals de Laguna et de Sky ont disparu et les dieux ne s’en sont pas rendu compte. Mais Laguna a été trahie par Storm, qui a transféré son sceau sur elle. Les pouvoirs de Laguna ont disparu et chaque fois qu’elle utilise sa magie, ça la tue un peu plus. Quand elle a été attaquée par Minos, elle n’a pas pu défendre son pilier (elle avait scellé son épée après que Storm lui ait dit que ça perturberait la magie du cercle). Le monde est devenu débalancé et Jay est descendu. Il ne pouvait pas arrêter ce qui était commencé, mais pour donner un sursis au monde, il s’est scealé dans son propre corps pour que Storm ne puisse pas l’utiliser. Rendus au point où nous sommes, Jay ne peut pas être ramené et Storm le sait. Storm veut détruire la tour du soleil, mais Sky l’empêche à cause de son amour pour Flare. Storm manipule donc Rayden pour faire ce que Sky l’empêche de faire. Quand le groupe a pété la gueule à Sky, ils se sont tirés dans le pied royalement, car en abîmant le corps de Sky, ils ont aussi abîmé son âme, rendant Storm plus fort. Storm n’arrêtera pas tant que tout ne sera pas détruit.

Il fallait maintenant décider ce que nous allions faire. Comme Julius a dit, si quelqu’un disait non ou se rétractait en cours de route, c’en était fini. Même Lou, qui a dit qu’il ne pardonnerait jamais à Laguna, Bien avant qu’il ne mentionne la mort de Talis comme conséquence de nos actions passées, je me suis sentie visée par ce qu’il disait. Oui, Sheyenne a tué accidentellement des ours. Oui, Kerns a trahi pour récupérer la pierre à Vanna, mais mes actions à moi sont tellement plus graves.
-Lilianna…? a commencé Julius.
-Si tu vois Nakago, est-ce que tu vas encore partir? m’a demandé Sheyenne.
-Je ne pourrais pas partir même si je le voulais!
-Pourquoi?
Je leur ai montré mon seal.
-C’est une curse de Sigma, leur aie-je dit.
-Alors vous allez sauver le monde juste parce que vous avez une curse? m’a demandé Julius.
-Euh…
-Vous ne voulez donc pas sauver le monde pour votre fille?
-Ben… oui…
(C’est sûr que je veux que ma fille soit safe and sound, mais quitte à passer pour une sans-cœur, ma priorité avait toujours été Nakago. Aujourd’hui…)
-Si vous n’avez plus de curse, vous allez donc partir? m’a demandé Julius.
-Euh… Peut-être pas, non…
-L’homme dont vous êtes amoureuse, pensez-vous qu’il voudrait que le monde soit détruit?
-…Non…
(Je suis tombée amoureuse d’un homme merveilleux qui n’hésitait pas à défendre les demoiselles en détresse, pas d’un homme qui se fichait que le monde soit détruit ou pas. Je sais ce qu’il faudrait que je fasse, mais j’ai peur.)

-Tout ce que tu as fait Lili, m’a dit Kerns, tu l’as fait par amour.
-Ça ne change rien à ce qui est arrivé! lui aie-je répondu. Bonnes intentions et très mauvaises conséquences!
-Vous avez quand même eu toujours un désir de faire le bien, m’a dit Laguna.
-…
De la manière dont vous dites ça, c’est si simple, mais pour moi c’est tellement plus compliqué. Puis-je vraiment recommencer à neuf après tout ce que j’ai fait?

Un problème subsistait : la mort de Vanna. Kerns a alors eu une idée de génie. Étant le «maître des pierres», il pourrait essayer de rappeler la pierre à lui. Nous pourrions ensuite demander à Salem de ramener Vanna. Ça ne réglait pas le problème de la blood star, mais c’était un bon début. Julius a ensuite demandé à Laguna si elle désirait ravoir sa mémoire.
-Yes, I want it back.
Elle avait l’air si triste. Comment aurais-je pu refuser? J’ai alors eu la surprise de ma vie. Julius s’est tourné vers moi et il s’est incliné devant moi, me demandant d’utiliser la croisée pour Laguna.
-Tu n’as pas besoin de faire ça, j’ai déjà dit que je le ferais, lui aie-je répondu.
J’ai été, comment dire… profondément touchée par son geste. Je sais qu’il se fout de moi. Non… C’est beyond ça. Il me déteste et me méprise profondément. Il serait sans doute très heureux si j’étais morte et pourtant, il est allé au-delà de sa haine pour moi pour me supplier d’aider Laguna. J’aurais été vraiment trop evil de refuser de l’aider.

Avant d’entreprendre toutes ces tâches, nous devions nous reposer.
-Est-ce qu’on peut aller parler tout de suite à Talis? aie-je demandé à Julius.
-Il vaudrait mieux se reposer avant.
-Oh… Ok.
Je ne voulais pas prendre la chance de foutre le bordel en allant parler toute seule à Talis, mais j’avais désespérément envie de me rapprocher de lui. Je suis donc allée monter la garde devant l’igloo où Talis et Aracina se trouvaient. Je me suis accotée contre le mur et j’ai pensé à tout ce qui venait de se passer. Talis. Talis était vivant. Peu importe qu’il se souvienne de moi ou pas, il était vivant et c’était tout ce qui comptait. Ça, ça voulait dire que j’avais finalement une chance de me faire pardonner et aussi… qu’il pourrait m’aider à élever Tania, même si nous n’étions plus ensemble. Élever Tania n’était pas quelque chose que j’imaginais avant… les récents événements. I mean… Don’t get me wrong. She’s my daughter, I love her and I only want what’s best for her. C’est pourquoi je voulais la confier à quelqu’un qui aurait été plus apte que moi à la protéger et à la rendre heureuse, quand les choses étaient plus certaines avec Nakago. Je ne pensais pas que qui que ce soit aurait pu être heureux si nous avions vécu les trois ensemble : Nakago aurait été malheureux parce que Tania lui aurait constamment rappelé que j’en avais aimé un autre, Tania aurait été malheureuse parce que son beau-père ne l’aurait jamais regardée de la même façon que ses demi-frères et demi-sœurs et moi j’aurais été malheureuse qu’ils soient tous les deux malheureux.

Aujourd’hui, pour mon plus grand désespoir, plus rien n’était certain, en particulier ma relation avec Nakago. Mais pour la première fois, j’arrivais à envisager la vie sans lui sans penser au suicide. Que ça soit quand même clair : je l’aime plus que tout au monde et je ne désire rien de plus que de passer le restant de mes jours avec lui. C’est pourquoi je vais me battre bec et ongles pour le reconquérir. S’il faut que je le tapoche à mort et que je l’attache à un arbre pour qu’il m’écoute, c’est ce que je ferai! Il est peut-être le almighty general en chef des armées de Rayden, je ne me gênerai pas pour le faire! Mais dans l’éventualité où ça ne marcherait pas (je n’arrive pas à croire que je dis ça), j’ai une autre raison de vivre : Tania. En fait, j’en ai deux, parce que Talis est revenu dans ma vie. Je sais que les choses ne seront plus jamais comme avant entre nous deux, mais ça ne change rien au fait qu’il soit vivant. Et ça, ça me rend tellement heureuse que j’en pleurerais. It’s the best news I’ve had in months.



Things don't look good

J’ai déprimé bien comme il faut et quand je me suis calmée, j’ai essuyé mes larmes et j’ai décidé de retourner voir Lou. En ce moment, il était le seul qui pouvait me donner des informations sur Nakago. Même si je pouvais le faire, je ne pense pas que ça donnerait quoi que ce soit que j’aille voir Nakago lui-même pour lui poser des questions. Je préférerais grandement cette option, mais je me ferais sans doute encore répondre «Je ne peux rien te dire parce qu’il faut que je te protège». J’espère qu’il ne m’en voudra pas trop d’être allée vers d’autres sources d’information que lui, mais j’en ai plus qu’assez d’être tenue dans l’ignorance. Il faut que je sache.

En retournant vers la tente, j’ai vu Kerns qui sortait. J’ai préféré l’éviter parce que je ne me sentais pas d’humeur à discuter du pourquoi et du comment de ma déprime avec lui. Bon. On cogne comment pour entrer dans une tente?
-…Toc, toc!
-Euh… Entrez!
Shiva était dans la tente avec Lou, qui avait l’air encore plus mal en point que tout à l’heure.
-Lou, j’aurais quelque chose à te demander, si tu t’en sens capable…
-Oui, pas de problème.
(Son visage disait autrement.)
-Tu es sûr? Je ne voudrais pas…
(…que le sang gicle de ta tête.)
-Ça va aller, m’a-t-il répondu.
-Ok… J’aimerais que tu me dises tout ce que tu sais sur Nakago. Parce que si je vais le voir, je vais encore me faire dire «Je ne peux pas te répondre! Il faut que je te protège!».
-D’accord… C’était un général, ou un sous-général, un homme d’une grande droiture.
-Ok.
-L’empereur avait une grande confiance en lui.
(C’est toujours le cas.)
-Il était curieux, il s’intéressait beaucoup à mes travaux.
-Ok.
-C’était un combattant hors pair. Je n’ai jamais vu personne se battre avec une épée comme lui.
(Rourou…)
-Tu le connais depuis combien de temps?
-Trois, quatre ans.
-Vous êtes amants, non?
-Euh… oui… C’est assez compliqué en ce moment… mais oui, on peut dire ça…
-Et tu n’étais au courant de rien?
-Non…
-Nous nous sommes réveillés il y a deux ans. Nakago est venu à Merra.
-Je sais. J’ai eu une vision de Sigma. Il y avait une… (pétasse) fille avec lui qui disait «Nakago, tu sais bien que le roi de Merra ne te donnera jamais sa fille unique». Je suppose qu’il parlait de toi, Shiva.
-Euh, oui.
-Il était venu demander la main de Shiva, m’a dit Lou.
-… …
Disconnect. Quoi? Il… a demandé une autre fille, une princesse en plus, en mariage? À la même époque où il m’a donné ma bague? On m’aurait transpercé le cœur avec une dague que ça aurait eu le même effet.
-Il a toujours été intéressé par le pouvoir, m’a révélé Lou.
-…Ok…
-Le roi a refusé, Ça a jeté un froid entre nos deux continents.
-Ok… Ha, ha…
(Suicidez-moi quelqu’un… S’il vous plaît?)
-La dernière fois que je l’ai vu, c’était lors de la dernière grande bataille, quand Jaylong est descendu. Après, je n’ai plus eu de nouvelles.
-Ok…
J’ai senti le dernier fil reliant mon cerveau au restant de mon corps être coupé. Disconnect total. Ha, ha… Pourquoi est-ce qu’à chaque fois que j’atteins le fond du baril, une tuile me tombe-t-elle dessus et m’arrache en même temps un petit morceau de mon cœur? J’ai l’impression que plus le temps passe et plus mon cœur se brise en milliers de petits morceaux. Je n’ai pas l’impression que mon cœur se durcit, mais plutôt que je le perds. Si ça continue comme ça, bientôt je ne serai plus capable du tout d’aimer et d’être heureuse.
-Bon… Je crois que je vais retourner dans mon coin dark et creepy.
-Lilianna, ça va? m’a demandé Shiva.
-Bien sûr!
(Ha, ha!)
-J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas? m’a demandé Lou.
-…Non. Tu m’as dit la vérité, c’est tout.
(C’est une vérité qui fait mal, mais c’est juste la vérité. Au moins, toi tu es honnête avec moi.)
-Si tu as envie de parler, m’a dit Shiva.
-…Non, je ne crois pas que tu ais envie de savoir.
-Mais si tu as envie de parler…
-Ça ne changerait rien d’en parler.
(J’ai mérité tout ce qui m’est arrivé, alors en parler… Il vaut mieux que je garde tout pour moi. C’est une punition plus appropriée, souffrir en silence.)

Sans les regarder, je suis sortie de la tente. Tout va tellement bien… Mon chum a plus de mille ans et il en a demandé une autre en mariage environ au même moment où il m’a offert ma bague. Je ne pourrais pas aller mieux… Ce n’est pas que je doute de lui, bien au contraire. Je l’aime, je ne cesserai jamais de l’aimer et je sais qu’il m’aime aussi. Ça fait juste mal d’avoir toutes ces révélations en même temps et de n’avoir aucune explication pour m’aider à digérer tout ça. Je voudrais juste te comprendre Nakago. Est-ce vraiment trop demander?
-Salut Lili!
-Ah, Kerns. Salut.
-Ça va?
-Bien sûr.
-C’est ça! Tu veux venir dans la tente manger avec nous?
-Non. Je m’en vais là-bas, là-bas, là-bas, dans le coin le plus dark et creepy du camp.
-Je viens avec toi!
-…
Non… Va-t-en… Je veux être seule…

Malheureusement pour moi, Kerns n’avait aucune envie de me lâcher.
-Tu ne devrais pas être toute seule Lili.
-Je ne suis pas toute seule. J’ai… Café, qui est quelque part. Café!
-Wra? Wraa!
Il est venu nous voir et a même failli empoisonner Kerns.
-Tiens Café, une galette! Lui a dit Kerns en lançant un morceau par terre.
-Wra? Wraa!
Nous avons aussitôt perdu tout intérêt à ses yeux. Sniff.
-Tiens Lili! Prends une galette! Tu as la peau sur les os!
-…
Je ne pouvais pas le contredire sur ce point, car je savais bien que je mangeais moins depuis quelques semaines, à peu près deux fois moins. Et je n’avais pas besoin de me peser pour m’en rendre compte : je devais resserrer mes vêtements pour éviter de flotter dedans. J’ai pris la galette que Kerns me tendait et sous son regard scrutateur, je l’ai mangée. Je n’avais honnêtement pas trop envie de manger. Si Kerns n’avait pas été là, j’aurais seulement grignoté quelques morceaux et j’aurais ensuite jeté la galette. Mais mon ami avait mon bien-être un peu trop à cœur et il ne m’a pas quittée du regard avant que j’aie tout avalé.

Une fois dans mon coin creepy, j’espérais que Kerns partirait, mais il est resté. Tout ce que je voulais, c’était de déprimer seule dans mon coin, mais tout ce que Kerns voulait, c’était de me remonter le moral. C’était très mignon comme tentative, mais je n’avais pas du tout le cœur à ça.
-Tu sais Lili, je ne t’en veux pas.
-…Quoi?
(Comment tu peux ne pas m’en vouloir pour ça? Tu es bien le seul!)
-Je sais que tout ce que tu as fait, tu l’as fait par amour. Tu voulais sauver ta fille, c’est tout.
-Talis est mort, Kerns! Deux fois!
(Et jamais je ne me pardonnerai pour ça!)
-Peut-être que ça devait arriver et toi tu as été l’élément déclencheur.
-…
(C’est censé de m’aider comment ça? Talis devait mourir à ce moment-là et moi je l’ai juste aidé?!)

C’est pour ça que je veux éviter la compagnie des autres en ce moment, parce que quoi qu’ils me disent, ça n’arrangera jamais les choses.
-Tu entends quelque chose, Lili?
-…Non.
Je n’entendais ni ne voyais rien, mais Kerns semblait persuadé qu’il y avait quelque chose, ou quelqu’un, qui nous observait. Ça l’a assez mis mal à l’aise pour qu’il m’agrippe fermement le bras.
-Viens Lili! On retourne au camp!
Il a à peine fait un pas qu’il a arrêté de bouger. Huh?
-Lili, va-t-en!
-…Je ne peux pas m’en aller! Tu tiens mon poignet!
-Well, well... What do we have here?
Entre les arbres, est apparue Benzis. Oh shit.
-Va-t-en Lili! m’a redit Kerns.
-I wouldn’t do that if I were you, m’a dit Benzis, en mettant une dague sous la gorge de Kerns.
-Ce n’est pas grave Lili! Je me régénère!
-…Non!
Je ne vais pas la laisser te couper même si tu te régénères! Et je ne vais certainement pas te casser les doigts ou te couper la main pour que je puisse m’en aller! Tu es mon ami, alors non! Benzis était là pour récupérer les six pierres. Oh shit again. Elle a enlevé sa dague et Blazefeathers est sorti d’entre les arbres d’où elle était apparue. Je sais de quoi il est capable, alors pas question que je tente quoi que ce soit. Dans la grande forme physique dans laquelle je suis, il me donnerait une pichnote et je crois que je mourrais. Blazefeathers est resté avec nous pour nous surveiller et Benzis s’est dirigée vers le camp.
-Your name is Lilianna, right? m’a-t-elle demandé.
-Ou Josépha, ou Petrouchka, ou Julia... Je ne suis pas difficile en ce moment.
-General Cobalté has a gift for you. He said that you should like it.
-...

J’ai été envahie par un très mauvais pressentiment. Non… Il n’aurait quand même pas… Il n’aurait quand même pas fait revenir une deuxième fois… Talis? J’avais dit «mauvais pressentiment», car si le «cadeau» de Cobalté était Talis, ça voulait dire qu’il pouvait mourir de nouveau et ça, je ne le supporterais pas. Mais d’un autre côté, s’il s’agissait bien de Talis, ça changeait tant de choses. Je m’étais toujours refusée au pardon parce que la seule personne dont je désirais le pardon était aussi la seule de qui je ne pouvais l’obtenir, Talis. Mais s’il était vivant, j’avais peut-être une chance, une dernière chance. Après que Benzis soit partie, Kerns a retrouvé le contrôle de son corps et il m’a lâchée. Quant à Blazefeathers, il voulait voir de quoi le dernier des alorians était capable.
-Va-t-en Lili! m’a redit Kerns.
-…Bonne chance Kerns!

Je me suis retournée et j’ai commencé à courir vers le camp. Il fallait que je trouve Talis, au plus vite! Tout en courant, je regardais autour de moi pour essayer de trouver quelqu’un que je connaissais, espérant que ce soit Talis. Ce ne fut pas le cas. J’ai plutôt aperçu Kyle, qui se faisait traîner par le bord de pantalon par Rage. Huh? J’ai trouvé ça tellement bizarre que je me suis arrêtée.
-Lâche-moi, foutu chien! criait Kyle.
C’était vraiment trop curieux pour que je passe à côté de ça. J’ai donc suivi Kyle et Rage et j’ai fini par voir entre les arbres une tête de dragon. Oui, c’est logique : Rage amène Kyle jusqu’à Sheyenne. Si j’avais su ce que je verrais en arrivant à destination, je ne suis pas certaine que j’y serais allée. Sheyenne était en train de se battre… de se défendre contre Nakago. Et elle était plutôt en mauvaise posture. Je ne pouvais pas laisser Nakago la tuer, mais je ne pouvais pas non plus l’attaquer! Bon… Je vais essayer de parlementer?
-Arrêtez de vous battre s’il vous plaît! aie-je supplié d’une petite voix.
-Lilianna? Stay out of this! m’a demandé Nakago.
-Mais pourquoi vous vous battez?
-Je t’ai déjà dit que c’était nécessaire!
-Mais pourquoi?
-Pourquoi je te répondrais? You’re on their side!
-...Non... Je suis de ton côté, mais…

Nakago était vraiment fâché contre moi et il a continué à attaquer Sheyenne. Kyle s’est bien entendu interposé, mais il s’est fait ramasser d’aplomb. Quant à Sheyenne, elle a été tellement amochée par l’épée de Lemnor que je me suis soudain mise à trouver la cicatrice dans mon dos très attrayante. Je n’aurais pas pu être plus divisée qu’en ce moment. L’homme que j’aime attaque ma meilleure amie. Muuu…
-…Arrêtez de vous battre!
-Je t’ai déjà dit que c’était nécessaire!
-Mais pourquoi?
-Parce qu’il le faut!
-Pourquoi?
-I don’t have to answer you! You just toyed with me!
(Alors parce que tu as décidé que j’étais une traîtresse, j’en suis automatiquement une et je n’ai pas mon mot à dire là-dessus?)
-…Si c’était vraiment le cas, est-ce que j’aurais une marque comme ça sur moi?
Je lui ai montré la marque de ma curse. Il ne semblait pas savoir ce que c’était. Génial.
-Histoire courte : c’est une curse de Sigma et…
-I’m not listening to you! You’re just a traitor!
-Tu as la même marque sur toi!
-I’m taking care of the dragon! You’re next!
Est-ce que j’ai halluciné qu’il a eu l’air piteux en me disant ça? Si ce n’est pas le cas, pourquoi ne me laisse-t-il pas une chance? Tu m’as dit que tu ne douterais plus de mes sentiments et à la première épreuve qui se présente, tu me juges et tu me condamnes sans même me laisser une chance de m’expliquer. Muuu…

Nous avons été rejoints par Kerns, Lou et Shiva. Lou et Kerns ont essayé d’enlever l’épée de Lemnor qui était enfoncée dans le dos de Sheyenne-dragon, mais ils ont reçu une décharge qui les a envoyés dans le décor. Nakago s’est royalement foutu de leur gueule.
-Ha, ha! Nobody can touch my sword!
J’étais aussi montée sur le dos de Sheyenne, mais après avoir vu ce qui était arrivé à Lou et à Kerns, il n’était pas question que je touche à l’épée. Shiva a fait un prismatic wall entre nous et Nakago et Kerns s’est envolé par-dessus pour aller se battre contre Nakago.
-Amène-moi avec toi! lui aie-je crié.
Il ne m’a pas entendue (ou pas écoutée), alors j’ai dû descendre de Sheyenne et faire le tour du mur. Je me mettais peut-être en danger, mais je pourrais aussi me rendre utile en dépinant Kyle de l’arbre où il avait été piné par Nakago.

Je n’ai pas eu le temps de me rendre jusqu’à lui. Un portail est apparu derrière Nakago et mon deuxième meilleur ami Cobalté en est sorti.
-The emperor has ordered the retreat, a-t-il dit à Nakago.
-What? Why?
-They’re coming, the four of them.

(Oh! Alors c’était ça les fluctuations dans le darkness que j’avais senties?)
-Very well, we’ll retreat, lui a répondu Nakago.
Il m’a jeté un dernier regard (est-ce qu’il a vraiment l’air triste ou est-ce que je me fais des espoirs?) et il est entré dans le portail. Quant à Cobalté, il s’est incliné devant moi avant de partir. Je suis certaine que s’il avait eu plus de temps, il aurait encore essayé de me convaincre de lui donner ma pierre. Le portail a disparu (tout comme l’épée de Lemnor) et j’ai finalement pu aider Kyle.
-Attention Kyle…
J’ai finalement décidé de tirer l’épée d’un coup pour le déprendre.
-Ow! Tu aurais pu faire plus attention! m’a-t-il dit.
-D’accord. La prochaine fois, je vais enlever l’épée très lentement, comme ça tu vas avoir encore plus mal!
-Ok, vu comme ça…

Kerns a pris un Lou inconscient dans ses bras et j’ai soutenu Kyle et Sheyenne pour que nous retournions au camp. Nous y avons retrouvé tous les autres et les quatre guardians. J’ai évité le plus possible de regarder Sigma. Même si j’avais voulu le faire, je n’aurais pas pu, mon regard étant trop absorbé par autre chose. Julius était assis sur deux personnes inconscientes, attachées l’une à l’autre : Aracina, la mère d’Ariste… et Talis. J’ai eu l’impression que mon cœur s’arrêtait un bref instant. S’il n’y avait eu personne d’autre, je me serais jetée dans ses bras en pleurant toutes les larmes de mon corps et en remerciant les dieux de l’avoir ramené. Well… I know that it’s Cobalté’s doing, but I don’t care. He’s alive and it’s all that matters. D’après ce que j’ai compris, aucun des deux ne se souvenaient de nous, d’où le fait que Julius les assommait à chaque fois qu’ils se réveillaient et qu’il a engueulé royalement les guardians parce qu’il voulait savoir s’ils possédaient un moyen de leur ramener leurs souvenirs.

Sigma lui a répondu que non et que la seule personne qui aurai pu faire quelque chose était Vanna. Malheureusement, en petit tas de cendre elle ne pouvait rien faire. En plus, nous n’avions plus ni sa pierre ni la blood star. Les guardians nous ont dit que notre armée avait perdu la bataille et que le temps était maintenant compté. En plus, leur contact avec les dieux avait été scealé. Forest, Sigma et Kaï allaient retourner à leur pilier pour les garder et nous faire gagner le plus de temps possible. Laguna, n’ayant plus son pilier, allait rester avec nous. Elle avait d’ailleurs beaucoup de révélations à nous faire.

mardi 1 janvier 2008

J'ai mis le vidéo que j'ai pris de Karina sur Youtube. Tapez «Emotionnal Karina» ou «lilianna911», ce qui vous amènera sur mon compte.