samedi 22 novembre 2008

I don't ever want to leave this place

L’eau est devenue très crasseuse dès que Vanna y est entrée.
-Désolée pour ça, s’est-elle excusée. Tu vas devoir changer l’eau.
-…Ce n’est pas grave.
(Je pense que je devrais survivre à cette épreuve.)
Vanna est sortie du bain, s’est rhabillée et a changé l’eau. Elle a mis sa main dans l’eau pour la réchauffer. Elle la trouvait plutôt tiède, mais elle était brûlante pour moi. Je n’ai pas envie d’avoir des brûlures au troisième degré alors je vais devoir attendre un peu.
-Ça va aller? m’a-t-elle demandé.
-(Like you care) Il faut juste que je me décrasse.
-Ce n’est pas ça que je veux dire. Est-ce que ça va?
-…Il faut juste que je me décrasse.
-Écoute, je sais que tu t’es servie de ta pierre, alors est-ce que ça va?
(Pardon? Tu sais? Tu le sais seulement parce que je te l’ai dit. Autrement, tu ne t’en serais jamais rendue compte… comme c’est le cas pour tout le monde d’ailleurs.)
-…Voir réponse précédente : il faut juste que je me décrasse.
-I was just trying to be nice. Never mind!

Elle est partie et j’ai tout de suite remis la chaise sous la poignée pour bloquer la porte. Je me suis ensuite déshabillée (mon linge complètement scrap a pris la direction des poubelles) et je me suis assise sur le bord du bain. J’y suis restée un moment à contempler mes jambes, qui étaient devenues translucides des genoux aux pieds. Je voyais à peine mes orteils. Ma seule consolation : je pouvais encore me toucher. Quand j’ai passé mes doigts sous mes pieds, je les ai parfaitement vus. Ça c’est génial. Je suis en train de disparaître… et personne ne l’a remarqué. Est-ce que quelqu’un aurait envie de le remarquer de toute façon? Je manquerais à qui si je disparaissais complètement? My life is a total mess. I’m just a failure… who deserves everything that happened to her. C’est sans doute pour ça que personne ne m’a fait la remarque que j’avais utilisé ma pierre. Ils pensent que je mérite ce qui m’arrive. Pourtant, j’aimerais tant pouvoir en parler à quelqu’un. J’aimerais tant que quelqu’un me serre dans ses bras et me dise que tout se passerait bien. J’aimerais que ce quelqu’un soit Nakago, mais je ne peux pas me confier à lui pour l’instant, en tout cas pas à l’artefact. Parce que j’ai des choses très importantes à lui dire et quand j’en aurai fini, il ne voudra certainement plus m’écouter m’épancher sur mes états d’âme. Un cœur de plus que je vais briser…

Me laver a été toute une épreuve. J’étais couverte de sang, de vomis et de saletés diverses de la tête aux plus-de-pieds. Et ça c’était sans compter l’odeur nauséabonde que je sentais sur moi. J’avais presqu’envie de vomir rien qu’à respirer. J’ai pris mon temps le plus possible (personne ne m’attend alors…) et j’ai mis de nouveaux vêtements avant de sortir. J’avais envie de me défouler un peu, mais je devais d’abord passer à ma chambre. Sur le chemin, j’ai croisé Tex.
-Salope…
-…
-Salope… Putain…
(Dis-moi quelque chose que j’ignore. Je suis peut-être une salope, mais moi au moins, je ne suis jamais tombée amoureuse d’un dragon.)
-Tu sais, si tu veux que tes insultes aient de l’effet, il va falloir que tu changes!
-Il a raison! est intervenu Jean.
-…
(Bon! Un autre qui s’en mèle!)
-Tu es une femme méchante!
-…Ben oui!
(Comme pour Tex, dis-moi quelque chose que j’ignore.)
-Et les gens méchants, ils vont en enfer!
-Je sais déjà que je vais en enfer!
-Et en enfer, tu souffres!
-…Je pense que je vais aller pleurer dans ma chambre!
-C’est ça!
-…
(Si c’est tout ce à quoi je peux m’attendre de ce voyage, ça devrait bien aller.)

Je suis allée déposer mes affaires dans ma chambre et je me suis ensuite rendue à la salle d’entraînement principale. Quelqu’un s’y trouvait déjà, car j’entendais du bruit derrière la porte. J’ai entrouvert la porte et j’ai aperçu le gars à la grosse épée. Merde. Il faisait partie des trois personnes que je ne désirais absolument pas croiser. J’ai subtilement essayé de m’éclipser.
-Are you scared of me? m’a-t-il demandé.
-(Shit, il m’a entendue) Euh…
-Je te reconnais… C’est toi la fille que j’ai vue au palais…
-Euh… Techniquement, tu ne m’as pas vue parce que j’étais cachée dans l’ombre.
(Je viens de me planter là. Oups.)
-Tu les as comptées?
-…Quoi?
-Les personnes qui sont mortes parce que tu n’as rien dit!
-(Muuu) Euh…
-Moi j’en ai comptées treize. Et ça c’était juste les enfants…
-(Muuu) …Bon… Je vais te laisser t’entraîner… Bonne chance!
-C’est ça…

Je suis partie sans demander mon reste. Je savais bien que je n’aurais rien pu faire de plus pour ces femmes et ces enfants (après tout, si je m’étais montrée c’est moi qui serais morte et bonjour fin du monde), mais je ne pouvais quand même pas m’empêcher de me sentir mal. C’était un souvenir très désagréable pour moi et je n’aimais pas qu’on me le rappelle, surtout pas par cet homme qui les avait tués. Je me suis rendue dans une salle d’entraînement plus petite où, dieu merci, il n’y avait personne. J’ai pris une épée et je me suis littéralement défoulée sur un mannequin. J’ai frappé, frappé et encore frappé. J’ai continué jusqu’à ce que je sente la sueur me dégouliner dans le front et dans le dos. Ma vue était brouillée par les larmes et je ne sentais plus mon bras, mais je continuais quand même. Pour ce que Julius m’avait dit, pour le sentiment constant de peur, de solitude et de rejet que je ressentais, pour toutes les erreurs que j’avais commises et pour lesquelles j’avais le sentiment de ne pas pouvoir me racheter, pour ma curse qui s’était déclenchée et dont personne ne s’était aperçu… Pour tout ça et bien d’autres choses encore, j’ai continué de frapper jusqu’à ce que je m’effondre d’épuisement par terre.

Quand j’ai fini par me calmer, j’ai replacé l’épée sur son présentoir et je suis retournée dans ma chambre. Je me suis couchée sur mon lit et je me suis endormie comme une buche. Ça n’a pas été la nuit la plus calme que j’ai connue, mais au moins j’ai pu dormir sans crainte de me faire sauter dessus par des ravageurs ou des cannibales. Mes journées se sont toutes déroulées à peu près ainsi : je me défoulais contre des mannequins, j’allais faire un saut à la cafétéria pour me prendre quelque chose à manger et je retournais ensuite m’enfermer dans ma chambre. Tout ça en essayant d’éviter le plus possible Minos, Cobalté, les buccaneers, les soldats de Rayden… Tous les bad guys quoi. Ça n’a pas été trop difficile, mais ce à quoi je ne m’étais pas attendu c’était que je me fasse éviter… par Nakago. Le voyage a duré deux jours et je l’ai à peine vu. Et j’ai bien remarqué qu’il ne cherchait pas à m’approcher, bien au contraire.

Je ne comprends vraiment pas…

Il m’a totalement ignorée…

J’espérais beaucoup de ce voyage, mais je n’ai rien pu faire, car il s’est délibérément tenu loin de moi.

Bien sûr, avec tous ces gens autour de nous, je ne m’attendais pas à un «je t’aime» ou à un «tu m’as manquée».

Un petit sourire ou un simple regard m’auraient suffi.

Mais je n’ai rien eu du tout. Pas même le «bonjour» que deux personnes qui voyagent sur le même airship se disent par courtoisie quand elles se croisent.

Il m’a vraiment totalement ignorée. Non… En fait, c’était pire que ça. Il a fait exprès de m’éviter. Il m’a fuie comme la peste. C’est juste s’il ne se sauvait pas en courant quand il m’apercevait de loin du coin de l’œil.

Les très rares fois où nous nous sommes croisés dans le couloir, il ne me regardait même pas. Il passait à côté de moi comme si j’étais totalement invisible. J’aurais pu être un grain de poussière et il n’y aurait pas eu de différence.

Peut-être qu’il a appris par quelqu’un ce que je voulais lui dire? Non, ce n’est pas possible, car je n’en ai parlé à personne.

…Ça doit être moi alors. Je dois avoir fait quelque chose de mal. Je fais toujours des conneries alors je dois encore avoir fait quelque chose qu’il ne fallait pas et qui l’a blessé.

Pourtant, je ne regarde plus aucun autre homme que lui. Il est le seul que j’aime et c’est avec lui que je désire finir ma vie.

Alors qu’est-ce que je peux bien avoir fait? Peut-être qu’il considère que je n’ai pas fait assez d’efforts pour regagner sa confiance? Ou peut-être qu’il croit encore que j’étais venue le retrouver seulement pour les clés?

Ce n’est pourtant pas le cas. J’étais allée le retrouver parce que je l’aime et qu’il me manquait atrocement. Mais je n’ai jamais eu la chance de lui expliquer…

Mais si ce n’est pas ça, qu’est-ce que ça peut bien être? Quel mal je peux bien lui avoir encore fait? What did I do to screw everything up again…?

J’ai eu beau retourner la question dans ma tête, je ne suis jamais parvenue à obtenir une réponse. J’étais d’ailleurs en train de me torturer l’esprit à ce sujet quand, le matin du troisième jour, la vigie a crié «terre en vue». Je suis montée sur le pont pour voir de quoi il en retournait. Tout le monde était déjà là. J’ai regardé Nakago de loin et lui ne m’a pas accordé un regard. Muuu… Qu’est-ce que j’ai fait? Pourquoi tu ne peux pas me dire au moins ça? La terre que nous apercevions du airship semblait plutôt désertique. Alors c’est ça Scion? J’imeginais quelque chose de plus… grandiose. Nous avons accosté et Ariste s’est pitché en bas pour être le premier à fouler le sol. Il s’est ensuite amusé à faire des châteaux de sable. Comme a dit Minos, tu es le premier à fouler ce sol depuis 5000 ans et tu fais des châteaux de sable? Ok… C’est une réaction comme une autre…
-Cobalté, go scout around, lui a demandé Minos.
Cobalté a donc summoné son cheval (Horsy comme je l’appelais, vous vous souvenez?) et il est parti.
-Ne reviens pas! lui aie-je crié.
-Oh, that’s so mean!
-…Non, c’est réaliste!
Ne plus jamais te revoir… Tu ne sais pas à quel point ça me ferait plaisir.

J’ai reposé mon regard sur la terre devant nous, essayant de me concentrer le plus possible, car si je me laissais distraire, je me retournerais assurément vers Nakago. Et il avait été plus que clair. Pour une raison ou pour une autre, qui était assurément de ma faute, il ne voulait rien à voir à faire avec moi en ce moment. Alors concentre-toi Lili. Concentre-toi sur cet endroit qui émane un peu très beaucoup trop le light à mon goût. C’est evil! Trop de light! Je me sentais vraiment très agressée au plus profond de ma darkness. Comment les choses pourraient-elles êtres pires? Le soleil levant m’a donné ma réponse. La lumière à l’horizon est devenue de plus en plus brillante jusqu’à ce qu’elle devienne un gros flash blanc et qu’elle m’aveugle.

Quand j’ai retrouvé la vue, j’étais couchée dans du gazon. Le paysage autour de moi était magnifique. Je sentais beaucoup de light, mais ça ne me dérangeait pas. Je me sentais extrêmement bien, complètement revigorée. Tous mes soucis s’étaient envolés et mon âme était aussi légère qu’une plume. Je ne m’étais pas sentie comme ça depuis… au moins deux éternités. J’adore cet endroit. J’espère que nous pourrons y rester longtemps. Tout le monde du groupe était là, à l’execption des bad guys et des pnj nowhere. Ariste nous a dit que Flare voulait qu’on aille la voir chez elle (il sait ça comment?) et Laguna elle, nous a dit que Flare allait venir nous voir. Ok… Nous avons finalement décidé d’aller à sa rencontre. Nous avons descendu une colline jusqu’à ce que nous arrivions à un petit lac. Une silhouette perchée sur le haut d’un rocher chantait d’une voix très mélodieuse. Nous nous sommes approchés un peu plus et la silhouette est descendue. Il s’agissait d’une jeune fille, la plus jolie et good qu’il m’avait jamais été donné de voir. C’était Flare. Gentille comme elle a l’air, elle va sûrement accepter de nous aider à sauver Kyle.

Elle nous a expliqué que si certains membres du groupe pouvaient voir son pillier (à voir leurs airs, il s’agissait de la plus belle chose au monde) c’était parce que leurs cœurs étaient purs. Ceux dont le cœur n’était pas assez pur ne pouvaient le voir, car ils représentaient un danger. Je ne me suis pas sentie triste de ne pas pouvoir le voir. Je me suis plutôt dit : si je travaille assez fort, un jour je pourrai le voir. Oui, c’est ça. Alors go Lili, tu es capable!

Aucun commentaire: