lundi 26 janvier 2009

Un autre abcès à crever

J’ai continué à jaser de tout et de rien avec Sage et Lou. Puis Lou est sorti dehors.
-Tu veux que je t’envoie un zombie pour te border?
-Absolutly not!
-Oh…
(C’est tellement trop facile d’écoeurer Lou avec des zombies. Et amusant. Ça réduit la tension de tout ce qui se passe autour de moi.)
J’ai encore parlé avec Sage. C’est vraiment quelqu’un de très sympathique. Il a beau être «happy- go lucky» comme son père, je crois qu’il peut aussi être sérieux. Je parie que si je lui parlais de moi, du bien comme du pire, il saurait me prêter une oreille attentive, sans me juger. God knows that I need that nowadays.

J’ai fini par m’endormir sur la table et j’ai bien sûr rêvé de Nakago. Il y avait tant de choses que je voulais lui dire, tant de choses que j’avais besoin de lui dire… avant la fin. J’espère que j’en aurai l’occasion. Je souhaite de tout mon cœur que ce ne soit pas la fin pour aucun de nous deux, mais si par malheur ça devait l’être, il y a des choses très importantes que je dois lui dire. Je voudrais juste pouvoir passer un petit moment avec lui (quelques minutes me suffiraient) avant cette bataille que je redoute plus que tout. Ne serait-ce que pour lui dire une dernière fois à quel point je l’aime.

J’étais en train d’avoir de très belles pensées sur l’avenir que j’imaginais avec Nakago une fois que toute cette histoire de fous serait terminée quand une délicieuse odeur de nourriture qui cuisait a stimulé mes narines de façon incontrôlable. Je me suis mise à renifler l’air sans pouvoir m’en empêcher. Mmmm… I must be in heaven… J’ai ouvert mes yeux un après l’autre et je me suis rapprochée subtilement de l’odeur. Sage et Julius étaient en train de préparer le déjeuner pour tout le monde. Mais Sage était un peu plus doué que Julius, dont le plat a fini complètement carbonisé. Sage l’a donc pris et s’est mis en devoir d’appeler Café pour le lui donner.
-Viens ici petit, a-t-il dit. Petit, petit…
-Ce n’est pas comme ça que ça marche, suis-je intervenue.
-Hé, Lilianna!
-Café… Café…
-Wra? Wraa!
Café est sorti de nulle part et est venu jusqu’à moi. Il a grimpé sur moi et s’est placé sur ma tête. J’ai senti qu’il me mordait, mais il ne m’a pas empoisonnée. Je dois être rendue immunisée à son poison depuis le temps.
-Bon Café! Je t’aime.
Pate, pate.

Je l’ai pris dans mes bras pour le flatter. Sage et Julius m’ont regardée bizarrement.
-Quoi? Il est hot mon Café! Il a même une médaille!
-Ce truc est un animal de compagnie? s’est étonné Sage.
-Oui!
Pate, pate Café.
-Seigneur! Pourquoi pas quelque chose de normal? m’a demandé Julius. Comme un chat ou un chien?
-Il faut que j’en profite…
(…pendant que je le peux encore. Je sais très bien que Nakago ne me laissera jamais garder Café. Je ne voudrais pas le faire de toute façon. Café me manquera, mais comme j’ai déjà dit, je sais très bien que je ne pourrai pas le garder. Il y aurait beaucoup trop de risques qu’il s’en prenne à Tania et aux (nombreux) enfants que j’aurai avec Nakago. J’éprouve beaucoup d’affection pour Café, mais je veux mon happy ending avec mon rourou, plus que tout au monde. Je devrai seulement trouver quelqu’un qui s’occupera de Café pour moi…)

J’ai mis Café dans le bol de bouffe brûlée que Sage avait remis sur la table. Il faut bien qu’il mange lui aussi. Julius a dit qu’il trouvait ça dégoûtant. Ben quoi? Pourquoi personne n’aime Café? Il est con… et laid… mais il est quand même mignon! Et il a une médaille! C’est… cool, non? Je ferais mieux de laisser tomber. Nous sommes des incompris Café. I guess it’s just you and me Café. Pate, pate. Après je me suis pris un bol de bouffe. C’était des genres de pains aux fruits. C’était vraiment très bon. Je devrais peut-être rester près de Sage quand il va faire de la bouffe. Après tout, quand je vivrai avec Nakago, je vais devoir lui préparer ses repas. Pas que ça me dérange, bien au contraire. J’aimerais vraiment être la parfaite épouse/mère/femme au foyer pour lui, mais pour ça, il faudrait d’abord que je sache exactement ce que je dois faire pour m’occuper d’une maison. Je pourrais commencer par la cuisine…? Comme ça, quand j’emménagerai avec Nakago, j’aurai au moins quelques bases.

Julius a ensuite essayé de réveiller Priam. Il était couché sur la table, en train de hugger une bouteille de vin en pierre. That guy likes alcohol a bit too much I think. À force de se faire brasser, il a fini par se réveiller. Mais ce n’était pas Priam, c’était Kyle. Il a demandé à Julius de faire moins de bruit, parce que Priam dormait. Ce qui a suivi a été l’une des choses les plus perturbantes et en même temps drôles que j’ai jamais vues. Kyle parlait et l’instant d’après, il (ou plutôt Priam) s’écrasait sur la table, endormi. Nous avons tous trouvé ça si drôle que nous nous sommes tous mis à le (les) regarder. Il(s) n’appréciaent pas de se faire observer comme une bête de cirque, mais comme Julius lui a dit, nous n’avions rien de mieux à faire. C’est peut-être le moment d’amener sur le sujet ce que je voulais demander à Kyle.
-Moi je voudrais bien me faire enlever ma balle dans le pied…
Julius et Kyle/Priam m’ont regardée bizarrement.
-Quoi? Comment ça?
-Et bien… J’avais une balle dans le pied, mais…
(Mieux vaut ne pas mentionner le nom de Salem.)
-…quelqu’un a fait un healing sur tout le monde et la balle est encore là.

Heureusement Julius était de mon avis : laisser un professionnel de la chirurgie, c’est-à-dire Kyle, s’occuper de mon cas.
-Montre-moi, m’a-t-il demandé.
J’ai enlevé ma botte et mon bas et je lui ai montré mon pied. Après l’avoir palpé, il a conclu qu’il n’aurait pas le choix d’opérer.
-Moi aussi j’en ai! s’est exclamé Ariste. Je crois que j’en ai une dans le cul! Je pense que j’en ai trois…
-Ce n’était pas quatre? lui aie-je demandé.
-Peut-être…
Malheureusement pour nous, Priam n’avait pas envie de nous aider.
-Lui je le hais et elle c’est une dark!
-Ben là…
Je m’excuse d’être ce que je suis. Toi tu es light et je m’en fous (à part quand tu sors ta pierre ou que tu me balances une attaque de light dans la tronche), alors pourquoi tu ne peux pas faire pareil?

En plus, tandis que Kyle voulait opérer, Priam voulait manger. Ça a donc été le débat de «Je veux manger! Moi je veux opérer avant que ça ne s’infecte!» pendant que Sage allait chercher le sac avec les instruments de chirurgie de Kyle. Il semblait avoir été décidé que Kyle opérerait avant que Priam ne mange, mais ils continuaient quand même à s’obstiner.
-Moi ça ne me dérange pas d’attendre, aie-je dit tout bas.
(Ce n’est pas quelques minutes de plus ou de moins qui vont changer quelque chose.)
-Non, Kyle va opérer, m’a répondu Julius.
-Tu as quelque chose pour endormir? lui a demandé ce dernier. Je n’opère pas à froid.
Julius lui a montré une fiole de valducie, qu’il m’a ensuite tendue.
-Euh, il faut que j’en prenne combien? Je ne veux pas dormir pendant une semaine…
(Souvenez-vous des aventures de Kyle à Lok.)
-Juste une goutte, m’a dit Julius.
(Tu es certain?)
Kyle a pris une aiguille, l’a trempée dans la fiole et me l’a tendue. J’espère que ça va faire l’affaire. J’ai à peine eu le temps de me piquer que je me suis écrasée sur la table.

Black out.

Quand j’ai émergé du sommeil, ça brassait autour de moi, ou plutôt sous moi. Avant même d’ouvrir les yeux, j’ai entendu des bruits étranges. Ça ressemblait à des tarpans, beaucoup de tarpans. Quand je me suis décidée à ouvrir mes yeux, j’ai effectivement vu des tarpans… des tarpans de pierre sur lesquels nous chevauchions. Euh…
-Qu’est-ce qu’on fait sur des tarpans de pierre? aie-je demandé à tout le monde.
-Miss Lilianna! s’est exclamé Sage.
-(Euh, pourquoi le «miss»?)
-Alors, qu’est-ce qu’on fait ici?
-Un gros ver des sables s’en venait vers nous, m’a expliqué Kerns, qui était sur le même tarpan que moi. Julius et Salem sont allés jeter un coup d’œil parce que Sage avait repéré quelqu’un près du ver.
-Ben là! Pourquoi vous ne m’avez pas réveillée?
-Tu n’étais pas réveillable, m’a dit Kerns.
-Oh… C’est l’fun des vers des sables! Surtout quand ils sont décapités…
-Non! a protesté Lou. Ce n’est pas amusant! Et surtout pas quand ils sont décapités!
-Oh…
Console-toi, m’a dit Kerns, tu as Café!
-Café? Café…
-On l’a enfermé dans une gourde!
-Hé!
(Vous êtes tous méchants avec mon Café! Il n’a pas mérité ça!)

J’ai tout de suite ouvert la gourde.
-Café…Café…
-Wra?
Il est sorti et je l’ai serré contre moi.
-Bon Café!
Pate, pate.
Moi j’étais super contente d’avoir Café contre moi, mais Kerns semblait plutôt mal à l’aise. Il vaut mieux que je demande à Café de faire attention.
-Ne saute pas sur Kerns, d’accord Café?
-Wra? Wraa!
Il a fait exactement le contraire de ce que je lui ai demandé et Kerns a été empoisonné. Quand Julius, Salem et «Laguna qui n’était plus dans le coma mais qui n’avait quand même pas l’air d’aller bien» nous ont rejoints, après avoir manqué de se faire tirer dessus par Ariste (qui tentait d’abattre des vautours pour nourrir Lee), Kerns en a profité pour prendre une potion anti-poison.

Comme je voulais garder Café avec moi et que Kerns était un peu trop sensible à son poison, je n’aurais pas le choix de changer de tarpan. Sage s’est gentiment proposé pour me prendre sur le dos de son tarpan.
-Ne t’inquiète pas, je suis immunisé au poision! m’a-t-il dit.
-Cool.
J’ai donc placé Café sur mon épaule et j’ai descendu de mon tarpan,
-Milady, m’a dit Sage en me tendant la main pour m’aider à grimper.
-…Merci.
(Ça me fait bizarre de me faire dire «milady». Je me considère comme beaucoup de choses, mais pas comme une lady. Alors me faire appeler milady… It’s nice…)

Nous avons chevauché toute la journée, le soleil nous tapant sur le crâne et nos derrières étant de plus en plus douloureux. Quand nous nous sommes arrêtés à la tombée de la nuit, j’avais les fesses complètement en compote, c’était à peine si je pouvais marcher. En plus, le soleil n’étant plus là, la température était glaciale. On se serait cru en hiver. Heureusement, Ariste a fait apparaître une autre maison de pierre avec Sun Lao et quelqu’un a allumé un feu. Je suis allée m’assoir le plus près possible des flammes. J’étais si frigorifiée que j’ai à peine ressenti la chaleur. Je commençais à peine à me réchauffer quand j’ai appris une nouvelle qui m’a refroidi le cœur. Sage a dit que quand Laguna était revenue, il n’y avait qu’une seule âme avec elle, signifiant qu’elle avait perdu son bébé. Encore pire, il a dit que son état de guardian pouvait l’avoir forcée à absorber son bébé pour qu’elle survive. Plus personne n’a rien dit après ça. Qu’y aurait-il eu à dire?

Lou avait l’air tellement décrissé qu’il est sorti dehors. Il a dit qu’il avait besoin d’être seul. Après son départ, Chiva nous a dit que lors du terrible événement qui avait accablé les méréens il y a trente ans, Lou avait perdu sa femme et le bébé qu’elle portait. La nouvelle d’aujourd’hui lui rappelait donc de très mauvais souvenirs. Cette nouvelle touchait tout le monde d’ailleurs. Moi j’avais juste envie de pleurer, ce que j’ai commencé à faire sans pouvoir m’en empêcher. Je ressentais aussi un besoin immense de hugger quelqu’un, mais surtout de me faire hugger. J’ai tout de suite pensé à Kerns, mais il était en train de réconforter Chiva. Le seul qui était libre c’était Sage. Je sais bien que si je lui demandais un hug il ne me le refuserait pas, mais je me suis sentie trop gênée pour aller le voir. Je ne le connais pas assez pour lui demander de me hugger dans le but d’apaiser ma peine. Et puis de quoi j’aurais l’air si j’allais le voir le visage plein de larmes? Oui, je suis très triste pour Laguna et Julius. Je ne comprends peut-être pas ce qu’ils ressentent, mais j’ai une petite idée. C’est pour ça que je pleure, parce que je ne peux pas m’empêcher de penser à ma pitchoune. Ma pierre était en train de la tuer et qu’est-ce que j’ai fait pour la sauver? J’ai accepté le deal de Cobalté. Et qu’est-ce que j’ai fait une fois que je l’ai récupérée? J’ai laissé Minos la kidnapper. Je sais que je ne devrais pas pleurer. Après tout, ma pitchoune est vivante et bien portante. J’ai donc une chance de la récupérer. But I can’t help it. I never cried over this and I don’t think that I ever really talked to anyone about this, about my feelings. C’est un abcès qui n’a pas été crevé et j’ai besoin de le faire. Mais pas devant tout le monde…

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