mercredi 30 avril 2008

Archaïque et fière de l'être

C'est la game de la semaine passée.

Je ne me suis pas éveillée au son d’un oiseau en full plate ce matin-là. J’étais en train de rêver de sets de thé quand je me suis fait réveiller en sursaut par quelqu’un qui me brassait.
-Hein?
Laguna était penchée au-dessus de moi.
-C’est déjà le matin?
-Non, il s’est passé quelque chose, m’a-t-elle répondu.
-Ok…
-Minos s’en est pris à Vanna et à Kerns. Tout le monde va dormir dans la grande salle. C’est plus sûr.
-Ok… Je vais prendre ma couverture et mes affaires.

Après avoir pris mes affaires, je me suis retournée vers la porte et… il n’y avait plus de porte… Et plus de meuble qui la barricadait non plus… Juste des débris… Euh…
-Désolée, s’est excusée Laguna. Mais ce n’est pas ma faute si les portes sont faites en papier!
-Ça va…
Pauvre meuble... Paix à son âme. Je vais devoir trouver un moyen plus solide pour me barricader à la prochaine nuit. Tout le monde se trouvait déjà dans la salle. J’ai vu Vanna sortir de la salle de bain, l’air complètement décrissée. Elle a pris son sac et est retournée se changer. Quand elle est définitivement sortie, elle est allée se fondre dans un coin dark et creepy (euh… c’est moi qui fait ça d’habitude) et je l’ai entendu pleurer. Euh… Qu’est-ce qui se passe? Je n’ai jamais vu Vanna pleurer, alors ça doit être quelque chose de grave. Salem est allé la rejoindre pour la réconforter.
Muuu… Je ne suis pas sûre que j’ai envie de savoir ce qui s’est passé.

Je suis allée m’assoir contre un mur, regardant tous ces gens autour de moi qui avaient tous l’air d’être tellement dans la joie. Euh… C’est moi qui a l’air de ça d’habitude… Talis et Bob sont venus s’assoir de part et d’autre de moi et ils avaient l’air aussi perdus que moi.
-Qu’est-ce qui se passe? a demandé Talis.
-Je ne sais pas, lui aie-je répondu.
-Je crois qu’on a manqué quelque chose, a conclu Bob.
-Sans doute…
(Mais est-ce qu’on veut vraiment savoir ce qu’on a manqué…?)

À force de regarder cet attroupement de gens déprimés, j’ai fini par m’endormir. J’ai rêvé de gens qui pleuraient et de théières qui volaient dans les airs. Seigneur… Je suis vraiment rendue grave… Si ça continue comme ça, je vais voir le visage de Nakago sur les théières. Vivement que je le revoie pour que je lui pose la question. Mais je fais comment pour aborder le sujet? «Mon amour, es-tu un artefact?» C’est un peu direct pour moi, mais c’est sans doute la meilleure façon de procéder. J’ai eu une nuit bizarroïde et un réveil tout aussi étrange. Tout comme les lapins-kangourous, les oiseaux à full plate pullulent dans ce pays. Notre réveil a donc été une gracieuseté de ces… charmantes créatures auxquelles je crisserais bien quelques taloches pour les faire taire. C’est dommage que Café ne soit pas là, il s’en serait chargé avec grand plaisir. Je n’aurais jamais cru que j’aurais dit ça un jour, mais il me manque. Oui, Café me manque… Il a beau être un peu con (d’accord, enlevez le «un peu»), mais je m’ennuie quand même de lui et de ses «Wraa».

Quand j’ai ouvert les yeux, j’ai constaté que la moitié des gens avaient l’air de ne pas avoir dormi et l’autre moitié (qui incluait entre autre Talis, Bob et moi) ne comprenait toujours pas ce qui s’était passé. Nous n’avons pas eu le temps de demander des explications, car le bateau que nous devions prendre était arrivé durant la nuit. Nous sommes donc partis tout de suite en direction du port. Quand nous sommes arrivés et que les marins se sont aperçus qu’il y avait des femmes parmi notre groupe, toute l’activité a semblé s’arrêter et j’ai entendu des «Des femmes! Il y a des femmes!» venant d’un peu partout. J’ai ensuite senti les regards de tous les hommes présents autour de nous se poser sur nous. Je n’aime pas me faire regarder par les hommes ces temps-ci, alors tous ces yeux posés sur moi me rendaient très mal à l’aise. Muuu… Est-ce que je peux aller me cacher dans ma cabine tout de suite?

Lou et Kerns sont partis de l’avant pour parler au capitaine. Ce dernier nous a dit que si nous causions le moindre problème, nous serions jetés par-dessus bord. Excepté pour nous, les femmes. Le capitaine nous a saluées et nous a dit que nous avions une cabine pour nous toutes seules. Les hommes, eux, se partageraient trois chambres. Quant à nos gigantesques amis les beasts, ils resteraient sur le pont. La princesse Tu-Maï a sauté pour y accéder et pour Sam, Kerns lui a faire boire une potion chibi et il s’est envolé avec lui sur le bateau. Sam était si mignon en petit ourson. Il avait l’air d’un ours en peluche. Nous en avions pour deux jours de voyage jusqu’à Macao, une ville où le bateau devait faire escale. Valdesor était l’étape suivante. Le capitaine était persuadé que tout se passerait bien, comme il y avait des femmes à bord. Je n’ai pas envie de lui péter sa bulle, mais j’ai hâte de voir son visage quand il saura que deux des trois femmes ne font pas de magie et que la troisième est une druide et pas une magicienne.

Quand tout le monde fut grimpé à bord, nous sommes allés dans la plus grande des trois cabines pour avoir un update de la situation. En résumé, Minos l’avait placée sur un binding spell et l’avait forcée à faire mal à Kerns. Il allait être là dans trois jours, car il voulait la pierre de Julius (grosse surprise) et il avait un cadeau pour Kerns (?). De plus, il avait reçu le feu vert de son père pour nous tuer. Ça pourrait poser un problème. Quand Vanna a fini de parler, la merde a pogné. Ariste s’est mis à chialer contre Kerns, disant qu’il avait perdu la confiance qu’il avait eue en ce dernier. Il lui a reproché d’avoir voulu baiser une illusion et de les avoir laissés par terre (lui et Julius) pour aller dans une chambre se vider. Lou a trouvé ses mots si excessifs qu’il l’a frappé. Il est ensuite sorti avec Kerns. Vanna, qui pleurait, est aussi sortie, suivie de près par Salem.

Sheyenne ne comprenait pas pourquoi tout le monde se pognait comme ça (moi non plus d’ailleurs), alors Julius a tenté de lui expliquer que tous étaient différents et réagissaient donc de manière différente.
-Ariste frappe sur les gens, lui a-t-il dit. Lilianna ferme sa porte à tout le monde.
Muuu… Pourquoi il a fallu qu’il me donne en exemple?
-Ok, tout le monde est différent, lui a répondu Sheyenne. Je ne dérangerai plus personne… Je peux sortir maintenant?
-Oui.
Sheyenne est partie et Julius semblait plutôt en criss. Euh…
-Je peux sortir aussi? lui aie-je demandé.
-Oui.
Je ne me suis pas fait prier et je suis sortie en quatrième vitesse. Je préférais partir tout de suite plutôt que rester et risquer de me faire engueuler. J’ai toujours peur de dire ou de faire quelque chose de pas correct, alors j’ai préféré ne pas prendre de chance.

Mais si j’allais m’enfermer dans ma chambre ou me cacher dans un coin, je risquais d’éveiller les soupçons. Mmmm… Je sais. Je vais aller explorer le bateau. En me tenant occupée et en faisant mine de m’intéresser à quelque chose, on risque de me laisser tranquille. Je suis donc partie vagabonder. Je ne l’ai pas regretté, car c’était un beau vaisseau. Enfin… Je n’y connais rien en airship ou autres, mais il m’a semblé beau. Mais je dois avouer que les marins m’ont quelque peu traumatisée. Tous ceux que j’ai croisés se sont inclinés devant moi avant de continuer leur chemin. Euh… Ok… C’est parce qu’ils croient que je fais de la magie? Vous ne devriez pas faire ça, vous savez? Je n’ai rien se spécial… Enfin… Je suis très bonne pour trahir les gens, pour me faire avoir, pour me faire agresser, pour blesser et/ou tuer ceux que j’aime, pour laisser des enfants se faire kidnapper… J’ai oublié quelque chose? Ça en fait quand même beaucoup déjà… Vous croyez que je peux mettre tout ça sur mon cv?

Je me suis promenée un peu partout, m’étonnant de toutes les différences qu’il y avait avec les airships de chez nous. Quand je suis arrivée dans la cabine de pilotage, j’ai failli avoir une crise cardiaque : il n’y avait personne! Euh… Ça fait comment pour se diriger alors? Je suppose que comme ça n’a pas l’air parti pour crasher, je ne dois pas m’en faire. J’ai fini par aboutir dans la salle des machines. Encore là, je n’y comprenais rien. Je dois avouer que je n’y comprends rien normalement non plus (je n’ai pas souvent fait de visites guidées de salles des machines d’airship), mais tout ici me semblait tellement différent de ce que j’avais pu voir jusqu’à présent.
-Ça marche comment…?
-Je peux vous aider? m’a alors demandé un mécano.
Ok… C’est le moment où jamais… Si je fais semblant de m’intéresser à quelque chose, si je me tiens occupée, les autres ne me poseront pas de questions du genre «Ça ne va pas?» ou «Qu’est-ce qui t’est arrivé?».
-…Oui… Deux questions. Premièrement : pourquoi tout le monde s’incline devant moi quand je passe?
-Et bien, c’est notre façon de saluer…
-…Pour vrai?
-Vous ne faites pas comme ça vous?
-Non. Nous, on fait un petit signe de tête ou on fait un signe de la main.
-Ah bon… Vous êtes… arcadienne?
-Non.
-…Humaine?
-C’est ça. Dites-moi… Comment ça marche tout ça?
-Et bien…

Le mécano s’est lancé dans l’explication de «A» à «Z» du bon fonctionnement des machines. Il m’a même montré la source d’énergie du navire : c’était un genre de sablier comme celui qu’il y avait à Eomiss, mais en plus petit. Le mécano semblait connaître sur le bout des doigts ce dont il parlait, mais il a employé tellement de termes que je ne connaissais pas que je n’ai absolument rien compris à ce qu’il me disait. Ce fut beaucoup trop compliqué pour moi, mais j’ai quand même réussi à comprendre que nos airships n’étaient pas aussi avancés que ceux des méréens sur le plan technologique. Je crois que Lou a raison : on est probablement archaïques.
-Et dites-moi… C’est normal qu’il n’y ait personne dans le poste de pilotage?
-Bien sûr! On n’a besoin de personne pour piloter nos bateaux!
-..Pour vrai?
(Je suis maintenant presque sûre que Lou a raison : on est sans doute archaïques.)
-Bien sûr… Vos airships ont toujours besoin d’un pilote?
-Oui. Enfin je crois…
-Voulez-vous que je vous montre?
-…Ok.

Il m’a donc emmenée dans la cabine de pilotage. Il a fait apparaître une carte virtuelle des environs et m’a pointé notre prochaine destination, Macao, dessus. Quand j’ai touché la carte à cet endroit précis, la ville s’est illuminée. Euh… J’ai fait une gaffe?
-Désolée! Désolée! me suis-je excusée.
-Pas de problème. C’est notre destination de toute façon.
Il m’a ensuite montré que pour faire atterrir le bateau, on n’avait qu’à entrer des données (je ne sais plus où) et tout se faisait tout seul. Seigneur… Lou a raison : on est vraiment archaïques. Je ne comprenais absolument rien à ce que le mécano me racontait, mais j’étais très impressionnée. Tout était si… C’est quoi le mot pour décrire le total inverse d’archaïque? Ça a dû transparaître dans mon visage, car le mécano a fait mention du «Solaris».
-Le Solaris?
-C’est le vaisseau-amiral de la flotte de Merra, m’a-t-il répondu. Je ne l’ai jamais vu, mais il paraît qu’il vaut le détour.
-Et bien, si je le vois, je vous en redonnerai des nouvelles. Merci, de m’avoir montré tout ça.
-Il n’y a pas de quoi.
-Bon… Je crois que je vais aller retrouver Lou…
(Je lui dois des excuses.)
-Lou, c’est votre mari?
-Quoi? Non… Non…
-C’est un… compagnon?
-C’est ça.
-Désolé. Je ne voulais pas vous insulter.
-Pas de problème. J’en ai juste assez qu’on me croit mariée avec tout le monde.
(D’abord Kyle et maintenant Lou…)
-Alors vous n’avez pas encore trouvé votre mâle?
-…Quoi? Euh…
Pourquoi certaines personnes parlent en termes de mâles/femelles? Il me semble que ça fait si… animal. Oui, j’ai trouvé mon… mâle, quoique je dois avouer ne jamais avoir parlé de Nakago de cette façon. Même si c’est ce qu’il est, sans l’ombre d’un doute, un vrai… mâle... Je dois avouer que ça ne me déplaît pas d’être sa femelle, car tout en lui est si… viril : sa démarche, ses gestes, sa voix… Et que dire de son regard? Son regard… Quand il me regarde… J’ai des papillons dans l’estomac à chaque fois… Je me sens totalement sienne dans les moindres détails, car à chaque fois que ses yeux croisent les miens, le monde extérieur cesse d’exister et je sais qu’il peut se passer n’importe quoi que je m’en fiche. Parce que tout ce qui compte, c’est qu’il m’aime et… que je l’aime aussi. Malgré tout ce qui s’est passé et malgré tout ce qui se passera, je l’aimerai toujours. Mais je ne veux pas qu’il soit un artefact, et je ne comprends pas pourquoi il m’a caché un détail aussi important.

Le mécano (je devrais lui demander son nom) s’est aperçu que j’étais troublée et il s’en est excusé.
-Désolé. Je voulais dire que vous n’avez pas encore trouvé votre mari.
-…Non…
(En fait oui, mais est-ce que je veux vraiment entrer dans les détails?)
-Alors vous n’avez pas encore donné de fleur?
-En fait, on ne donne pas de fleur nous.
-Vraiment?
-Oui, et ce n’est pas seulement la femme qui peut faire la demande.
-Vraiment?
-Oui. On n’a pas de problèmes d’une femme pour 300 000 hommes.
-Vous êtes chanceux.
-Oui, mais ça peut quand même être compliqué…
(J’en suis l’exemple parfait.)
-Bon… Je vous remercie d’avoir pris le temps de m’expliquer tout ça.
-Ça m’a fait plaisir.
Je l’ai salué d’un petit signe de tête et je suis partie.

Wow… Ça n’a pas été si difficile que ça, faire semblant de m’intéresser à quelque chose et parler avec quelqu’un. En fait, c’était plutôt… très agréable. Je ne me souviens même pas de la dernière fois où j’ai parlé avec quelqu’un pour le simple plaisir de parler. J’ai bien discuté avec Julius il n’y a pas si longtemps que ça, mais ce n’est pas la même chose. Je crois que je vais devoir faire semblant plus souvent, ça m’a vraiment plu. Mais ce sera bien sûr juste pour discuter de sujets légers. Je n’ai pas changé d’idée à ce sujet : quand j’ouvre mon cœur à quelqu’un, je finis toujours pas blesser ou être blessée. Je vais donc men tenir au strict minimum.

J’ai trouvé Lou sur le pont. Il était accoté sur le bastingage, les yeux fermés et il semblait réfléchir à quelque chose. J’ai passé ma main devant lui et il a ouvert les yeux. Il a paru plutôt surpris de me voir devant lui. Bon. Je sais que je ne suis pas la personne la plus sociable du monde, mais quand même.
-Salut. Désolée de te déranger.
-Ça va.
-Écoute…
Comment aborder le sujet? Mmmm… J’ai posé ma main sur son épaule et j’ai essayé de prendre un air sérieux.
-Lou, je suis désolée. Tu avais raison.
-…Quoi?
-Tu avais raison : on est vraiment archaïques.
-…Quoi? Ok… Ça sort d’où ça?
J’aurais pu lui annoncer que j’étais tombée amoureuse de lui qu’il aurait eu la même expression.
-Je suis allée dans la salle des machines et un des mécanos m’a expliqué comment ça marchait. Je n’ai rien compris à ce qu’il me disait, mais ça avait vraiment l’air tellement plus… avancé technologiquement que ce qu’on a.
-Je l’avais dit!
(Hé! J’ai peut-être accepté mon état d’archaïquité, mais ne pousse pas trop!)
-Le mécano m’a parlé du Solaris. Ça serait le vaisseau-amiral de Merra. Ça te dit quelque chose?
-C’était encore un prototype quand je suis parti.
-C’est toi qui l’as fabriqué?
-Disons que j’ai participé à sa fabrication.
-Tu penses qu’on pourra le voir.
-Peut-être.
-Excellent. Et pendant que tu es là…Je ne pense pas te l’avoir déjà dit, mais merci de m’avoir sauvé la vie, quand on était dans le désert. Si tu étais arrivé une minute plus tard, je crois que je serais morte.
-Tu n’as pas à me remercier.
-Oui, parce que je serais vraiment morte.
-Tu n’as pas à te sentir redevable, je ne t’aurais pas laissée là.
-Je sais, mais je me sens quand même redevable. Je t’en dois une, merci.
-Il n’y a pas de quoi.

-Bon… Je vais aller… faire quelque chose pour m’empêcher de penser à ma théière.
-Ta théière? Tu as brisé ta théière?
-Euh…
(Oups. Je me suis trompée dans mes volumes.)
-Tu veux que je la répare?
-Euh… Tu ne peux pas…
-…Comment ça, «je ne peux pas»?
-…Tu ne peux pas la réparer.
(Je me vois très mal lui amener Nakago et lui dire «Vas-y! Répare-le!».)
-Tu penses que je ne peux pas réparer ta théière?!
Lou avait l’air profondément insulté que je pense qu’il ne pouvait pas réparer «ma théière».
-Tu ne peux pas, lui aie-je répété. C’est un artefact.
-Quoi? C’est une joke? Tu sais qui je suis?!
(Ah, c’est vrai. C’est monsieur le spécialiste des artefacts.)
-C’est qu’il n’est pas ici…
-C’est quoi?
(C’est mon chum et c’est un général de l’armée ennemie.)
-Pas quoi, qui…
-…Oh, je vois…
-…Tu es au courant?
-Oui. Ça explique pourquoi il est différent.
-Différent de quand tu l’as connu?
-Oui.
-Alors ce n’était pas un artefact quand tu l’as connu?
-Non. Il a dû être créé à partir de l’original.
-…Quoi? Il y en a deux?
-Quoi? Tu pensais vraiment qu’on pouvait créer un artefact vivant à partir de rien du tout?
-Je ne sais pas!
(Je n’y connais rien en magie ou en artefact.)

-Si c’est un artefact, l’original est où? aie-je demandé à Lou.
-Je ne sais pas. Je ne l’ai pas revu après la grande bataille.
(Mmmm… Alors il y a peut-être un original et une copie? Je suis tombée amoureuse de qui moi alors? L’original? La copie? Les deux?)
-Pendant qu’on est là, tu n’as pas autre chose à me dire sur lui?
(Que je déprime un peu plus.)
-Tu es beaucoup attachée au général Nakago je crois, non? Peut-être même plus…
-…Tu n’as pas idée…
(J’aime cet homme au-delà de tout entendement possible. Je ne pense pas qu’il y ait de mots assez forts pour décrire ce que je ressens. J’ai l’impression… Non, je sais qu’il m’est aussi indispensable que de respirer. Envisager ma vie sans lui serait comme une condamnation à mort pour moi. Je sais que ça fait un peu beaucoup mélodramatique, mais je n’y peux rien.)

-Comme je t’ai déjà dit, il s’intéressait beaucoup à mes recherches. Je ne pense pas l’avoir vu un seul instant où il n’avait pas le nez plongé dans mes livres, parfois même jusqu’à passer des nuits blanches. Il aurait voulu fabriquer des artefacts, mais il n’aurait jamais pu.
-Pourquoi?
-Parce que c’est un humain.
-…
(Je sais bien que nous sommes une bande d’archaïques, mais s’il y a un humain qui peut fabriquer des artefacts, c’est bien Nakago!)
-Et il s’intéressait beaucoup à l’immortalité.
(Immortalité? Mmmm… Une idée folle me traverse l’esprit…)
-Lou… Tu crois que le truc magique qu’il a à la place du cœur pourrait le rendre immortel? Ça pourrait être possible?
-Je ne sais pas… Mais tu te rends compte de ce que ça implique? Il faudrait qu’il se soit arraché le cœur. Il aurait fallu qu’il ait un complice.
-L’empereur?
-Peut-être… Et je voudrais aussi savoir comment il a fait pour modifier mon arme.

Désolée, mais ça je m’en fiche. Je viens d’apprendre que mon rourou n’est peut-être pas un artefact. J’ai été vraiment conne de penser qu’il m’avait caché un truc aussi important. Mais avec la succession d’événements, je ne savais plus quoi penser. Mais même si Nakago n’est pas un artefact, ça ne règle pas le problème de l’immortalité et ça, c’est bien quelque chose qu’il m’a caché. Nous allons avoir toute une discussion la prochaine fois que nous nous reverrons.
-Lou, il y aurait un moyen de savoir si c’est l’original ou non?
-Si j’avais un artefact pour le faire, oui.
-Comme ton scanner?
-Oui, mais il faudrait que je sois assez près. Si seulement il était assez proche pour que je puisse l’étudier…
-Hé! Pas question que je te laisse le disséquer!
-Quoi? Non!
(Je ne laisserai jamais personne le disséquer ou faire d’autres expériences du genre! C’est mon rourou!)
-Lou… Le truc dont tu as parlé, comme ton scanner, tu pourrais en fabriquer un?
-Je crois que j’en ai un chez moi.
-Tu pourrais me montrer comment m’en servir?
-Oui.
-Et ça serait possible de l’utiliser sans qu’il ne s’en aperçoive?
-Oui.
-Excellent. Quand je vais le revoir, bientôt j’espère, je vais essayer de m’en approcher assez pour l’utiliser.
-Quand Minos va revenir, il y a de bonnes chances pour que les généraux soient avec lui.
-Tant mieux… Bon. Je crois que je vais aller chercher celui qui a ma pierre.
-Par là.
-Merci. Si c’est un artefact créé à partir d’un original et que l’original est mort, je vais peut-être pouvoir communiquer avec son esprit.
-…Ew!
-Quoi? C’est juste communiquer avec un esprit!
-Pas grave! Et le ver mort, c’était dégueu!
-Quoi? C’était juste un ver mort!
-C’était dégueulasse! Et le squelette qui le conduisait aussi!
-C’était juste Roger 1! Il y a eu aussi Roger, 2 l’alpiniste. Roger 3, l’oiseau égorgé qui chantait; j’avais besoin de me défouler.
-Ew!
-Et Roger 4, je crois que c’était un soldat, à Tomiso.
-C’est dégueulasse!
-Des morts… Des morts…
-Arrête ça!

C’était très amusant d’écœurer Lou, mais je devais aller voir Julius. J’avais une possibilité de découvrir la vérité, alors je ne la laisserais pas passer. Julius était plus loin sur le pont, mais il était en train de se battre avec Jillian. Vu l’intensité de ses gestes, j’ai préféré ne pas aller le déranger. Je n’avais pas envie de me faire regarder croche ou de me faire répondre bête. Il ne serait sans doute pas d’accord pour que j’emprunte ma pierre de toute façon, alors il valait mieux que j’attende qu’il soit dans de meilleures dispositions pour que sa réponse négative soit plus… civilisée. Je suis donc retournée à l’intérieur et comme mon estomac gargouillait, je suis allée me chercher quelque chose à manger. Dès que je suis entrée dans la cafétéria, tous les marins m’ont regardée. Euh… Ils ont peut-être l’air gentils, mais ça me rendait très mal à l’aise. Quand trop de gens (sous-entendant «hommes») me regardent, j’ai l’impression que je vais me faire attaquer à tout instant. J’ai donc demandé au cuistot de remplir mon assiette de mets variés et je suis allée m’enfermer dans ma chambre qui n’est pas ma chambre à moi seule, derrière ma porte qui ne se verrouille pas.

Quand j’ai eu fini de manger et de nourrir ma fluff ball, j’étais si fatiguée que je suis tombée comme une buche sur mon lit. Dès que j’ai fermé me yeux, je me suis mise à voir deux Nakago. Chacun me demandait de le choisir et comme j’étais incapable de faire un choix («Euh, les deux?» n’est pas une bonne réponse), ils s’éloignaient tous les deux. Je voulais les rattraper, mais comme je ne savais pas vers qui aller, je restais plantée là jusqu’à ce que je me retrouve toute seule, dans le noir le plus complet. J’ai fini par me réveiller en sursaut, parce que mon rêve m’avait terrifiée et parce que mon sixième sens me disait que quelque chose clochait. En prêtant l’oreille attentivement, j’ai entendu des bruits de pas qui semblaient venir du pont. Comme tout le monde était censé dormir à cette heure-ci, ça m’a semblé plutôt suspect. Je suis sortie y jeter un coup d’œil, tout comme Julius, Ariste et Sheyenne.

Il n’y avait rien en vue sur le pont, mais j’ai ressenti quelque chose de dark et creepy venant d’un peu plus loin. C’était beaucoup plus dark et creepy que moi. Euh… Muuu… Je n’avais aucune idée de qui il pouvait s’agir, mais quand j’ai vu un grand chapeau sortir de l’ombre, j’ai failli avoir une crise cardiaque.
-Oh non! Pas lui!
Le «lui» en question a commencé à avancer vers nous.
-Oups. Je pense qu’il sait qu’on est là.
Je m’en voulais de céder à la panique aussi rapidement, mais j’avais de très mauvais souvenirs de la dernière fois où je m’étais retrouvée seule en présence de Cobalté. J’ai fixé la noirceur en espérant apercevoir quelque chose qui me dirait qu’il s’agissait bien de mon mort-vivant fif favori (du genre un rayon lunaire se reflétant sur une tasse de porcelaine), mais je n’ai rien vu.

La personne qui est finalement sortie de l’ombre ne fut pas Cobalté. Je n’avais jamais vu cet homme auparavant. Il avait l’air plutôt… bizarre.



La seule chose dont nous avons pu en tirer était son nom : Don-arrow. Il n’a pas voulu nous dire ce qu’il faisait ici. Il a parlé de deux princes. Hein? Il y a deux princes ici?
-Tu es un prince Ariste?
-Euh non, je ne crois pas.
Je n’ai pas trop compris (ou écouté) ce qu’il racontait, étant plus focusée sur le fait qu’il me donnait la chair de poule. Il avait aussi l’air d’en savoir beaucoup. Il semblait savoir que nous étions des porteurs de pierre.
-This one is pretty, beautiful, a-t-il dit en me pointant.
-Euh…
Je n’aimais pas particulièrement me faire complimenter par des gens dark et creepy que je ne connaissais pas, alors je suis allée me cacher derrière Julius.
-Est-ce qu’il faut que je dise merci? lui aie-je chuchoté.
-Vous répondez ce que vous voulez, Lilianna.
-Ok. Euh… Merci?

Don… machin-truc a fini par partir. Comme il n’était pas venu ici pour s’en prendre à nous, nous n’avions aucune raison de le retenir ou de chercher querelle. Après son départ, Julius nous a emmenés dans une pièce et il s’est fâché contre Ariste (ou Sheyenne? Ou les deux? Je ne sais plus). Il a dit qu’il ne fallait pas trop parler devant ceux qu’on ne connaissait pas pour ne pas trop leur en révéler ou pour ne pas leur révéler tout ce qu’on ignorait. Je crois que c’était un truc du genre, mais comme je n’étais pas vraiment concernée, je n’ai rien dit. Pendant qu’il regardait dans une autre direction, j’en ai profité pour me sauver en douce. Il avait l’air fâché et moi je n’avais pas envie de me faire sermonner pour «X» raison. Avant de retourner dans ma chambre, j’ai jeté un dernier regard sur le pont. Je me demandais bien ce que ce Donatello machin-truc était venu faire ici. Je n’ai pas ressenti d’ondes dark ou creepy sur le pont, mais même si ça avait été le cas, je ne m’y serais pas aventurée. Je ne suis quand même pas totalement idiote.
Je suis donc retournée dans ma chambre et, pelotonnée contre ma fluff ball, je me suis endormie presqu’aussitôt que ma tête a touché l’oreiller. Peu m’importe de rêver de grands chapeaux, de théières ou de théières à grands chapeaux, tout ce que je souhaite pour le restant de la nuit, s’il vous plaît, c’est de ne plus être dérangée. Une nuit complète sans perturbation autre que celles crées par mon esprit tordu, est-ce vraiment trop demander?

2 commentaires:

Eos / Michael a dit...

bah, au moins, tu te tiens tranquille, donc je ne pense pas pour quelle raison on te sermonerais maintenant. tu n'as pas fait d'autre traîtrise jusqu'à date, tu t'en sors plutôt bien je trouve

Lyra a dit...

Non, je n'ai pas fait d'autre traîtrise et je n'en ferai pas d'autre, pas quand la vie des deux personnes que j'aime le plus au monde en dépend.

Quant au fait de bien m'en sortir, ça c'est une autre paire de manches. Je voudrais bien m'en sortir, mais il y a toujours quelque chose pour me ramener le moral à terre. Et je ne veux plus en parler aux autres, parce que j'ai l'impression que ça finit toujours pas se retourner contre moi. Et de toute façon, ça servirait à quoi que je me confie à quelqu'un? Il faut arrêter de penser au `je`, right? Alors peu importe ce que je peux ressentir...